AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782363080578
111 pages
Arléa (05/06/2014)
3.68/5   11 notes
Résumé :
Mark Rothko est né en 1903 à Dvinsk dans l’Empire Russe - aujourd’hui Daugavpils dans le sud-est de la Lettonie - sous le nom de Marcus Rothkowitz. À la fin des années 30, il abandonne le suffixe de son patronyme et adopte la nationalité américaine. C’est après la Seconde Guerre mondiale que va s’affirmer ce qui fera la notoriété internationale de sa peinture : ses célèbres écrans de couleur. Dans le courant des années 60, il réalise son oeuvre maîtresse : un ensemb... >Voir plus
Que lire après Mark Rothko, rêver de ne pas êtreVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Un titre qui est déjà un condensé du propos de l'auteur. N'y ajoutons aucune autre connotation shakespearienne ou freudienne...
Envie et curiosité pour ce livre, venues de la lecture d'un autre, et du même auteur : "Nicolas de Staël, le vertige et la foi". C'est par cette autre porte, l'oeuvre de Mark Rothko, qu'on peut se frayer un passage dans l'univers de Stéphane Lambert, dont la maison écriture aime accueillir les artistes. Dans les deux cas les textes sont courts et denses. Dans les deux cas, l'auteur se met dans les pas de celui dont l'oeuvre l'intéresse, pour se trouver face à lui-même - du moins c'est mon interprétation ; c'est donc un voyage, doublé d'une quête plus personnelle, qui est proposé au lecteur et, pour y parvenir, Stéphane Lambert ne lésine pas sur les moyens, ou ne craint pas les déplacements, si vous préférez. Saut de l'Atlantique, de Daugavpils en Lettonie (ex Dvinsk dans l'empire russe, ville natale de Mark Rothko) à Houston, retour à Londres, va et vient entre l'Europe et l'Amérique : il est de ceux qui vous enlève, Stéphane Lambert, et vous dépose là où bon lui semble, mais avec lui, point d'ennui, je vous le garantis.

De par la forme et la manière, ni totalement biographique, ni vraiment documentaire - pas non plus d'histoire de l'art en vue -, s'impose plutôt l'idée d'un cheminement auprès de l'oeuvre, résolument pensé, édifié des propres émotions de son auteur, compressant la vie de l'artiste, autour de l'essentiel : la dissolution de l'image dans l'oeuvre de Rothko métaphore de son propre effacement (il s'est suicidé en 1970). De cette forme littéraire inclassable surgit la figure et l'art de Mark Rothko. Une exploration intime et presque méditative de Stéphane Lambert dans un style - parfois direct quand il s'adresse au peintre, ou plus introspectif -, avec des mots qui s'entrechoquent jusqu'à ce que le point de contact recherché avec l'oeuvre, et avec lui-même, ait trouvé son territoire. C'est à la chapelle oecuménique de Houston, construite pour recevoir quatorze panneaux monochromes d' "humeurs sombres" peints entre 1964 et 1967, que ce rendez-vous de très haute intensité a lieu. Il ne peut laisser indifférent.
Commenter  J’apprécie          220
Cet opuscule permet de mieux accéder à la peinture de Mark Rothko. On apprend les principaux lieux de sa vie (Dvinsk devenu Dougavpils en Lettonie, Portland, Houston aux USA), ses lieux d'expositions permanentes, ses différentes « périodes ».
S. Lambert veut surtout nous familiariser avec les tableaux, essentiellement des rectangles colorés qui se superposent, rectangles horizontaux mais aussi verticaux parfois, qui dialoguent entre eux, se répondent, et se complètent. Voilà pour la vison de l'espace, elle s'incarne dans une Chapelle devenue célèbre à Houston.
« Rothko a imaginé un pays imaginaire, loge de la ligne de failles. le défilement des images fondues en une seule. La résurgence d'un fond avant qu'il ne se fragmente. Origine et destination brouillées sous la solution finale de la couleur ».
Il nous entraîne dans « l'éblouissement de la sensation ». Voilà pour le temps.
Pourquoi ces rectangles de couleurs  plutôt que des formes humaines ou des paysages? Souvenirs des jolies maisons colorées de la Lettonie quittée à 7 ans, refus religieux de la forme dessinée, ou élan mystique, visant à l'essentiel ?
Les sources d'inspiration revendiquées seraient « l'  Atelier rouge » de Matisse, ou les fresques de Fra Angelico du musée San Marco de Florence.
Lambert veut décrire les émotions d'un regardeur qui, selon les souhaits de Rothko, se situe à 18 pouces ( environ 1 mètre) du tableau, au point de faire partie de l'oeuvre et d' en ressentir la tension , le dialogue d'une couleur avec l'une de ses composantes, le contraste ou la complémentarité. Dans une atmosphère d'intériorité irréelle et intense.
« De quoi est fait le bonheur ? de jaune, d'orange, de rouge, de bleu et de rose. Parfois d'un peu de grisaille »
« on verra une évolution vers le rouge et le marron noir,  un chant qui sera l 'appel de l'inconnu, mais ce n'est pas la terreur ». D'ailleurs ce noir est plutôt un violet foncé, lumineux.
Libre au lecteur de suivre les impressions de Lambert, ce ne sont pas des formules définitives, mais des indications, et des interrogations, à poursuivre.
Commenter  J’apprécie          10
J'ai A-DO-RE ce livre car l'écriture poétique, que dis-je, l'écriture artistique, m'a fait toucher encore plus près, avec des mots (!), l'oeuvre de ce peintre inclassable qu'est Rothko. Moi qui n'y connaît rien en art moderne, j'ai vibré en découvrant les toiles de ce maître à la Tate Modern Gallery de Londres... Et encore plus à la lecture de ce petit essai, prêté par mon amie Christine.
Commenter  J’apprécie          80

Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
p 69 Les noirs de Rothko sont le contraire de la mort épouvantable. Les noirs de Rothko sont un chant qui berce l'appel de l'inconnu. Mais ce n'est pas la terreur. Le cœur est scindé en deux. Vivre ou mourir. L'art est-il autre chose qu'un pont jeté entre ces deux rives ? Vous étiez parvenu à ce point de liaison où la vie passe le relais à la mort. Ceux qui ne verraient que du noir n'auraient-ils jamais compris que votre œuvre était devenue votre vie ?
"L'œuvre une fois accomplie, retire-toi" telle est la loi du ciel. Précepte duTao.
Commenter  J’apprécie          200
Ceux qui n'ont pas vu vos panneaux - qui n'ont pas fait l'expérience d'être dans la chapelle - ne savent pas que le noir est un abîme contrasté. Le violet très sombre y culmine paisiblement au bord de la noirceur, et la noirceur y est dépourvue de morbidité. La réalité est aveuglante, et vous offrez à vos visiteurs un nouveau champ de vue. Sans encombrement. Comme vous, l'excès de lumière m'affole, et sous la violence des néons je perds pied - je ne reconnais plus rien, ni de moi-même, ni de ce qui m'environne. [•••] Votre Chapelle m'entrouvre la porte de la chambre nocturne, et j'y trouve un calme refuge. Le trop-plein de lumière voit à notre place, nous dicte où, quoi regarder, là où la pénombre nous invite à occuper l'espace à notre manière (manière noire si l'on veut se référer à la technique du mezzotinto), décadenasse le réel et dévoile l'horizon d'autres mondes. (p. 62-63)
Commenter  J’apprécie          70
N'est-ce pas justement ce que vise l'art de Rothko : rendre toute pensée inefficace et la raison inopérationnelle ? Déverrouiller les résistances, convoquer une autre attention que celle que l'on porte ordinairement sur ce que l'on vit, nous détourner brutalement de notre manière de voir. (p. 83)
Commenter  J’apprécie          150
Très souvent (toujours) l'écriture repose présomptueusement sur un détail qui aurait échappé à l'entendement général, qui serait à la source d'un malentendu - et qui justifierait que l'écrivain s'y noie. Écrire ce serait l'utopie de parvenir à la fin des choses par le truchement des mots. Tout est dit dans la peinture de Rothko. La fin a été atteinte. Il n'y a rien à ajouter. Mais que faire alors, pour celui qui écrit, de cela qu'il a ressenti devant les oeuvres de Rothko. Ce ne sont pas ses peintures que je veux reproduire en mots, ce sont mes propres émotions devant elles. (p. 75)
Commenter  J’apprécie          60
Sans doute, sur le bateau, les premiers jours de croisière, on se serait surpris crânant à l'idée de rejoindre un pays si lointain, dont le nom était encore porteur de rêve, et qui allait devenir une nouvelle patrie. Mais savait-on alors que contrairement à la marée, il n'y avait pas, dans la navigation d'une vie, de marche arrière possible ? (p. 23)
Commenter  J’apprécie          40

Videos de Stéphane Lambert (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Stéphane Lambert
"Osons comprendre. L'avenir de l'énergie" de Stéphane Lambert et Ludovic Torbey
autres livres classés : houstonVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (33) Voir plus



Quiz Voir plus

Arts et littérature ...

Quelle romancière publie "Les Hauts de Hurle-vent" en 1847 ?

Charlotte Brontë
Anne Brontë
Emily Brontë

16 questions
1084 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture générale , littérature , art , musique , peinture , cinemaCréer un quiz sur ce livre

{* *}