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EAN : 9782253150701
376 pages
Le Livre de Poche (10/05/2001)
3.81/5   35 notes
Résumé :
En février 1861, un convoi d'une soixantaine d'enfants de cinq à vingt et un ans sort de la prison de La Roquette à Paris. Leur destination : la plus sauvage et la plus belle des îles d'Or, Le Levant. Ils seront les premiers pensionnaires de la " colonie agricole " de Sainte-Anne dont le propriétaire est le comte de Pourtalès.

En autorisant les bagnes privés pour mineurs, l'empereur Napoléon III entend débarrasser les villes et les campagne... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
En 1861, l'île du Levant, à quelques kilomètres de Toulon est transformée en « colonie agricole » : les jeunes garçons, de 8 à 20 ans, y seront accueillis et y apprendront les bonnes vertus du travail bien fait, de l'obéissance et de la discipline. Ce bagne pour enfant reçoit non seulement les jeunes délinquants, mais aussi les vagabonds, les orphelins, les enfants battus et ceux que les parents ne veulent plus éduquer (comme quoi, la démission parentale n'est pas un phénomène récent). La justice estime en effet qu'ils seront mieux encadrés dans l'île, où ils recevront une instruction et sortiront avec un métier dans les mains qu'auprès de parents peu fiables.

Le projet est déjà contestable en soi, mais il l'est encore plus quand on sait que ces colonies sont privées. Les entrepreneurs reçoivent une petite compensation pour le gîte et le couvert, et en échange de leurs efforts pour former la jeunesse, tout le revenu de ce qui est produit par l'île. La tentation est grande de transformer les forçats en main-d'oeuvre bon marché, corvéable à volonté et incapable de se plaindre de par leur statut.

Ce roman retrace l'histoire mouvementée des quinze années d'existence de cette institution : au gré des inspections, des démissions, des révoltes aussi, l'île mène à bien son projet éducatif, ou au contraire broie des enfants sous-alimentés sous une discipline de fer. Totalement coupée du reste du monde, ce qui se passe sur l'île se sait rarement de l'autre côté de la mer. 10 % des enfants y trouveront tout de même la mort.

Le roman est solidement documenté, et très agréable à lire. le seul petit reproche que l'on pourrait faire est la volonté, à certains passages, de placer toute la documentation trouvée sur le sujet, au détriment du rythme de l'histoire. J'ai beaucoup apprécié l'absence de manichéisme dans les personnages. Certains clichés étaient faciles (l'entrepreneur pourri par l'idée du profit, l'administration aveugle, …) mais au contraire, chaque protagoniste est présenté avec ses idéaux, ses forces et ses faiblesses. Les responsabilités deviennent plus difficiles à attribuer, mais la réflexion devient plus riche.

Un bel hommage pour tous ces jeunes, morts loin de chez eux dans l'indifférence générale, pour avoir fait quelques bêtises de jeunesse, ou tout simplement s'être trouvés au mauvais endroit au mauvais moment.
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Au large d’Hyères, les îles d’Or sont parmi les destinations les plus prisées des touristes de la côte méditerranéenne. Parmi elles, l’Ile du Levant, très appréciée par les vacanciers et connue aujourd’hui pour être le Paradis des naturistes. Mais la célébrité de l’île du Levant remonte à bien plus loin dans l’histoire.
Tout commence en 1850, lorsque Napoléon Bonaparte promulgue une loi visant à instaurer des Centres d’Education et de Patronage pour jeunes détenus. Sous un prétexte philanthropique, le gouvernement impérial cherche surtout à vider les rues de Paris des jeunes vagabonds et orphelins en tous genres. Cette décision va alors permettre à de nombreux particuliers d’installer des « colonies agricoles ». Ces établissements privés, institués officiellement avec un but éducatif, vont surtout bénéficier d’une main d’œuvre corvéable à merci avec l’arrivée de jeunes détenus que la société a rejetés.
C’est ainsi qu’en 1861 le comte Henri de Pourtalès, propriétaire de l’île du Levant depuis 1957, reçoit l’autorisation d’ouvrir une colonie agricole pénitentiaire. En février 1861, une soixantaine d'enfants, dont les plus jeunes ont cinq ans, quittent la prison de La Roquette, à Paris, pour gagner l’île du Levant. Pas de vrais durs parmi eux : il y a surtout des petits délinquants, des chapardeurs ou des vagabonds. Ils sont si nombreux ces « va-nu-pieds » qu’on est bien content que le comte Pourtalès les réclame. Après tout, il va les « rééduquer »... Une fois arrivés sur l’île, c’est un traitement tout particulier qui les attend : travail forcé, malnutrition, brimades, sévices. Une nouvelle existence commence pour eux. La pire qu’on puisse imaginer…

Grâce à l’enquête minutieuse de Claude Gritti, nous revivons sur les pas de Devillaz le Savoyard, de Gruner le petit matelot, de Roncelin l'apprenti forgeron, et de plusieurs autres, les souffrances et les révoltes de ces émouvants enfants bagnards. Le récit se lit d’une traite : richement documenté et sans tomber dans la sensiblerie, l’auteur tient avant tout à nous faire partager une réalité passée, un épisode peu glorieux de l’histoire de France.
Dix pour cent de ces jeunes enfants sont morts là-bas. Avec ce livre, Claude Gritti les sort de l’oubli.
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Un livre imposant, qui se lit en quelques heures.... Je garde une boule dans la gorge apres avoir refermé ce livre.

En 1850, il y a 170 ans, la france est un pays rugueux, d'une inimaginable violence. La notion de maltraitance n'existe pas, les enfants non plus.
Seule sont sacralisées les notions de respect des moeurs et surtout de droit à la propriété. On veut vider Paris de sa lie... les enfants. ca rappelle le brésil et les préparatifs de la coupe du monde... La justice est sourde, aveugle et expéditive. Un enfant de 5 ans, égaré, se retrouve devant un tribunal qui décide de sa rééducation et l'envoie conforter les effecifs de la colonie pénitentiaire sainte anne.

Encore une fois... les "bonnes" idées conduisent à l'enfer... surtout quand elles sont animées par le bras de l'adminitstration et de l'esprit de carriere.

Un tres beau moment de lecture .... étonnant que personne n'ait encore pensé à l'adapter au cinéma.
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Un roman, inspiré de la réalité. Une réalité effrayante, datant des années 1860.

Les enfants délinquants, orphelins, sont envoyés dans des "colonies agricoles" et ce, dans le but de les former à un avenir, un métier.

En 1861, un premier convoi d'enfants est envoyé à la colonie Sainte-Anne, sur l'île du Levant, au large d'Hyères. On découvre alors le parcours, la vie, ou plutôt survie de ces derniers, dans un véritable pénitencier... un bagne, ou règne violence, maltraitance.

Un livre bouleversant, et qui donne à réfléchir. Dernière phrase de la dernière page: "Soit environ 10% des internés". Celle ci représente le nombre d'enfants morts.
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Livre très instructif sur le passé des îles d'or que je connais bien.
L'histoire est fidèle a la réalité car l'auteur s'est beaucoup renseigné pour l'écrire.
Des passages parfois sont insoutenables de cruauté car ils touchent des enfants. Mais cela permet de ne pas oublier ceux qui ont souffert dans cette terrible période de l'histoire de l'île du Levant.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Enfin, le Levant lui appartenait. Il possédait un royaume vierge, où tout était à faire. La grande aventure de sa vie commençait, et il sentait le sang de son ancêtre camisard couler plus fort dans ses veines. En même temps, il pensait sincèrement qu'il œuvrait à une noble cause en aidant des enfants broyés par la dureté des temps à se régénérer, à se sauver de la misère, du crime. Défendre et protéger le faible, n'était-ce pas la mission originelle de la noblesse ? Par ailleurs, le financier qu'il était ne voyait aucun mal à faire fructifier son œuvre, malgré un rapport à moyenne échéance, donc bien moindre que ses autres affaires. Et quel déshonneur y avait-il à percevoir soixante-quinze centimes par jour et par enfant pour subvenir aux frais de nourriture, d'entretien, de garde et d'éducation ? Quand les terres produiraient, il tirerait certes quelque profit de leur travail, mais eux aussi, après tout, en bénéficieraient le jour de leur libération, quand ils toucheraient leur pécule, et partiraient dotés d'un bon métier, d'une solide éducation, puisqu'on leur aurait appris au Levant à lire et à écrire, dans la morale chrétienne et le respect de la propriété. C'était dans l'ordre des choses.
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Les forçats par-ci, les forçats par-là, certains ne nous lâchent pas la crampe de la journée. Pourtant, qu'avons-nous fait de si terrible ? s'emporta Décors. Moi je suis un abandonné, toi Devillaz, un orphelin, Gruner un malchanceux et Delages un malheureux.
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Il n’avait jamais été un chaud partisan de ces colonies agricoles confiées à des personnes privées. Selon lui, même le plus généreux des mécènes, le plus charitable des philanthropes ne pouvait perdre de vue le légitime souci de rentabilité qu’une telle entreprise impliquait. Et cela aux dépends des intérêts de la Nation qui voulait la réintégration dans la société de ces pauvres enfants.
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- Quand c'est pas une colonie, c'est une école, soupira Gruner. Autant dire un autre pénitencier. Mais quand arrêteront-ils de nous envoyer toute la misère du monde dans les îles d'Hyères ?
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Video de Claude Gritti (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Claude Gritti
Au cimetière de l'île du Levant, la stèle des enfants du Levant, 18/01/2012
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