C'est déçue que je ressors de cette lecture. Entre
Ordalie et
La Chapelle Ajax,
Cécile Ladjali a changé de style mais s'est aussi assagie. Les thèmes abordés sont similaires, mais la façon diffère. Une surprise qui aurait pu ravir : l'auteur est capable de travailler sur des sujets différents tout en évoluant. Pourtant, ressortir d'une lecture sans avoir compris un soupçon de son interprétation du mythe d'Ajax, c'est un problème. du moins, on sent où elle veut en venir, mais l'écran est tellement opaque entre son interprétation -très personnelle- et notre compréhension qu'on se sent vite mis sur le bas-côté.
La Chapelle Ajax est difficilement résumable sans passer par une interprétation des faits. L'écriture y est plus châtiée, mais on y retrouve la lame très aiguisée d'un oeil noir sur l'humanité. Cette explosion de couleurs en plein milieu du roman doit nous amener à nous poser des questions sur la place de l'art et de l'artiste dans la société. le parallèle avec Ajax nous présente cette profession comme un combat de tous les instants.
Là où j'ai décroché, c'est quand elle assimile tout ça à la religion, avec la construction et la décoration de la chapelle. Certes, Ajax est quelque sorte puni par les dieux, mais au-delà de la simple expiation de ses péchés, je n'ai pas compris ce que
Cécile Ladjali voulait nous transmettre. Un texte qui paraît très ouvert au premier abord mais qui est en fait très clos sur lui-même. En tout cas, la compréhension totale de l'interprétation du mythe d'Ajax n'est pas accessible à tous. Je trouve cela dommage. Lire plus de 300 pages et finir par se dire : « elle voulait dire quoi en fait ? », c'est très problématique.
Pas de surprise sur la fin de l'histoire, elle est donnée d'entrée de jeu.
Cécile Ladjali écrit une réinterprétation du mythe d'Ajax sous le joug de la tragédie, en faisant confluer toutes les légendes autour de lui pour les actualiser. Autant j'ai bien aimé les premier et le dernier quarts et demi du roman, autant le milieu m'a laissée de glace alors que c'est pourtant la partie la plus lumineuse du roman. Il y a vraiment eu un décrochage et je suis incapable de dire pourquoi. Peut-être n'y avait-il rien de plus à dire ? Mais j'ai eu l'impression de passer à côté de beaucoup de choses parce que
Cécile Ladjali a voulu entrer dans un projet colossal, fleuretant avec la religion, le surréalisme, la peinture et l'inconscient. D'ailleurs, la postface ne s'appelle pas L'évangile selon Ajax pour rien.
Pour conclure, je dirai que ce roman s'adresse pleinement à votre sensibilité mais qu'il n'est pas facile d'accès si vous n'avez pas les clés d'interprétation, autres que celles du simple mythe d'Ajax. Je suis ressortie de ce livre déçue, je n'ai pas réussi à décoller. Peut-être que l'évocation des panneaux, tels ceux du Christ dans les églises, ne m'a pas transportée.
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