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EAN : 9782363082855
175 pages
Arléa (06/01/2022)
3.75/5   20 notes
Résumé :
Ici l'apocalypse avait déjà eu lieu. La dévastation avait engendré la beauté avant qu'à son tour la beauté ne sème la dévastation. Dans ce décor propice à l'invention des dieux, nous nous baignons tranquillement aux portes de la mort, savourant la proximité du ciel et de l'abîme.

Dans ce livre majeur, Stéphane Lambert dit le chaos d'une enfance abusée. Au hasard des jours, en se rendant chez un thérapeute, il se retrouve à son insu, trente ans plus ta... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Peut on parler d'équité entre le lecteur et l'écrivain. Pourquoi le lecteur lit, pourquoi l'auteur écrit. A t on des réponses à ces questions, même si nous ne sommes que nous mêmes lorsque nous nous posons la question.

Pour Stéphane Lambert, écrire semble avoir été salutaire ainsi qu'il l'écrit et cela le prit assez tôt. Ayant vécu péniblement enfance et adolescence il espéra diluer ses souffrances en écrivant. Accessoirement via le partage et les résonances de ces écrits en chacun d'entre nous, apporta t il sa contribution au mieux être de l'humanité.
Quoique.

Stéphane Lambert s'en retourne donc sur les traces de son passé et évidemment de son enfance, non pas à la recherche du temps perdu mais de ce temps toujours présent qui a amputé son avenir de ce qu'il aurait pu être. S'il avait su ne pas fuir, mieux regarder et tenté de résoudre les problèmes une fois ceux ci posés. Ecrire pour décrire, ne suffit pas.

Un père manquant de consistance, maladif et probablement ne s'aimant pas. Une mère ayant cru en un avenir radieux avec cet homme puis se rendant compte de ses insuffisances. Elle l'abandonne pour à peine mieux que lui.
Ce couple parental défaillant est incapable de protéger le petit Stéphane d'un ami pédophile. Pire, ils ne reconnaissent aucune responsabilité dans ce manque de protection. Et alors !, discours du père. Il fallait en parler discours de la mère qui savait.
Manque d'amour faisant le lit de la dépression, manque de protection faisant celui de l'angoisse, l'écriture a t elle suffi, suffira t elle.

Non, d'autant que de son récit autobiographique, Stéphane Lambert zappe des pans entiers de son histoire. Qu'en est il des lignées familiales à peine évoquées d'où les parents ont eux mêmes tiré leur insuffisance. Qu'en est il de son homosexualité et de son acceptation ou non par lui même, la famille et son environnement. Nous ne le saurons pas. Sur les agressions pédophiles, presque rien. Et autres éléments de vie occultés par un auteur se focalisant sur des scènes de vie certes marquantes mais n'expliquant pas tout.

Je reviens sur le quoique.

En fin de livre l'auteur résume le cheminement humain du début jusqu'à sa fin supposée, émergence de la lignée humaine, dispersion sur l'ensemble du globe terrestre et apparition d'une multitude d'ethnies puis mondialisation médias communications etc., jusqu'à la fonte de cette diversité en une masse indifférenciée. L'ogre que nous étions devenus était en train de se dévorer. Nous étions arrivés au bout de notre cycle, nous ne produisions plus que notre anéantissement.

On peut voir les choses autrement. Avec la multiplicité des échanges, les progrès s'accélérèrent et permirent à l'homme d'accéder à d'autres horizons de plus en plus lointains, au delà des étoiles. D'autant que cela était nécessaire.

Moins déprimant, une phrase de la fin, bien qu'on ne sache par quel tour de passe passe l'auteur en est arrivé là : face au passage du temps, j'avais retrouvé le goût d'être là.

En somme, un auteur courant après un passé qu'il n'a pas su dépasser.

Nul n'est prisonnier de son histoire. L'écriture est une porte en effet mais il faut savoir l'affranchir.
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L'apocalypse, c'est le résultat d'une enfance traumatisante qui a construit un adulte miné par une peur envahissante. La peur de devenir aussi insignifiant que ses parents, la peur de ne jamais guérir de ses déchirures et avec elles, la peur de mourir tourmenté.
Il porte en lui des reproches envers son père et sa mère, qui le minent depuis des années. C'est d'abord leur silence face aux abus sexuels qu'il a subit à l'âge de 10 ans, puis c'est leur séparation qui finit de briser son enfance.
Et pour survivre à ce sentiment d'abandon, décidant qu' « écrire c'est agir », il devient écrivain.
Mais avec la mort proche de son père, il comprend qu'on ne guérit pas de ses traumatismes en se construisant sur des reproches. Car « le passé n'est pas un temps fini mais une racine où continue de germer d'autres histoires ».
Alors il pardonne et il retrouve le goût de vivre.
Ce récit très personnel et presque philosophique, n'est pas si heureux que le titre l'annonce. Si j'ai trouvé que l'idée que « nous nous formons de ce qui nous malmène » est une façon positive de dépasser nos blessures, penser que le but d'une vie soit de « regarder la mort en souriant » est, par contre, une vision assez déprimante.
Avec ce questionnement existentiel et au sortir de ce livre, l'auteur semble avoir pansé ses plaies et trouvé l'apaisement dans sa vie. Mais je n'en ressors que perturbée par cette voie qu'il emprunte et qui ne sera pas la mienne. Être en paix avec sa propre mort ne me semble pas une fin en soi.
Contrairement à l'auteur, je crois encore en l'avenir de l'Humanité et je ne peux pas adhérer à cette pensée : « nous étions arrivés au bout de notre cycle : nous ne produisions plus que notre anéantissement ». Cette analyse de notre société me semble très pessimiste et, au final, j'ai trouvé ce roman bien sombre.
A lire pour l'intérêt de la réflexion mais en gardant une indispensable distance.
Merci à Babelio et aux éditions Arléa pour ce livre reçu dans le cadre d'une opération Masse Critique.
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La désolation et la dévastation peuvent elles générer et créer de la beauté ?
Telle est l'ambiguïté de ce roman et l'originalité de son titre.
Devenir adulte, c'est parfois faire la paix et régler ses comptes avec l'enfant que nous étions. Mais c'est également accepter de vivre avec ses blessures et surtout commencer à s'aimer.
Le narrateur entreprend au fil des pages une introspection et une psychothérapie afin d'exorciser ses démons et les fantômes de son passé . L'écriture devient un exutoire et un chemin spirituel pour le narrateur qui tend à s'élever vers la lumière et le plus beau.
Stéphane LAMBERT s'engage dans un périple douloureux mais nécessaire afin de pouvoir avancer.
Tous les traumatismes de son enfance sont abordés : l'abus dont il a été victime, la séparation de ses parents, ses relations avec ces derniers, la rupture et la réconciliation avec son père, ses amours...
Roman assez court mais avec des phrases très longues qui s'apparente plus à une réflexion sur la vie et la manière de vivre de manière apaisée avec ses fêlures qu'à un roman.
C'est un livre qui fait réfléchir mais qui ne sera pas un grand coup de coeur pour moi.
Merci à Babelio et aux éditions Arléa de m'avoir permis de découvrir ce roman et son auteur.
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Livre bouleversant d'une rare délicatesse et justesse où l'auteur est parvenu à évoquer sans tomber dans le pathos les enjeux de sa vie, arrivé à l'âge médian de la vie, ses rapports difficiles avec sa famille, son partenaire, son père, son passé d'enfant abusé sexuellement. le livre est très émouvant et jamais ennuyeux. Il évoque évoque ce à quoi tout un chacun est confronté et conte un récit universel, comment aller vers la lumière même si la route est sinueuse et dure. Les évocations de la Grèce ainsi que les retrouvailles avec le père que l'auteur n'avait plus vu pendant 20 ans sont particulièrement émouvantes et fortes. Aussi, contrairement à ce que laisse entendre la quatrième de couverture, le livre est bien plus qu'un récit d'une victime d'actes pédophiliques. Il s'agit d'un livre fort qui laisse une trace indélébile au lecteur. Je recommande aussi les ouvrages de l'auteur sur les artistes qui sont dans la même veine, toujours sur le fil de l'émotion. Je m'étonne donc un peu des commentaires précédents qui semblent considérer le livre sans grands égards alors qu'il s'agit d'un livre de premier plan à mon sens.
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Très beau livre, très émouvant et très maîtrisé. L'auteur, en proie aux affres de la crise du milieu de vie ainsi qu'il la nomme, explore son enfance et les séismes vécus durant cette enfance, qui l'ont marqué définitivement au plus profond de son être.
Courage et authenticité pour revivre, à la lumière de qui il est aujourd'hui, les blessures originelles. Il partage avec nous sa riche vie intérieure et intime sans jamais aller trop loin.
Beaucoup de scènes fortes, très visuelles, qui nous entraînent d'emblée dans son histoire. Grâce à son style tout à fait particulier fait à la fois de descriptions détaillées, très précises, patiemment déroulées et d'une immense poésie délicate et en lien avec la Transcendance.
Vivement un prochain rendez-vous avec lui dans quelques années pour la suite ... si l'envie lui en prend évidemment.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
J’avais alors repensé au bruit de mon cœur, au son liquide du sang à chacune de ses contractions, que j’avais entendu en passant récemment une échographie chez un cardiologue. Un son ordinairement inaudible à l’oreille nue alors qu’il était présent en nous, à chaque seconde, à chaque battement du cœur, ce son nous constituait sans qu’on le sache, sans qu’on l’entende, et ainsi vivions-nous, me disais-je, dans l’ignorance de la machinerie de notre corps, de ce qui nous tenait en vie, et sans doute aussi dans l’ignorance de tous les mystères qui rendaient notre présence possible. Alors, me disais-je encore, peut-être était-ce cela l’écriture, une échographie du vivant, qui rendait perceptibles les bruits sourds à l’intérieur du silence.
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Parmi les œuvres les plus connues de l’artiste américain James Turrell, il y a ces salles obscures dans lesquelles on pénètre à tâtons avant de s’installer sur un banc contre le mur du fond et regarder droit devant soi l’obscurité. Progressivement, là où ne régnait que la cécité, se dégageait un rectangle flou, puis de plus en plus lumineux. On se demandait alors par quel subtil effet technologique ce miracle avait été rendu possible. En réalité, il n’y avait aucun truc. C’étaient simplement nos yeux, nos propres yeux, qui s’adaptaient à la nuit et devenaient capables de voir à travers ses ténèbres. Je commençais seulement à comprendre que j’avais écrit des livres pour me préserver. Là où je pensais avoir été incapable de me sauver, je n’avais fait que cela avec les moyens que j’avais eus à ma disposition.
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J'avais alors repensé au bruit de mon coeur, au son liquide du sang à chacune de ses contractions, que j'avais entendu en passant récemment une échographie chez un cardiologue. Un son ordinairement audible à l'oreille nue alors qu'il était présent en nous, à chaque seconde, à chaque battement du coeur, ce son nous constituait sans qu'on le sache, sans qu'on l'entende, et ainsi vivions-nous me disais-je, dans l'ignorance de la machinerie de notre corps, de ce qui nous tenait en vie, et sans doute dans l'ignorance de tous les mystères qui rendaient notre présence possible. Alors, me disais-je encore, peut-être était-ce cela l'écriture, une échographie du vivant, qui rendait perceptibles les bruits sourds à l'intérieur du silence.
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La dynamique qui avait gouverné l'expansion planétaire s'était renversée contre nous. L'ogre que nous étions devenus était en train de se dévorer. Nous étions arrivés au bout de notre cycle : nous ne produisions plus que notre anéantissement.
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Puis, en quelques siècles, par les progrès de la science, l'homme avait jeté des ponts entre ces cultures plurimillénaires et cette nouvelle circulation mondialisée avait transformé la diversité des peuples en une masse indifférenciée.
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