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4,11

sur 882 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Laëtitia est un prénom d'origine latine qui signifie “joie”. La vie de Laëtitia Perrais aurait dû être empreinte de ce seul sentiment. Si seulement…

Laëtitia et sa soeur jumelle Jessica sont nées un 04 mai 1992. La première décèdera dans la nuit du 18 au 19 janvier 2011.

La lecture de ce témoignage est effroyable. J'en ai repoussé la lecture à plusieurs reprises, par appréhension, par peur. Je ne me souvenais plus de cette affaire, c'est seulement quelques jours après la fin de ma lecture que j'ai osé taper le nom de Laetitia Perrais sur Internet. Et tout m'est revenu. Combien de fois avais-je vu ce visage, aux informations télévisées, dans les journaux ? Trop souvent. Mais manifestement pas assez.

Oui, j'avais peur d'entamer ce livre, de découvrir la violence, l'horreur, la terreur de ce qu'a vécu Laetitia. Il ne s'agit pas d'un roman, ce récit n'a pas été inventé de toute pièce, il s'agit d'un fait réel, d'un drame. Effroyable. Commis par un homme. C'est de cela que j'avais peur : de réaliser que l'humanité est capable du pire.

Laetitia, ou la fin des hommes.

On ne sort clairement pas indemne d'une telle lecture. Ivan Jablonka a réalisé un travail herculéen et minutieux de recherches, d'investigation et d'enquêtes. Comme il l'explique, il ne faut pas aborder la mort de Laëtitia du point de vue du fait divers ; les contextes familial, social, économique et politique sont autant de facteurs à prendre en compte. le hasard aussi, le destin, cet enchevêtrement d'évènements sont aussi responsables du destin tragique de l'adolescente.

Jablonka est pour moi un orfèvre, dont l'hommage à Laëtitia et à sa soeur Jessica représente ce que l'humanité fait de meilleur. Laëtitia n'est pas et ne doit surtout jamais n'être qu'un fait divers, une « affaire » ; Laëtitia, c'est une jeune fille formidable, au courage incomparable, ayant défié les épreuves pendant toute sa vie, s'efforçant de s'en sortir. Son tragique destin est bouleversant, traumatisant, presque inconcevable. Comment est-ce possible ? Pourquoi ? L'incompréhension fait place à la rage, à la colère, à l'ire. Je suis bouche bée. Je ne comprends pas. Il n'y a peut-être rien à comprendre, mais Ivan Jablonka explique. D'une voix bienveillante, il rend sa vie volée à Laëtitia.

« Bébé maltraité, gamine oubliée, fillette placée, adolescente timide, jeune fille sur le chemin de l'autonomie, Laëtitia Perrais n'a pas vécu pour devenir une péripétie dans la vie de son meurtrier, ni un discours à l'ère Sarkozy. Je rêve Laëtitia comme si elle était absente, retirée dans un lieu qui lui plaît, à l'abri des regards. Je ne fantasme pas la résurrection des morts ; j'essaie d'enregistrer, à la surface de l'eau, les cercles éphémères qu'ont laissés les êtres en coulant à pic. »
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Voici un livre éminent, simple et passionnant. Un livre qui n'est certes pas un roman, mais qui est construit comme tel. Un livre où tous les faits sont avérés bien qu'ils semblent issus de l'imagination morbide d'un maître du roman noir. Un livre dont les personnages principaux représentent avec une grande exactitude notre beau pays, la France.
Ivan Jablonka dresse un tableau complet, érudit, précis et éclairé sur l'immonde meurtre de Laetitia Perrais par Tony Meilhon en 2011. Il mène une enquête implacable, à la manière des policiers et magistrats qui ont traité cette affaire, sur tous les aspects de ce fait divers. Il montre comment ces évènements sont symptomatiques du fonctionnement de notre société envers les personnes en difficulté sociale. En plus, il témoigne de ses émotions et interrogations de chercheur. C'est tout simplement inouï, tout ce qu'on apprend à la lecture de cette oeuvre. C'est écrit avec un sens aigu de la narration et une honnêteté envers ses témoins très touchante. Un grand livre.
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La lecture de cet ouvrage est bouleversante, on n'en ressort pas indemne.
J'ai toujours été intéressée par les faits divers, comme beaucoup, il s'agit de curiosité morbide, de plaisir coupable. Ce livre nous donne une claque, comme pour nous dire qu'un fait divers, ce n'est pas seulement quelques lignes choquantes et tristes dans un journal, quelques minutes de reportage à la télévision ou un battage médiatique. Il y a derrière une souffrance atroce et une horreur sans nom, qui ne devraient pas être prises à la légère.

L'auteur rend ici un hommage poignant et puissant à Laëtitia Perrais, et à sa soeur Jessica. Jamais il ne tombe dans le voyeurisme ou le sensationnalisme. Il délivre une enquête extrêmement poussée, un compte rendu d'entretiens avec toutes les personnes impliquées, Jessica, son avocate, toutes les personnes qui ont suivie les soeurs Perrais depuis leur naissance à cette fin tragique de Laëtitia et qui on épaulé ensuite Jessica, sa conseillère, les inspecteurs de police, procureurs, etc...

Avec ce livre, il raconte l'histoire de Laëtitia et sa soeur, il retrace leur vie, leur famille, leur évolution et construction, il dévoile le déroulement des événements tragiques, les recherches, avec une vérité historique et authentique. C'est aussi un témoignage de la justice française à une époque, un portrait de la France et de son président de la République, une dénonciation de la misère sociale, éducative, affective dans laquelle vivent beaucoup d'enfants.

Quelle tristesse ! Laëtitia, 18 ans seulement mais 18 années de souffrance, de solitude, de errance. Comment est-ce possible ? Je me sens tellement chanceuse, alors que j'ai seulement deux ans de plus que Jessica, je suis de leur génération, et je suis tellement chanceuse d'avoir vécu une enfance douce et sécuritaire, dans une famille aimante et stable, encadrée, choyée. Cette histoire m'a d'autant plus touchée que j'ai aussi une soeur jumelle.

L'enchaînement implacable des événements, la gratuité de cette violence du tueur, qui ne mérite pas de nom, qui n'est qu'un monstre, la perversité des hommes et des systèmes, l'innocence de ces jeunes filles, la crudité choquante de la réalité présentée dans ces chapitres, le meurtre, l'état du cadavre, cela m'a tout simplement horrifiée, terrifiée, et j'ai eu envie de pleurer tant de fois à la lecture de certains passages !

Mais aussi tant de force ! Laëtitia était extrêmement forte et courageuse, tout comme sa soeur, une volonté de survivre et d'être heureuse qui aurait dû être exaucée. Ces deux jeunes filles méritaient le meilleur. J'espère que Jessica va bien, a pu se reconstruire, et mener une vie plus heureuse, même si marquée à tout jamais par la perte terrible de sa soeur.
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Il m'a fallu plus d'un an pour ouvrir ce livre, où tout sonnait en apparence sombre, lugubre, pour ne pas dire carrément glauque - impression renforcée par la couverture noire, avec ses quelques lettres rouges hypnotisantes, presque effrayantes. Quelques heures seulement auront suffi pour en achever la lecture, après être passé par toutes les émotions. Les nombreux éloges m'avaient rapidement incité à l'acheter mais je m'étais ensuite toujours trouvé un prétexte pour repousser le moment d'entrer dans cette histoire sordide. Or Laëtitia s'avère finalement être bien plus qu'une enquête sur un terrible "fait divers". C'est une oeuvre à part entière, passionnante, fine, empreinte d'humanité et de réflexions, au croisement du journalisme, de la sociologie, de la littérature.
C'est, aussi, une incarnation parfaite des sciences sociales, de leur utilité, de leur nécessité ; elles qui sont parfois arides sont ici rendues très concrètes. Par l'histoire, la géographie, la politique, la sociologie, l'anthropologie du quotidien, ce qui n'était qu'une "affaire" vécue par le truchement des médias et des déclarations de politiciens nauséabonds d'opportunisme, prend ici toute sa mesure et s'enracine dans des vies, des destins, des lieux, des liens, des déterminismes.
C'est, enfin, un très bel hommage à cette jeune fille, Laëtitia. "L'intérêt que nous lui portons, comme un retour en grâce, la rend à elle-même, à sa dignité et à sa liberté" écrit joliment Ivan Jablonka. J'écris cette critique pour tirer mon chapeau à ce chercheur-écrivain, pour qu'il sache que son livre restera, pas seulement dans les palmarès grâce aux prix dont il est lauréat, mais bien dans les mémoires de ceux qui l'ont lu et qui ne manqueront pas d'y repenser longtemps après l'avoir refermé.
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"C'est ma douleur que je cultive
En frappant ces huit lettres-là
Elaeudanla Téïtéïa.." ces vers de Gainsbourg tournent dans ma tête après avoir terminé ce livre puissant, mélange d'enquête, d'essai, d'étude sociologique, d'étude politique qui redonne sa dignité à cette jeune fille de 18 ans,Laëtitia Perrais tuée par un criminel. Pour ne pas oublier que c'est un homme qui a fait cela à une femme.
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Une histoire tirée d'un fait divers. Au travers de cet simple description lapidaire, il y a bien plus que cela : un réel effort de l'auteur pour essayer de comprendre, de nous faire comprendre l'incompréhensible, qui pourtant continue de se produire, jour après jour, au gré d'autres "faits divers" tous aussi glauques et poignants dans la navrante banalité d'un certain quotidien, que ce soit en France ou ailleurs.
Ivan Jablonka a aussi le mérite de décrire quels efforts sont déployés par d'autres, parfois simples tâcherons anonymes, pour tenter de démêler le vrai du faux et faire ressortir, sous le feu cru des projecteurs, l'implacable réalité d'une âme humaine tissée de lumières et d'ombres.
Un livre à nous faire tous réfléchir, autant que nous sommes.
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Laëtitia ou la fin des hommes' c'est l'histoire d'un fait divers sordide qui a bouleversé la France en 2011.
Laëtitia Perrais est retrouvée dépecée au fond d'un lac, elle avait 18 ans. Son bourreau n'est autre qu'un multirécidiviste extrêmement dangereux tout juste sorti de prison.

L'écrivain et historien Ivan Jablonka nous livre une étude brillante sur une société capable d'engendrer de tels monstres.

Ivan Jablonka évoque les faits liés au crime de Laëtitia et établit un inventaire effrayant de l'état de la société française.

Une lecture parfois glaçante mais utile pour s'interroger sur les travers de notre société.
Un remarquable état des lieux de la France.

L'oeuvre d'Ivan Jablonka est remarquable de justesse et ne tombe jamais dans le voyeurisme.

Une écriture pleine d'empathie et de bienveillance à l'égard de Laëtitia et de sa jumelle Jessica, victime elle aussi de la cruauté des hommes.

Un document puissant qui, à la fois, émeut le lecteur et l'interroge sur le monde.
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« Laetitia », c'était pour moi la petite ritournelle de Gainsbourg, ainsi que le prénom d'une de mes meilleures amies. Maintenant ce sera aussi le titre du livre d'Ivan Jablonka, que j'ai dévoré.
Le sujet est pourtant extrêmement difficile : l'auteur décrit en effet ce terrible fait divers qui a secoué la France en janvier 2011, à savoir la disparition puis l'assassinat de Laetitia Perrais, jeune fille de 18 ans placée en famille d'accueil en Loire Atlantique. L'affaire en avait soulevé bien d'autres, dont la grève historique des magistrats suite aux interventions du président de l'époque, Nicolas Sarkozy, les accusant de ne pas avoir suivi correctement le principal suspect alors que celui-ci sortait de prison. Et je ne vous parle même pas du procès pour viol du père de la famille d'accueil quelques mois plus tard…
Ce qu'a ici voulu faire Ivan Jablonka, c'est redonner vie à cette jeune fille en la traitant non comme une victime, mais comme une femme pleine de vie qui a fait une (très) mauvaise rencontre. Il mène ainsi une enquête minutieuse et passionnante, qui éclaire en profondeur les différents tenants et aboutissants de cette histoire terrible. Certains pourront trouver la démarche racoleuse, moi j'ai trouvé au contraire qu'il se place en tant qu'historien de notre époque, mettant en lumière ceux qui n'y sont jamais. Bref, un grand livre.
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Très clairement, j'hésitais à lire ce livre. Peur du voyeurisme puisqu'il est consacré à un fait divers très récent.
En fait c'était une erreur. ce livre est passionnant et mérite qu'on s'y attarde. Pas de voyeurisme, plutôt une étude de ce fait divers sous différents angles. J'ai apprécié aussi la reconstitution de la vie de la victime, qui, ainsi, ne se limite pas à son statut de victime.

Le sous titre de ce livre est "la fin des hommes". Hommes au sens masculin, viril, XY, pas humanité. La fin ? La fin morale certes, mais pas la fin de leurs violences envers les femmes.
En fait un livre féministe !
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Laetitia est probablement le livre qui m'a le plus ému. L'analyse des évènements et de tous les thèmes qui touchent l'affaire Laetitia Perez (la criminalité, les médias, le viol, la justice, l'aide sociale à l'enfance, la géographie rurale, la place des femmes et plein d'autres...) est embellie par une plume brillante.

Cet ouvrage m'a fait frissonner a de nombreuses reprises et m'a mis trois fois les larmes aux yeux. Pourtant je suis plus un amateur de sciences sociales que d'émotions. Je recommande à 200% ce livre, il parlera autant à votre coeur qu'à votre cerveau.
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