Fin d'exploitation

Livre reçu dans le cadre de la Masse Critique "mauvais genre" de mars 2021, que je remercie au passage !
Denis Flageul avec son fin d'exploitation nous emmène au coeur des Côtes d'Armor, en pleine campagne hivernale, boueuse et pluvieuse. On est loin de la carte postale bucolique.
Nous suivons les habitants d'un village se connaissant depuis toujours, chacun se débrouillant avec ses emmerdes. Il y a Goulven qui sort d'un divorce compliqué, Laura et Fabien, propriétaires d'une exploitation qui bataillent avec les banques et sont endettés jusqu'au cou et la bande de jeunes Mouss, Soaze et le violent Gusto. On suit la vie, faite de galères, de chacun des personnages dans un paysage poisseux et gris, sur fond de buvette de foot et de morosité.
Dès les premières pages, le lecteur est prévenu, un meurtre a eu lieu, le banquier Querrien s'est pris une balle dans la tête à son domicile.
A travers des flash back, on tente de comprendre pourquoi ce meurtre a eu lieu. Chacun a ses raisons, qui aurait pu le pousser à l'acte.
La tension s'installe petit à petit. Les gendarmes, "aidés" par la police, enquêtent sur le crime ainsi que sur plusieurs braquages.
Qui a braqué les banques ? Qui a tué le banquier ? A vrai dire, ça ne me paraît pas l'essentiel du livre, qui bien que s'apparentant à un policier, se rapproche plus d'un roman noir psychologique.
Les personnages sont très "réels" et je me suis prise d'empathie pour chacun d'entres eux. Ni noirs, ni blancs, chacun a ses petites magouilles, ses petits arrangements et est au final très "humains".
On y comprend aussi le désespoir des petits exploitants poussés par les banques à s'agrandir et à s'endetter toujours plus, pris dans une spirale infernale.
Assez peu d'espoir dans ce roman, on est dans du sombre, très sombre. Mais l'auteur semble beaucoup aimé ses personnages et ça fait chaud au coeur. de même, il a un talent certain pour planter son décor et son atmosphère et nous donne à découvrir ce monde rural dont on parle peu, ordinaire et sans charme, dans lequel règne une misère banale.
J'ai lu ce roman avec hâte et beaucoup de plaisir. Je remercie les éditions in8 que j'avais découvertes avec tempête Yonna de Cyril Herry, que je recommande également.

Quand on connaît le lieu de l'intrigue, ce qui est mon cas, celle-ci prend une saveur particulière et que l'auteur aussi, cela devient presqu'un jeu. Pas un vraiment un polar, je mettrai ce livre dans la série CHRONIQUE DE MOEURS. Il y a mort d'homme, mais l'enquête fait rapidement place à une chronique de la vie dans notre campagne bretonne, plus spécifiquement le Menè, bocage de centre-Bretagne, dont l'auteur est originaire, et moi aussi. Les meurtres y sont fort rares, ce qui nécessite la venue de policiers, "citadins", de Saint-Brieuc, pas une métropole, ville moyenne sans criminalité avérée. L'opposition entre campagne et ville est symbolisée par le grossissement des bisbilles entre gendarmes et police ainsi que quelques dialogues de sourds. Est-ce le cas ? Ayant pratiqué les allers-retours ville campagne, il y a du vrai, même si cela me semble exagéré, volontairement ou pas. Les conditions de vie, rapports sociaux et problèmes économiques baignent l'ensemble d'une lumière assez terrible. Fatalisme, misère et déterminisme social réduisent à néant toute envie de vivre dans ce coin de Bretagne. C'est "noir", un roman noir, qui pourrait se dérouler dans un bled perdu du Kansas ou du Missouri. C'est chez nous, voilà toute la différence. Les anecdotes sonnent juste, je connais ces bistrots, où le foot tient lieu de religion, l'odeur de bière et de sueur mélangé, avec le tabac, avant.
Toute la difficulté réside dans le lieu concerné, peu ou pas connu. La campagne française est vaste et abrite moult villages fort ressemblant à celui-là, les problèmes agricoles y sont récurrents.
Une mise en anonymat d'une scène de meurtre, d'une intrigue policière me semblerait plus appropriée.
Se lit avec plaisir.

On découvre ici le destin croisé de plusieurs personnages à une période difficile de leur vie : Goulven est tout juste divorcé et n'a la garde de son fils qu'un dimanche par mois, Fabien et Laura peinent à conserver leur ferme même en s'épuisant au travail, Mouss et Soaze doivent abandonner leur logement et leurs rêves.
Ils vivent tous les uns à côté des autres, dans une météo humide, froide, et grise. Au fil du livre ils sombrent lentement dans le désespoir et surtout la violence.
Reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique (merci Babelio !), j'avais choisi ce livre d'après le 4ème de couverture, en pensant qu'il était basé
sur le thème des difficultés du monde agricole, sujet qui m'intéressait.
Ce n'est pas du tout le cas ...
Les difficultés de Fabien et Laura forment un décor qui amène un peu plus de noirceur à l'ensemble, mais ce sujet est tout juste effleuré de temps à autre dans le récit. Ce n'est pas non plus un roman policier et ici aussi les faits divers ne sont que des prétextes pour concrétiser le désespoir et illustrer jusqu'où on chacun peut aller quand il n'y a plus de solution.
Petite déception donc par rapport à ce qui était décrit sur le 4ème de couverture.
Malgré tout, je suis heureuse de la lecture de ce roman noir qui me change énormément de mes lectures habituelles (en ce moment je lis la bibliothèque de mes ados, le changement est violent c'est le cas de le dire !)
L'écriture est très belle et frôle la poésie, les phrases sont courtes, percutantes, presque cinématographiques.
Une belle découverte donc !

Nota : J'ai focalisé sur les cigarettes, présentes à presque chaque page ! mais comment est-ce possible de fumer autant ???
Je soupçonne l'auteur d'avoir été en pleine cure de désintoxication quand il a écrit ce livre ...

Du vrai "rural noir", âpre, parfois douloureux, mais qui s'arrange d'une narration qui frôle souvent la poésie, une narration maîtrisée qui fait monter crescendo la tension, qui fait la part belle aux personnages.

C'est l'histoire de la fin d'un monde, des derniers sursauts d'une agriculture française qui peine à se projeter dans l'avenir, des jeunes envies de mieux faire et des désillusions des autres, du capitalisme et des banques.

Mais l'auteur raconte aussi l'homme, ses échecs, ses rêves inaboutis, les sentiments exacerbés et la violence qu'ils peuvent générer (ou l'abattement, le renoncement).

Ça pourrait être un roman désabusé, un polar de la colère, ça n'est heureusement pas que ça.

Parce que tout sonne sincère et vrai, parce que les personnages avec leurs failles et leur lumière nous semblent proches, parce que les mots sont forts.

Dans la Bretagne agricole des Côtes d'Armor, l'harmonie n'est pas dans le pré. Goulven sort d'un divorce compliqué, Laura et Fabien, couple d'agriculteurs, propriétaires d'une exploitation menacée de faillite, Mouss et Soaze qui vivent dans un logement prêté, après que le violent Gusto en soit parti. Querrien le banquier, est retrouvé assassiné d'une balle dans la tête. L'enquête démarre, et tout ce petit monde pourrait bien avoir de près ou de loin, un mobile pour ce meurtre : des personnes fragilisées et endettées, des ex compagnons jaloux, des vies touchées par la violence...

Cette illustration de couverture avec les vaches dans la brume matinale me faisait m'attendre à un roman davantage porté sur le quotidien des agriculteurs et le métier de paysan. J'avoue ma petite déception, c'est plutôt un polar réaliste, qui donne la part belle au drame criminel, aux déchirements sociaux, aux relations amicales et amoureuses, au présent de l'enquête, à l'intrigue des ressentiments, des mal-être, des jalousies et des vengeances.

L'écriture est belle, les situations sont dures, sans concession, laissant peu d'espoir à ces personnages qui peinent à se soutenir les uns les autres, comme gangrénés par un capitalisme mortifère qui les précipite dans le gouffre.

La fin du roman réserve une surprise au lecteur pour un dénuement assez inattendu.
Lien : http://chezlorraine.blogspot..