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EAN : 9782362241093
336 pages
Atelier In8 (16/04/2020)
4.31/5   13 notes
Résumé :
La tempête Yonna dévaste un village qui se retrouve coupé du monde. Sa quinzaine d'habitants se voient obligés de se serrer les coudes en attendant le rétablissement des accès, de l'électricité... Un huis clos qui peut vite tourner à l'orage ! Un roman proche de la " collapsologie " qui pense les effondrements climatiques, et leurs conséquences : philosophiques, morales.
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai choisi la citation qui figure au début de cette chronique parce qu'elle souligne la gageure relevée par Cyril Herry. Ce livre nous parle de Braconne, où il n'y a rien à voir, un village sur lequel il y aurait de quoi écrire un livre, mais que personne ne lirait.

Eh bien, si, on le lit, ce livre. Même sans avoir vécu là. Parce qu'il parle de choses qui se produisent partout. Parce qu'il parle de la vie ! Et, comme il l'écrit, il y a « Des anecdotes, un peu d'amour, de la rancoeur, beaucoup d'orgueil ».

Lorsque la tempête survient, la priorité, c'est de survivre. En espérant que les chiens, les lapins, les chevaux, le bétail… survivent aussi. La peur, l'adrénaline, l'instinct de survie prennent le dessus sur tout le reste. Et, forcément, après la catastrophe, la première réaction consiste à se serrer les coudes, face à l'adversité. Presque tous se rassemblent autour de Mélanie, la vieille Mélanie, qui tenait le restaurant du village. Manquent à l'appel les « étrangers », et une famille, qui vit en quasi-autarcie, presque des survivalistes. Et puis P'tit Léon, dont la mère est morte, écrasée par un arbre qui s'est abattu sur la maison. C'est ce que les penseurs de la politique appellent l'effet « ennemi extérieur », face auquel on peut souder le groupe. Mais ces mêmes théoriciens savent aussi que, s'il n'y a pas de haine à l'intérieur, il n'y aura pas d'ennemi extérieur…

Les jours passent. Toujours aucun signe de l'extérieur, pas de colonnes de fumée dans le ciel, pas d'avions non plus. Mais le village s'organise. le jour, le groupe s'attache à dégager les routes, pour pouvoir atteindre le cimetière, d'abord, afin d'enterrer la mère de P'tit Léon. Puis vers Puy Soudain, le hameau le plus proche. La vie reprend malgré tout un semblant de normalité.

Pourtant, la tempête n'est pas la catastrophe, ou, du moins, pas la seule catastrophe. Elle est aussi le révélateur de la catastrophe à venir. Mais s'agira-t-il d'une catastrophe plus grande encore, ou, au contraire, d'une catastrophe intime, individuelle ?

Car une fois passée la phase critique, chacun revient à ses préoccupations d'avant la tempête. Jalousie, tromperie, envie, méfiance, colère, petites ou grosses blessures mal cicatrisées… tout ressort subitement, et prend racine dans un terreau finalement favorable, celui du huis-clos à l'échelle du village. Chacun, avec ses cassures, avec ses failles – le manque d'amour dans l'enfance, le rejet, le repli sur soi, un syndrome de choc post-traumatique… – essaye de s'en sortir, comme il peut, entre culpabilité et colère.

Et c'est peut-être là où réside le tour de force de Cyril Herry : comme il travaille sur cette matière humaine qui s'exprime partout, en ville, à la campagne, en montagne, en forêt, chacun se sent directement interpelé par des comportements connus, déjà expérimentés. Peut-être la présence forte de la nature et l'isolement renforcent-ils l'intensité des sentiments… mais pas forcément. du coup, Braconne devient une caisse de résonance, que l'on n'oubliera pas de sitôt, même après l'avoir traversé !

Ce qui est amusant, c'est que cette lecture me renvoie à deux choses très différentes. J'ai d'un côté eu l'impression de retrouver une version moderne d'un roman de l'école de Brive, ancré dans un terroir, avec cette primauté donnée à la nature, dans sa violence mais aussi dans sa beauté. Et, en même temps, cette lecture m'a aussi fait retrouver quelque chose de l'ordre de ce que j'avais ressenti en lisant Tristesse et beauté, de Yasunari Kawabata : une impitoyable violence dissimulée sous une magnifique douceur. Et, en effet, la langue de Tempête Yonna est très belle, et m'a parue servir de révélateur, d'exhausteur, si j'ose dire, à la brutalité des hommes.

Alors un seul conseil : quelles que soient vos propres tempêtes, lisez Tempête Yonna !
Lien : https://ogrimoire.com/2021/0..
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La tempête Yonna a tout détruit au hameau de Braconne, plongeant sa quinzaine d'habitants dans un grand isolement. Plus d'électricité, les routes sont désormais inaccessibles, sans compter le corps de la mère de P'tit Léon retrouvée morte sous les gravats, qu'il faut enterrer.
Saul et Yonna (qui se nomme comme la tempête), Bruno et Laura, la vieille Mélanie, un couple de Parisiens, Barbara et sa fille Lou se répartissent les tâches et s'organisent pour faire face aux gros dégâts occasionnés par la tempête.
Commence alors un huis-clos sur fond post-apocalyptique obligeant les voisins à survivre ensemble.
Bien sûr, comme dans tout groupe humain, chacun a ses faiblesses et ses forces, ses secrets et ses histoires enfouis qui sous la pression et la promiscuité finissent par émerger.
La tension est permanente dans ce roman, nous passons d'un groupe de personnages à l'autre, on comprend un peu mieux les liens qui les unissent, les tromperies et les rancoeurs qui sourdent.
De naturelle, la catastrophe devient humaine et il n'est pas toujours aisé de déterminer qui est le réelle responsable de tous ces drames.
Je me suis plongée dans cette ambiance de fin du monde, qui est très bien rendue. de même, les descriptions des lieux sont remarquables, grâce à la belle écriture de Cyril Herry.
De très bonnes idées dans ce roman, mais il m'a manqué un petit quelque chose. J'ai trouvé que l'ensemble manquait de liant, de corps. Les personnages ne sont pas assez fouillés. de bonnes pistes sont lancées sans être davantage développées. .
Je suis partiellement passée à côté de ce roman, mais j'en recommande la lecture car je sens bien que ce livre a beaucoup de qualités et peut plaire.
Je suis contente d'avoir découvert les éditions in8. Je vais m'empresser de lire fin d'exploitation de Denis Flageul, gentiment envoyé par in8 dans le cadre de la masse critique.


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Une fois que la tempête Yonna s'est retirée, il reste à évaluer les dégâts. Toitures arrachées, arbres déracinés, routes bloquées... C'est le temps de la solidarité pour tenter de dégager la voie jusqu'à la prochaine bourgade, pour espérer du secours. Et sans électricité, sans téléphone, sans eau, cette communauté de quinze âmes s'organise, se serre les coudes... le temps que les soucis personnels, ceux d'avant la tempête, refassent surface et priment sur l'intérêt du groupe, annonciateurs d'une tempête peut-être encore plus dévastatrice.

Cyril Herry, la nature et ses lois, il les connait bien. Et ça se sent tout au long de la lecture. Sans doute connaît-il bien aussi l'âme humaine, ses contradictions, ses bons et ses moins bons cotés, sa noirceur parfois. En transformant un hameau isolé par les conditions climatiques en un microcosme rassemblant des échantillons de ce que la société propose à grande échelle, l'auteur nous entraine sur des pentes dangereuses. Là où l'égoïsme, l'orgueil, l'envie, la jalousie, l'amour et la haine aussi peuvent transformer un groupe d'individus d'abord animé par le même objectif solidaire, en une meute de gens prêts à tout pour tirer leur épingle du jeu. Et quels risquent prend-on quand il semble que l'on soit seuls au monde?

Vous l'aurez compris, Tempête Yonna est avant tout un roman noir, mais c'est aussi un roman de terroir, un roman qui nous fait se poser différentes questions sur notre rapport aux autres et nos rêves par rapport à notre vie en société. L'écriture de Cyril Herry est dynamique, incisive; les chapitres sont courts, tout ne s'explique pas, l'interprétation du lecteur par moment est essentielle. le roman se lit vite, presque sans reprendre de respiration, comme quand on est pris dans un grand coup de vent et que l'oxygène semble manquer.
Un roman coup de coeur, découvert grâce à une masse critique et aux Editions in8 que je remercie chaudement. Je pense que mon esprit restera planer sur Braconne encore un petit moment...
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J'ai reçu ce livre dans le cadre de l'opération Masse critique Mauvais Genres de Babelio. Je remercie Babelio et les Éditions In8 pour ce livre et cette opération qui nous permet de découvrir des nouveaux livres et auteurs, mais aussi partager leur lecture avec les autres membres de Babelio. Également Josée por le joli mot qui accompagnait le livre.
Tout d'abord j'ai bien aimé ce livre. Je m'attendais à un récit sur la nature ainsi que les conséquences d'un cataclysme. Mais en réalité je me suis retrouvé au milieu d'un groupe humain qui se retrouve isolé et face à une analyse de la réaction de ce groupe par rapport à l'isolement et à leur vie d'avant.
Yonna, la tempête, ravage la France et isole Braconne, donc. Mais l'auteur ne nous parle pas beaucoup de la tempête et nous place au milieu de ce village avec les routes coupées par des arbres tombés en quantité. On devine qu'il y a des gros dégâts ailleurs car plus d'électricité, plus de radio, de téléphone et une eau marron. Et plus d'avions dans le ciel.
Donc nous voici avec une population d'une quinzaine de personnes. Qui nous sont décrites avec précision à travers le récit. On les aime, on les déteste, on en a pitié, on s'identifie avec eux. Et on se retrouve dans ce hui clos sur ici une histoire d'amour familial, là une d'adultère, une autre de vieillesse malheureuse et ainsi de suite.
C'est une reproduction d'une petite société mais l'isolement suscite des sentiments radicaux ou rend plus aigus ceux qui étaient déjà là : colère, jalousie, bienveillance ou malveillance, etc. Et la folie humaine fait son apparition et transforme ce qui était un groupe solidaire en autre chose que je vous laisse découvrir.
J'ai bien aimé l'écriture de Cyril Herry. Elle est fluide, aérée, précise. Elle nous entraîne sans un regard en arrière. Et elle est basée sur une bonne connaissance de la nature. Et il nous propose un livre agréable et intéressant. Il est un brin pessimiste sur la nature humaine, mais c'est compréhensible quand on regarde autour de nous.

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Bonjour,

Voici un roman noir que je viens vous chroniquer en retour de lecture : "Tempête Yonna" de Cyril Herry aux éditions In8.

J'ai rencontré l'auteur au salon du livre de Marmande le 7 mai 2022. J'ai été tentée par la quatrième de ce livre et par le résumé qu'il m'en a fait.

La tempête Yonna a fait beaucoup de dégâts dans le petit village de Braconne. Les habitants se retrouvent isolés de tout, coupés du reste du monde. Ils tentent comme ils peuvent de panser leurs blessures, de s'organiser pour vivre le jour d'après. Dans l'attente de secours qui ne viendront pas.

Un huis-clos angoissant dans ce village qui nous promet une mise sous tension apocalyptique. Ce côté survivaliste qui arrive après la tempête, les gens encore choqués par ce qui vient de se produire, qui tentent de s'organiser, de faire front ensemble, d'essayer de vivre dans une certaine normalité qui n'existe plus. Mais c'est surtout la vie qui reprend ses droits et qui va entraîner dans son sillage son lot de morts.

J'ai apprécié cette immersion dans ce hameau entouré de forêts, comme cloisonné du reste du monde. Mélanie apparaît telle la matriarche qui veille sur ses petits avec bienveillance et sagesse. A chacun de montrer sa force et ses faiblesses, de trouver sa place dans ce groupe disparate. Tout y est démesuré, les sentiments comme les actions, le manque d'eau et d'électricité agace certains, d'autres s'en accommodent.

Mais c'est surtout la vie en communauté qui va en pâtir. Les tensions et les sentiments sont exacerbés, les secrets des uns dévoilés, les idéaux des autres subissent de sérieux revers. Il faut bien connaitre la nature humaine pour savoir l'exposer aussi intimement.

J'ai aimé cette écriture immersive, simple et révélatrice de la beauté des lieux et de ses personnages. Une plume qualitative qui laisse place à cette ambiance lourde, oppressante. C'est noir de terreur, c'est suffocant, dynamique avec ces chapitres courts qui ne laissent pas de répit au récit tellement bien ancré dans un réalisme effrayant. J'ai passé un excellent moment de lecture.

Bonne lecture, amis lecteurs !

Je remercie infiniment Cyril pour la belle dédicace.
Lien : https://lecture-chronique.bl..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Il y aurait eu de quoi écrire un livre, sans le moindre doute, au sujet de Braconne, mais qui donc serait parvenu à le lire jusqu’au bout, hormis ceux qui avaient vécu là ? Il n’y aurait sûrement pas eu grand-chose de palpitant à découvrir au fil des pages. Rien de bien remarquable. Des anecdotes, un peu d’amour, de la rancœur, beaucoup d’orgueil. Rien de moins ordinaire et d’humain. C’était un village qu’on oubliait aussitôt après l’avoir traversé. Pour quelle raison l’avait-on fait, d’ailleurs ? Sans doute était-ce une erreur d’itinéraire. Un moment d’inattention. Du temps perdu.

Il n’y avait rien à voir à Braconne.

Yonna et Saul l’avaient tout de suite compris : il y avait tout à y faire.
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On entendait aussi les chevaux paniqués hennir et frapper le sol derrière le mur de la grange ; un chien aboyer quelque part, le vent siffler sous la roulotte, les herbes hautes crisser comme des légions de serpents à sonnette au cours de cette interminable nuit de printemps, en lisière d'un hameau perdu, cerné de grandes forêts. La furie ne s'éloigna qu'au petit matin.
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Il y aurait de quoi écrire un livre, sans le moindre doute, au sujet de Braconne, mais qui donc serait parvenu à le lire jusqu’au bout, hormis ceux qui avaient vécu là ? Il n’y aurait sûrement pas eu grand-chose de palpitant à découvrir au fil de ses pages. Rien de bien remarquable. Des anecdotes, un peu d’amour, de la rancœur, beaucoup d’orgueil. Rien de moins ordinaire et d’humain. C’était un village qu’on oubliait aussitôt après l’avoir traversé. Pour quelle raison l’avait-on fait, d’ailleurs ? sans doute était-ce une erreur d’itinéraire. Un moment d’inattention. Du temps perdu.
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Le début de la grande grève avait précédé Yonna de cinq jours. Des dizaines de milliers de camions et de convois ferroviaires s’étaient immobilisés partout dans le pays, bloquant raffineries, ronds-points, entrées d’autoroutes, gares, entrepôts d’approvisionnement.
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Il allait encore aire très beau ce jour-là. Beau et chaud. Il n’y avait pas vraiment eu d’hiver. Un peu de neige, début février ; des centimètres qui n’avaient pas tenu deux jours, et des températures bien supérieures à celles que Bruno avait connues quand il était gamin : des couches de glace épaisses comme ça dans la fontaine de P’tit Léon, qu’il fallait briser avec une masse, tandis que là, dorénavant, un coup de poing suffisait ; au pire, le manche d’un couteau.
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