Il y a dejà quelques temps que j'observais l'évolution de la façon de voyager. Lors de mes récents périples, je me suis aperçu que la grande majorité des voyageurs ne se séparaient quasiment jamais de ce que Jauréguiberry appelle les TIC : les technologies de l'information et de la communication.
C'est de cette évolution et ses conséquences que traite ce livre. En résumé, fini, le voyage "moderne" hérité du grand tour, qui a perduré jusquà la fin du XXème siècle. Nous assistons maintenant au voyage "hypermoderne". Difficile de se passer de ces fameux TIC qui nous relient comme un fil à la patte au quotidien que l'on cherche à fuir. Les auteurs, sociologues, analysent en détail le changement, pas uniquement négatif, qui en découle pour l'individu. Il s'agit maintenant de faire un choix entre toutes les alternatives possibles. Rester entièrement connecté, partiellement ou pas du tout (c'est plus difficile) avec qui l'on veut, comme on veut. C'est le problème du choix que devra affronter l'individu voyageur. On retient tout de même qu'il est de plus en plus compliqué de rester complètement déconnecté lors d'une aventure à l'autre bout du monde, soit pour se rassurer ou pour rassurer les proches. Difficile de laisser le portable fermé ! Ne serait-ce que pour consulter une carte en ligne ou l'adresse du prochain gîte.
Les auteurs se gardent bien de porter un jugement, mais ouvrent notre réflexion par leur analyse.
Malgré les nombreuses répétitions des mêmes observations au fil des pages et l'utilisation d'un langage "sociologique" pas toujours très clair pour le profane, ce livre se révèle très intéressant pour comprendre l'évolution de notre façon de voyager à notre époque hyperconnectée.
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L'éloignement n'est plus ce qu'il était, synonyme de coupure, d'absence et de distance, de même que la proximité physique doit désormais composer avec les proximités médiatiques.
Dans l'expérience affective de nos contemporains, le portable semble fonctionner comme un objet transitionnel. Comme le doudou qui ne quitte pas l'enfant, le portable l'accompagne en effet partout. Il le rassure et le protège. Il aide à supporter la séparation. Il est le synonyme de lien là où il n'y a rien. Comme un objet transitionnel, il est investi du pouvoir de "rappeler l'autre" quand son absence se fait trop pénible.
Vidéo de Francis Jauréguiberry