Une lecture mitigée, car je m'attendais pas trop à cette histoire. le début est parfait, nous voilà parti à la recherche un manuscrit, et c'est là ce côté "chasse au trésor " qui m'avait attirée en choisissant ce livre. Hélas, on tombe vite dans un village où il se passe de drôle de chose. Jusque là, ça me plait toujours, l'auteur nous expose l'alchimie, un sujet intéressant. Par contre ça commence à se gâter que notre alchimiste nous emmène au fin fond d'une forêt pour nous présenter une mystérieuse personne. A partir de là, rien ne va plus, je n'ai pas du tout apprécier cette tournure dans le récit. Et je n'y ai trouvé aucun rapport avec le sujet du début. Je n'en dirais pas plus pour garder le mystère des futurs lecteurs.
Par contre, une très belle écriture, pour son jeune âge, j'ai trouvé l'auteur talentueux moins dans la trame de son récit.
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Voilà bien un livre totalement déconcertant autant par le fond que par la forme. Sans déflorer l'histoire, on peut dire qu'il s'agit de la rencontre d'un moine dominicain thomiste, frère Nicolas et d'un alchimiste, Pierre Dufay, établi dans le sud de la France au XVe siècle. J'ai failli abandonner la lecture tellement le vocabulaire me paraissait ésotérique. Des mots et des phrases compliqués. J'ai recouru plusieurs fois au dictionnaire. Mais j'ai poursuivi comme magnétisée. La formulation atypique fait sans doute le charme de l'histoire. Bien au delà de la sorcellerie, cet ouvrage porte un regard sur les mentalités, les croyances et la société du XVe siècle vue par un auteur japonais. Il apporte une sensibilité différente à notre bagage culturel européen. La phase finale de l'histoire m'a écoeurée et je suis sortie de la lecture assez nauséeuse.
L'alchimiste donne la recette de la création de la pierre philosophale (page 103, éd Picquier). Avis aux amateurs ! à vos fioles et alambics.
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Inévitablement, on se demande comment un tout jeune écrivain, japonais qui plus est, en vient à situer son premier livre dans l'Europe du XV° siècle, et abordant des questions de théologie, l'alchimie, l'inquisition...
Pour un néophyte comme moi sur la période médiévale et ses problématiques, l'ouvrage m'a semblé bien érudit, sur des questions qui me dépassent. La langue est riche, et les phrases montrent de l'ambition.
Le récit - avec l'apparition d'un curieux personnage - finit dans une dimension fantastique et sur un bûcher. Mais qu'est-ce que Hirano a voulu exprimer ? je me garderais de sur-interpréter, voire d'interpréter tout court...
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Je me suis demandée en tombant par hasard sur ce roman ce qu'un auteur japonais avait à raconter sur là interrogations religieuses et philosophiques d'un moine dominicain en pays cathare au début de l'inquisition. L'âge de l'auteur fort jeune piquait encore plus ma curiosité. Ce roman, très bien écrit, montre une grande érudition et un intérêt profond pour le sujet de la part de l'auteur. La part fantastique du récit lui donne un petit piquant exotique en revanche, la trame du récit se déroule très, trop rapidement et tout l'intérêt d'une relation qui se noue entre les personnages ainsi que leur psychologie sont peu approfondis, laissant une impression de théâtre d'ombres. Et d'un achèvement. C'est du moins ce qui je pense m'a laissé sur ma faim
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Je n'avais pas pris congé de Pierre Dufay depuis quelques minutes qu'un homme me héla. C'était Guillaume, le forgeron du village. Il était dans la force de l'âge, petit et extraordinairement laid, les jambes difformes. Cette difformité, affirmait-on, l'avait fait se tourner vers le métier de la forge pour gagner sa subsistance, les travaux agricoles lui étant interdits.
Bien que je lui fusse inconnu, Guillaume me retint pour me questionner en détail sur les raisons de ma visite à la bastide de Pierre Dufay. Une fois admises mes raisons, changeant brusquement de cap, il se lança dans un éloge dithyrambique de la personnalité de l'alchimiste. Si les termes de sa glorification étaient maladroits, traduisant des vues toutes personnelles, au point que je voyais de moins en moins ce qu'il voulait me faire comprendre, je saisis du moins qu'il tenait Pierre Dufay en grande estime.
Le plus important, à mes yeux, est l’étrange sentiment de plénitude dispensé par l’acte même de les pratiquer. Lorsque je me trouve en contact avec une petite poignée de matière, je me sens la proie d’une illusion, comme si j’entrais en contact avec toutes les matières de ce monde créé. Comme si je touchais le monde lui-même. C’est là une illusion difficile à exprimer. Imaginez que vous vous trouviez seul au milieu d’une plaine, ou que vous balayiez du regard les étendues sans fin de la plaine marine s’étalant sous vos yeux, et vous aurez une idée de ce que j’éprouve alors. Et pourtant, même en de pareils moments, ce qu’il vous est donné de toucher n’est guère plus, en définitive, qu’un fragment du monde.
Une pensée qui aurait été pourchassée avec tout le bien-fondé philosophique qu’elle pouvait contenir ne manquerait pas de renaître, en raison même de la pertinence de ce dernier. C’est pourquoi elle a toujours ressuscité sans tarder, et qui plus est, en représentant cette fois comme parfaitement fondés jusqu’à ses éléments les plus hasardeux. C’est pour cette raison également que ces philosophies il nous les faut subordonner à notre doctrine, une fois dressé l’inventaire complet des erreurs qu’elles peuvent renfermer, sans en omettre une seule. Il ne faut surtout pas permettre que, du fait de leur exclusion, elles soient ainsi laissées à l’abandon en dehors de notre doctrine.
Même l’eau qui contient un poison, il nous faut la changer en vin. Or, j’estimais l’entreprise réalisable. Pour l’excellente raison que les enseignements de la Sainte Bible possédaient en eux la grandeur et la subtilité absconse qui rendaient une telle opération possible.
L’imminence du déferlement mettait la foi en péril, notre mission était de la protéger. Il fallait empêcher que cette inondation n’allât engloutir et envoyer par le fond cet ordre qui était le nôtre. Et il fallait agir tout de suite et avec promptitude. Il était clair à mes yeux que cet idéal de jadis qu’était la réconciliation de la foi et de la raison, idéal que les siècles avaient teinté des couleurs de l’archaïsme, devait être rétabli en sa vigueur première en le revêtant d’une signification nouvelle.