Agrégé de grammaire, biographe, romancier, chroniqueur,
Jean-Luc Hennig a plus d'une corde à son arc littéraire, mais il vibre aussi de la fibre épicurienne d'un amateur de bon vin, et c'est avec sensualité (et références livresques à l'appui) qu'il aborde l'
Erotique du vin dans cet essai éponyme.
Bien sûr, il existe des "abstèmes" qui ne boivent pas de vin comme le "sec et épineux" Calvin, bien sûr les religions (et les préceptes du Coran ou de la Bible) condamnent les excès, bien sûr il existe des états d'ivresse menant à des violences irrépressibles, mais le vin est, aussi et surtout, symbole de fête (lors des banquets), de plaisir (rapports avec l'oralité), d'amour et de libations, nous affirme preuves en main,
Jean-Luc Hennig.
Muet,tranquille,liquoreux,moelleux,espiègle,carré,frais,effronté...que d'adjectifs (et donc de facettes) pour décrire le vin! Cet agrégé de grammaire, habitué à manier les mots, bombarde le lecteur de qualificatifs en veux-tu en voilà!Que d'auteurs ont lié le vin à leur sauce littéraire ou poétique! Que de vins les ont rendus volubiles!
Jean-Jacques Rousseau apprécie le vin blanc d'Artois dans
Les Confessions.
Montaigne avoue qu'il débride la langue.
Baudelaire vogue sur ses effluves dans du vin et du haschisch.
Rabelais multiplie les joutes verbales autour de la bouteille dans son
Gargantua.
Erotique du vin, essai très fouillé (avec anecdotes, extraits littéraires,récit de coutumes comme le bain de vin des bébés d'antan) est original,enrichissant, inattendu parfois, car il aborde le vins dans tous ses états, ses contenants,ses contenus à travers l'érotisme et l'auteur n'hésite pas, en référence à Rousseau,à comparer ce "bonheur de soi à soi" à l'onanisme (!!! sceptiques).
Des arômes sublimes, aux goûts subtils,en passant par l'alchimie de la cave,le plaisir des vendanges,le délire des mots (assimilation du bouchon au "gland" masculin)....on s'aperçoit que le vin est aussi un symbole.
Celui de la joie de vivre,de l'érotisme,de la paillardise,de l'amour des bonnes choses, de la virilité aussi.Il est le levier qui fait sauter les verrous des tabous...il est celui dont il ne faut pas abuser mais qui requinque en trinquant.
A lire pour compléter cet ouvrage pour ceux qui comme moi ne sont pas des oenologues expérimentés: le vin pour les nuls
Ed Mc Carthy et pour ceux qui aiment les petits rosés bien frais du midi: Gens et vins de Bandol de
Jean-Noël Marchandiau.