Après quatre ans d'émotion,
Paru Itagaki clôt cette fresque animalière si forte qui aura portée un message important du début jusqu'à la fin et qui aura su divertir et ravir le lecteur également par ses aventures et les personnages forts imaginés.
Conclure une série comme Beastars n'a jamais rien de facile. Il faut à la fois savoir apporter un point final à un combat emblématique et trouver les petits points d'équilibre pour montrer l'évolution des personnages et de la société dans laquelle ils vivent qui n'est plus la même depuis le début. L'autrice y a réussi avec une belle teinte douce-amère un poil grinçante et réaliste, qui ne tombe pas dans la facilité.
Cependant tout ne fut pas parfait. Je n'ai pas vraiment eu la vague d'émotion attendue à part à un moment donc je reparlerais ensuite. J'ai trouvé que le combat épique contre Melon que devait être le point culminant de l'histoire a manqué de quelque chose et s'est terminé bien trop vite. Et surtout, j'ai eu bien trop de Legoshi et Haru par la suite, ce qui ne m'a pas convaincue vu que j'ai du mal avec celle-ci et le côté fleur bleue de leur relation. Mon coup de coeur est donc plus allé aux tomes précédents qu'à celui-ci.
Je reconnais cependant une très belle conclusion à une oeuvre portée par un vrai message depuis ses débuts : la solidarité, l'intelligence et l'amitié interespèce, et ça, cela parsème ce dernier tome, sans pour autant avoir un discours aveugle de bisounours. L'autrice nous propose au contraire un discours plein de nuances, où rien n'est blanc ou noir, ce qui fait plaisir à voir.
Il y a d'abord LE moment fort du tome pour moi avec la découverte du père de Melon qui réveille des souvenirs douloureux mais doux chez Gosha, en lien avec sa femme disparue. Cette volonté de l'autrice de montrer que parfois la faute n'incombe pas aux carnis, mais qu'il y a aussi des herbis qui se comportent mal, m'a fait un bien fou. Alors oui, le personnage est détestable, mais c'est la vie. J'ai aimé qu'on nous montre que parfois c'est trop compliqué d'assumer une relation interespèce où tout le monde nous regarde et nous juge.
Cela a donné encore plus de force à la réponse en face. L'autrice nous montre en effet toute la panoplie d'amours possible dans ce monde, d'une relation d'entre soi où on ne se connaît pas et où il faut tout construire (Louis), à un nouvel amour à trouver après avoir tout donné (Juno), en passant par une relation entre herbi et carni où chacun assume ses différences (Legoshi et Haru). Il est juste dommage de s'arrêter en si bon chemin et de ne pas réellement montrer leur vie de couple ensuite. Je pense que cela aurait été un développement très intéressant.
L'amitié n'est également pas en reste et j'ai énormément aimé la retrouver. Il y a bien sûr les relations fusionnelle de Yahya et Gosho, ainsi que de Louis et Legoshi, mais également celles plus discrètes formées au court de la saga, sur laquelle l'autrice revient avec émotion pour clore sa série et dire un peu au revoir à tout le monde. On prend grand plaisir à faire ce tour d'horizon, que ce soit pour Louis et ses loups, Legoshi et ses camarades canins, Pina et ses amis du club de théâtre, etc. Cela m'a touchée.
Après ce tome est surtout riche en symbolique et ce dès la sa couverture et sa page de titre. Il nous dit qu'il est temps de tenir son destin entre ses mains, à l'image de cette Lune, symbole de bien des transformations pour les loups, enfin capturée par Legoshi. Il nous dit aussi que le mieux passera par un vivre ensemble où chacun acceptera les particularités de l'autrice même celles qui font peur, d'où le couple de héros s'affichant patte dans la patte.
Du coup, même si la construction est très classique, même si certains pans du scénario vont trop vite, même si cela manque de page à la construction graphique forte, c'est le voyage depuis le premier tome qui l'emporte ici et émeut le lecture une ultime fois. Non, ce tome n'est pas un coup de coeur en lui-même, mais oui la série m'a ravie de bout en bout et l'autrice a su porter une conclusion qui me plaît énormément par ses rappels à une réalité éloignant la série de la fin "bisounours" que je craignais. Elle reste donc drôle et grinçante jusqu'au bout, percutante et émouvante, nous touchant avec ses personnages ayant bien grandi et son monde à l'aube d'un changement de paradigme certain. Il est presque frustrant de s'arrêter là, tant il aurait été chouette d'avoir un petit chapitre bonus, des années plus tard, pour voir tout ce que ça a impulsé sur le long terme.
Je referme cependant ce tome et cette saga sur une note très positive. Cette fable animalière m'aura souvent faite vibrer, parfois faite trembler, souvent déchirée.
Paru Itagaki a vraiment su imaginer un monde puissant à la thématique éculée mais au traitement persistant grâce à sa puissance narrative et émotionnelle, la preuve d'une grande autrice. J'espère qu'elle ne me fera pas mentir dans ses prochaines séries que je compte bien découvrir en vf !
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