Un roman très dur mais où la violence n'est jamais gratuite.
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Parfois la chambre redevenait verte, épaisse, perdait toute sa lumière et sa poitrine aussi s’emplissait de vert jusqu’au fond, au plus profond bien loin derrière la peau. Elle la voyait alors apparaître, la Madone, coulée dans l’or, tête baissée, presque écrasée sous le poids de l’air, la Madone d’or pur derrière des grilles de fer. Et la nuit dans ses rêves sa tête frappait des barreaux d’os enrubannés de chair.
Elle se réveillait en hurlant. Nathan alors entrait dans la pièce. Il faisait revenir la lumière et lui prenait les mains, les serrait, essuyait son front. Elle le regardait de toutes ses forces, implorante, mais jamais, non jamais, il ne l’entourait de ses bras, ne posait ses lèvres sur les siennes.
Ça a duré des semaines et puis des mois. Tout s’obscurcissait. Elle attendait.
Elle tremblait souvent, elle avait froid très loin, à l’intérieur de sa poitrine. Elle avait l’impression d’avoir un trou, une ouverture à cet endroit, par où s’engouffrait l’air.
Collectif kierol 24
Kits Hilaire lit le début de son roman Ivan, allégresse et liberté lors de sa présentation par David Castillo à Jaimes (Barcelone). Filmé par Manel Muntaner.