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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Qui connaît Kenneth Grahame en France, en Belgique, en Suisse ? Avez-vous entendu parler d'un seul de ses livres en dehors du Vent dans les saules ? Dans l'édition du roman chez Libretto, on nous le présente comme "issu d'une grande famille de l'aristocratie" et secrétaire de la Banque d'Angleterre ; ça ne correspond pas tout à fait aux infos que j'ai pu trouver sur lui - même s'il fut bien un temps secrétaire de la Banque d'Angleterre - et, surtout, ça ne nous avance guère. Il a bel et bien écrit avant le Vent dans les saules, à la fin du XIXème, le thème de l'enfance lui ayant été cher. le Vent dans les saules fut d'ailleurs le dernier texte publié de son vivant. Difficile d'en apprendre beaucoup plus. Il semble l'homme d'un seul succès - on pourrait dire l'homme d'un seul roman, en fin de compte. Et pourtant, la notoriété du Vent dans les saules, publié en 1908, ne se dément pas. Roman pour la jeunesse, il est largement plébiscité par les adultes.


Je viens de le lire pour la seconde fois, et je dois bien avouer que j'avais ressenti une pointe de déception à la première lecture. Il faut dire que j'avais auparavant découvert l'univers du roman grâce à la très savoureuse adaptation en BD par Michel Plessix, qui l'a à mon avis sublimé. J'étais notamment déçue par un personnage, Blaireau, que je trouvais bien moins intéressant dans sa version originelle. Mais que raconte donc le Vent dans les saules (se demandent les pauvres malheureux qui ne l'ont pas lu) ?


Le Vent dans les saules, c'est un peu Bilbo le Hobbit qui ne serait jamais allé plus loin que la Comté. Un Bilbo qui aurait bel et bien vécu des aventures, tout en restant dans un cadre familier. Or, nous savons que l'envie d'aventures de Bilbo - trait de caractère curieux pour un hobbit - le conduisit bien loin de chez lui. Taupe, Rat, Crapaud et Blaireau, eux, sont doués pour vivre des aventures à deux pas de chez eux - c'est cependant à nuancer pour Crapaud. C'est déjà tout un monde que découvre Taupe au début du roman, alors qu'il décide d'arrêter de faire le ménage - c'est mal, c'est mal ! - et d'aller plutôt se promener. Ce monde, c'est celui de la Rivière, qu'il ne fréquente guère.


Ni une, ni deux, à peine a-t-il fait la connaissance de Rat - un rat d'eau - que le voilà dans une barque - une barque ! -, bourrée de victuailles plus appétissantes les unes que les autres, en route pour un pique-nique. Taupe n'est pas un habitué des pique-nique en plein air, c'est le moins qu'on puisse dire - forcément, c'est une taupe. Et le voilà qui passe la nuit chez Rat, puis qui s'y installe carrément (bon, on va pas se mettre à émettre des hypothèses farfelues sur les relations entre Rat et Taupe, je vous le dis tout net). la Rivière est pleine de tentations (nan, pas d'hypothèses farfelues !) pour Taupe. Qui ne va pourtant pas se contenter de ça. Ne voilà-t-il pas qu'il veut absolument rencontrer deux personnages qui l'intriguent, dont l'un particulièrement haut en couleurs. J'ai nommé Blaireau, qui vit dans la Forêt sauvage (et la Forêt sauvage, c'est effrayant !), et Crapaud l'artistocrate, l'extravagant, l'infernal, l'intenable, le délirant, l'inénarrable Crapaud - le préféré de la majorité des lecteurs. Et on les comprend !


Toute la saveur du Vent dans les saules est autant dans cette douceur de vivre que cultivent Rat, poète de surcroît, et Taupe, dans les habitudes et les siestes de Blaireau, qui se conforme un peu moins aux normes sociales que les deux autres, que dans les aventures de Crapaud, qui, lui, ne peut tenir en place, aime à se pavaner, se jette avec passion dans une activité et la laisse tomber presque aussitôt pour une autre, et, surtout, pousse le dynamisme et la pétulance au point d'en devenir un danger public ; on pourra s'étonner que Crapaud ne tue personne lorsqu'il prend le volant d'une automobile, mais on sombrerait alors dans le drame social à la Zola, donc c'est aussi bien comme ça - soit dit sans vouloir offenser Zola, que je respecte tout à fait, mais je m'égare... de plus, on ne passe pas très loin du drame, excepté qu'avec Crapaud, tout tourne à la joyeuse excentricité et qu'il se sort des pires situations avec "panache" (même déguisé en blanchisseuse), pour reprendre l'expression dont il use - c'est un fait que Crapaud est la plupart du temps très content de lui-même, et comme nous sommes très contents de lui, tout ça est pour le mieux.


Malgré les pique-nique en plein air, l'incursion dans la forêt à l'arrivée de l'hiver, les mystérieux souterrains de la maison de Blaireau, le réveillon de Noël passé chez Taupe, et ce moment mémorable d'onirisme sur l'eau, la nuit, dont je ne dirai pas plus, il faut bien se rendre à l'évidence : sans Crapaud, le Vent dans les saules perdrait tout son piquant - il est d'ailleurs à noter que Kenneth Grahame s'est inspiré de son jeune fils plein de vitalité pour le personnage de Crapaud.


J'ai versé quelque peu dans le dithyrambe jusqu'à présent. Pourquoi donc, alors, ai-je parlé d'une petite déception plus haut ? C'est qu'à mon avis, on peut faire une lecture quasiment sociologique de ce roman (et là, je sens que je risque d'énerver tout plein de gens). Je n'ai pas choisi par hasard la comparaison avec Tolkien. Je crois bien que Tolkien s'était lui-même comparé aux hobbits (je ne retrouve pas la source). Les hobbits sont à la fois très anglais et très bourgeois, au sens large du terme. de même, il y a chez Taupe, chez Rat et chez Blaireau une conception très bourgeoise de l'existence - cette aspiration au confort, à la vie douce et tranquille qui sommeille - ou qui est très éveillée - en chacun de nous. Crapaud est un aristocrate, il est donc hors-normes, extravagant, fréquentable mais à remettre dans le droit chemin. Ceux qui vivent dans la Forêt sauvage - les belettes, les renards, les furets, et même les lapins - sont considérés comme peu sociables, pas très comme il faut, voire dangereux. Et Blaireau use parfois de méthodes on ne peut plus autoritaires envers les autres, spécialement envers Crapaud. Ma foi, que Taupe et Rat aient un côté indéniablement bourgeois, ça passe bien, du fait de leurs caractères respectifs. Blaireau est moins sympathique de par son statut social dont il abuse quelque peu - car il semble estimer qu'il se situe au-dessus de tous les autres habitants de la Forêt sauvage, si ce n'est au-dessus de tout le monde.


Et cette division de la société dans le Vent dans les saules se ressent d'autant plus à la fin du roman que, justement, l'histoire perd un peu en rythme - on n'est ni dans la douceur de vivre, ni vraiment dans l'aventure - et en intérêt. On sent Kenneth Grahame en panne d'inspiration pour conclure, aussi l'affrontement - sans rien de très grave à la clef - entre les animaux (sous la direction de Blaireau, bizarrement) de la Rivière et ceux de la Forêt sauvage devient un tantinet trop démonstrative. Furets et belettes sont animés des intentions les plus viles - mais on les remettra dans le droit chemin, eux aussi - tandis que nos héros restent en tous points irréprochables, jusqu'à se montrer magnanimes envers des personnages de statut inférieur, qui ne profitent de la vie qu'en volant leurs biens aux riches.


Insidieusement, on en vient pour le coup à se demander d'où Taupe, Rat et Blaireau tirent l'argent avec lequel ils font leurs achats (car ils semblent faire des emplettes comme tout un chacun), et pourquoi ils peuvent se permettre de profiter de la vie si impunément tandis que dans la Forêt sauvage, et même autour de la Rivière, tout n'est pas aussi simple pour les autres...


Accessoirement, on se demande aussi comment il se fait qu'ils se nourrissent tous des mêmes aliments comme les oeufs, le pâté, le poulet, le lard et tous ces aliments qui viennent bien de quelque part, si vous voyez où je veux en venir... Bon c'est la limite de l'utilisation de personnages anthropomorphes mais qui sont bel et bien des animaux. Pas vraiment humains - ils préfèrent rester loin des humains et affichent un certain mépris pour les chiens et les chats - mais avec des préoccupations très humaines tout de même - sauf pour le travail, qui visiblement se fait tout seul, hum hum hum.


C'est cette conception très bourgeoise et très affichée de l'existence - en gros, il n'y a que cette manière de vivre qui vaille quelque chose - qui m'a quelque peu retenue. La BD de Michel Plessix ne m'avait pas donné cette impression de normalisation sociale. Il faut dire que le lectorat de Kenneth Grahame en 1908 n'était pas tout à fait celui de Michel Plessix presque cent ans plus tard.


Quelle que soit la lecture qu'on fasse de ce roman - et ma lecture que j'ai pompeusement nommée "quasiment sociologique" ne va pas bien loin -, il n'en reste pas moins agréable, si l'on fait la part des choses. C'est un doux moment à passer, et on rêverait facilement de pouvoir se laisser aller au fil de l'eau comme Rat, de passer douillettement l'hiver dans un souterrain bien aménagé comme ceux de Taupe ou Blaireau, ou encore de vivre des aventures échevelées comme Crapaud, à condition bien entendu qu'elles se terminent bien. On ne peut pas tous rencontrer des nains et des magiciens, se retrouver nez à nez avec des gobelins, défier des elfes, ou encore combattre des araignées géantes (ce qui est scientifiquement impossible) et se retrouver dans l'antre d'un dragon...





PS : Je suis proprement outrée que L'École des Loisirs propose une version abrégée du Vent dans les saules aux enfants. Je suis outrée par le concept-même de version abrégée d'un livre, de toute façon.
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Aujourd'hui c'est mercredi et mercredi, c'est... ?
« Les histoires à Berni ! »
Sandrine, la maîtresse d'école a fait entrer les élèves dans la classe.
Tous les élèves se demandaient ce que j'allais raconter comme histoire cette fois-ci. L'épaisseur du livre ne leur avait pas échappé, ils étaient intrigués, un peu inquiets même.
Quelques jours plus tôt, je me suis rendu dans ma médiathèque préférée. Je me suis aussitôt dirigé vers le rayon jeunesse et j'ai rencontré sa jeune responsable.
« Tiens, Berni ! Quel plaisir de te retrouver ici. Quel bon vent t'amène donc vers moi aujourd'hui ?
- Écoute, tu vas sûrement pouvoir m'aider. Je recherche cette fois-ci la perle rare, un récit qui pourrait être lu dans une classe de CE2 et qui pourrait répondre à un item un peu tordu d'un challenge sur Babelio, il faut qu'il y ait des représentations de plusieurs animaux sur la couverture.
- Eh bien ! Rien que ça Berni ? Dis donc, quelle aventure, dis-moi. Je vais te trouver la perle rare. Tu es tombée sur la bonne personne, suis-moi dans les rayonnages, nous partons à l'aventure... You hou ! Allez, dépêche-toi, vite, ne traîne pas, je n'ai pas que ça à faire... »
Je ne l'avais jamais vu aussi enthousiaste. Je la sentais tout de même un peu moqueuse aux entournures. Elle m'a suggéré plusieurs idées et brusquement, ce fut le coup de coeur partagé.
« Celui-ci sera idéal pour toi, dit-elle en me faisant un clin d'oeil. Il s'appelle le vent dans les saules. »
J'ai feuilleté les pages du livre. Il n'avait pas dû être emprunté depuis longtemps, il y avait encore beaucoup de poussière dans tous les angles. Des illustrations un peu désuètes ont retenu mon attention.
- Il n'est pas un peu daté ?
- 1908. Autant dire, intemporel.
- Oui, dit comme ça...
- Et en plus, si tu l'empruntes, tu le sauves d'un désherbage promis.
- Un désherbage ? Oh alors, je l'emprunte tout de go. Si mon projet permet de sauver un livre, alors j'y vais.
- Quel sauveur ! Tu es un vrai héros, Berni. Je l'ai toujours su. Hé ! Tu parleras de moi gentiment cette fois-ci sur Babelio ? La dernière fois, ce n'était pas top. Tu sais que je te suis, hein... »
Je ne sais pas pourquoi, je l'ai devinée un tantinet ironique ce jour-là.
Et me revoilà dans la classe de CE2 de Sandrine.
« Les enfants, aujourd'hui je vous emmène faire une balade à la campagne. »
Tous les élèves se sont alors rués dans un cri de joie vers les portemanteaux pour saisir les vêtements accrochés. Sandrine, la maîtresse d'école a dû venir tempérer leur ardeur.
« Bernard voulait dire que, par sa manière inventive de raconter une histoire, il va vous transporter dans un autre monde imaginaire et champêtre. »
Elle est bien Sandrine, elle a toujours l'art et la manière de trouver les mots justes pour rassurer.
Cela dit, ça me collait brusquement une sacrée pression, tout de même. Ce n'était pas gagné.
Je me suis approché du groupe d'élèves et j'ai commencé à introduire le récit.
« Ce livre a été publié en 1908 par un Monsieur anglais du nom de Kenneth Grahame qui, au début, n'était pas écrivain. Il était souvent loin de ses enfants à cause de son travail et il leur écrivait le soir des lettres dans lesquelles il inventait des histoires avec des animaux pour les divertir. Certains de ses enfants avaient vos âges, ils ont adoré ces histoires, alors plus tard leur père a eu l'idée de les rassembler dans un livre et de les publier. »
Alors Sandrine la maîtresse d'école est venue discrètement me souffler dans l'oreille : « je crois qu'ils se moquent de tout ceci, va vite dans le récit, sinon on va les perdre. »
Elle est formidable Sandrine, vraiment sans elle, je ne pourrais pas bien raconter les histoires du mercredi.
Cependant, la petite Anna avait retenu un détail de mon propos qui ne lui avait pas échappée et elle s'est avancée vers moi avec un air mine de rien qui avait envie d'en savoir un peu plus.
« 1908 ? Whoua ! Berni-Chou tu nous impressionnes. Mais dis-nous, tu n'aurais pas confondu ce matin le chemin de l'école avec celui de l'Ehpad d'à côté ? »
Sandrine m'a fait un petit geste de la main, m'invitant à embrayer à la vitesse supérieure...
Alors j'ai commencé à leur raconter quelques péripéties du livre et qui touchent les quatre principaux personnages, à savoir Rat, Taupe, Blaireau et Crapaud.
Nous sommes à la campagne dans un univers tranquille, apaisé, rassurant... Tout commence par Rat qui invite son ami Taupe à un pique-nique en empruntant une barque sur la rivière. Les voilà partis avec plein de victuailles.
La petite Dori a demandé s'ils avaient pensé à embarquer du chocolat. Je lui ai répondu que ce détail n'était pas précisé explicitement mais que forcément, à mon avis, ils y avaient pensé. Ça a eu l'air de la rassurer. Ouf !
Bientôt, ils vont rencontrer Crapaud, personnage totalement déjanté, puis Blaireau qui a une conception bourgeoise du monde et qui lui vit dans la forêt sauvage, c'est-à-dire déjà dans un autre univers vers lequel nos amis vont s'aventurer, c'est un monde totalement inconnu pour eux. Il y a ici l'idée que réside l'aventure à deux pas de chez eux.
J'ai tenté de leur transmettre ce que j'avais aimé dans ce livre, la douceur de vivre, l'amitié, l'entraide, l'esprit d'aventure, la beauté de la campagne.
Je voyais bien que toutes ces valeurs leur plaisaient, qu'ils adoraient surtout le personnage de Crapaud, le personnage le plus foutraque de l'histoire, mais qu'il y avait quelque chose qui ne passait pas pour emporter les enfants dans un enthousiasme total. Alors avec Sandrine, la maîtresse d'école, nous avons eu l'idée de déconstruire le récit et de le revisiter à leur manière.
J'ai alors proposé : « Nous allons déconstruire le récit.
- Ok, a dit du tac au tac la petite Manue, amène ton bouquin, on va le déconstruire façon puzzle. »
La petite Manue a commencé à vider son sac, je sentais qu'elle allait sortir la sulfateuse ; le petit Pat lui a tendu une clé de douze.
« C'est peut-être ça que tu cherches, a-t-il tenté timidement.
- Tu es mignon, Patounet, mais sur cette affaire, on a besoin de l'artillerie lourde. »
Alors elle a sorti de son havresac l'objet rare, essentiel, indispensable pour une telle opération : la tourniquette pour faire la vinaigrette !
Sandrine la maîtresse d'école leur a alors demandé : « s'il fallait réécrire cette histoire aujourd'hui, qu'est-ce qu'on garderait ? Et qu'est-ce qu'il manquerait ? Qu'est-ce que vous voudriez rajouter à l'histoire ?
« du chocolat dans les victuailles à embarquer pour le périple ! s'est écriée la petite Dori.
- Des personnages féminins, s'est écrié la petite Chrystèle.
- On dirait que les personnages de la forêt sauvage sont idiots ou inférieurs aux autres, ce n'est pas très sympa je trouve, a dit la petite Nico.
- Tu as raison, Nico-Choute, cela m'a aussi un peu choqué, ai-je répondu.
- Et si on gardait quelque chose de ce livre, ce serait quoi ? a demandé Sandrine.
- Les amis, l'entraide, savoir sur qui on peut compter, a dit le petit Pat.
- L'idée de partir de chez soi et de revenir, a dit la petite Anna qui venait de faire un long périple en Grèce durant les jours derniers.
- La douceur de vivre, a dit la petite Anne-Sophie.
- Avoir des compagnons un peu fous comme Crapaud, lol, a dit la petite Sonia.
- Partir dans une barque sur une rivière et se poser pour pique-niquer à un endroit qu'on ne connaît pas », a dit la petite Sylvie.
- Se dire que quelques années plus tard, on se retrouvera au même endroit pour pique-niquer ensemble, a dit la petite Gaëlle. On aura grandi, on se retrouvera de nouveau comme maintenant et tu viendras nous raconter encore des histoires, camarade... »
Brusquement, je me rendais compte que le récit devenait effectivement peu à peu intemporel sous leurs yeux et leurs idées. Et dans leurs regards émerveillés, innocents, je voyais des berges, des barques qui accostaient, des rires d'enfants qui gambadaient sur l'herbe, se chamaillaient, je voyais la petite Nico qui courait après la petite Dori pour essayer de lui attraper sa tablette de chocolat. Je voyais le caméléon du petit Paul qui essayait de gober toutes les mouches et les moustiques qui passaient au bord de la rivière.
J'ai fermé les yeux. On était bien ensemble... Au loin, on entendait seulement le jukebox du petit Pat et ça nous faisait du bien :

♫ Quand on s'promène au bord de l'eau
Comme tout est beau ♬
Quel renouveau ♫
Paris au loin nous semble une prison
♫ On a le coeur plein de chansons
L'odeur des fleurs
Nous met tout à l'envers ♬
Et le bonheur
♪ Nous saoule pour pas cher
Chagrins et peines
De la semaine ♪
Tout est noyé dans le bleu dans le vert ♫

Un seul dimanche au bord de l'eau ♬
Au trémolo ♬♬
Des p'tits oiseaux
♫ Suffit pour que tous les jours semblent beaux
Quand on s'promène au bord de l'eau ♫♫♫
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Voilà, j'ai eu le cadeau de Noël que j'avais demandé ! (Un vrai môme !)
Le vent dans les saules est un classique de la littérature jeunesse anglaise qui en compte beaucoup , de Lewis Carroll à J.K Rowling en passant par Beatrix Potter et Roald Dahl, les anglais ont le chic pour concevoir des livres qui ne prennent pas leurs jeunes lecteurs pour des idiots et qui ont tendance à devenir des classiques tous publics (voir "Alice")

Je connaissais déjà le roman de Grahame, je l'avais découvert avec le magnifique triptyque BD de Michel Plessix, puis, j'avais lu le roman en édition Libretto, illustré par Arthur Rackam.
Il faut dire que le vent dans les saules est un ouvrage qui se prête particulièrement bien aux illustrations.

Dans la présente édition c'est Chris Dunn qui prend ses pinceaux pour donner vie à Taupe, Blaireau, Crapaud et cie. Je découvre l'oeuvre de Chriss Dunn et je suis très enthousiaste, je vous invite à admirer son travail sur internet (tapez "Chris Dunn art").

La particularité des illustrations animalières de Dunn, dont celles de ce livre ,est qu'il laisse aux animaux une expression naturelle, et si l'anthropomorphisme est de mise, les personnages ne font pas de grimaces humaines.
En outre, ses oeuvres fourmillent de détails et il est aussi à l'aise avec les décors qu'avec les personnages.

Les éditions Caurette ont bien fait les choses avec ce bel album relié avec signet, d'un format pratique ni trop grand ni trop petit.
En résumé un beau cadeau à faire aux enfants sages et aux vieux gamins..!
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Le gentil et naïf Mr Taupe fait la connaissance de Mr Rat habitant de la rivière, ensemble il partent à la rencontre d'autres animaux, dont l'extravagant Mr Crapaud…

Voici en quelques lignes le résumé du début de ce célèbre classique de la littérature jeunesse britannique.

J'ai pour ma part découvert "Le vent dans les saules" avec la superbe adaptation en bandes-dessinées du regretté Michel Plessix (éditions Delcourt) , je voulais cependant lire le texte original ne serait-ce que pour comparer les deux oeuvres.

Ce roman, paru en 1908, est intemporel dans sa simplicité, pas de mièvrerie pour autant, les personnages sont bien campés, dôles et sympathiques.

Je relève au passage un aspect souvent ignoré de ce roman ; l'intérêt que l'auteur portait au paganisme !
Kenneth Grahame fait intervenir le dieu Pan dans le chapitre VII sans le nommer il est "Le joueur de pipeau aux portes de l'aube", et les animaux qui le rencontre le craignent et le vénère, il est leur dieu :

-"Peur ? Peur de lui ? Demanda Mr Rat, les yeux brillants d'un inexprimable amour. Oh, jamais, jamais et pourtant, si, Taupe, j'ai peur.
Et les deux animaux se prosternèrent à terre, inclinant la tête en signe d'adoration."

Il faut dire qu'au début du siècle dernier, certains citoyens britanniques montrèrent un réel intérêt pour le paganisme et notamment pour le druidisme, ceci expliquant sans doute cela.

Pour en revenir au roman, l'édition Libretto est illustrée par Arthur Rackham, ce qui ajoute encore de la valeur à ce petit livre qui mérite d'être encore et toujours redécouvert.
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Après avoir lu l'adaptation BD, j'étais curieuse de découvrir ce classique dans sa version originelle, en roman.
Pour ce qui est de l'histoire, je n'ai pas été dépaysée car l'adaptation BD la reprend quasiment en intégralité.
Une première partie centrée sur la vie au sein de la forêt et en bordure de rivière pour Taupe, Rat d'eau et Blaireau. La seconde partie raconte les aventures périlleuses et rocambolesques du très vantard Crapaud, sujet à des lubies dont celle pour les automobiles lui donna bien des tracas.
Au niveau du style, on ressent l'ancienneté du texte par des tournures assez complexes, surtout pour un texte destiné aux enfants. Même si l'histoire et les personnages se prêtent à une lecture enfantine, le style nécessitera un accompagnement pour être compréhensible sur certains passages. Néanmoins, ce roman se lit très facilement. J'ai eu l'occasion de lire une version illustrée par Eric KINCAID qui ajoute encore au charme désuet de cette histoire.
Une belle aventure à découvrir pour petits et grands, peu importe le support, ce classique vaut qu'on s'y attarde.
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Lectrice assidue d'Alberto Manguel qui le vante avec une belle énergie, j'avais depuis longtemps envie de lire le vent dans les saules.
Ce classique d'outre-manche de Kenneth Grahame nécessitait bien une petite session de rattrapage.

Quatre amis et un coin de campagne anglaise où court une rivière il n'en faut pas plus pour se retrouver précipité dans un monde délicieux.
« Mr Taupe avait travaillé très dur toute la matinée pour le grand nettoyage de printemps de son petit logis. »
Il décide de partir à la découverte, c'était magnifique il « déambulait dans les prés, le long des haies, à travers les bosquets, découvrait partout des oiseaux nichant, des fleurs à peine écloses. »

Et c'est ainsi qu'il fait la connaissance de Mr Rat qui est l'heureux possesseur d'un bateau, et qui va lui faire découvrir la rivière.
Regardant une traînée de bulles d'air sur l'eau, il fait connaissance avec Loutre. Et c'est le temps de l'amitié, des pique-niques au bord de l'eau, des balades dans le mystérieux Bois sauvage.
Une équipée hivernale lui permettra de connaître Blaireau.

Mais l'amitié pousse parfois à la prise de risques. Crapaud leur propose de se joindre à lui dans sa roulotte aménagée pour parcourir le monde à eux « La grand route, la chaussée poudreuse, la lande, les haies, les prés communaux, les collines onduleuses, les campements, les villages, les villes, les cités ! »
Oui mais voilà Crapaud n'est pas un ami très fiable, c'est un être fantasque, égoïste, pris de lubies soudaines et disons le, c'est un vantard et un paresseux.
Brrrr nos amis aiment mieux une vie plus rangée car ils sont « Quatre Mousquetaires pantouflards lancés bien imprudemment sur les routes du vaste monde » nous dit Alberto Manguel. Mais c'est sans compter sur la folie des grandeurs de Crapaud qui un jour achète une automobile..........
Je vous laisse découvrir la suite des aventures de nos quatre amis. Lire ces péripéties pleines de fantaisie, loufoques et elles nous mettent de bonne humeur.
Certes tout cela est empreint d'une morale très sage mais après tout, de temps à autre, les bons sentiments sont un charmant dérivatif.
Un livre pour tous, grands et petits, il suffit d'accepter de repartir au pays de l'enfance.
Le Vent dans les saules est une lecture succulente, récit anglais jusqu'au bout des ongles et pourtant parfaitement universel et intemporel comme Alice, Peter Pan ou les contes de Grimm , un classique tel que l'entendait Italo Calvino ou plus simplement un « livre magique » comme l'affirme Alberto Manguel dans sa préface.

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Je n'avais jamais entendu parler de ce classique de la littérature jeunesse anglaise (écossaise) publiée en 1908 et pour la première fois en France en 1935. Ce qui m'a poussée à le choisir lors de la dernière Masse Critique ? Sa couverture si bucolique, si charmante avec son côté vintage et puis un classique anglais réédité que je ne connaissais pas cela ne se refuse pas et j'étais curieuse de savoir à quoi tenait son succès et sa longévité à travers les années..... 

L'action se déroule sur les bords de la Tamise et les héros sont Mr Taupe, Mr Rat, Mr Blaireau et l'impossible Mr Crapaud sans oublier d'autres petits habitants des rives du célèbre fleuve. C'est une jolie histoire d'amitié entre ces quatre personnages au caractère bien défini : l'un est doux et mélancolique, Taupe, Rat, l'optimiste, quant à lui est très attaché à sa vie dans sa maison sur les bords du fleuve, le troisième, Blaireau, est un peu bourru et n'aime guère qu'on le dérange mais pour ses amis il est toujours disponible et prêt à trouver une solution à tous les problèmes et puis il y a Crapaud le riche héritier qui vit dans le chateau de ses aïeux et qui ne perd pas une occasion de se faire remarquer que ce soit quand il prend le volant de sa voiture, se mettre en avant ou pour jouer un tour aux autres. 

Et la vie pourrait être tranquille le long du fleuve mais c'est sans compter sur Crapaud qui va découvrir qu'il est important d'avoir de bons copains quand on ne réfléchit pas, comme lui,  aux conséquences de ses actes et que sans eux il aurait pu perdre à la fois sa liberté mais également son domaine sans compter qu'il peut mettre en danger ses amis. Mais tous pour un, un pour...... lui seulement tant Crapaud est égoïste et vantard. 

C'est une jolie histoire où animaux et humains se côtoient et sont sur le même pied d'égalité, où de par les personnalités de chacun l'auteur aborde différents thèmes comme l'amitié, la peur, la témérité ou l'entêtement mais également les beautés de la nature, de son chez soi, de la convivialité et de l'aventure. 

Que ce soit chez les animaux comme chez les humains, les aventures se ressemblent mais il est judicieux d'entrer dans le monde animal vivant à la manière humaine pour faire passer des messages auprès des enfants et la richesse à la fois de l'histoire mais également des illustrations en font une lecture idéale au coin du feu quand justement le froid nous éloigne de la nature. En ouvrant ce très beau livre, on pousse également la porte des terriers et l'on découvre que leurs habitants ont des intérieurs cosy, aiment à s'y retrouver entre amis et n'hésitant pas à se lancer à l'assaut de ceux qui chercheraient à les en déposséder, le tout avec une morale sous-jacente : vouloir s'entêter et ne pas réfléchir avant d'agir ne peut attirer que des soucis et des conséquences qu'il faut assumer sans compter que la vantardise est bien mauvaise conseillère et se retourne souvent sur celui qui la professe. 

Je comprends qu'il puisse plaire à la jeunesse (mais également aux adultes) d'autant que dans l'édition reçue il est agrémenté de ces très jolies illustrations de Chris Dunn qui enjolivent et aèrent le récit  à la mode du début du XXème siècle et confèrent à l'ensemble tout ce qui fait le charme d'antan et méritent qu'on s'y arrête tant elles sont riches de détails, de nuances et d'atmosphères. 

J'ai beaucoup aimé.
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Ce livre, un célèbre classique anglais pour les enfants, est peu connu en France si ce n'est à travers les blogs de gens passionnés de littérature anglaise. C'est grâce à eux que j'en ai entendu parler pour la première fois et pour cela je les remercie infiniment.
Il règne une atmosphère douillette et chaleureuse dans ce roman, un sentiment de confort et de douceur, comme lorsqu'on rentre à la maison après une rude journée. Nous allons suivre ici les aventures quotidiennes vécues par quatre animaux :
- M. Rat et M. Taupe, qui se rencontrent au bord de la rivière et deviennent par la suite de grands amis. Tous deux aiment les plaisirs simples de la vie quotidienne comme les pique-niques, les promenades le long de la rivière, un bon feu dans la cheminée lors des rudes soirées d'hiver, la poésie, les conversations intéressantes entre amis etc.
- M. Blaireau, un animal plus bourru et solitaire mais qui est toujours présent pour ses amis et pour les gens qui ont besoin d'aide.
- M. Crapaud, ce sacré loustic, celui par qui arrive tous les ennuis: vantard et orgueilleux, impulsif et toujours plein de projets fous dans sa tête, il n'hésite pas à se lancer dans l'aventure quitte à conduire à toute vitesse une automobile. Mais cette passion funeste va l'entraîner dans de multiples aventures !
Au-delà des péripéties vécues par ces quatre amis, ce roman est aussi un condensé de poésie : l'auteur y fait une magnifique description de la nature, de la campagne anglaise et d'une vie champêtre et calme loin du rythme trépidant de la vie urbaine. Il y décrit aussi la joie d'avoir un foyer heureux entouré d'amis. Comme tout roman destiné aux enfants au XIXème siècle, il y a bien sûr une leçon de morale où la tempérance, la discrétion, la modestie et l'humilité sont mis à l'honneur.
Le style d'écriture est très agréable, riche, avec un ton très poétique et doux. Ce fut une très belle découverte, une parenthèse réconfortante lors de cette semaine pluvieuse !
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Concerne l'édition de Little Urban illustrée par Kate Hindley

Les amateurs de classiques sont souvent plus habitués à lire ceux relevant de la littérature adulte, pourtant il existe aussi de beaux classiques jeunesses qui méritent qu'on s'y attarde. Little Urban l'a bien compris avec cette jolie édition abrégée du Vent dans les saules de Kenneth Grahame qu'ils ont fait illustrer à Kate Hindley, une autrice chère à leur catalogue.

Je lorgnais déjà depuis un certain temps sur ce classique jeunesse animalier qui me rappelait tant mes chers animaux du Bois de Quat'Sous que je regardais enfant. J'ai donc été ravie de le voir arriver chez eux dans cette jolie édition carrée, au dos toilé et embossé, illustré de plus par une artiste dont j'affectionne le tendre humour british. Jackpot !

Version condensée des aventures de Messieurs Crapaud, Rat, Taupe et Blaireau, elle nous fait pénétrer dans l'univers de ce classique d'autrefois pour la jeunesse à travers une dizaine de chapitres mettant en scène les aventures de ces animaux anthropomorphes dans leur habitat plus ou moins naturel, permettant de découvrir tout le talent de l'auteur pour magnifier cette nature et ses habitants. Les jeunes enfants, et les lecteurs plus âgés également, amateurs de petites aventures en milieu naturel seront ravis et s'amuseront bien avec ces derniers, même si les aventures sont avant tout très masculines, ce que je regrette.

Grâce à l'alliance de la truculence du trait de Kate Hindley, que les amateurs de Little Urban connaissent bien (Petit Yack, Les lapins de la Couronne, Rue des Tulipes, La veille de Noël au pays des merveilles, etc), et la saveur des histoires imaginées par l'auteur britannique, le lecteur passe un moment très agréable. Ils créent tout deux une proximité notoire entre leurs héros animaux et le lecteur qui se met facilement dans leur peau et leurs pattes et découvre des aventures à leur hauteur. C'est savoureux et amusant, l'humour est simple mais fait mouche. On se moque gentiment de leurs déboires et de leurs farces. C'est facile et tendre, jouant sur les codes que l'ont attribue à ces animaux et leur habitat.

Cependant les premiers chapitres sont assez décousus et ne se suivent pas forcément, proposant plutôt des histoires indépendantes les unes des autres où on retrouve juste les mêmes héros qui se croisent et recroisent. Il faut attendre la moitié du volume pour que l'auteur nous propose une histoire plus longue qui se tient et se développe en suivant les rebondissements rocambolesques des aventures de l'égoïste Mr. Crapaud. C'est là pour moi que le titre s'est transcendé et est passé de mignon à très sympathique.

Je dois avouer également qu‘en parallèle de ma lecture de la version de Little Urban, j'en ai profité pour lire celle illustrée par Thibault Prugne chez Albin Michel et c'est fou comme l'ambiance des dessins change tout. Là où lu avec les dessins de Kate Hindley, le titre tient plus de la farce, lu avec ceux de Thibault Prugne on en ressent toute la nostalgie et le côté fable revisitée. Comme quoi les mots ne font pas tout et les dessins ont aussi leur importance dans notre réception d'une telle oeuvre !

Charmant petit classique de la littérature pour enfant qui ne paie pas de mine et n'est pas parmi les plus connus, il propose une jolie ambiance animalière, portée par des personnages tendres et amusants, dont les péripéties inspirées de leur nature prêtent à sourire. Un peu facile au début, cela devient bien plus savoureux quand l'auteur prend le temps de développer son histoire sur plusieurs chapitres. le titre reste cependant un peu anecdotique et ce sont plus les ambiances graphiques qui m'ont marquée que réellement le texte.
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Une jolie lecture dans une superbe édition avec les magnifiques illustrations de Chris Dunn.

Classique de la littérature jeunesse anglaise dont j'avais vu une adaptation dans mon enfance mais je n'avais lu le roman originel.

J'ai beaucoup aimé les personnages : Taupe qui se réjouit des petites choses et qui a soif d'aventures, Rat, optimiste, qui aime bien son intérieur et Blaireau, un peu bourru mais toujours là pour ses amis. Quant à Crapaud, il m'a passablement agacé, je trouve qu'il y a trop de passages sur ce personnage peu sympathique, j'aurais préféré en savoir davantage sur Blaireau ou d'autres habitants de la rivière.

J'ai beaucoup apprécié les illustrations riches en détails qui donnent un charme et une atmosphère particulière à la lecture et qui rendent à merveille le côté cosy des habitations.

Une jolie histoire d'amitié et une lecture parfaite pour la saison qui m'a fait retourner en enfance en lisant un chapitre par soir :-)
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