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Belgiques tome 8 sur 19
EAN : 9782875862556
124 pages
Ker (15/10/2019)
4.5/5   3 notes
Résumé :
Belgiques est une collection de recueils de nouvelles. Chaque recueil, écrit par un seul auteur, est
un portrait en mosaïque de la Belgique. Des paysages, des ambiances, du folklore, des traditions, de
la gastronomie, de la politique, des langues… Tantôt humoristiques, tantôt doux-amers, chacun de
ces tableaux impressionnistes est le reflet d’une Belgique : celle de l’auteur.

Sommaire
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
« En lisant "Vipère au poing", je m'étais rendu compte de cette vertu irremplaçable de la littérature de fiction : celle de miroir fraternel dans lequel le lecteur peut découvrir son double, un autre soi qui traverserait les mêmes épreuves et qui, ainsi, le rend moins seul à les affronter. » dit Jean Jauniaux dans une des nouvelles qui composent ce beau recueil, qui, c'est sûr, a été écrit pour moi. Elles sont nombreuses les pages au détour desquelles j'ai découvert mon image reflétée par ce « miroir fraternel ».
Pourquoi ai-je choisi ce livre ? Pour ce qu'en dit la quatrième de couverture ? Non. Elle ne nous apprend rien. Elle se contente d'énumérer les nouvelles qui nous attendent. Pour le titre ? Jean Jauniaux y apparaît comme un vrai Belge, fier de son pays, puisque « né dans le Hainaut, [il] travaille à Bruxelles et apprécie la Flandre », ce qui n'est pas du tout mon cas.
J'avais adoré « L'année dernière à Saint Idesbald » où on voyait déambuler à travers les pages un double de l'auteur lui-même. C'est aussi le cas dans « Belgiques » qui, certes, fait allusion à quelques temps forts de l'histoire de notre pays, puisqu'on y trouve une commémoration de son indépendance en 1830, l'Expo 58 ou la tragédie du Bois du Cazier. On y croise des figures marquantes comme Armand Bachelier (j'entends encore sa voix!), Théo Fleischman, Paul Delvaux ou Charles Plisnier. Mais on y retrouve surtout, à chaque page, notre auteur lui-même qui nous livre ses souvenirs personnels, doux-amers, et, je le suppose, transformés, réécrits, imaginés.
Ce qui me frappe le plus c'est la terrible solitude. Celle de ce tout petit enfant qui assiste au dernier soupir de sa maman. Celle de cet écolier dont l'unique ami est un Italien, fils de mineur. Ce qui les rapproche avant tout ? Leur petite taille qui fait d'eux la cible des quolibets d'une affreuse méchanceté. Les « grands » les interpellent d'un détestable : « le macaroni et (…) son nain » qui m'a fait frémir. J'avoue avoir eu la gorge serrée, les yeux embués devant la détresse d'Attilio qui demande : « Tu ne vas pas te moquer, hein ? » et s'assure auprès de son ami qu'il ne va pas « rire de son chagrin ». Moi, qui suis sensible, j'ai senti mon coeur se glacer à l'idée qu'on puisse tourner en ridicule les larmes d'un enfant.
De même, je me suis trouvée écartelée entre colère et tristesse devant cet adolescent dont les voisins, dans un élan de grande magnanimité, consentent à ce qu'il regarde de loin, dehors, derrière le carreau, leur téléviseur, puisque son père est intransigeant : chez eux, seuls les livres ont droit de séjour. de telle sorte que, pour lui, Beatles, Rolling Stones, Johnny Halliday ou Claude François ne sont que des noms qu'il a entendu prononcer par ses condisciples. Les films dont débattent passionnément les autres, il est contraint de les inventer. Et surtout, ce « 21 juillet, à 3h56, heure belge » il put « voir dans un silence sépulcral, grelottant dans l'humidité, à travers une vitre, les images de Neil Armstrong (…) posant le pied sur la lune ». Tristesse de ma part pour ce gamin contraint de quitter son lit en pleine nuit pour grappiller en tremblant de froid quelques images d'un moment historique. Colère contre les sans-coeur qui s'estiment si généreux de le laisser debout, derrière une vitre, attraper un peu de ces moments muets et flous, alors qu'eux en profitent pleinement dans le confort de leur intérieur. Qu'est-ce que cela leur aurait coûté de le faire entrer ? Si ce moment m'a tellement marquée, c'est que, chez nous non plus, la télévision n'avait pas sa place. Mais je me souviens avec gratitude de ces gens qui invitaient les petites filles que nous étions pour leur offrir un programme du dimanche, accompagné d'une boisson chaude et d'une galette.
Oui, je me suis promenée comme chez moi au fil des pages : « cette gare, un lieu inouï. Sentez ! Sentez ! L'arôme du chocolat... » Telle une madeleine de Proust m'arrive instantanément aux narines l'odeur de l'usine Côte d'or à la Gare du Midi. « Ô Claire, Suzanne, Adolphine, Ô ma mère des Ecaussinnes » éveille les notes de Julos Beaucarne qui habitait à quelques kilomètres de notre jardin enchanté de Néthen. Les vers si mélodieux de Max Elskamp me replongent dans ses « Huit chansons reverdies, dont quatre qui pleurent et quatre qui rient » que j'ai lues et relues dans la vieille anthologie toute dépenaillée de ma mère. Et cette salle de cinéma qui mettait « à l'affiche deux films par soirée précédés de courts métrages "Belgavox : le monde vu par les Belges !" », j'y suis. Je respire même encore les remugles poussiéreux des vieux fauteuils au velours usé. J'entends les notes de la bande annonce.
Et je ne vous dis rien de toutes les autres merveilles de poésie qu'il vous reste à découvrir. Comme cet homme qui, après avoir raté l'avion, se crée dans sa tête un périple par procuration, car, n'est-ce pas, « les plus beaux voyages se font par la fenêtre », comme l'écrit Daniel Boulanger.
Aussi, pour moi, ce livre fut un enchantement et, pour cela, j'ai envie de dire : Merci, Monsieur Jauniaux.
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La collection "Belgiques" chez Ker éditions permet à des écrivain.e.s Belges de nous présenter leur vision de la Belgique, de nous la faire vivre à travers leurs yeux.

J'ai passé un excellent moment en compagnie de la plume de Jean Jauniaux. Par le biais d'expériences personnelles voire très personnelles il nous raconte des petits bouts de la Belgique à travers son regard d'enfant, d'adolescent ou d'adulte. J'ai eu le sentiment que Jean me livrait ses mémoires, son enfance, l'époque des années 60, qu'il était près de moi et me confiait ses souvenirs. Une bien agréable impression, une très belle lecture.

Le fil rouge, la Belgique bien entendu, mais entre réel et imaginaire. Quelle est la part de véracité et celle de l'imaginaire, la frontière est mince c'est tout l'intérêt. On se laisse emporter par ce que l'on sent de vrai et on se fait piéger.

L'humain est au centre de ces petits récits en nous faisant découvrir L Histoire par ses confessions. C'est rempli d'émotions, de nostalgie et d'empathie. Un vrai régal !

Au programme un voyage dans le temps de 1830 à 1958.

Des épisodes marquants comme sa révolution de 1830 avec une reconstitution en costumes pour la télévision, lorsque tout jeune sortant du service militaire il est engagé pour cinq émissions "chroniques d'une révolution" de Jacques Cogniaux. Il cotoie à l'époque les grandes figures de l'INR/RTB ; Armand Bachelier, Georges Konen, Pierre Delrock, Jacques Bredael
Il nous parle du Goncourt de Plisnier et de l'Athénée de Mons, du Pen Club crée par Louis Piérard dont on fête le centenaire en 2020
Emotion au rendez-vous avec la rencontre d'Attilio , son ami "le macaroni" où il évoque la catastrophe du Bois du Cazier mais aussi la fraternité enfantine universelle, où il confie et partage ses blessures d'enfant.
On voyagera en Chine ou pas
On se promène dans le pays Noir de son enfance à la rencontre d'artistes peintres, stars de la radio ou du petit écran.
Il nous parle de l'Europe, du premier pas de l'homme sur la lune. J'ai adoré cette nouvelle , une façon inattendue de nous parler de cette événement qui en cachait un autre.
Il nous parle de son enfance orpheline, de l'expo universelle et de du cahier Atoma bien belge.
C'est un voyage tendre, touchant. On ressent le manque non pas d'amour mais d'expression de celui-ci, une enfance orpheline, un manque de chaleur humaine, d'écoute et de partage. Un grand manque d'ouverture vers le monde, il ne pouvait compter que sur son magazine Pilote et un transistor. et bien entendu les livres et leur pouvoir très important.

Jean est un merveilleux raconteur d'histoires, j'ai hâte de lire son dernier recueil "L'ivresse des livres".

C'est un joli coup de coeur. ♥
Lien : https://nathavh49.blogspot.c..
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Belgiques de Jean Jauniaux est un recueil de treize nouvelles qui mêle histoire personnelle et Histoire avec un grand « H ». Un ouvrage à la fois drôle et sérieux, informatif et émouvant, qui se nourrit de l'expérience de l'auteur en tant que journaliste culturel.

Voir la chronique complète sur le blog
Lien : https://histfict.fr/belgique..
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
En lisant Vipère au poing, je m’étais rendu compte de cette vertu irremplaçable de la littérature de fiction : celle de miroir fraternel, dans lequel le lecteur peut découvrir son double, un autre soi qui traverserait les mêmes épreuves et qui, ainsi, le rend moins seul à les affronter.
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Nous n'avions jamais rien à nous dire. Sauf ce soir-là. Je n'étais plus seul, j'avais un ami. J'avais envie de lui dire aussi qu'il n'était plus seul dans le deuil. Je ne me souviens plus de la façon dont j'ai pu le lui exprimer. Pour la première fois, j'avais essayé de consoler mon papa.
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La mémoire flotte comme un bateau de papier qu'un enfant dépose au fil d'un ruisseau. Elle va d'une rive à l'autre, s'immobilise quelques instants avant d'être emportée quelques mètres plus loin.
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Il naviguait sur un voilier blanc et léger fait de pages de livres, que ses yeux rêveurs parcouraient sans faire escale. Les mots étaient les balises de son rêve.
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En lisant Vipère au poing, je m'étais rendu compte de cette vertu irremplaçable de la littérature de fiction : celle de miroir fraternel, dans lequel le lecteur peut découvir son double, un autre soi qui traversait les mêmes épreuves et qui, ainsi, le rend moins seul à affronter. Le livre m'offrait la formulation exacte, précise et empathique des tourments que je subissais.
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Videos de Jean Jauniaux (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean Jauniaux
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