Une suite plus sombre que le premier, mais toute en lyrisme poétique et empreinte de mysticisme. Encore une fois, ce n'est pas un livre pour s'endormir le soir. Les phrases sont longues, parfois exigeantes, et c'est un livre lent pour les personnes aimant se plonger dans un univers, doté d'un style qui a des accélérations et des fulgurances. Nous suivons l'initiation de la fille de Clément dans l'acquisition de "ses dons telluriques" entre le Limousin et la Bretagne. C'est une revisite de l'aristocratie et de ses pouvoirs régaliens (l'exercice du pouvoir, le devoir de rendre la justice, et le don de soigner). J'ai encore beaucoup aimé. Des descriptions comme des tableaux. Des scènes d'action. de belles phrases. de la violence également. On va plus loin dans le fantastique.
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L'auteur nous plonge plus profondément dans cette ode à la terre à travers cette saga désormais familiale. le mythe, la religion oubliée renait. L'appropriation du don, la responsabilité, l'amour sont toujours présents, désormais à travers des yeux féminin dans ce second opus beaucoup plus sombre que le premier.
A découvrir très vite.
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L’aube ne va plus tarder. Il n’y a rien que le bruit de la pluie fine, comme une douceur froide venue nous sauver d’un été trop lourd. Cette onde est une bénédiction et se fait discrète. Le soleil apparaît voilé par les nuages gris de pluie, par cette dépouille de dragon céleste. Par cette carcasse morte de nuages qui filtre la chaleur de l’été et qui vide tout son sang d’eau dans le pays. Le jour filtre à travers l’averse et un rayon trouve un passage pour se poser sur le front de papa, je le savais, j’aurais pu le prévoir. C’est encore un signe des correspondances qui se jouent entre le ciel et la terre. Je vois bien les matins quand je l’épie, que papa danse en attirant le soleil dans sa main à l’aurore, et qu’il cherche à capter la lune dans l’autre. Que tout est lié. Papa est couronné de lumière quelques secondes, entouré des bêtes qui sont autour de lui comme une garde. C’est le seigneur du pays, le loup des pierres. Puis le rayon s’élargit pour éclairer toute la colline, et j’aime sa chaleur douce sur mon front dans ce jour de pluie fine. Je lève les yeux et j’ai l’impression que le ciel s’est éventré pour mettre au monde des cascades délicates. Des filaments de pluie tombent finement et comme suspendus au corps des nuages, à cette forme colossale qui est descendue mourir sur le château. L’eau de pluie, si bonne sur mes lèvres est le sang de ce dragon si terrifiant hier soir. Sous ces chutes vaporeuses, j’ouvre la bouche et cherche à boire à ces fines cascades de gouttelettes. Je les sens se déposer sur mon front et je pense à Sylvain en ce moment, j’aimerais tant t’avoir à mes côtés pour tu sentes avec moi le toucher de cristal de cette pluie, que tu goûtes à ces perles d’humidité et de lumière. Ces instants d’éternité c’est avec toi que je veux les partager, car sans toi je suis incomplète. Je remplis mon cœur de ces moments de grâce pour toi, pour t’offrir une âme riche et belle.
Sylvain je t’aime tellement, je prends source dans tes yeux et regarde ce que j’ai été obligée de faire, me le pardonneras tu ? Rester debout dans une rivière en crue, c’est ça qui m’attend. Est-ce que c’est ça devenir adulte ? Garder l’équilibre sur des rochers glissants, se tourner vers le monde en gardant les pieds stables dans le déversement des eaux ? Là je devrai m’essayer à être libre. Exister sans se renier, imprimer sa personne dans le flot des évènements. On ne choisit pas ses combats, ils nous sont imposés.