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EAN : 9782809714180
256 pages
Editions Philippe Picquier (04/04/2019)
3.84/5   76 notes
Résumé :
Alors âgée de 26 ans, Shiori Ito est journaliste. Un soir, elle rejoint Noriyuki Yamaguchi - biographe du premier ministre Shinzo Abe - au restaurant pour un dîner d'affaires. Quelques heures plus tard, elle se réveille dans une chambre d'hôtel, en train de se faire violer.Commence alors un véritable parcours du combattant. Son obstination finit pourtant par payer, et la justice inculpe le violeur.Mais un coup de théâtre vient tout remettre en cause : l'arrestation ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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C'est à New York, dans le piano-bar où elle travaille pour arrondir ses fins de mois, que Shiori Ito rencontre pour la première fois Niroyuki Yamaguchi. Pour cette étudiante en journalisme, c'est une aubaine de pouvoir discuter avec le directeur d'une grande chaîne de télévision japonaise. L'homme est amical, sympathique et lui propose d'emblée de lui obtenir un stage à New York ou Washington si un jour elle en exprime le désir. Elle le revoit deux ou trois fois par la suite et trouve même un stage chez NTV par son entremise. Quand, désargentée mais toujours décidée à devenir journaliste, elle rentre à Tokyo, elle est encore stagiaire, cette fois chez Reuters. Elle se souvient alors de la proposition de Yamaguchi de la faire travailler à Washington et lui écrit un mail. Il répond immédiatement, se montre très enthousiaste et lui fait miroiter un poste de productrice rémunéré et des facilités pour obtenir un visa. Comme il est de passage au Japon, il l'invite pour un dîner de travail dans un restaurant de sushis. Et puis...c'est une douleur atroce qui la réveille. Elle est allongée sur un lit, dans une chambre d'hôtel et Yamaguchi est en train de la violer !

La boîte noire est le récit circonstancié de ce viol et le long combat de Shiori Ito pour faire reconnaître son préjudice et traduire son violeur devant la justice. Dans un pays où le viol est un sujet tabou, où les femmes préfèrent se taire plutôt que d'affronter la honte, où rien n'est prévu pour renseigner, accueillir, accompagner les victimes, la jeune journaliste est vent debout contre toute une société figée par des lois qui datent du siècle dernier. Elle découvre des notions telles que ''la boîte noire'', le ''quasi-viol'', elle se cogne contre des murs érigés par des hommes pour en protéger d'autres. La police commence par ne même pas vouloir recevoir sa plainte, les médecins ne sont ni renseignés sur les procédures, ni empathiques, sa famille préférerait qu'elle se taise. C'est elle-même qui commence une minutieuse enquête pour le confondre, continuant à communiquer avec lui par mail dans l'espoir qu'il finisse par avouer les faits. Quand un policier, convaincu par les preuves à charge, obtient une arrestation, la procédure est stoppée net par décision d'un personnage haut placé. Il faut dire que la jeune journaliste inconnue se bat contre un homme très en vue. Yamaguchi est le biographe officiel et l'ami du Premier ministre, Shinzô Abe, il peut compter sur des appuis hauts placés, il est presque intouchable, sa parole est d'or, alors qu'elle doit se démener pour prouver ses dires tout en gérant son syndrome post-traumatique. Shiori finit par organiser une conférence de presse où, à visage découvert, elle dénonce l'homme qui l'a violée et qui nie les faits. On lui promet la fin de sa carrière et de toute vie sociale, elle n'en a cure et veut, par son témoignage, venir en aide à toutes les femmes trop honteuses pour parler.
Son livre n'est pas seulement la simple relation de son cas personnel, c'est une façon de faire bouger les choses, de changer les mentalités et les lois.
Quand elle l'écrit, deux ans après les faits, elle n'a toujours pas obtenu justice mais l'affaire est toujours en cours. Cela se ressent dans son écriture, le style est distancié, factuel. Shiori Ito se garde bien d'écrire quoi que ce soit qui pourrait être mal interprété ou utilisé par la partie adversaire. Ce sont des faits, rien que des faits avérés. Pas de larmes ou de discours enflammés mais une force hors du commun, un courage exemplaire, une voix dans le silence. A lire.
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« Vous qui tenez ce livre dans vos mains, que savez-vous de moi ? Que je suis une femme qui a subi un viol ? Une femme qui a le courage de tenir une conférence de presse ? Une femme qui ose parler de viol sans fermer les boutons de son chemisier jusqu'au cou ? »

Une question de survie et une question de courage. le courage d'affronter les autres, le courage de se présenter en victime dans un pays aux moeurs encore fermés, le courage d'écrire son trouble, ses erreurs, sa vie. Victime d'un viol, d'une relation sexuelle non consentante, comment en est-elle arrivée là ? Shiori Ito se repasse les évènements de la veille, mais rien, l'obscurité totale, comme dans une boite noire. Mais d'ailleurs, pourquoi se présente-t-elle ainsi, à moi, lecteur lambda d'un autre pays ? Pour me parler de son viol, de son pays, d'autres femmes à qui cela pourrait survenir. Pour faire changer les choses aussi.

Sais-tu qu'au Japon, ce crime est rarement dénoncé, c'est ainsi qu'il faut en décrypter les maigres statistiques sur le sujet. Mais sais-tu aussi que dans ce pays où le soleil se lève tôt, il y a deux notions, le viol et le quasi-viol. Et la distinction ferait hérisser les poils de chacun.

Pourtant tu as l'habitude de boire, tu n'es pas la dernière à trinquer et tu tiens bien l'alcool. Accompagnée de sushis, la soirée se présentait bien dans cette modeste izakaya. Qu'est-ce donc qu'un ou deux, même trois, flacons de saké… Alors que s'est-il passé dans cette chambre d'hôtel. D'ailleurs, pourquoi t'es-tu réveillée dans cette chambre d'hôtel, le trou noir. La boite noire

Un long parcours se dessine alors pour la journaliste-auteure. Elle veut faire reconnaître son crime, elle veut des excuses, mais dans ce pays la voix des femmes n'a encore guère de poids face à l'institution judiciaire, et même populaire. Il est difficile de se dresser contre l'une et l'autre et surtout contre le biographe attitré du premier ministre en exercice. Mais le courage l'amène à avancer, coute que coute, malgré le regard des autres, même si par moment elle aurait préféré tout abandonner, ne serait-ce que pour épargner cette histoire à sa famille. Mais voilà, dans les moments de doutes, elle voie sa petite soeur et là, le courage et la détermination reprennent force, pour qu'elle ne soit pas un jour dans ce même rôle de « victime ». Elle est là pour témoigner, sans larmes, sans pitié, juste pour faire bouger, changer, ouvrir, les codes, les mentalités, les lois. Et moi je suis là pour partager en silence ce non-silence, ce cri dans un pays que j'aime tant.
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Née en 1989, Ito Shiori suit un parcours assez atypique et cosmopolite pour réaliser son rêve : devenir journaliste reporter.
Mais au printemps 2015, elle subit un viol par le directeur d'une grande chaîne télévisée nippone. Celui-ci l'a droguée, emportée endormie dans sa chambre d'hôtel où Shiori est revenue à elle tandis que l'homme la violait.

Avec La boîte noire, Ito Shiori raconte sans fard l'atrocité de ce qui lui est arrivé, ses sentiments de honte, de saleté et l'envie de tout oublier. Mais cet ouvrage est également le témoignage de son combat pour faire éclater la vérité et faire changer la justice en matière de viol.
Le portrait qu'elle dresse des instances policières, judiciaires, médicales et même les services d'assistance téléphonique aux victimes a de quoi faire frémir. La question du viol, comme celle des attouchements pervers dans les transports allant jusqu'à des gamines de primaire, reste encore tabou au Japon. On ne parle pas de ces choses là. La plupart des policiers à qui l'auteure eut affaire tenta de la dissuader de porter plainte car ce serait inutile... Sans compter qu'en tant que personnage à la notoriété reconnue, son violeur dispose de bonnes relations dans les hautes sphères judiciaires et politiques.

Malgré toutes les épreuves, la souffrance psychologique post-traumatique, les obstacles mis sur son chemin pour la vérité, Shiori ne renonce pas. Non sans douleur puisque, à la suite d'une conférence de presse qu'elle donne et où elle parle enfin en son nom - ce qui est considéré comme un suicide social par une nette majorité de Japonais - sa propre soeur ne lui adresse plus la parole car subissant l'impact médiatique jusque dans son lycée (où mieux vaut ne pas détonner sur le groupe par la moindre originalité sous risque d'exclusion ou de brimades).

Je suis très admirative du courage incroyable qu'il a fallu à Ito Shiori non seulement pour faire face à son agression mais également dépasser le conformisme muet de son pays pour lui jeter la réalité crue à voir. Je ne peux qu'imaginer l'énergie et les efforts que cela a dû lui demander. Dans son livre, elle ne se contente pas de témoigner de son cas personnel mais élargit le sujet à la situation actuelle au Japon en matière de crimes et délits sexuels. Indignation, écoeurement, colère, compassion, ..., sont autant de sentiments ressentis au cours des chapitres.

Une lecture très éprouvante donc. On est loin ici des jardins zen et des cerisiers en fleurs. Mais vouloir étudier en profondeur l'archipel, c'est aussi en découvrir les aspects les moins reluisants. Sur ce sujet, le Japon a encore beaucoup de progrès à faire, tant au point de vue des institutions que des mentalités à faire évoluer. L'affaire Weinstein et le mouvement #metoo qui se diffuse un peu partout dans le monde montre qu'il n'est pas le seul État à devoir s'améliorer...
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Récit autobiographie, la journaliste Japonaise Shiori Ito nous partage dans son ouvrage La Boite Noire son parcours du combattant pour faire reconnaître le viol qu'elle a subi.

En 2015, alors qu'elle rêve de devenir reporter dans le monde, Shiori Ito subit un viol de la part d'un directeur d'une grande chaîne de télévision alors qu'elle est droguée. Femme forte, elle saura se relever et se battre contre sa honte, pour faire éclater la vérité et faire avancer la justice japonaise sur ces questions.

Sans aucun fard, la jeune femme nous décrira dans les détails par toutes les étapes auxquelles a dû passer. On ne peut que frémir face aux différentes façons dont elle est traitée et par le manque de considérations que cela soit de la part des instances policières mais également médicales. Bien que difficile à lire par moments, La Boite Noire est un roman édifiant et on ne peut qu'admirer Shiori Ito, qui bien qu'ayant subi un traumatisme, cherche à faire avancer les choses et ose se poser en tant que porte-parole dans une société autant portée sur le regard et sur l'honneur comme peut l'être la société japonaise.
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Ito Shiori, journaliste, a mené l'enquête sur le crime dont elle a été la victime. le directeur d'une grande chaîne de télévision l'a droguée et violée.

Méticuleusement, elle raconte son parcours, en commençant son récit avant cet événement, car sa vie ne se résume pas au fait d'avoir été violée, elle est travailleuse, polyglotte, journaliste, forte, elle a des ami·es, de la famille, etc. Ce n'est pas juste un chiffre anonyme, c'est une personne à part entière.

Elle a enquêté sur son affaire, elle a mis au jour des tentatives pour l'étouffer, pour protéger le coupable. Elle nous parle aussi d'autres victimes, au Japon, et ailleurs, dont on devrait se soucis, se soucis de la justice, de la prise en charge des victime, de l'éducation, de la santé, des successions d'événements qui peuvent se produire suite à l'agression: du fait d'être correctement prise en charge, accompagnée et aidée, à la possibilité de vivre une traumatisation secondaire par une prise en charge inadéquate.

Un livre intéressant à lire si on s'intéresse aux violences sexuelles et/ou au Japon, en particulier son système judiciaire ou au sexisme.
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critiques presse (2)
Actualitte
02 octobre 2020
Le dessin est assez basique, le style est celui qu’on attendrait d’un shôjo des années 2000. C’est surtout le point de vue et la mise en case qui sont particulièrement réussis.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LaPresse
28 juin 2019
Un témoignage retentissant dans un pays où le viol est encore un puissant tabou social, et où le mouvement #metoo a eu peu d'échos.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Même en prenant le train pour aller à l’école, on risque d’être la proie d’un pervers. La dernière fois que j’ai subi des attouchements, je portais l’uniforme de mon collège. J’ai bougé pour me dégager et m’éloigner de mon agresseur, un homme d’âge mûr, mais il m’a suivie. Il jubilait en voyant le dégoût sur mon visage. Cela m’a mise dans une colère noire.
Les expériences passées m’avaient servies de leçon, j’étais déterminée à ce que cela ne se reproduise plus : la prochaine fois que je serais embêtée, je coincerai mon agresseur. Jusque-là, encore trop jeune, le choc produit par l’agression m’avait empêchée de comprendre ce que je subissais. Et personne ne m’avait expliqué que c’était un acte répréhensible.
Pourtant, cette fois encore, aucun son n’est sorti de ma bouche malgré mes efforts pour crier. J’avais peur, si j’attrapais la main de mon agresseur, qu’il se mette à me frapper. J’étais dans un express qui ne s’arrêtait pas à toutes les gares et la station où je devais descendre était encore loin. L’homme continuait de me toucher sans se gêner. Quand le train s’est enfin arrêté, je me suis ruée vers la porte et je suis descendue en courant sur le quai. Je me suis retournée vers le train en criant : « Cet homme m’a touchée ! Espèce de pervers ! Connard ! ».
J’ai couru de toutes mes forces jusqu’à la maison en pleurant. Je devais avoir quatorze ou quinze ans. C’était la première fois que j’injuriais un inconnu. Ces insultes étaient pour toutes les fois où j’avais eu peur et où je n’avais pas réussi à me défendre.
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Mais je ne me suis jamais sentie en danger lors de mes séjours et reportages dans ces régions reculées. C'est ici au Japon, le pays où je suis née, ce pays réputé pour être l'un des plus sûrs d'Asie, que j'ai connu l'insécurité. Et ce qui a suivi le viol a achevé de m'anéantir. Je n'ai trouvé de secours nulle part. Ni les hôpitaux, ni les lignes d'assistance téléphonique, ni la police ne m'ont apporté leur aide. J'ai découvert avec effarement un visage inconnu de la société où javais vécu jusque-là.
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Vous qui tenez ce livre dans vos mains, que savez-vous de moi ? Que je suis une femme qui a subi un viol ? Une femme qui a le courage de tenir une conférence de presse ? Une femme qui ose parler de viol sans fermer les boutons de son chemisier jusqu’au cou ?
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Je savais que ce que je venais de vivre était une relation sexuelle non consentie, mais je ne réalisais pas encore qu’il s’agissait d’un viol. Si on y réfléchit, cela saute aux yeux. Mais pour moi, un viol était une agression brutale perpétrée par un inconnu. Quelque part, je ne voulais pas admettre que ce que je venais de vivre était un viol.
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Il faut que je parle. Il n’y a pas d’autre voie. Mon travail est de témoigner. Me taire, c’est tolérer le crime qui a été commis.
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Videos de Shiori Ito (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Shiori Ito
Le vendredi 10 janvier 2020, à l'occasion de la publication du tome 1 de "En proie au silence", la librairie "Le Renard Doré" (à Paris) organisait une table ronde intitulée : "Oser parler de sexisme – Quand les autrices brisent le silence". Animée par Marie Palot, la table ronde réunissait Alexandra Marion (intervieweuse de Shiori Ito, fondatrice de Tokyoatparis et autrice d'un reportage sur le #metoo au Japon), Yatuu (autrice de "Pas mon genre" et "Erika et les princes en détresse") et Bruno Pham (directeur éditorial des Editions Akata). Nous vous proposons de découvrir l'intégralité de la conférence sur notre chaîne.
Suivre Yatuu - Compte twitter : https://twitter.com/Yatuu - Blog : http://yatuu.fr/
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