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EAN : 9782715262126
168 pages
Le Mercure de France (17/08/2023)
3.35/5   31 notes
Résumé :
"Je crois qu’il faut écrire avec la verve de l’adolescence, seulement nous raconter nous, Sven et moi, le tragique de cette histoire, mon désir sale, ambigu, mauvais. Il faut enfin écrire la grâce de cet amour dont il ne veut pas et qui l’encombre."

Le narrateur, trente ans, travaille dans une bibliothèque. Lorsqu’il aperçoit Sven, il est subjugué. Ce jeune homme qui fait la manche assis par terre, le visage livide et émacié, lui fait penser à un jeun... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Aujourd'hui je vais évoquer Prélude à son absence premier roman de Robin Josserand. le genre s'apparente à de l'autofiction ; à l'instar de l'auteur, le narrateur est bibliothécaire à Lyon. le livre est parsemé de référence musicales et littéraires, notamment Jean Genet.
Robin, le narrateur a dirigé une équipe mais cela ne lui convenait pas alors il a choisi de régresser et de devenir un simple agent en charge des archives. Son métier lui permet d'être proche de la littérature et de l'écriture à laquelle il aspire. Il précise : « si je devais réfléchir à ce pour quoi j'ai commencé à écrire, je dirais que la littérature, pour moi, consiste à décrire de beaux jeunes hommes. Des garçons partout, des garçons tout le temps : le projet vain d'un voyeur innocent. » Cet incipit pose d'emblée l'orientation sexuelle et les goûts du trentenaire. Prélude à son absence est la narration tragique d'une relation impossible et d'un amour à sens unique et inabouti. Un jour, dans la rue le narrateur croise un jeune homme errant, mendiant assis par terre ; un SDF sans le sou qui aussitôt le trouble. Sur un regard il est persuadé d'être tombé amoureux, le coup de foudre absolu. Alors qu'il ne connait rien de ce garçon paumé, sale et sans doute drogué il s'en éprend et décide de le recroiser. Il force le destin pour le revoir, il s'adresse à lui, l'invite à boire un café puis propose de l'héberger. Sven est indépendant, caractériel, irascible et viscéralement rebelle. Il comprend que son aîné est homosexuel mais il ne promet rien et ne consent à rien. Il accepte l'argent qui lui est donné, il est une sorte de clochard céleste qui a tapé dans l'oeil du bibliothécaire. Il déteste être regardé alors que la pulsion scopique de son hôte est évidente (la nuit il l'admire à demi nu sur le canapé où il est allongé). Entre ces deux hommes se noue un lien étrange, difficile à qualifier. Ni amitié, ni amour, fût-il platonique, c'est une relation néanmoins assez intime. Robin invente des mensonges pour ne pas aller travailler, il est inféodé à Sven dont il devient outrancièrement dépendant. La domination s'inverse, Sven a le pouvoir de partir et de mettre fin aux espoirs de l'autre. Aucun échange charnel ne se produit, Robin se soulage en se branlant beaucoup, souvent, seul. Dans le roman plusieurs passages crus sont presque indécents, sans grand apport à cette histoire sans sexe. le narrateur est obnubilé par le garçon secret, il écrit : « je pense à son corps, à Sven, à l'odeur désagréable que j'associe à une odeur de sexe sale, à son corps inerte, drogué, sur le canapé, libérant un jet massif, m'en barbouillant le ventre, le cou et le visage. Je me nettoie et me dirige vers le salon où il dort encore. (...). Avec lui, je ne supporterai pas l'échec. Si ce garçon se refuse, cela pourrait mal finir. (...). Allongé, c'est le plus désirable des corps, un corps qui m'est pourtant refusé – c'est, du moins, ce qu'il faut qu'il croie. » Ils partent tous les deux sur l'île de Groix, Robin ne sait pas ce que Sven fuit mais il l'emmène et tel un souffre-douleur acceptant tout il se contente de l'observer et de fantasmer son désir. Par inadvertance Sven laisse entendre qu'il aurait pu accepter de coucher avec son protecteur, il pourrait être son prostitué personnel. Mais il n'en sera rien, et dans le brouillard breton un drame se met en place. L'écrivain constate : « je sais que ce ne fut pas de l'amour, mais ce fut approchant, pas loin, à côté, quelque chose que nous avons inventé ensemble. Je m'interdis la mélancolie, il ne l'aurait pas supportée. »
Prélude à son absence est un roman assez sombre et tragique. La chair y est triste, le plaisir est furtif, l'homosexualité est vécue douloureusement, dans une sorte de fantasme permanent et inaccessible. Ce qui trouble c'est la relative jeunesse de Robin qui ne semble pouvoir qu'acheter quelques bribes de relations, une solitude pathétique car subie.
Voilà, je vous ai donc parlé de Prélude à son absence de Robin Josserand paru aux éditions Mercure de France.

Lien : http://culture-tout-azimut.o..
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Le narrateur trouve son désir "sale" et "mauvais". C'est de la délectation morose. Je ne comprends pas pourquoi il cultive ce désir vain voué à l'insatisfaction, pourquoi il n'a pas d'amants, pourquoi il fantasme le sexe ou l'amour au lieu de les vivre : aider le sdf et l'aimer platoniquement et baiser avec des mecs. C'est une espèce de masochisme, il choisit de désirer un hétéro qui ne veut même pas vendre ses charmes, et il souffre de son insatisfaction. Je sais pas, ça me paraît un peu outré. Genre, quand t'es dans une impasse pourquoi pas revenir sur tes pas et essayer un des autres chemins qui s'offre à toi? il s'obstine alors que ce mec et lui sont incompatibles. C'est pas impossible mais j'aurais préféré un commencement d'explication ou de justification, qu'il nous dise un peu pourquoi ce désir absurde et mortifère. Est-ce que par exemple il déteste son homosexualité au point de vouloir se soumettre à un hétéro qui lui refuse sexe et amour? au point d'en arriver à désirer mourir? la psychologie du héros narrateur n'est pas assez fouillée. Pourtant il se connaît, il a trente ans, il réfléchit. le livre m'aurait convaincu si c'était approfondi, si on nous en disait plus. Sur la fin aussi qui est trop elliptique. Pourquoi masquer la scène finale? J'aime pas trop les livres qui ne vont pas au fond des choses, qui nous dissimulent une partie de la vérité. Et le dénouement manque trop de vraisemblance. On ne nous dit pas ce qui s'est passé exactement. On a l'impression que l'auteur lui-même est resté dans le flou, qu'il n'a pas voulu choisir entre deux hypothèses narratives. Enfin le personnage du sdf lui non plus n'est pas assez précisé, il manque d'intériorité et de passé. On en sait trop peu sur lui pour qu'il nous touche vraiment.
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« le souvenir d'un garçon qui s'efface. »

Dans les rues de Lyon, un bibliothécaire de trente ans, tombe sous le charme d'un jeune homme, Sven, SDF. En un simple regard, le narrateur tombe amoureux.

Ce coup de foudre se transforme en un jeu de séduction. Quand l'un s'accroche, l'autre fuit. Une relation déséquilibrée s'installe. Tandis que le petit-bourgeois étale sa culture, Sven accepte les cadeaux, dont une édition originale du "Journal du voleur" de Jean Genet. Il accepte de s'installer chez lui et même de partir en voyage en Bretagne.

Sven se moque de lui. Il sait l'attrait provoqué sur l'autre. La curiosité, puis, la fascination du narrateur s'accroissent tout comme ses désirs et ses fantasmes obscurs…

Robin Josserand avec Prélude à son absence aux éditions Mercure de France, livre un premier roman cru, où la passion malheureuse d'une relation impossible dépeint la violence du désir jusqu'au bruit de l'amour.

Tout au long de ma lecture, j'ai pensé au livre d'Hervé Guibert #Fou de Vincent. C'est un coup de coeur !
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« Prélude à son absence » de Robin Josserand est une belle découverte. le narrateur, un bibliothécaire homosexuel, de trente ans tombe sous le charme instantanément de Sven, un jeune homme qui fait la manche, assis par terre.
C'est un beau roman sur deux hommes qui ne peuvent pas s'aimer et qui s'ennuient. Mais ce sont des marginaux un peu pathétiques. Cette histoire est touchante, troublante, car il s'agit d'un amour à sens unique. le narrateur est obligé de taire son désir pour ne pas que Sven s'éloigne complétement de lui. Et cela Sven l'a bien compris et il en joue. le narrateur quant à lui, est toujours dans l'attente. Ce désir non assouvi se fait de plus en plus violent, au fil des pages. le narrateur finit par transmettre sa douleur au lecteur. Douleur qui entre parenthèse occasionne une très belle fin.
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Un texte fort et une progression dramatique oppressante. Cette histoire d'amour à sens unique révolte, intrigue mais jamais ne nous lâche.
Le narrateur ne se protège pas. Il s'expose sans complaisance, ne cache rien. C'est cru, et cependant écrit dans une langue tenue, tendue, avec cette curiosité du vouvoiement entre les deux protagonistes.
L'influence revendiquée de Jean Genet et le métier du narrateur - bibliothécaire - irriguent le livre et lui donnent une tonalité iconique, comme si une parabole mythique nous était contée.
L'ouvrage plonge parfois le lecteur dans un malaise, une gêne qui provient sans doute des considérables détails donnés par l'auteur sur ce qui semble être sa vie personnelle. Pourtant tout tient et nous tient en haleine, en alerte.

On est surpris qu'un tel premier roman paraisse au prestigieux Mercure de France. Qui dit oui ? Qui décide ? Tant mieux, c'est une bonne nouvelle ! Tout semble encore possible au pays de la littérature.

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critiques presse (1)
Culturebox
02 octobre 2023
Le jeune auteur décrit dans son premier livre "Prélude à son absence" une descente aux enfers vertigineuse, nourrie par les fêlures narcissiques d’un homme blessé. Prometteur.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
📚 Début de l'histoire : Le narrateur, bibliothécaire à Lyon, apprenti écrivain, vit difficilement son nouveau statut de trentenaire. Il croise un SDF dans la rue : "Cette nouvelle obsession est indécente. Cela ferait un beau roman - ou un roman abject." Il ne pense qu'à cet homme, au désir fulgurant qu'il lui inspire. Il en néglige son travail de bibliothécaire.

🖊️ Alors... cela fait-il "un beau roman - ou un roman abject", pour reprendre les mots du narrateur ?

😏 Je vais avouer que la première partie de ce court roman - les intentions de l'un et de l'autre, leurs interactions, la présence de très nombreuses références littéraires, culturelles - m'a laissé stoïque.

☺️ Je vais retenir de ce premier roman certains beaux paragraphes, et une deuxième partie vraiment réussie. Bilan ? Un auteur que je crois capable de réserver de belles surprises à l'avenir.
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Le désir se transforme en obsession pernicieuse. Besoin impérieux de le voir. Entendre mon téléphone sonner, le sentir vibrer quand il ne vibre pas. Vouloir le bazarder à la première occasion parce qu'il n'appelle pas - concernant l'obsession amoureuse, le téléphone est un objet cruel, un instrument de torture, pourvoyeur de mirages, témoin de l'attente, silencieux et coupable. Garder ses mégots. Lire Genet avec l'espoir stupide de lire, au même moment, la même phrase. Ne pas quitter le canapé où il a dormi. Attendre c'est moisir, se faire avoir. Que fait-il ? Pourquoi n'appelle-t-il pas ?
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Je suis un cadavre au soleil sur lequel s'acharnent les vautours.
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Si l'écriture est une réaction à l'intolérable de l'absence, alors je vais beaucoup écrire.
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Video de Robin Josserand (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Robin Josserand
Interview de Robin Josserand par Patsy Monsoon pour parler de son premier roman Prélude à son absence paru chez Mercure de France.
D'autres interviews d'auteurs par Patsy sur la page youtube officielle : https://www.youtube.com/channel/UCN97lQDaGGU-2b7Wc8k6oFg
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