Ce roman au titre évocateur, fait partie de mon programme d'initiation à une littérature un peu plus portée sur l'imaginaire et dirons-nous un peu moins cartésienne. Poussée par une amie qui l'avait lu en anglais (soyons honnêtes je m'en sentais pas capable cette fois ci), j'ai acheté ce roman paru chez Mirobole éditions, maison bordelaise dont la ligne éditoriale est clairement portée sur le pouvoir de l'imaginaire et la nuance ténue entre rêve et réalité.
Le moins que l'on puisse dire est que
Gretel and the dark maintient le doute jusqu'au bout, me laissant aux prises avec un sentiment très mitigé. Je n'ai rien vu venir c'est indéniable mais d'un autre côté mon addiction pour ce genre de littérature n'est pas pour tout de suite. Vous voilà bien avancés chers lecteurs et je vous donne raison. Pour vous consoler, sachez que je suis tout autant avancée que vous et qu'il m'est encore aujourd'hui difficile de mettre des mots sur mes impressions.
Pour vous résumer comme il le mérite ce roman atypique (comme les vieilles bicoques), je vous dirais que les contes de fée y sont très présents. Ils rythment pour ainsi dire la majeure partie du livre. Mais attention, il n'est pas vraiment question de gentilles histoires que mamie nous narre au coin du feu mais plutôt le conte de fée initiatique, destiné à évoquer sous couvert de fantaisie, un monde sombre et à prémunir la jeunesse face aux dangers qui jalonneront sa vie. Cet univers scabreux et prophétique prend la forme et les traits de deux époques : la Vienne cosmopolite de la fin du XIX siècle et l'Allemagne des années 40.
Une jeune femme laissée quasiment pour morte est accueillie par le célèbre docteur
Josef Breuer, psychanalyste connu pour avoir initié le concept de
l'inconscient, repris avec plus de mordant par son ancien ami et élève,
Sigmund Freud. C'est un homme rongé par une libido conflictuelle par rapport à sa posture d'homme de sciences, celle d'un quinquagénaire un peu trop obsédé par ses patientes, la fameuse Berta von Pappenheim fut la plus célèbre. Un jour, son factotum lui amène une belle et mystérieuse inconnue qu'il va dénommer Lily : celle-ci prétend être une machine venue du futur dans le but de tuer le « Monstre » avant qu'il ne soit trop tard. Et oui, vaste programme.
Quelques années plus tard, en Allemagne, nous suivons le parcours de Krysta, petite fille choyée par un père médecin qui l'amène dans un endroit mystérieux où sont enfermés des gens catalogués dangereux. Elle ne sait pas grand-chose sur les activités de son père, à part qu'il se consacre à des choses qu'il vaut mieux taire. Seule dans son monde imaginaire peuplé de créatures de contes de fées toutes plus effrayantes les unes que les autres, Krysta part à la découverte de son nouveau terrain de jeu…
Ces deux époques sont inextricablement liées, mais par quoi ? Qui est le monstre que veut tuer Lily ? Quel est ce monde où vit désormais la jeune Krysta ?
Mêlant habilement rêves et réalité,
Eliza Granville nous malmène au coeur d'une écriture dense qui perd son lecteur à plusieurs reprises (ce fut mon cas). Nous sommes le petit chaperon rouge ou encore Gretel et Hansel, perdus en pleine forêt et suivant la piste tracée par
Eliza Granville vers un inconnu terrible. Rarement il ne m'a été donné d'être aussi incertaine sur l'issue de cette histoire. Je n'ai rien vu venir et pour cela, ce roman est une franche réussite.
Gretel and the dark offre un univers sombre et violent (comme une pomme empoisonnée) qui laisse une impression de défaite inévitable. L'espoir semble avoir déserté. C'est d'ailleurs d'une profonde tristesse et c'est ainsi que je suis sortie de cette lecture. Autant éviter ce roman si vous êtes un peu déprimés. Sinon, il mérite le coup d'oeil si vous êtes tentés par des envies d'ailleurs.
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