Ce tome 34, publié en 2015, le dernier en date (youpie, j'ai rattrapé mon retard), renoue à mon avis avec les anciennes aventures de Jeremiah.
Deux personnages secondaires occupent une place de choix. Un méchant sournois, capitaliste, qui veut asservir une ville en s'octroyant le monopole de l'eau potable. Et un chef de bande, musclé et violent comme pas possible, engagé par le capitaliste pour asseoir définitivement sa domination sur Jungle City.
Evidemment, ce chef de bande va avoir la mauvaise idée de proposer un quitte ou double à Jeremiah, sur l'air du "Un de nous deux est de trop dans cette ville, Coyote Bill"... le duel en question se déroule la nuit, et ne dure que deux pages... Mais pour le lecteur fidèle, l'issue ne fait aucun doute.
De fait, le tandem à moto repart, à moins que ce ne soit le tandem repart à moto... et non, ils ne sifflent pas "I'm a poor lonesome cowboy", mais ils pourraient.
J'apprécie l'effort considérable d'Hermann pour fournir un tome décent, renouant quelque peu avec les meilleurs tomes (surtout dans les 15 premiers). Il y a un souffle épique. Un brin de suspense. Mais je reste sur ma faim.
D'abord, le fait d'avoir systématiquement une aventure par tome, cela devient lassant, cela manque de profondeur, cela concourt à reproduire assez souvent les mêmes rouages, les mêmes causes-effets. Ensuite, avoir Jeremiah qui gagne avec ses poings à tous les coups, c'est également lassant. Et cela restreint aussi l'espace des possibles. En 47 pages, tout boucler, intro, développement, conclusion... Ici, le combat de titans entre Jeremiah et le chef de bande aurait pu durer plus longtemps. Voire s'étendre sur deux tomes. Pourquoi pas.
Jeremiah arrive esquinté comme jamais, et il repart à moto deux cases plus loin. C'est quand même un peu gros.
Dernier point qui me chatouille depuis quelques numéros... Kurdy et Jeremiah ne vieillissent pas. Quand on a les Tuniques Bleues ou Lucky Luke, cette absence de vieillissement n'est pas vraiment un problème. Dans une BD réaliste, c'est plus gênant. Je pense par exemple à Blueberry. Cela dit, je suis sans doute le seul à être gêné par ce point.
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Un album de Jeremiah, ça se lit généralement plutôt bien. Pas d'intrigue trop compliquée à comprendre ; un dessin comme sait si bien le faire Hermann, c'est d'ailleurs pour ça qu'on l'aime. Son style bien particulier, mise en couleurs directe, un découpage classique, des gueules typées, pas que des prix de beauté, et des femmes qui ont déjà pas mal dérouillé…
Ce numéro 34 ne déroge pas à la règle. Jer' et Kurdy débarquent dans une nouvelle ville (on ne sait même plus où ils peuvent se trouver), se font piquer leurs motos et débarquent au bistrot. Un type mégalo règne sur la ville secondé par un avocat véreux et quelques gros bras, et ont la main mise sur l'eau potable. Très vite des coups de poings dans la gueule s'échangent et des coups feu aussi. Un bon tiers de l'album se passe de nuit, si bien qu'on n'y comprend pas grand'chose. À la fin ils repartent.
Voilà c'est tout, comme d'hab' ; ça tiendrait en 15 pages, ça en fait 30 de plus, comme d'hab'… le scénario est un peu plus consistant que les derniers mais ça casse pas 3 pattes à un canard, comme d'hab'
Allons monsieur Hermann, un petit effort pour la prochaine fois, merci d'avance.
Président du Festival d'Angoulème, certes c'est mérité pour l'ensemble de votre oeuvre, mais ça implique quand même un peu plus de boulot côté scénario.
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On attend encore l'album de Jeremiah ou Hermann aura vraiment des choses à dire, ou il se donnera les moyens pour livrer du fond sans pour autant renier les codes de la série !
Lire la critique sur le site : Sceneario
- C'est toi que certains appellent Jeremiah ?
- Certains, et puis d'autres aussi. (p.42)
Ecoute ceci, mec ! ... Pendant que t'es encore debout et que tu peux m'entendre, à ta place et si j'avais un potager, j'irais plutôt voir comment poussent mes carottes. (p.17)
Philby, il est temps de faire bouger les lignes. Ou en est votre stratégie.
- Mes succès ont attiré de nombreuses mouches sur moi comme sur... Certains me traitent de caca.
- De gros caca. Ne soyez pas modeste. (p.6)