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Marie Tadié (Traducteur)
EAN : 9782234047396
Stock (30/11/-1)
4.05/5   22 notes
Résumé :
Roderick Hudson, jeune et prometteur sculpteur de la Nouvelle-Angleterre, est emmené à Rome par son ami Rowland Mallet, afin qu'il y poursuive ses études. Il donne très vite des preuves de son génie. Destiné depuis toujours à épouser sa cousine Mary Garland, il tombe cependant amoureux d'une romaine fort belle et finalement inaccessible. Consumé par sa passion, il cesse de créer: sa déchéance est rapide.

Source : Wikipédia
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
L'un des premiers romans de Henry James, Roderick Hudson est aussi l'oeuvre par laquelle j'ai découvert cet écrivain. Et, hasard des lectures, c'est ma passion pour le « Proust américain » qui m'a conduite, beaucoup plus tard, à aborder sur le continent de la recherche du temps perdu de Marcel Proust.
Un grand nom de la littérature américaine donc. Ou anglaise ? Sachant que Henry James, qui est né américain, est mort peu de temps après avoir acquis la nationalité britannique.
Ce parcours personnel entre les nationalités et les continents semble illustrer à lui seul le vas et vient permanent dans toute son oeuvre, entre la « jeune Amérique » et la « vieille Europe ». le « thème international ».
Dans la plupart de ses romans James nous invite à suivre de jeunes américains qui au cours de voyages notamment en Italie, en France ou en Suisse découvrent les charmes du vieux continent. Il y est souvent question de quête artistique, de recherche d'inspiration au milieu des ruines de Rome ou des monuments Parisiens. de jeunes héritiers américains, mais souvent sans titre de noblesse, y côtoient des descendants de la noblesse et de la grande bourgeoisie européenne désargentée.
Roderick Hudson ne fait pas exception à la règle. Jeune sculpteur américain sans le sou, Roderick part en Italie, sous la protection de Rowland Mallet son mécène. Rowland a en effet décelé en Roderick un artiste très prometteur qu'un séjour prolongé en Italie pourrait transformer en artiste de grand talent.
Mais, comme souvent dans les romans ultérieurs de James, la vieille Europe finira fatalement par pervertir l'innocence américaine. Roderick, après des débuts plus que prometteurs, cessera de créer et oubliera même sa fiancée qui l'attend aux Etats-Unis et connaîtra une fin tragique en Suisse ...
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Rowland Mallet, rentier et esthète, parie sur l'avenir de cette jeune pousse de Roderick Hudson : il déracine le jeune sculpteur, l'arrache à l'Amérique, à sa mère et à sa fiancée (Mary Garland, une fleur des champs) et le repique dans la riche terre des arts, l'Italie. Ne reste plus qu'à arroser le tendron et attendre qu'il fructifie. Rowland est un mécène patient et attentif, un tuteur bienveillant. Las, Roderick voit son génie se faner à mesure que son amour pour la désirable, mais bien froide, Christina Light (une orchidée en serre) le possède, tel un rameau gourmand. le jeune prodige devient arbre sec, artiste raté et insupportable égotiste.

Dans ce passionnant roman d'analyse, James assigne à Rowland Mallet, le rôle de témoin essentiel : ce sont à travers ses yeux, ses doutes et ses certitudes que nous sera rapportée cette tragédie feutrée. Entomologiste des sentiments, l'auteur épluche les âmes par le biais de longs dialogues serpentins.

Mary aime Roderick qui aime Christina qui aime (peut-être) Rowland qui aime Mary (à moins que ce ne soit Roderick ?) : dans ce chassé-croisé sentimental, point de marivaudages mais plutôt des passions mortifères. Aimer c'est renoncer. Mary sacrifie sa jeunesse, Roderick immole son génie, Christina capitule face aux convenances et Rowland se dépouille de tout espoir.

James croque avec jubilation personnages et situations. Les seconds couteaux sont traités avec justesse et drôlerie : la chétive et geignarde Maman Hudson, qui devient lionne si l'on touche son petit, le touchant et ridicule Singleton, peintre laborieux et talentueux ou encore le croquignolet Striker, tout droit sorti de chez Dickens. Et puis il y a Rome, décor d'une importante partie de ce roman d'apprentissage avorté : de Santa Cecilia in Trastevere à la Villa Ludovisi, c'est à une promenade (dés)enchantée que nous convie l'auteur. Ses héros de papier y errent comme les ombres solitaires des toiles de Chirico.

Quand il se débride, James est carrément bidonnant. Voici ce qu'il écrit à propos de la cupide et grotesque Mrs Light, la génitrice de Christina : "Certaines de ses révérences étaient très profondes, car elle avait la joie de recevoir plusieurs potentats de la haute société romaine. Elle était rose de fierté triomphante, pour ne rien dire d'une cause moins métaphysique (...)". C'est déjà Proust et la mère Verdurin... L'écrivain plutôt pudibond laisse même, deci delà, entrevoir quelques gouffres par sa fascination pour le corps masculin et l'ambiguïté des sentiments éprouvés par ce Pygmalion raté qu'est Rowland.

"L'amour c'est l'infini à la portée des caniches" éructe Céline. Stenterello, l'immaculé caniche royal de la future princesse Casamassima, est le fil (rouge) blanc du roman, il ponctue de sa présence méphitique ce roman très abouti autour de l'art et de l'amour, cette médiocre transcendance à notre portée.
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Rowland Mallet, un riche gentleman, veut faire oeuvre charitable et ne trouve rien de mieux que de payer un voyage À Rome à un jeune sculpteur prometteur de la Nouvelle-Angleterre. Roderick Hudson commence par faire de très belles statues. Puis, il fait une pause à Baden-Baden et à son retour, son art s'est déprécié. Il rencontre ensuite une très belle femme, Miss Christina Light, et sa mère qui cherche à la marier au prince le plus riche. Hudson s'entiche de la belle.
À partir de là, Hudson perd peu à peu ses facultés créatrice jusqu'à se tarire complètement.

James annonce l'histoire à l'avance, il fait faire une apparition à la belle un an à l'avance. Il fait visiter Baden-Baden et lors du retour, il fait dire à Rowland qu'il a un funeste présage. Il annonce ensuite lors de la première visite de Christina Light que le diable cogne à la porte. Ensuite, par constraste, il montre que les autres artistes ont profité durant leur été. Il le fait pas à pas, clairement quand on sait où s'en va l'histoire. L'histoire est trop longue pour mes goûts, le style est lourd, ampoulé, indirect libre. Difficile à lire aujourd'hui. Il y a un chassé croisé intéressant entre les personnages, des rebondissments, mais certainement invraisemblances aussi. Rowland qui tombe sur Christina à tous les coins de rue par hasard. Il est aussi un peu difficile d'avaler le parcours de Hudson. Pourquoi son enthousiasme pour la sculpture se tarit-il? Simplement parce qu'il tombe en amour? Il faut croire qu'il n'avait pas la force de caractère d'être un artiste très longtemps, durant toute une carrière. Aussi, après la dernière dispute entre les deux amis, c'est une fin un peu abrupte et injuste, qui ne tient pas compte du développement naturel du personnage. Qu'aurait-il fait s'il avait vieilli? Vraisemblablement, il ne serait pas revenu à la sculpture.
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Quelle déception ! La quatrième de couverture assez lacunaire ne laissait pas présager une banale histoire d'amour contrariée. Je m'attendais plutôt à une réflexion sur la création artistique, le dépaysement, l'exil… Rien de tout ça mais seulement une longue réflexion sur les amours déçus. A 70 pages de la fin, l'impatience de commencer mon prochain roman est plus forte.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
- Well, what do you think of Europe ? He asked smiling.
- I think it's dreadful ! She said abruptly.
- Dreadful ?
- I feel so strangely – I could almost cry.
-How is it that you feel ?
- So sorry for the poor past, that seems to have died here in my heart in an hour !
- But, surely, you are pleased – you are interested.
- I am overwhelmed. Here in a single hour everything is changed. It is as if a wall in my mind had been knocked down at a stroke. Before me lies an immense new world, and it makes the old one, the poor little narrow familiar one I have always known, seem pitiful.
- But you didn't come to Rome to keep your eyes fastenend on that narrow little world. Forget it, turn your back on it and enjoy all this. 
(Mary Garland, la fiancée américaine de Roderick Hudson, récemment arrivée d'Amérique est bouleversée par Rome. C'est ce qu'elle exprime à Rowland Mallet.)
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Mrs Hudson fut bien obligée de remiser ses jugements sur l'atmosphère délétère du Vieux Monde et de reconnaître la pureté absolue des brises d'Engelthal. Elle était certainement plus calme qu'en Italie ; ayant toujours vécu à la montagne, la solitude sociale, atténuée par les arbustes et les rochers si chers au tempérament des vrais indigènes de la Nouvelle-Angleterre lui avait manqué. La petite auberge blanchie à la chaux d'Engelthal, avec ses murs en bois, ses bidons de lait attendant au soleil (…) lui rappelait les villégiatures estivales de son pays natal ; et les belles pièces de la villa Padolfini s'effacèrent dans son esprit sans un regret et sans lui faire modifier, le moins du monde, son idéal de demeure agréable. 
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-  Je veux bien admettre que l'Europe est plus délicieuse que je ne le supposais, dit-elle, et je reconnais que j'avais sous-estimé ses charmes. Mais admettez, vous aussi, que l'Amérique vaut mieux que vous ne le supposiez.
- Je ne trouve aucun défaut à un pays qui vous a donné naissance !
- Et cependant vous désirez que je change … que j'assimile l'Europe, comme vous l'exprimeriez sans doute.
- Si j'ai éprouvé ce désir, c'est seulement par principe. Essaierai-je de vous dire ce que je pense maintenant ? L'Amérique vous a faite ce que vous êtes, jusqu'ici ; qu'elle termine son œuvre ! J'aimerais vous rembarquer sans délai et voir ce que vous devenez. Cela semble peu courtois, et je dois vous avouer qu'il y a là, de ma part, une froide curiosité intellectuelle.
Elle secoua la tête.
- Le charme est brisé ; le fil cassé ! Je préfère demeurer ici.
(Mary Garland, la fiancée américaine du jeune sculpteur Roderick Hudson, explique à Rowland Mallet à quel point elle a été séduite par l'Europe.)
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“What if the watch should run down,” he asked, “and you should lose the key? What if you should wake up some morning and find it stopped, inexorably, appallingly stopped? Such things have been, and the poor devils to whom they happened have had to grin and bear it. The whole matter of genius is a mystery. It bloweth where it listeth and we know nothing of its mechanism. If it gets out of order we can’t mend it; if it breaks down altogether we can’t set it going again. We must let it choose its own pace, and hold our breath lest it should lose its balance. It ‘s dealt out in different doses, in big cups and little, and when you have consumed your portion it ‘s as naif to ask for more as it was for Oliver Twist to ask for more porridge. Lucky for you if you ‘ve got one of the big cups; we drink them down in the dark, and we can’t tell their size until we tip them up and hear the last gurgle.
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The brilliant Roman winter came round again, and Rowland enjoyed it in a certain way more deeply than before. He grew passionately, unreasoningly fond of all Roman sights and sensations, and to breath the Roman atmosphere seemed a needful condition of being. (...) But he sometimes wondered whether this were not a questionable gain in case of one's not being prepared to subside int soft dilettantism. 
(Rowland Malet commence à douter des effets bénéfiques de la vie à Rome sur son ami le jeune sculpteur américain Roderick Hudson).
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Vidéo de Henry James
Avec "La Bête", le réalisateur Bertrand Bonello reprend à sa manière la nouvelle "La Bête dans la jungle", de Henry James, en plongeant Léa Seydoux dans un futur dystopique qui rappelle notre propre présent et dans lequel les émotions n'ont plus lieu d'être. Il est l'invité de Géraldine Mosna-Savoye et Nicolas Herbeaux.
Visuel de la vignette : "La Bête" de Bertrand Bonello, 2024 - Carole Bethuel
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