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Guillaume Villeneuve (Traducteur)
EAN : 9782841002429
234 pages
Bartillat (02/01/2001)
3.38/5   4 notes
Résumé :
" La force sans cesse renouvelée au fond de lui, la force qui l'incita à devenir le médium suprême de l'humanité dans ses extases auto-mutilantes, la force qui l'obligeait à tenter de réaliser ce que signifie la passion du Christ, la force qui l'obligeait à comprendre jusqu'au tréfonds ce que signifiaient les crimes et les outrages de Svidrigaïlov, Stravoguine et tous les sadiques et sensuels sur l'innocence et la faiblesse, et en même temps à formuler l'idéal unive... >Voir plus
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
La convention du romanesque reste puissante bien qu’affaiblie ; et particulièrement aux États-Unis comme l’illustrent paradoxalement la facilité et la fréquence du divorce américain qui est bien sûr une coutume profondément morale. Mais la question émerge – cette loyauté sexuelle dans les deux divisions de notre classe moyenne, la doit-on aux hommes ou aux femmes ? Toute la rhétorique élégante et tranchante de Meredith sur la jalousie de Turc montrée par nos hommes qui auraient en conséquence instauré la monogamie n’était, on le voit bien maintenant, que pseudo-philosophie de fariboles comme une grande partie des virils moulinets de cet écrivain surestimé. Les femmes font ce qu’elles veulent.

Elles l’ont toujours fait et le feront toujours. Sous le roi Arthur, elles voulaient être aimées sur un mode chevaleresque idéal. À l’époque de la reine Victoria, elles voulaient être aimées comme Robert Browning ou John Stuart Mill aimaient leurs femmes. Dans les deux dernières décennies, elles ont voulu prendre une initiative directe ; elles ont voulu être économiquement indépendantes, avoir un amant si elles en voulaient un, de même qu’un enfant ; avoir un mari si elles le souhaitaient, ainsi que deux ou trois enfants ; et, bien sûr, s’agissant de leur bonheur réel, elles se sont rendu compte que la grande et mystérieuse Autre Femme à l’arrière-plan – je parle de la Nature – était plus intraitable que les fils des hommes. Mais malgré tout, malgré ce qui arrive à la lettre de la promesse quand l’esprit s’est envolé, il est indéniable que lorsque les Britanniques et les Américains ordinaires lisent Dostoïevski, ils ont conscience, comme je l’ai dit, d’une bizarre et surprenante lacune.

La question est derechef posée : par quel sentiment dramatique Dostoïevski comble-t-il cette brèche ? Eh bien, M. Carr nous donne la réponse, elle tient en un mot : « pitié ». Là où le vieil idéal romantique de l’amour chaste, chevaleresque, mystique avait coutume de primer, nous trouvons dans ces quatre romans une impulsion tout aussi supérieure à l’égoïsme humain naturel, c’est-à-dire la projection imaginative de nos nerfs dans ceux d’un autre que nous appelons la pitié.

C’est un fait psychologique, me semble-t-il, que les femmes sont plus facilement sensibles à la pitié que les hommes ; et si, comme le suggèrent les traditions tribales et le supposent les antiques légendes galloises, la plupart des peuples sont d’abord passés par un système matriarcal, il semble assez logique qu’en Russie, où se croisent l’âge sombre et le Moyen Âge en coïncidant avec des expériences ultra-scientifiques, la conception de l'actualité diffère totalement de la nôtre. Et l’on ne doit oublier que l’extravagance érotique du christianisme jamais été réglée par la loi romaine. Ainsi tout se passe comme s’il convenait à la nature des femmes russes comme à l’âme russe avec son christianisme byzantin à la poésie généreuse, au mysticisme désespéré, saturé de sexualité, que la qualité de pitié, si vite mêlée à un vice délicieux et sensuel, et celle d’humilité, si vite dissipée dans un goût extatique pour certains abaissements morbides, deviennent les aspects principaux de l’amour sexuel qui remplace en Russie la chevalerie romantique de la tradition celte.
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Vidéo de John Cowper Powys
« C'est afin de savoir si je pouvais exprimer avec suffisamment de clarté des sentiments ressentis très tôt et les justifier avec assez de force que j'en suis venu à écrire ce livre ; comme pour faire de ces sentiments une sorte d'incantation, à même de chasser chez ceux dont la nature s'apparente à la mienne les démons particuliers qui m'ont assailli […]. Comme j'ai été suffisamment chanceux pour échapper à une telle existence et revenir à une vie plus naturelle, je me vois confier, tel un cadeau reconnaissant au destin, la tâche de fournir à ceux se trouvant encore dans la situation que j'ai connue un certain nombre de formules magiques, grâce auxquelles, peut-être, ils pourront exorciser leurs pires démons. J'écris ainsi en connaissance de cause, à partir d'expériences accumulées de résistance à la vie moderne, consolidées en habitude mentale […]. […] nous en venons tellement, dans la grande cité moderne, à nous cogner la tête contre les murs, nous sommes si assourdis par le tumulte, si saoulés de sa sexualité éhontée et de son alcool meurtrier, la confusion grégaire empêtre tellement nos nerfs dans ses scories, que la seule chose qui puisse vraiment nous aider serait une philosophie bien plus précise et radicale […] ; une philosophie réelle, forte, redoutable, sans rhétorique, une philosophie de l'introspection, de l'introspection métaphysique, qui se confronte au socle de granite de la situation ultime, dans sa réalité brute et nue. […] Les choses vont si mal que ce qu'il nous faut, ce sont des attitudes mentales claires, définies, qui sortent de la mêlée et nous fournissent, tels les vieux drapeaux en lambeaux, lacérés par la guerre, des symboles combatifs plutôt que des systèmes rationnels. […] le lecteur doit garder en mémoire que cet ouvrage se veut un moderne “Enchiridion” ou un “Manuel de contemplation dans la difficulté”. […] Plongeons donc […] dans nos âmes et soyons seuls, dans cette Solitude qui peut créer et détruire sans recourir à la violence. […] » (John Cowper Powys [1872-1963])
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Référence bibliographique : John Cowper Powys, Une philosophie de la solitude, traduit par Michel Waldberg, Éditions Allia, 2020
Image d'illustration : https://www.abebooks.com/first-edition/John-Cowper-Powys-Selection-Poems-Published/30698385168/bd
Bande sonore originale : So I'm An Islander - The White Troll And The Dead Tree The White Troll And The Dead Tree by So I'm An Islander is licensed under a CC BY-SA 3.0 Attribution-ShareAlike 3.0 license.
Site : https://www.free-stock-music.com/soimanislander-the-white-troll-and-the-dead-tree.html
#JohnCowperPowys #UnePhilosophieDeLaSolitude #PhilosophieAméricaine
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