Je ne suis pas particulièrement fan des nouvelles. Quand elles sont vraiment courtes, je ne parviens pas à m'en imprégner ni à m'en souvenir, et elles me laissent peu d'impression. J'apprécie qu'elles soient un minimum développées, comme chez
Maupassant (
Le Horla,
La parure...),
Sartre (
Le mur,
L'enfance d'un chef...), ou
Jean-Philippe Jaworski dans son
Janua Vera. Ici, elles sont vraiment très courtes, puisqu'il y en a onze étalées sur à peine soixante-dix pages. On n'a pas vraiment le temps de s'ennuyer, on saute de l'une à l'autre, et les sujets abordés sont très différents, il y a une vraie diversité : la musique, l'amour, la guerre, la religion, la politique... Beaucoup de jeux de mots, comme dans le titre du recueil, mais je ne les trouve pas forcément justifiés, parfois même ils sont un peu forcés. Rock, Inch, Hair. Rock, pouce, cheveux. Rocking chair, chaise à bascule. Je ne comprends pas. La chaise à bascule autour de laquelle on se réunit pour écouter des histoires le soir, des histoires sur le rock, en jouant aux chaises musicales, chaque musique apportant une histoire différente...? Ce serait justifié si toutes les histoires étaient du même genre que Dernier Moto-Raid pour Lemmy et As et décès, mais je ne pense. Enfin bon, je fais ma difficile, et il faut bien un titre allez-vous me dire, et dans le cas d'un recueil de nouvelles, il est difficile d'en trouver un qui couvre toutes les histoires.
J'ai beaucoup aimé certaines histoires : Une photo, deux familles, Tête en l'air, Ad Vietnam Aeternam et Arno et Florence. Dans Une photo, deux familles, je suis allée voir les photos mentionnées avec plaisir. Pour chaque morceau, j'ai écouté le titre correspondant de la "bande-son" donnée en fin d'ouvrage. On associe peu la musique et la lecture ou l'écriture dans la littérature, et pourtant combien sommes-nous à lire ou à écrire avec un fond musical ? Comme bien d'autres, je ne passe pas une journée sans musique, il y a en quasiment toujours un fond chez moi (comme maintenant). On parle souvent de la petite madeleine de
Proust, mais ce genre de mémoire remonte aussi avec de la musique ou des chansons. Plus ou moins consciemment, on les associe à un évènement, ou à une personne, ou à un état d'esprit... J'ai un peu retrouvé de ça dans certaines nouvelles, et c'était plaisant. Dans Ad Vietnam Aeternam, c'était particulièrement réussi : lire la nouvelle avec le fond musical conseillé par l'auteur est une expérience extraordinaire. Au contraire, il y a des fois où cela pouvait paraître un peu forcé, comme si l'auteur cherchait absolument à joindre une chanson à une histoire, même quand cela ne coulait pas de source. Néanmoins, j'ai apprécié aller chercher à chaque fois la musique correspondant à la nouvelle que j'allais entamer, pour me mettre dans l'ambiance. Les nouvelles les plus réussies à mon sens sont celles où il y a une réflexion derrière, une idée passée au lecteur. Je regrette là encore que les histoires soient si courtes, n'allant pas au bout de l'idée justement. L'écriture peut manquer aussi de ce point de vue là, à mon sens, sauf dans la nouvelle Esther à taire, qui m'a vraiment prise aux tripes (par contre, le jeu de mot du titre sonne forcé à mes oreilles). La dernière nouvelle, tout de slam faite, ne m'a pas plu du tout, bien qu'il était intéressant de voir un peu ce que l'auteur pense du fait d'être auteur. Enfin, certaines idées lancées dans Les Aventures inachevées m'ont déjà conquises, j'aimerais les lire devenues histoires ! La pelle de la forêt, Un cygne d'étang, Pression pour une mise en bière, La diable Henri en corps, Label au sein nu, Casse-croûte au musée me parlent.
En résumé, j'ai trouvé ce recueil assez inégal. Certaines nouvelles m'ont vraiment retenue, alors que d'autres furent oubliées aussitôt lues. L'alliance de l'écriture et de la musique est une bonne idée, mais à manier avec précaution je dirais, et à ne pas utiliser systématiquement, au risque de lasser. J'ai donc bien aimé, mais je suis moins emballée que d'autres.
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