On ne présente plus
R.E. Howard, l'auteur texan qui a fait entrer le récit d'aventure dans le XXe siècle. Il est d'une telle modernité, que non seulement la plupart de ces récits n'ont pas pris une ride, mais en plus certains d'entre eux font aussi moderne que ce qui se fait aujourd'hui, voire plus moderne que certains auteurs peu inspirés...
Plus qu'à tous les genres de l'imaginaire, l'auteur mort à l'âge de 30 ans s'est attaqué à tous les genres populaires et ici oeuvre dans le genre pirates et flibustiers avec enthousiasme, mais aussi mélancolie, avec ce mélange action / horreur qui a toujours fait le bonheur du survival. Bref, on est bien dans la Res Adventura, un univers d'aventures hautes en couleurs ! ^^
Les Épées de la Fraternité Rouge / Swords of the red brotherhood :
La nouvelle débute par une scène de survival d'une modernité incroyable : le cinéma hollywoodien ne pourrait pas mieux faire. Elle nous est racontée à travers les yeux du fort Vulméa et de la fragile Françoise : Henri de Chastillon exilé au bout du monde est pris en tenaille par le pirate anglais Harston et le pirate français Villiers. C'est à ce moment que choisit Vulméa le celte sombre pour débouler comme un chien dans un jeu de quilles. Les compères font cause commune pour retrouver le fabuleux trésor de Giovanni da Verrazzano,le célèbre corsaire et explorateur au service de Sa Majesté François Ier, en attendant la meilleure occasion de rafler la mise au détriment des autres... Mais Vulméa n'est pas né de la dernière pluie, de plus un mystérieux sorcier africain compte bien assouvir sa vengeance, contre Henri de Chastillon en particulier d'abord, conte ontre les Blancs en général en utilisant la soif des tribus indigènes...
Quand j'avais lu l'aventure de Conan intitulée le Maraudeur noir, je m'étais dit que sentait trop la flibusterie pour que cela fonctionne bien dans un univers fantasy. Ce n'est pas surprenant puisque l'histoire était initialement destinée à Vulméa le pirate irlandais avant d'être remaniée en récit fantasy pour Conan le barbare cimmérien. Elle sonne beaucoup plus juste dans sa version historique, mais je préfère quand même la version fantasy qui assumait et utilisait mieux le côté surnaturel de l'homme noir. Une aventure très plaisante, une nouvelle assez intéressante, bref une histoire qui pourrait constituer le scénario d'un film d'action du tonnerre !
La Vengeance de Vulméa / Black Vulmea's vengeance :
Dans cette nouvelle, l'auteur texan R.E. Howard nous refait la lutte séculaire voire millénaire entre Anglais et Irlandais aux confins du Nouveau Monde. Vulméa le pirate irlandais veut faire la peau à l'officier anglais John Wentyard dans la jungle d'Amérique centrale : on inverse les rôles et l'ancien bourreau devient une proie et l'ancienne victime devient un prédateur. Mais ils sont tous les deux cernés dans un temple abandonné par une tribu amérindienne et une bande de marrons revanchards. Ça et la bonne vieille créature reptilienne qui hante les ruines perdues... Sauf qu'honneur oblige Vulméa veut laisser sa chance à l'objet de sa haine avant de réaliser que celui dont il veut se venger n'est un homme comme les autres, qui a commit des erreurs comme les autres... Donc le vengeur solitaire et sa victime désignée font cause commune contre les dangers qui les guettent !
Une nouvelle intéressante, assez moderne sur le fond comme sur la forme, mais qui ne peut prendre son envol en raison de cadre pulpien et du cahier des charges du genre. S'il l'auteur texan avait vécu plus longtemps, il aurait revu sa copie et aurait amené le récit d'aventures au firmament...
Les Pirates du temple maudit / The isle of the pirate's doom :
On retrouve le cocktail classique : une course au trésor avec une jungle poisseuse et un temple abandonné... Sauf qu'ici cela sent l'oeuvre de jeunesse : entre l'héroïne qui passe de guerrière impitoyable à midinette éplorée en 1 ligne et le naufragé qui passe du soupirant énamouré au puritain donneur de leçons en 1 phrase, c'est assez teenage mine de rien... Bref, une nouvelle pas terrible terrible.
A noter pour finir une traduction bien troussée de
François Truchaud, véritable habitué des littératures de genre.