Je l’ai réalisé plusieurs mois après ma première rencontre avec Douglas Harding. C’était au Taillé en juillet 1993, dans ce centre en Ardèche où Douglas animait un stage d’une semaine chaque été. Je me trouvais un après midi assis dans le jardin, quand j’entendis soudain le bruit d’un tracteur, non pas hors de moi-même et loin, mais en moi-même et tout proche. En fait, j’avais le tracteur quelque part « dans mon cou ». Ce fus un moment de stupéfaction et à la fois de délice. Le son avait une qualité tout à fait nouvelle ; il émanait de moi-même et me révélait un espace de silence vaste et sans forme. Ce son si banal du tracteur me remplissait d’une béatitude infinie comme si j’entendais la musique des anges.
Seule l'illusion nous conduit à projeter les bruits, loin de nous, là-bas dans la rue, ou le jardin.
Cette voiture est entendue en moi, pile au centre de la vacuité-silencieuse; cet oiseau qui chante chante dans la vacuité-que-je-suis ; cet enfant qui joue rit dans le coeur de la conscience sans forme.
« Aussi longtemps que l’homme désire être quelque chose de particulier, Dieu ne vient pas à lui. Mais dès qu’il s’anéantit entièrement et jusqu’à la racine, Dieu seul reste, Dieu reste tout en tout. L’homme ne peut pas se créer un Dieu, mais il peut lui-même, en tant que pure négation, s’anéantir, et alors il se plonge en Dieu. »Fichte Méthode pour arriver à une vie bienheureuse.