Mais quelle mouche a donc piqué
Armel Job en écrivant « Les lunettes de
John Lennon » ?
Je ne reconnais pas du tout l'univers si intimiste, si secret, si pudique de cet auteur belge que j'adore, pourtant. Non, décidément, je me suis sentie comme une étrangère alors que je parcourais cette histoire sans queue ni tête, aux personnages caricaturaux, aux rebondissements rocambolesques, aux points de vue dispersés.
Nous suivons d'abord Julius, adolescent « à la tête de poule pondeuse et aux yeux erratiques », relégué dans la catégorie des « poireaux » par Jean-François, la grande gueule du collège de Saint-Boniface où il ne fait pas long feu, à une station-service sur une bretelle d'autoroute, là où il officie en son début d'âge adulte. Julius est empoté et le restera, il a fort à faire avec un père qui a quitté son épouse sur un coup de tête puis voudrait à tout prix la reconquérir (...au prix de quelques assiettes achetées très cher à la brocante), une mère débrouillarde mais qu'il ne comprend pas du tout, une soeur handicapée (mais qui, finalement, m'a touchée énormément grâce à sa qualité d'écoute et de ressenti des choses de la vie), et un collègue musulman qui pique de temps en temps de l'argent dans la caisse de la station –service ...
Nous suivons aussi Charlotte, la jeune journaliste naïve, dont Julius tombe éperdument (enfin, à sa façon tout en concentré de timidité) amoureux. Charlotte qui voudrait Aimer ! Charlotte remplie d'idéaux...
Puis arrive Jean-François, l'arnaqueur de service, le vendeur de vin frelaté. Jean-François qui n'aime personne, excepté lui-même. Jean-François qui vient fourrer son nez dans les affaires de Julius...malheureusement.
Et les lunettes de
John Lennon, me direz-vous ? Ah ces lunettes ! Elles font le lien entre les différents personnages, finalement. Mais je ne vais pas continuer mes explications, on s'y perdrait, et je ne crois pas que ça en vaut la peine, malheureusement.
Armel Job a voulu écrire un roman pour adolescents... Je ne connais pas du tout le point de vue de ceux-ci...Mais cela m'intéresserait beaucoup de voir leurs réactions face à ce que j'appelle une grosse mascarade cousue de fil blanc.
Qu'à cela ne tienne, je ne me décourage pas ; je suis encore preneuse de ses autres romans ! Je suis fidèle, notamment aux auteurs que j'aime, et je peux excuser une faute de goût. de toute façon, je ne suis plus une adolescente...