Ecouter la récente série d'A Voix nue consacrée à
Hugues Pagan (https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/a-voix-nue/une-enfance-algerienne-6292814) m'a rappelé qu'il me restait à lire certain de ses livres, auteur de j'aime beaucoup. Sa façon très vieille France de parler de « Madame ma mère » est surprenante, et on en apprend plus sur cet ancien prof de philo et ancien flic, qui a en fait toujours l'écriture dans le sang.
«
Last Affair » (1985) est son sixième roman, pas forcément le meilleur mais un Pagan offre toujours un très bon moment de lecture. On trouve ici beaucoup de monde au bout du rouleau, dont le flic Milard, très bon policier qui n'est plus qu'une ombre depuis que sa femme et sa fille l'ont rayé de leur vie, qui sait que la maladie va rapidement l'emporter. Gireau, journaliste à la vie dissolue, qui appointe auprès de services secrets, sent aussi sa vie partir en vrille. Et à propos de barbouzes, d'autres flics, en haut de la hiérarchie mais néanmoins d'autres pions sur l'échiquier, vont tisser une manipulation insensée pour mettre la main sur un terroriste éminent. Un complot cynique, sans état d'âme, qui va coûter la vie à des hommes et des femmes, déjà coupables ou innocents.
Une bonne demi-douzaine de personnages bien étoffés, emplis d'humanité, ne serait-ce que par moment, surtout en voyant leur fin arriver, autant que des tueurs agissant avec la routine de bureaucrates, donnent de l'épaisseur au roman, avec parfois dans les yeux une lueur fugitive qui pourrait ressembler à de la tendresse. Un livre intéressant, noir comme du Pagan.