AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782207149843
192 pages
Denoël (14/03/2019)
3.54/5   28 notes
Résumé :
Il est SDF, clodo, sans abri. Un échec sentimental, un désastre professionnel, et le voilà dans la rue. Il y vit depuis dix ans. Et touchera bientôt le fond de sa descente aux enfers. Vagabond solitaire, il gère son quotidien en évitant les pièges que lui tend la jungle urbaine. C?est tout du moins ce qu?il croit. Une nuit, pour une banale histoire de planches volées, il égorge un vigile et son chien. Il le fait machinalement, sans la moindre émotion. Ce sera le pre... >Voir plus
Que lire après J'ai d'abord tué le chienVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
3,54

sur 28 notes
5
2 avis
4
7 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
Pour survivre dans la rue, tuer semble inévitable : tuer pour se défendre, tuer pour garder son territoire, tuer pour obtenir ce dont on a besoin. Il a commencé par tuer un chien, juste pour s'en tirer, juste pour pas se faire attraper. Il finira par tuer le propriétaire, Charles de Montesquiou, un homme solitaire au physique étrangement proche du sien. En endossant cette nouvelle identité, il découvre des choses étranges, des objets déroutants cachés dans la belle maison du 16ème arrondissement. Charles de Montesquiou est-il vraiment celui qu'il prétend être ? Bourgeois ou tueur ? Qui est je ?

C'est d'abord une histoire banale, un homme à la rue à cause d'un concours de circonstances malheureux, à cause d'un femme – sa femme – sujette à la tromperie et la manipulation. Dès le début, le ton est rude, les mots sont francs, Philippe Laidebeur ne fait pas dans la dentelle, mais dans la lucidité – et son personnage aussi. On s'attache tout de suite à ce petit monsieur et ses magouilles pour survivre, à ses goûts de luxe et sa rage de vivre. Et puis, c'est le retournement romanesque par excellence – tout se passe très vite, le clodo devient bourgeois, il prend l'identité de Charles de Montesquiou.

A partir de là, on plonge dans un suspense tendu. On s'amuse des réflexions de ce narrateur subitement réintégré dans la société, tout en sachant pertinemment bien que quelque chose va lui arriver à tout moment. Quand ça arrive, on admire l'imagination débordante de l'auteur, qui se révèle petit à petit en même temps de que le passé de ce propriétaire richissime du 16ème arrondissement parisien. On s'en doutait – mais tous ces détails, tous ces épisodes et anecdotes, ça nous dépasse. Notre narrateur aussi est dépassé par les événements, et son identité se brouille, il est Charles mais il ne l'est pas, il sait des choses et en ignore beaucoup d'autres, il regrette et revendique sa nouvelle identité. Se pose alors la question de la responsabilité, de la schizophrénie et du je – peut-on devenir un autre sans sombrer complètement dans la folie ?
Lien : https://theunamedbookshelf.c..
Commenter  J’apprécie          120
Passer d'informaticien respecté et aisé à SDF maltraité par la vie, il n'y a qu'un pas. Un pas franchi par notre protagoniste qui a perdu femme, enfants, travail, statut social et argent. Dans la rue où il vit depuis maintenant dix ans, il a appris à se faire petit, à ne pas se mêler aux autres ni à leurs querelles, à se méfier de l'alcool, à trouver les bons lieux pour faire la manche, à grappiller de la nourriture au gré des opportunités… En d'autres termes, il a appris à survivre dans cette jungle urbaine et à affronter avec un minimum de dignité la faim, le froid, la misère, la violence…

Mais difficile d'échapper à la violence quand on la porte en soi ! Notre homme, d'apparence courtoise, est en effet loin d'être un enfant de coeur. Dénué de sentiments et ne berçant pas dans le sentimentalisme, il n'hésite pas à sortir la lame et à faire couleur le sang pour se protéger. Tuer ou être tué ? Une question qu'il ne se pose jamais très longtemps ! de meurtre en meurtre, ne prend-il d'ailleurs pas un peu trop goût au sang ?

Sa vie dans la rue, qu'il affronte sans jamais s'apitoyer sur son sort, va prendre une tournure inattendue quand il décidera de s'approprier la somptueuse villa et la vie de l'une de ses victimes, un homme richissime qui lui ressemble étrangement, Charles de Montesquieu. Notre SDF aux tendances meurtrières a-t-il bénéficié d'une chance insolente en croisant la route de cet homme ou a-t-il, sans le savoir, mis le pied dans quelque chose qui va complètement le dépasser ?

L'auteur nous propose ici une plongée fascinante dans le présent d'un homme qui tue avec un naturel déconcertant et sans une once de remord, et le passé d'un homme aussi riche que secret qui ne sortait presque pas de chez lui, n'avait pas de famille, pas d'ami et ne recevait qu'une seule visite, celle d'une femme de ménage particulière… Devant l'aura de mystère qui entoure le bourgeois, notre SDF n'a pas d'autre choix que d'enquêter afin de mieux s'approprier le personnage et faire de sa vie la sienne : inspection de la maison, études des documents et photos retrouvés, piratage de l'ordinateur…

Se dégage, au fil des pages, une tension et un suspense de plus en plus intenses jusqu'à ce que le portrait de Charles de Montesquieu qui se forme se révèle des plus inquiétants et des plus glaçants ! C'est que le personnage pousserait presque le lecteur à relativiser les crimes de notre SDF sociopathe sur les bords. Je n'en dirai pas plus si ce n'est que l'auteur, à travers son récit, a su habilement aborder des périodes peu glorieuses de notre histoire…

La violence, celle de la société, celle de la rue, celle de l'hérédité, celle qui pousse un homme à perpétrer des atrocités, trouve son écho dans la plume de l'auteur à la fois brute et brutale. Philippe Laidebeur décrit ainsi, sans fioritures ni effets de manche, mais avec beaucoup de réalisme, la descente aux enfers d'un homme qui se savait meurtrier sans émotions et finit par se croire bourreau sanguinaire. La frontière entre réalité et folie est parfois mince a fortiori quand on a déjà perdu tous ces repères et toutes ces petites choses qui nous rattachent à la vie…

En conclusion, nous découvrons dans ce roman deux hommes très différents, mais dont les vies vont, petit à petit, se mêler et s'entremêler. Les pistes se brouillent, le passé et le présent se mélangent, la vérité devient fantasme et le fantasme prend des allures de vérité. Peut-on vraiment s'approprier la vie d'un autre et occulter la sienne sans sombrer dans la folie ? Une question qui devrait vous tenir en haleine et vous pousser à lire d'une traite ce roman court, mais intense.
Lien : https://lightandsmell.wordpr..
Commenter  J’apprécie          60
Philippe Laidebeur signe un premier roman détonnant, en moins de deux cents pages il va faire vivre à son personnage SDF, une aventure sans précédent. J'ai adoré le récit épique qui nous est proposé. J'ai su faire abstraction des petites invraisemblances pour me laisser porter par l'étonnante destinée de ce sexagénaire plein de ressources. Pour moi c'est un coup de coeur et je ne doit pas être la seule à avoir apprécié ce livre puisqu'il a reçu le prix Matmut 2019. Clochard, depuis dix ans il survie dans la rue après que sa femme l'ai quitté, après avoir perdu son travail et tout ce qui faisait sa vie, on se demande ce qu'il pourrait encore perdre. Une nuit tout bascule, il devient meurtrier et tue pour la première fois un vigile et son chien qui lui cherchait des noises. Ce geste est fait naturellement sans émotion particulière, il s'agissait juste de sauver sa peau. Une réponse certes inadaptée mais si facile que cela pourrait bien devenir sa façon de régler ses problèmes avec autrui et notamment avec son plus proche voisin qui lui ressemble étonnamment. Usurper l'identité d'une personne que l'on ne connaît pas, est le challenge auquel il devra répondre. Il ne sait pas à quel point cet acte va avoir un impact désastreux sur sa vie. Tout le roman est écrit à la première personne ce qui nous donne un côté intimiste intense, un peu comme une confession. le style de l'auteur fait tout la différence, c'est une écriture ultra réaliste avec de nombreux traits d'humour noir, on se retrouve comme dans le tambour d'une machine à laver sans savoir dans quel état nous serons à la fin du cycle. Un récit sans concession, impitoyable, corrosif et pourtant j'ai souvent eu le sourire et je suis restée impressionnée par le côté jusqu'au boutisme du personnage qui retombe sur ses pattes malgré la houle. Un coup de coeur pour ce roman noir qui nous mène là où je n'aurai jamais imaginé pourvoir aller, une très belle découverte et un nouvel auteur à suivre. Bonne lecture.
Lien : http://latelierdelitote.cana..
Commenter  J’apprécie          70
D'emblée, ce livre ne m'a pas attirée dans les sorties Denoël de ce mois-ci et c'est parce que je n'ai pas pu recevoir le dernier Sandrine Collette que je me suis rabattue sur celui-ci. Je vous l'accorde, la quatrième de couverture est tout de même accrocheuse et une fois reçu, je me suis empressée de le lire.

Le roman commence de manière assez classique : nous sommes dans la tête d'un clodo dont on ne connaît pas le nom et qui tente de survivre dans la jungle de la rue. Pour cela, entre deux petites combines, il va être amené à tuer… D'un ton enlevé et drôle, l'auteur parvient à nous rendre ce personnage sympathique malgré les meurtres qui s'enchaînent. L'écriture est assez simple et on sent que l'auteur tâtonne un peu par moments mais je me suis laissé embarquer aux côtés de ce lunatique SDF.

Le roman bascule lorsqu'un énième meurtre pousse le personnage à prendre l'identité de sa victime, Charles de Montesqieu, un énigmatique et riche homme vivant seul dans une grande maison du 16e arrondissement de Paris. En voulant faire place nette de son passé et retrouver une identité vierge de tout crime, le narrateur plonge en fait dans une spirale infernale car le bourgeois apparemment sans histoires n'était pas ce qu'on croyait ! le changement de rythme est assez brutal, on change complètement d'environnement mais le ton si réussi subsiste. Je me suis sentie un peu déstabilisée par ce retournement de situation et j'ai trouvé que ça manquait un peu de rythme à ce moment-là, comme un ventre mou au milieu du roman. Heureusement, j'ai vite été happée par les nombreux rebondissements. Plus on avance, plus le cauchemar s'amplifie et on a l'impression que même le personnage ne sait plus qui il est. le tout paraît très invraisemblable, très gros mais cela ne m'a pas gênée car j'ai trouvé cela en accord avec le style du roman, très grinçant.

Bref, un bon petit premier roman à déguster sans modération même si je ne pense pas qu'il me marquera durablement. Il est tout de même surprenant et assez plaisant à lire avec un ton particulier et affirmé jusqu'au bout. Mis en lumière grâce à ce premier roman, l'auteur est à suivre pour son deuxième…
Lien : https://thetwinbooks.wordpre..
Commenter  J’apprécie          30
Premier roman pour Philippe Laidebeur et c'est un coup de maitre. Je me suis amusé à suivre les aventures de ce personnage banal qui parce que sa femme n'en veut plus se retrouve à la rue. Il y fait son trou et malheur à qui se met sur son chemin. Chemin qui n'est pas un long fleuve tranquille et qui va le voir y perdre son identité C'est court, rythmé, légèrement déjanté et on ne s'ennuie pas une seconde à la lecture de ce petit roman qui va à l'essentiel. Une excellente surprise donc et un réel coup de coeur pour ce petit bouquin bien sympathique
Commenter  J’apprécie          40

Citations et extraits (2) Ajouter une citation
"SDF" sonne à l'oreille comme une erreur administrative. Comme une chose contre laquelle personne ne peut rien, contre laquelle personne, au fond, vraiment personne, ne veut rien. Une chose que l'on peut faire semblant d'avoir vaguement l'intention de réparer, un jour... lorsqu'il n'y aura plus rien de plus important à faire ! Une générosité que l'on peut mettre sans risque dans un programme électoral : on sait qu'il est trop tard, que personne n'y croira. Cela ne coûte donc rien. "SDF" : le mot ne dit bien entendu rien de l'injustice, de la blessure intime, de la détresse, rien de ce qui est l'aboutissement d'une galère implacable, rien de l'alcool qui abrutit lentement, de la faim qui déchire le ventre, du froid qui engourdit le corps, rien de la mort qui rôde, du harcèlement des flics, de l'indifférence des passants, des dangers de la rue. Un coup de lame pour un fond de rouge, pour un coin à l'abri du vent, pour un vieux duvet puant la merde. Un coup de tatane pour une boîte de sardines.
Commenter  J’apprécie          50
Moi, c’est le sentimental qui m’a cassé. Je n’ai pas commencé par perdre la raison, ni mon boulot, ni la santé. J’ai d’abord perdu ma femme.
Commenter  J’apprécie          40

Videos de Philippe Laidebeur (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Philippe Laidebeur
A l'occasion de Livre Paris 2019, rencontre avec Philippe Laidebeur autour de son ouvrage "J'ai d'abord tué le chien" aux éditions Denoël.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2313966/philippe-laidebeur-j-ai-d-abord-tue-le-chien
Notes de Musique : Free Musique Archive
Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Dailymotion : http://www.dailymotion.com/user/Librairie_Mollat/1 Vimeo : https://vimeo.com/mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Tumblr : http://mollat-bordeaux.tumblr.com/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Blogs : http://blogs.mollat.com/
+ Lire la suite
autres livres classés : usurpation d'identitéVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus

Lecteurs (54) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2864 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..