LA DEMOISELLE D’ESPÉRANCE…
IL Y A EU DES PLUIES
Il y a eu des pluies des pluies encore
des voyages retenus
et toi dans les rêves
avec tremblements
soie sur la peau
dans la distance sans mesure
les couleurs ont traversé les pluies
et l’attente en gris avec rouge carmin au centre
on a vu des fleuves sortir de leur lit
pour entrer dans la gorge
ne reste que la boue et le trouble
les feuilles tombent
et les gestes se figent
les arbres familiers (des pommiers mêmes)
abattus par l’orage
fructifient encore
des pommes plein les paniers
des noix des nèfles des champignons
c’est l’abondance
mais le cœur a d’autres faims
je lis j’écris dans les fougères roussies
nos lettres se croisent au-dessus
parfois je t’inventais.
alors la nuit s’embrase
les mots déchiquetés avec les feuilles
les arbres cassent et crient
femme sidérée soudain
devant le plein de tempête de soupçons
hurlements intérieurs pleurer refuser objecter
mains en avant de négation
ça se dit avec bris de vaisselle
tout glisse et glace avec hameçons et curare
quelle préméditation ? ou présomption ?
tenue d’un procès sans appel
c’est l’ombre muette qui gagne
la menace te ferait coupable
de n’être que toi-même dépourvue de colère
une femme reste sur le seuil quand il part
un homme a levé des murs de pierre
et le silence
quand le vivre vient à manquer
je fais poème d’échardes de bois.