C'est finalement une lecture très intuitive - il faut vivre avec les mots, les rejoindre, danser avec eux, se faufiler dans les espaces, puis entrer dans les mots et éprouver ce que cela fait de se déplacer comme eux, de voir le panorama depuis l'intérieur de leur coquille, de ressortir de l'autre côté et de les regarder à l'envers, revenir, se glisser dans les phrases comme on se couche dans le bassin de la piscine. Il faut avoir l'esprit très libre, ne pas se laisser impressionner par des phrases qui paraissent au premier abord n'avoir aucun sens comme on s'interdit de prêter attention aux regards des nageurs dans les autres lignes, comme on s'astreint à faire ses mouvements à son rythme, sans pression, avec concentration et humilité dans le but de gagner une facilité de mouvement et la libération de l'esprit de tout ce qui l'encombre. A ne rechercher avec concentration que le plaisir de l'eau - ou des mots - glisser le long de son corps on finit par se sentir plus tranquille et l'on peut progresser sans plus penser à rien mais en se déplaçant avec aisance. Voilà, maintenant cela vient tout seul.
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Souvent étrange, en tout cas déstabilisant. La finesse de l'analyse suppose un esprit préparé : mais cet esprit existe-t-il tant que la dialectique hégélienne bouscule la logique traditionnelle ?
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... la conscience est d'un côté conscience de l'objet, d'un autre côté conscience de soi-même : elle est conscience de ce qui lui est le vrai et conscience de son savoir de cette vérité. Puisque tous les deux sont pour elle, elle est elle-même leur comparaison ; c'est pour elle que son savoir de l'objet correspond à cet objet ou n'y correspond pas. L'objet paraît, à vrai dire, être seulement pour elle comme elle le sait, elle paraît incapable d'aller pour ainsi dire par derrière pour voir l'objet comme il n'est pas pour elle, et donc comme il est en soi ; ainsi, elle ne parait pas pouvoir examiner son savoir en lui. Mais justement parce que la conscience a en général un savoir d'un objet, la différence est déjà présente en elle : à elle quelque chose est l'en-soi, et le savoir ou l'être de l'objet pour la conscience est un autre moment.
Aussi fermement que s'établit pour elle l'opposition du vrai et du faux, l'opinion a également coutume par ailleurs d'attendre, soit qu'on prouve, soit qu'on contredise un système philosophique donné, et de ne voir dans une déclaration et explication liminaire sur ce genre de système que l'une ou l'autre de ces positions. Elle conçoit moins la diversité de systèmes philosophiques comme le développement progressif de la vérité qu'elle ne voit dans cette diversité la seule contradiction. Le bourgeon disparaît dans l'éclosion de la floraison, et l'on pourrait dire qu'il est réfuté par celle-ci, de la même façon que le fruit dénonce la floraison comme fausse existence de la plante, et vient s'installer, au titre de la vérité de celle-ci, à la place de la fleur. Ces formes ne font pas que se distinguer les unes des autres : elles se refoulent aussi comme mutuellement incompatibles. Mais, dans le même temps, leur nature fluide en fait aussi des moments de l'unité organique au sein de laquelle non seulement elles ne s'affrontent pas, mais où l'une est aussi nécessaire que l'autre, et c'est cette même nécessité qui constitue seulement alors la vie du tout.
Préface, 2.
Notre conscience vit une aventure qui, de déchirements en réconciliations, de soumissions en dominations, peut l'élever jusqu'au savoir absolu, qui est la récapitulation de tous ces moments.
Les animaux mêmes ne sont pas exclus de cette sagesse, mais se montrent plutôt profondément initiés à elle; car ils ne restent pas devant les choses sensibles comme si elles étaient en soi, mais ils désespèrent de cette réalité et dans l'absolue certitude de leur néant, ils les saisissent sans plus et les consomment.
L'individu qui n'a pas mis sa vie en jeu peut bien être reconnu comme personne; mais il n'a pas atteint la vérité de cette reconnaissance comme reconnaissance d'une conscience de soi indépendante.
Hegel
Parcours biographique de
Georg Wilhelm Friedrich HEGEL, avec les philosophes Jacques D'HONDT, Pierre OSMO Jean-Pierre LEFEBVRE,
Toni NEGRI,
Gilles CHATELET.
L'émission retrace la
biographie du
philosophe; la
phénoménologie au travers de l'ouvrage "La
Phénoménologie de l'Esprit", ponctué de la lecture d'un extrait; la position
politique de HEGEL, la dialectique; le système qu'il élabora,...