Lorsque vous ouvrez un roman de
Michel Houellebecq, vous vous retrouvez devant une boite de pandore, je ne parle pas de tous les maux se rependant sur vous, laissant l'espérance dans les interstices du désespoir, mais cette poupée russe, vous faisant de l'oeil, vous l'admirez de sa splendeur, mais se cache une autre dans celle-ci, et ainsi de suite, presque à l'infini, les poupées s'accumulent pour une architecture Égyptienne, cette pyramide qu'orchestre
Michel Houellebecq dans ces romans , comme Sérotonine, l'auteur peint à travers ses personnages, en toile de fond, une
France qui se meurt, je n'oublie pas
La carte et le territoire, ce tableau d'un
France en perdition, et encore plus différent Soumission, ce roman d'anticipation, si cruel d'une
France vieillissante, plongeant dans ces démons et ces travers, ou plutôt une façon d'ironiser la situation du moment, qui se prolonge actuellement, ce roman est une pure merveille, une fiction si proche d'un réel qui fait peur à certain, comme si 1984, pouvait se prévaloir d'une vive réalité, oh la pandémie virtuel du Covid19 a tout bousculer, un raz de marée qui nous rapproche de trop à ce 1984. Je suis un lecteur lambda, je ne suis pas un critique littéraire, ni prisonnier d'une élite consanguine, je suis un simple amoureux des mots, et
Michel Houellebecq est l'un des romancier qui me languit de ces pères, comme
Zola,
Victor Hugo, +j'en oublie, je suis humble, je suis un simple bouquineur sans artifice et bagage pour me prévaloir critique littéraire, mais au fond de mon esprit
Michel Houellebecq est le fleuron d'un monde perdu, Il n'est pas A la recherche du temps perdu comme
Proust, il écrit sur le désenchantement du monde occidental avec son amertume masculine, un brin sexiste, non pas anti féministe, juste un homme d'un temps révolu.
La prosaïque du roman est du style direct, à la première personne, ce « je » laisse parler l'auteur dans une profonde facilité d'écriture, et surement pour certain un manque de style, une forme de platitude et de génie, comme si le sublime était complexe et suranné, des critiques de certains, étant seulement critiques et non écrivains, ont cette délicatesse orgueilleuse, de juger cette prose plate et lassante, et qu'ils cherchaient le génie qu'ils n'ont pas trouvé, l'ont-ils déjà rencontrés. Cette excroissance du « je », permet à
Michel Houellebecq de s'y dissoudre, en s'évaporant dans le personnage central, comme lui ingénieur agronome, le narrateur François-Claude Labrouste, 46 ans, ancien de la DRAFT, est contractuel au ministère de l'Agriculture, avec un contrat renouvelé annuellement, plonge doucement dans la misère de sa vie affective, n'oubliant pas ces anciennes compagnes. le langage oral de temps à autre vient apporter au roman, une touche de spontanéité, surtout ces abus, orduriers souvent, un gros mot lâché, propre au narrateur qui s'insurge, même dans le dialogue qui s'incruste par parcimonie, ce langage cru marque au fer rouge la frustration du narrateur, du lyrisme chantonne les passages de certains de ces souvenirs de vies amoureuses, et de l'embrasement dans ces moments littéraires qu'aime faire référence
Michel Houellebecq, avec des petits clins d'oeil à d'autres auteurs, quelques fois avec humour comme avec
Alain Finkielkraut et la traduction dans un bar parisien les happy hours en les « heures heureuses ».
Comme un parfum porté au matin qui vous enivre de sa flagrance le soir encore, Sérotonine s'empare de vous pour vous étourdir de sa présence, cet écho se propage en vous, même après la fin de lecture, cette onde Houellebecquiene vous emporte encore dans la vie de ce roman, cet habit vous enveloppe et vous accompagne. Il y a dans ce roman une forme d'envoutement m'entrainant dans une spirale intime et une curiosité maladive, ce personnage central, presque quinquagénaire pourrait être mon miroir, non pas de vie mais un reflet de l'âge et de ce rapport vis-à-vis du passé déjà bien profond, et d'un bilan inconscient. Au cours du roman, notre protagoniste principal avec ironie de son manque de libido, ébauche cette théorie amusante et si cruelle d'organiser un mini-cérémonial d'adieux, et de rencontrer toutes les femmes qui avaient comme le dit si bien
Michel Houellebecq « honoré sa bite », celle qui « s'apprêtait à terminer son service ». Au-delà de ce constat,
Michel Houellebecq emporte son personnage dans la nostalgie de son passé, comme si le présent n'était que son miroir et qu'un futur n'était que sa stèle, n'oubliant pas les femmes qui vécurent sa vie, surtout leurs « chattes », comme celle de sa compagne actuelle Yuzu, une jeune japonaise superficielle, perverse, c'est ce qui lui a plu, qui est adepte des gang-bang et de la zoophilie avec des chiens, le lui cachant, la décrivant ouvertement , en ayant « connu de plus belles », il y a aussi son cul étroit réceptif à être utilisé, le sexe reste important aux yeux à notre ingénieur agronome, la fusion amoureuse est la résultante du sexe uniquement, mais sa bite reste pour lui un orgueil masculin, il désire qu'on l'aime pour qu'il puisse l'aimais, et il a aussi ce lyrisme sur la chatte , sur le vertige de toutes ces chattes et d'y penser, car cet homme a besoin d'amour mais celui d'une chatte surtout, le comble c'est la citation de
Marcel Proust qu'il détourne par « jeunes chattes humides » au lieu de « jeunes filles en fleurs », c'est pour lui aussi poétique ! Chaque femme a, en quelque sorte, sa petite note sexuelle, sa caractéristique, comme
Claire, une intermittente du spectacle, qu'il oubliera entre deux trains voguant de
Caen à
Paris, par lassitude, la délaissant sur
Paris, disant d'elle «elle maintenait en matière sexuelle un suspense permanent. », Late, restera son dernier amour de jeunesse, sexuellement, rien n'en transpire, juste son intelligence et l'avoir abandonné, sur un quai de gare après une nuit d'amour, lui donnant une envie de mort , de crever même, en repensant à cette photo et ce serveur sur leur amour qui inonde autour d'eux,
Camille sera la plus aimée de sa vie, mais nous y reviendrons, la petite black, ( Peut-on dire ainsi, femme de couleur noire, pour ne pas choquer les âmes de discorde et de polémique), parenthèse sexuelle pour son « petit cul », lui faisant perdre à jamais l'amour de sa vie d'homme
Camille, une escapade Bruxelloise, puis Parisienne, celle de trop, cette jeune anglaise d'origine de la Barbade ou de la Jamaïque, a cette faculté de sucer « comme une reine », il a aussi cette petite Vietnamienne, ayant cette savoureuse particularité de contracter sa petite chatte à souhait. Ce regard de
Michel Houellebecq sur le sexe, est une satire assez sombre sur l'amour, celui vécu par cet homme, sous antidépresseur, stoppant sa libido et toute forme de désir, le dernière sera cette jeune demoiselle ibérique tout au début du roman, qu'il nommera la châtain d'al Alquian, sera un petit murmure dans la suite de ce livre, son dernier espoir sexuel, mais cela restera platonique.
Cet homme se meurt petit à petit de son destin déjà écrit, vers ce suicide si absurde pour
Albert Camus, se tuer mentalement à fuir l'amour, Late,
Claire,
Camille sont des échecs de son impuissance à aimer, avec Yuzu, la pensant amoureuse , de cette théorie fausse, d'avoir ce sexe frénétique, cet homme en dérive, va poursuivre sa vie dans une solitude voulu sous comprimé de Captorix, cet antidépresseur, qu'il nomme « C'est un petit comprimé blanc, ovale, sécable », cet effet de style littéraire, l'épanadiplose, fait débuter et finir son roman par cette phrase, insistant l'importance de ce comprimé le faisant chuter vers une vie d'ascète sexuel. Une amie m'a fait remarquer la fuite du narrateur face à l'amour au contraire de celle de ces parents et de leur amour unique , se suffisant à lui seul, le vivant à huit clos , sans exclure leur fils mais le laissant hors de leur bulle amoureuse, pressés de le voir partir faire ses études loin d'eux, une sorte de soulagement, ces parents auront privilégiés leur amour jusqu'au bout, au paroxysme égoïste du choix d'une euthanasie commune, son père atteint d'une maladie incurable, sa mére en pleine santé, le suivra main dans la main sur le lit conjugale, ils sont mort d'amour. Certes je m'engage à comprendre cet homme, ce personnage est touchant, voir effrayant, lorsqu'il fait des choix abscons, pour reconquérir
Camille, devenue Vétérinaire indépendante, mére célibataire d'un jeune garçon de cinq ans, l'observant sans oser l'aborder et laissant son esprit vagabonder vers des réflexions négatives.
Le roman peut avoir d'autre approche, je pourrais Faire une autre critique avec une approche différente, sur le monde actuel qui s'écroule,
Michel Houellebecq, laisse toujours sa pensée voguer dans des épanchements mouvants sur des événements qui gravitent notre société actuel ou des petites réflexions personnels troublant, toujours aussi affûté et corrosif, comme sur la religion chrétienne et son scepticisme sur le triolisme et la sodomie, la percé en Espagne dans le secteur touristique grâce à
Franco et sa politique du tourisme, le nommant « un authentique géant du tourisme », a une analyse rapide sur la communauté espagnol, sur les hollandais qu'ils nomment des « putes », des touristes « commerçants polyglottes et opportunistes », dénonçant la social-démocratie et sa mort par lassitude, Monsanto et sa permanence de communication de crise, et par l'intermédiaire de son ami d'études ,
Michel Houellebecq aborde le monde agricole, ici les producteurs de lait, et la politique de Bruxelles asphyxiant ces paysans français noyés dans les chiffres de ces bureaucrates Maastrichtiens, Oh j'entends
Michel Onfray prononcer ce mot !
Sérotonine, titre de cet ouvrage est un neurotransmetteur qui intervient au niveau du cerveau, c'est l'hormone du bonheur, l'antidépresseur le Captorix facilite sa fabrication, la narrateur survit grâce à cette pilule, et , il savoure ce joyau perdu, la sérotonine permet seulement une vie sans trop penser à la mort, une survit, mais cette mort arrive tout le temps à montrer sa puissance, l'antidépresseur a ces limites, car l'homme décide de sa vie, ou du moins celle que Dieu nous trace, dédouanant le choix humain,
Michel Houellebecq termine son roman sur ce doute de vie et s'exclame sur la mort de notre Jésus, super héros, doutant de sa mort pour ces humains qui sont des minables !
Michel Houellebecq serait-il un minable d'humain, aveugle des signes qui ont illuminés sa vie, sans les voir !
Splendide roman.