Dans le New-York des années 30, Wade rencontre Bernice. C'est le début d'une histoire d'amour passionnelle et maudite. Wade, dont le mariage avec la douce Maxine a perdu tout attrait et plonge dans la monotonie part au vau l'eau, s'amourache d'une jeune femme au mode de vie dissolu et un peu mystérieux. Par amour pour elle, il est prêt à accepter toutes les humiliations qu'elle lui impose. En quelques semaines, Wade ne peut plus se passer d'elle. Il met un terme à son travail et à son mariage, traitant la pauvre Maxine de la même façon que Bernice le traite.
Entre des soirées seul dans l'appartement de Bernice en attendant que la donzelle veuille bien rentrer, et d'autres où il est humilié par la jeune femme, des trajets en taxi jaune en déambulations dans la métropole tentaculaire aux lumières artificielles de la nuit et celles naturelles du jour quand le soleil darde ses rayons dans les appartements à travers les jalousies et les persiennes, Wade va un jour lâcher une remarque en forme de boutade qui va condamner à mort sa Dulcinée. Il n'aura alors de cesse de s'accuser du meurtre perpétrer par la mafia pour finir sur la chaise électrique car il n'a plus aucune raison de vivre.
Publié à l'orée des années 30, "
Manhattan Love Song" fait partie des romans littéraires que
William Irish a écrit au début de sa carrière, inspiré par Scott Fitzgerald, comme "Cover Charge" et "Children of the Ritz". Pourtant on sent déjà chez l'auteur de "
la mariée était en noir", "
Lady Fantôme" et "
Retour à Tillary Street" les prémisses de ce que seront ses oeuvres de maturité et le genre qui fera sa renommée, à savoir le roman noir, le vrai, celui où le désespoir le plus profond le dispute à l'amour le plus fou, celui où l'avenir est sans issue et où l'amour ne conduit qu'à la mort. "
Manhattan Love Song" comporte toutes les caractéristiques du roman noir : des personnages de paumés manipulateurs dans une ville aux multiples facettes de couleurs qui les écrase, une tension dramatique qui va crescendo mais dont on sait dès l'incipit que toute cette histoire finira mal, que le destin de chacun des protagonistes est le plus sombre et le plus glauque qui soit. Et on plonge, presque malgré soi, avec délectation, dans cette passion amoureuse sans espoir de retour pour paraphraser un autre grand maître du roman noir, car cette forme de littérature est pour beaucoup d'entre nous, la forme la plus romancée du roman policier mais aussi celle qui s'approche le plus de la vraie vie.