Laëtitia est un prénom d'origine latine qui signifie “joie”. La vie de
Laëtitia Perrais aurait dû être empreinte de ce seul sentiment. Si seulement…
Laëtitia et sa soeur jumelle Jessica sont nées un 04 mai 1992. La première décèdera dans la nuit du 18 au 19 janvier 2011.
La lecture de ce témoignage est effroyable. J'en ai repoussé la lecture à plusieurs reprises, par appréhension, par peur. Je ne me souvenais plus de cette affaire, c'est seulement quelques jours après la fin de ma lecture que j'ai osé taper le nom de
Laetitia Perrais sur Internet. Et tout m'est revenu. Combien de fois avais-je vu ce visage, aux informations télévisées, dans les journaux ? Trop souvent. Mais manifestement pas assez.
Oui, j'avais peur d'entamer ce livre, de découvrir la violence, l'horreur, la terreur de ce qu'a vécu
Laetitia. Il ne s'agit pas d'un roman, ce récit n'a pas été inventé de toute pièce, il s'agit d'un fait réel, d'un drame. Effroyable. Commis par un homme. C'est de cela que j'avais peur : de réaliser que l'humanité est capable du pire.
Laetitia, ou la fin des hommes.
On ne sort clairement pas indemne d'une telle lecture.
Ivan Jablonka a réalisé un travail herculéen et minutieux de recherches, d'investigation et d'enquêtes. Comme il l'explique, il ne faut pas aborder la mort de
Laëtitia du point de vue du fait divers ; les contextes familial, social, économique et politique sont autant de facteurs à prendre en compte. le hasard aussi, le destin, cet enchevêtrement d'évènements sont aussi responsables du destin tragique de l'adolescente.
Jablonka est pour moi un orfèvre, dont l'hommage à
Laëtitia et à sa soeur Jessica représente ce que l'humanité fait de meilleur.
Laëtitia n'est pas et ne doit surtout jamais n'être qu'un fait divers, une « affaire » ;
Laëtitia, c'est une jeune fille formidable, au courage incomparable, ayant défié les épreuves pendant toute sa vie, s'efforçant de s'en sortir. Son tragique destin est bouleversant, traumatisant, presque inconcevable. Comment est-ce possible ? Pourquoi ? L'incompréhension fait place à la rage, à la colère, à l'ire. Je suis bouche bée. Je ne comprends pas. Il n'y a peut-être rien à comprendre, mais
Ivan Jablonka explique. D'une voix bienveillante, il rend sa vie volée à
Laëtitia.
« Bébé maltraité, gamine oubliée, fillette placée, adolescente timide, jeune fille sur le chemin de l'autonomie,
Laëtitia Perrais n'a pas vécu pour devenir une péripétie dans la vie de son meurtrier, ni un discours à l'ère
Sarkozy. Je rêve
Laëtitia comme si elle était absente, retirée dans un lieu qui lui plaît, à l'abri des regards. Je ne fantasme pas la résurrection des morts ; j'essaie d'enregistrer, à la surface de l'eau, les cercles éphémères qu'ont laissés les êtres en coulant à pic. »