AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782072801730
224 pages
Gallimard (01/11/2018)
3.67/5   9 notes
Résumé :
Né en 1939 en Irlande du Nord et mort en 2013 à Dublin, Seamus Heaney est sans conteste une des plus grandes voix de la poésie anglo-saxonne du XX ? siècle. Le volume que nous publions, composé de deux recueils parus en 1991 et 1996 et qui encadrent sa réception du Prix Nobel de littérature en 1995, oeuvres donc de la maturité, introduisent parfaitement à l'univers singulier du poète marqué notamment par la prégnance constante du monde rural, sa rudesse, ses travaux... >Voir plus
Que lire après La lucarne - L'étrange et le connuVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Auteur irlandais nobélisé en 1995, Seamus Heaney serait l'un des poètes contemporains anglophone les plus appréciés et les plus connus... Pour ma part, je l'ai découvert grâce au challenge Nobel.

En tant qu'Irlandais, il avait tout pour me plaire, gardant une très bon souvenir de lecture de l'un de ses acolytes - auquel il a d'ailleurs dédié L'étrange et le connu - Derek Mahon.
Malheureusement, je n'ai pas accroché à la poésie de Seamus Heaney, disons que ses poèmes ne m'ont pas touchée. L'une des raisons est qu'il use et abuse de références à la mythologie gréco-romaine, ce qui a tendance à m'ennuyer prodigieusement en poésie (tout en aimant la mythologie). L'autre raison, ce sont ces références à un passé, un milieu, des vies que je ne suis pas parvenue à me représenter. Il y a là quelque chose de peut-être profondément anglo-saxon que nous ne pouvons saisir, des références culturelles implicites, je ne sais pas, car l'écriture ne m'a pas semblé hermétique en soi et pourtant... elle ne m'évoque pas grand chose au final.
Lire les deux recueils m'a pris un certain temps, avec à chaque fois l'espoir que quelque chose s'éveille en moi, et quelques poèmes m'ont quand même plu plus que d'autres: j'ai préféré le deuxième recueil. Pour le reste, j'ai tenté de gratter un peu pour y trouver le vent sauvage de l'Irlande et ses côtes de bruyère, le souffle salé des vagues grises, mais on reste à l'intérieur des terres et c'est le calme plat!


Commenter  J’apprécie          281
Ambitionner de lire au moins une fois tous les Nobel amène fatalement à la poésie, ce qui n'est pas le moindre des intérêts de ce chemin de découverte.
Après Yeats, voici donc un autre poète irlandais qui s'inscrit dans ses pas - selon une trajectoire qui, je l'avoue, me reste plutôt obscure.

On parle de l'oeil du poète, mais c'est ici aussi la main, le nez, tous les capteurs de perceptions qui sont mobilisés dans ces vers parfois très classiques, parfois d'une liberté étonnante face aux standard poétiques, mais où très souvent ce sont les objets ou les plus matériels des éléments qui ouvrent à l'auteur des portes de lecture et d'appréhension du monde d'une vastitude, d'une profondeur ou d'une clarté qui, si elles m'ont souvent laissée bien démunie, me donnent envie de lire encore et encore des vers pour espérer parvenir à entrevoir ces mondes derrière le monde dont parlent les poètes.
Commenter  J’apprécie          213
C'est la première oeuvre que je lis de ce poète irlandais, prix Nobel de littérature en 1995. Dans ce recueil, Seamus Heaney investit ses cinq sens afin de nous révéler sa vision du monde. Il exprime le temps étale avec beaucoup de verbes et le temps dynamique avec des séries de mots. Il alterne textes lyriques parfois métaphysiques et poèmes de mœurs. Ce sont ces derniers que j'ai eu plus de mal à appréhender. Dans l'ensemble, j'ai aimé.
Commenter  J’apprécie          50
La poésie de Seamus Heaney évoque aussi bien les choses du quotidien que la culture classique, mêlant notamment les références à Grèce antique à celles de l'Irlande.
Ainsi les saints irlandais croisent-ils les Morrigan de la mythologie, Heaney célébrant son pays tout en évoquant les périodes de guerre, mettant toujours en avant sa volonté personnelle de paix.
Pour les lecteurs curieux, je partage sur le blog quelques réflexions sur certains poèmes de la lucarne et sa section "Illuminations" (titre rimbaldien !).
Lien : https://thomasspok.blogspot...
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
À Wicklow aussi un chien a pleuré cette nuit
en souvenir de Donatus Nwoga

Quand les humains eurent compris ce qu’était la mort
Ils envoyèrent à Chukwu un chien porteur de ce message :
La maison de la vie devait leur être ouverte.
Ils ne voulaient pas finir à jamais perdus
Comme le bois brûlé disparaît en fumée
Et cendres dispersées au vent. Non : leurs âmes
Étaient comme une troupe d’oiseaux croassants
Au crépuscule, revenant aux mêmes perchoirs,
Aux mêmes purs climats, aux ailes étirées du matin.
La mort serait comme une nuit passée dans la forêt :
À l’aube, chacun serait rentré dans la maison de la vie.
(Voilà ce que le chien devait dire à Chukwu.)

Mais le chien oublia la mort et les humains, préférant
Quitter le sentier en trottinant pour aboyer
Car un autre chien, en plein soleil, lui aussi aboyait
Depuis l’autre rive d’une large rivière.

Et c’est ainsi que le crapaud parvint avant lui chez Chukwu,
Le crapaud qui avait entendu les premiers mots
Du message du chien. « Les humains », dit-il
(Et sur ce point le crapaud sut convaincre),
Le humains veulent que la mort dure toujours. »

Alors Chukwu conçut leurs âmes comme des oiseaux
Volant à sa rencontre, taches noires sur le crépuscule,
Vers un lieu sans arbres ni perchoirs
Ni aucun retour vers la maison de la vie .
Et son esprit s’emplit de rouge et de noir tout ensemble
Et, de ce que le chien lui apprit par la suite, rien ne put
Modifier cette vision. Grands chefs, grandes amours
Dans la lumière effacée, le crapaud dans la boue,
Le chien pleurant toute la nuit derrière la maison des morts.



When human beings found out about death
They sent the dog to Chukwu with a message :
They wanted to be let back to the house of life.
They didn’t want to end up lost forever
Like burnt wood disappearing into smoke
Or ashes that get blown away to nothing.
Instead, they saw their souls in a flock at twilight
Cawing and headed back for the same old roosts
And the same bright airs and wing-stretchings each morning.
Death would be like a night spent in the wood :
At first light they’d be back in the house of life.
‘The dog was meant to tell all this to Chukwu).

But death and human beings too second place
When he trotted off the path and started barking
At another dog in broad daylight just barking
Back at him from the far bank of a river.

And that is how the toad reached Chukwu first,
The toad who’d overheard in the beginning
What the dog was meant to tell. ‘Human beings’, he said
(And here the toad was trusted absolutely),
‘Human beings wants death to last forever’.

Then Chukwu saw the people’s souls in birds
Coming towards him like black spots off the sunset
To a place where there would be neither roosts nor trees
Nor any way back to the house of life.
And his mind reddened and darkened all at once
And nothing that the dog would tell him later
Could change that vision. Great chiefs and great loves
In obliterated light, the toad in mud,
The dog crying out all night behind the corpse house.
Commenter  J’apprécie          00
L'existence de Dieu prouvée par la musique?
L'hypothèse vaut tant qu'elle admet
Ce qui est sans mesure.

Que l'oreille soit alors une fenêtre de ferme
Dans la lumière placide où les extravagantes
Ont fait voile jadis vers leurs désirs.
Commenter  J’apprécie          112
Depuis la frontière de l’écriture

belfast

L’oppression et le vide autour de cet espace
quand, l’auto arrêtée sur la route, l’armée
examine sa marque et sa plaque et, tandis qu’à la vitre

un soldat se penche, tu en aperçois d’autres
sur la colline au-delà, qui observent
derrière leurs mitrailleuses pointées sur toi

et tout est pure interrogation
jusqu’à ce qu’un fusil bouge et que tu avances
accélérant avec prudence et détachement –

un peu plus vide, plus épuisé, comme toujours
par ce frissonnement de l’être,
soumis pourtant, et docile.

Et tu conduis vers la frontière de l’écriture
où tout recommence. Les mitrailleuses sur leurs trépieds ;
le sergent qui répète au talkie-walkie

ton état-civil, attendant le braillement
qui te libérera ; et le tireur d’élite
qui te vise depuis le soleil comme un faucon.

Et soudain tu es au-delà, suspect mais libre,
comme ayant gagné au travers d’une cascade
le sombre courant d’une route asphaltée,

passant les voitures blindées, fuyant entre
les soldat postés qui affluent et refluent
pareils à l’ombre des arbres sur la vitre luisante.



°°°

From the Frontier of Writing

The tightness and the nilness round that space
when the car stops in the road, the troops inspect
its make and number and, as one bends his face

towards your window, you catch sight of more
on a hill beyond, eyeing with intent
down cradled guns that hold you under cover

and everything is pure interrogation
until a rifle motions and you move
with guarded unconcerned acceleration —

a little emptier, a little spent
as always by that quiver in the self,
subjugated, yes, and obedient.

So you drive on to the frontier of writing
where it happens again. The guns on tripods;
the sergeant with his on-off mike repeating

data about you, waiting for the squawk
of clearance; the marksman training down
out of the sun upon you like a hawk.

And suddenly you’re through, arraigned yet freed,
as if you’d passed from behind a waterfall
on the black current of a tarmac road

past armor-plated vehicles, out between
the posted soldiers flowing and receding
like tree shadows into the polished windscreen.
Commenter  J’apprécie          00
Apparitions

Inishbofin un dimanche matin.
Soleil, fumée de tourbe, mouettes, diesel, cales des navires.
On nous aidait à descendre l’un après l’autre
Sur une embarcation que chaque passager faisait tanguer
Dans un vacillement sinistre, avant de nous serrer
Sur les bancs de traverse, par petits groupes craintifs,
Obéissants et mal à l’aise ; nul ne parlait que l’équipage
À chaque immersion des plats-bords
Qui semblaient près de prendre l’eau.
Malgré le calme de la mer,
Les secousses du moteur obligeaient le pilote
À maintenir son équilibre en manoeuvrant la barre :
La réticence et le poids de l’embarcation m’emplissaient
D’épouvante. Cela même qui garantissait notre salut
– soubresauts, légèreté, mouvement –
Faisait ma terreur. À chaque instant
De cette traversée, à la surface régulière
D’une eau profonde et calme, dont on voyait le fond,
C’était comme si j’observais la scène de très haut,
Sur un autre bateau voguant parmi les airs, effaré
Par les périls de cette plongée dans le matin,
Et j’avais pour nos têtes nues,
Courbées, comptées, un inutile amour.



Seeings things

Inishbofin on a Sunday morning.
Sunlight, turfsmoke, seagulls, boatslip, diesel.
One by one we were being handed down
Into a boat that dipped and shilly-shalliied
Fearsomely every time. We sat tight
On short cross-benches, in nervous twos and threes,
Obedient, newly close, nobody speaking
Except the boatmen, as the gunwales sank
And seemed they might ship water any minute.
The sea was very calm but even so,
When the engine kicked and our ferryman
Swayed for balance, reaching for the tiller,
I panicked at the shiftiness and heft
Of the craft itself. What guaranteed us –
That quick response and biyoncy and swim –
Kept me in agony. All the time
As we went sailing evenly across
The deep, still, seeable-down-into water,
It was as if I looked from another boat
Sailing through air, far up, and could see
How riskily we fared into the morning,
And loved in vain our bare, bowed, numbered heads.
Commenter  J’apprécie          00
Menthe

Bouquet de petites orties poussiéreuses,
Herbes folles au flanc de la maison,
Elle poussait derrière les déchets et les bouteilles vides,
Jamais verdoyante, presque invisible.

Disons-le : elle était aussi une promesse,
Une fraîcheur dans l’arrière-cour de notre vie,
Quelque chose d’inachevé mais de tenace
Qui flânait parmi les allées vertes.

Petits coups de ciseaux, lumière du dimanche
Matin où l’on coupait la menthe avec amour :
Restera cela même qui m’échappe aujourd’hui.
Donnez leur liberté aux choses qui survivent.

Que les odeurs de menthe se fassent capiteuses, démunies,
Prisonnières qu’on libère en cette cour,
Victimes de notre indifférence que nous condamnons
Pour les avoir trahies par notre indifférence.


°°°

Mint

It look like a clump of small dusty nettles
Growing wild at the gable of the house
Beyond where we dumped our refuse and old bottles :
Unverdant ever, almost beneath notice.

But, to be fair, it also spell promise
And newness in the back yard of our life
As if something callow yet tenacious
Sauntered in green alleys and grew rife.

The snip of scissors blades, the light of Sunday
Mornings when the mint was cut and loved :
My last things will be first things slipping from me.
Yet let all things go free that have survived.

Let the smells of mint go heady and defenceless
Like inmates liberated in that yard.
Like the disregarded ones we turned against
Because we’d failed them by our disregard.
Commenter  J’apprécie          00

Video de Seamus Heaney (1) Voir plusAjouter une vidéo

Prix Nobel /Décoration
LITTERATURE, le ministre de la Culture, PHILIPPE DOUSTE-BLAZY a remis les insignes des Arts et Lettres (?) au prix Nobel de Litterature, l'Irlandais SEAMUS HEANEY .
autres livres classés : poésieVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (22) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1227 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}