AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782072443077
576 pages
Gallimard (19/03/2015)
4.57/5   7 notes
Résumé :
" À quatorze ans, je fus exaucé - je devins beau. Au fil des jours, à mon insu, s'étaient opérés en moi des changements qui font que jusqu'à aujourd'hui les femmes me désirent, me sourient spontanément au moindre échange de regards, et répondent à mes avances les plus hypocrites."

C'est ainsi qu'Arik découvre son pouvoir de séduction à l'adolescence, sans savoir que son physique ne suffira pas à gagner le coeur de l'amour de sa vie, l'énigmatique Mikh... >Voir plus
Que lire après Pour elle, volent les hérosVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Arik, Yoram, Benny, Tsion, Guidon , "la bande du bloc", cinq gamins, fin années 60 dans une cité prolétarienne de Haïfa. de la voix d'Arik, le fils Brochi, on écoute leur histoire qui débute à l'orée de l'adolescence en 1968, l'année qui suit la guerre des Six Jours de juin 1967 qui changera définitivement la face du conflit israélo-palestinien et le destin du Moyen Orient. Malgré la peur, le danger, les morts en famille en permanence et la guerre du Kippour qui s'en suivra, les garçons traversent les affres classiques de l'adolescence indépendamment du milieu et du pays, les filles, les putes, les quatre cent coups, les mensonges aux parents....Et à la sortie, le service militaire, ici trois longues années et d'une toute autre nature. Une jeunesse aussi qui commence à se rebeller aux règles strictes du judaisme orthodoxe.
L'auteur raconte la petite histoire celle des compères dont la dynamique change avec le temps, à travers la grande histoire, celle d'Israel de 1968 jusqu'en 1995. Des garçons assez singuliers, traînant leurs propres soucis et dont les chemins ne cesserons de se séparer et se recroiser dans le temps, avec une ultime retrouvaille surprise, qui confirmera leur fusion interne.....
La richesse du récit vient de son contexte et de ses personnages. Sur toile de fond de l'histoire d'Israel empêtré dans le conflit du Moyen Orient, la société prolétarienne de Haïfa, particulière, où on n'est ni de droite ni de gauche mais de Haïfa et une multitude de personnalités originales qui pullulent dans l'orbite de la bande du bloc, dont la fameuse Mikhal l'emmerdeuse, soeur de Benny, Dalia la maîtresse d'Arik qui pratique l'abstinence les jours de commémorations d'événements tragiques, Yankele Breid le marieur, qui même mort gère sa fortune 😁 ......Gutfreund a beaucoup d'humour, lequel dégainé à des moments insolites de l'histoire en accentue l'effet. Ses personnages sont bien cernés avec toute leurs facettes, terriblement humains, leurs failles, leurs désirs, leurs aspirations..... Une histoire dont le vrai protagoniste est en faite Israël, ce pays qui clame d'avoir ses racines judaïques depuis des millénaires dans cette région, mais un pays créé artificiellement en 1948, regroupant des gens extrêmement différents de par le Monde et dont le seul point commun est le judaïsme. Gutfreund y en fait défiler un bon nombre d'entre eux avec toutes leurs disparités.
Un livre intéressant, une histoire passionnante, mais dont la multitude de personnages n'en facilite pas la lecture à ses débuts et qui nécessite un minimum de connaissance sur, et intérêt pour l'histoire d'Israel.
Étant demi-adepte de tsundoku ( voir questionnaire , pratiquez-vous le tsundoku ?)
ce livre totalement oublié dans les tréfonds de ma Pal a refait surface grâce à ma copine Pecosa, Peco pour les intimes. Donc voilà un autre avantage de Babelio et des amis babeliotes.......


« Je ne crois pas en Dieu mais l'enfer existe », m'avait un jour dit Yankele Breid.
Commenter  J’apprécie          865
C'est l'histoire de cinq inséparables copains. Yoram, Guidon, Tsion, Benny et Arik le narrateur vivent dans le même bloc, à Haïfa, en Israël. Les matchs de foot endiablés sur un carré de pelouse, les escapades, les quatre cents coups, les bizarreries des parents, les frangines, les profs qui passent et ceux qu'on n'oubliera jamais, les parties de baby-foot, les brulures de l'adolescence et les premiers amours…
Des histoires de gamins, mais dans un pays assiégé, en guerre perpétuelle. Eux ne connaîtront pas la chevauchée fantastique de la guerre des six jours, ni l'incroyable revirement de celle du Kippour où les chars israéliens s'arrêteront à trente kilomètres de Damas. Quand Tsahal les appellera, ils auront le droit à l'opération paix en Galilée ou à la lutte contre l'intifada. Des batailles de rues sans gloire, de brutales opérations de police, de violentes escarmouches, âpres et sanglantes. L'un des compagnons n'en reviendra pas, et hantera à jamais la mémoire de ceux restés encore debout.
Ils avanceront dans la vie à tâtons, cahin-caha, hésitants, sans rien voir devant eux, un peu comme ces hommes aveuglés par le soleil… Ils prendront des chemins différents, cohabiteront le moins mal possible avec leurs cauchemars ; ils se sépareront et même se haïront, mais ils se retrouveront au bout du compte pour sauver une âme perdue dans un simulacre de l'opération Entebbe. L'organisation israélienne des copains en marche. Pour elle, volent les héros !
J'ai beaucoup appris sur l'histoire d'Israël, entre la guerre des six jours et l'assassinat de Yitzhak Rabin… Un roman extraordinaire, d'une incroyable vitalité et en même temps totalement désespéré. C'est drôle, c'est touchant, c'est acerbe et dramatique. C'est écrit dans l'extrême urgence, comme si le temps était compté.
Commenter  J’apprécie          784
« Que tu comprennes bien, je ne suis ni de gauche, ni de droite, mais de Haïfa ».

Dans une cité ouvrière à la fin des années 60, la vie s'écoule tranquillement dans une joyeuse cacophonie où les Russes côtoient les Irakiens, les Polonais, les Sabras…Cinq amis inséparables au destin tout tracé, Yoram, Benny, Tsion, Guidon et Arik le narrateur, qui aime les livres et se rêve écrivain ont noué des liens indéfectibles. Autour d'eux gravite Mikhal, la petite soeur un peu collante de Benny.
A travers le prisme de l'amitié et des rêves d'enfance, Amir Guttfreund nous offre une extraordinaire plongée dans 30 années de la vie politique, sociale et culturelle israélienne de la bataille de Karameh en 68 à l'assassinat de Rabin en 95.
Roman d'une grande intelligence, brillamment construit, incroyablement dense -environ 600 pages dont on tente de rationner la lecture pour ne pas le terminer trop vite- Pour elle, volent les héros est une magnifique chronique de la vie quotidienne dans un pays peu ordinaire.
Tragique parfois, drôle souvent, tendre, le roman est un canevas sur lequel Guttfreund brode la solitude des uns, la folie des autres, entrelace des lignes piochées chez Agnon (discours de réception du Nobel), dans la Déclaration d'Indépendance, ou chez Flavius Josèphe.

Ce magnifique roman lu par hasard parce qu'il était crédité au générique de la série When heroes fly qui s'en inspire assez vaguement (les 60 dernières pages , réécrites ) est une lecture marquante, qui mérite bien plus que les 5 lecteurs recensés sur le site. L'ouvrir vous emporte comme nous a emporté jadis Les Trois Mousquetaires. Mais il n'y aura ni Vingt Ans après, ni Vicomte de Bragelonne, l'auteur étant décédé en 2015. Je souhaite à qui passerait par là de se plonger dans Pour elle, volent les héros et de s'envoler pour Haïfa, dont le cimetière abrite la tombe de Mike Brant, fantôme qui apparait ça et là.
Commenter  J’apprécie          5220
Si peu de lecteurs et aucune citation pour un grand livre...
Gutfreund, prix Sapir (équivalent de notre Goncourt) pour "Les gens indispensables ne meurent jamais" donne à lire dans ces plus de 600 pages une chronique tendre et drôle de la ville Haïfa de 1968 à la mort de Rabin en 1995.
Haïfa est une enclave particulière en Israël où, comme le dit le narrateur, on est souvent ni de gauche, ni de droite, mais d'Haïfa.
Depuis cette cité ouvrière où Ashkénazes et Séfarades cohabitent harmonieusement, une bande d'amis va dérouler sa petite histoire tandis que la Grande agite Israël et le monde. Guerres, amours, départs, retours; tout part et tout revient à Haïfa et à ses habitants touchants et souvent cabossés.
Gutfreund et tout à la fois tendre, drôle, cynique et humble. Arik, le narrateur, rêve d'écrire. Il n'y parvient qu'à la maturité, quand jeunesse et pusillanimité ont épuisé leurs feux. C'est un peu l'histoire de Gutfreund, décédé quand ce livre paraissait en France. Un grand écrivain venait de mourir, et si peu l'auront su...
Commenter  J’apprécie          62

Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
« Vous parlez de Benny ou de Nissim ? demanda-t-elle. —On parle d’affaires d’hommes. —Ça me rappelle, Papa, qu’il existe une nouvelle sorte de mariage arrangé utilisant l’hypnose. Peut-être pourrions-nous envoyer Nissim ? —C’est quoi, ça, le mariage arrangé par hypnose ?! —On hypnotise la fiancée à vie pour qu’elle veuille de Nissim, gloussa-t-elle, tandis que ses seins ondulaient sous son tee-shirt. —Qu’est-ce qui ne va pas chez Nissim ? s’irrita Moshe Abadi. —Un homme avec une belle situation, lui vint en aide Mikhal. —Oui, répondit Moshe Abadi, surpris de sa collaboration. —Un homme sérieux qui ne pense qu’à épouser une femme respectable. —En effet ! —Un homme calme, avec un bel avenir, une tête bien remplie. Traditionaliste. De bonne famille. —Exactement. —Qui gagne bien sa vie, joue au Loto. Responsable. Et qui deviendra millionnaire. —Amen ! dit Moshe Abadi, tout attendri. —Un homme qui a de la graisse dans les oreilles et des poils même sur les joues. —Eh ! Qu’est-ce que tu… —Papa, écoute, je suis une femme, je sais ce que les femmes sont capables de supporter. Nissim, c’est une mission. Comme aller sur la Lune. —Qu’est-ce que… Tu n’as que quinze ans… Va vite te changer et mettre une tenue plus décente ! s’énerva Moshe Abadi.
Commenter  J’apprécie          393
De toute son existence, Papa ne lut qu’un seul livre de la première à la dernière page, comme il n’acquit qu’un seul disque. Cette glorieuse période culturelle se déroula sur un laps de temps très court et durant la seule année 1975. Le disque était celui de Mike Brant. Quant au livre, il s’intitulait L’existence rationnelle, du prophète de l’égoïsme, le professeur Moshe Kroy. ......Nous n’avions pas de tourne-disques. Papa disposa le disque sur l’armoire du salon pour qu’il trône devant lui quand il serait assis dans son fauteuil. Mike Brant beau, vivant, observait Papa fatigué, à moitié mort. Lorsque Mike Brant fut inhumé à Haïfa, Papa partit de la chocolaterie au beau milieu de son service, annonçant aux Frères Zetski qu’il devait sortir, et se rendit ainsi à ses obsèques.
Commenter  J’apprécie          372
Mais dans le miroir, je continuais de voir de grandes oreilles, des yeux saillants, des joues rebondies. Très, très loin de Mike Brant. Je regardais le poster sur le mur et je voulais être comme lui, exactement. Il était beau. Il était au hit-parade, non seulement en Israël, mais également en France. Il avait chanté à l'Olympia à Paris. Papa pâlissait d'émotion: "Moshe Brant, fils de rescapés de la Shoah !..." Il était certain de connaître Fichel Brant, le père de Mike, qui travaillait pour la municipalité de Haïfa. "Il y a un certain Fichel, employé...Combien sont-ils avec un nom pareil à travailler à la mairie?!" La première fois que j'entendis à la radio Mike Brant chanter Laisse-moi t'aimer, je me sentis tout bizarre. Je ne savais pas encore qu'il venait de Haïfa, qu'il était des nôtres, que si lui pouvait, alors moi aussi! Sa voix claire, articulant chaque syllabe en français, me remuait les tripes. Je ne comprenais pas les paroles, mais je savais qu'au-delà des champs, s'élevait un monde immense. Et, dès l'instant où ma bar-mitsva s'acheva avec l'acquisition de mon magnétophone- petit et rudimentaire, mais bien à moi- le français de Mike Brant me porta aux nues tel un dragon céleste. Tsion me construisit un amplificateur et j'acquis de grands baffles pour diffuser à l'envi Laisse-moi t'aimer, afin que le dragon s'envole de la fenêtre jusqu'au soleil, voire au-delà.
Commenter  J’apprécie          184
Comment c’est à l’armée ? —Très bien ! —Tu es dans une unité d’élite ? —Oui… —L’unité de parachutistes ? Où on fait des choses ? —Oui… —Des choses… secrètes ? —Oui… —Veux-tu que je vienne te rendre visite à ta base ? —Me rendre visite à moi ? —Seulement le shabbat, quand tu ne sors pas. Je rends bien visite à Benny. —Benny, c’est ton frère. —Alors tu ne veux pas ? —Que ferons-nous si tu viens me voir ? —Que tu es bête ! Tu as les idées mal placées ! Je n’ai que treize ans ! Je viendrai te distraire, t’apporter des bonbons et te parler. Tu verras, je peux parler de tout, j’ai déjà treize ans.
Commenter  J’apprécie          302
J'étais fatigué, mais mes yeux ne quittaient pas un instant ce qui était en train de se passer alentour. De l'entrée A sortit Tsvika Gazlan en uniforme avec un grand sac. Dans le bloc d'en face, je vis le nouveau voisin bondir dans la cage d'escalier équipé lui aussi d'un ballot. Je continuai de jouer. Je ne connaissais pas encore le poème de Yehuda Amichai, " La mort dans la guerre commence par un jeune homme dévalant les escaliers ". Je regardai encore le nouveau voisin puis baissai la tête sur le baby-foot. Il serait tué au Sinaï, sur la route d'Akavish.
Commenter  J’apprécie          310

autres livres classés : littérature israélienneVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (33) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3206 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}