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EAN : 9782379330148
220 pages
Passes Composes (10/04/2019)
3.89/5   9 notes
Résumé :
La place des femmes dans l’écriture de l’histoire, un sujet d’actualité. Il est courant d’affirmer qu’au XVIIIe siècle, les femmes étaient libres, pour ne pas dire libérées. Puis d’ajouter dans la foulée que la Révolution française les a privées de leurs droits. Pour illustrer ce propos, les protagonistes de cette représentation utilisent à l’envi l’argument des femmes tenant Salon. Toutefois, il ne suffit pas de se cantonner dans l’impressionnisme d’une telle... >Voir plus
Que lire après Les Femmes et la Révolution : 1770-1830Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Extraits du Compte-rendu de Martine Lapied dans les Annales Historiques de la Révolution Française N° 399-janvier-mars 2020

Il s'agit d'un livre général et accessible à un public non-spécialiste.
Clair et bien construit, l'ouvrage est synthétique tout en s'appuyant sur de nombreux exemples à partir de mémoires de témoins des années 1770-1830 et d'une bibliographie reflétant essentiellement des travaux français.

La problématique présentée par Christine le Bozec est une remise en cause de la théorie exposée dans de nombreux écrits qui voudraient montrer que la Révolution a été une répression pour le statut des femmes qui auraient été plus libres au XVIIIe siècle. Elle analyse les différentes phases de la Révolution en fonction de la question des femmes montrant comment à une période dynamique succèdent reculs et exclusions.

Au delà des quatre figures auxquelles on se réfère habituellement (Manon Roland, Charlotte Corday, Olympe de Gouges et Théroigne de Méricourt), l'auteur donne toute leur place, comme l'a fait Dominique Godineau, à la masse des femmes qui se sont engagées dans la crise révolutionnaire.

La première partie porte sur "Les Femmes à la veille de la Révolution française" : l'auteur s'y attaque au cliché de la liberté féminine au siècle des Lumières. Cette vision optimiste repose en grande partie sur les vitrines exceptionnelles que sont les salons où les conversations sont organisées au sein de sociétés majoritairement présidées par les femmes. A leur apogée, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, les salons permettent la formation d'une opinion, les salonnières y jouant le rôle de passeuses, d'intermédiaires. Néanmoins, il s'agit d'une action dans un espace clos, privé, et non d'un accès des femmes à l'espace public ; de plus de nombreux textes écrits sur les femmes par ceux qui fréquentent les salons mettent l'accent sur l'infériorité naturelle des femmes et la médiocrité de leur éducation.
Face à cette possibilité des femmes de l'élite de jouer le rôle d'hôtesse mettant leur invité en valeur, il convient de montrer la soumission des femmes et leur manque de droits au XVIIIe siècle. Les femmes du peuple manquent d'instruction, néanmoins, elles participent à la société par leur travail et à la politique par leur rôle dans les émeutes.

La partie sur 'Les femmes en révolution" met en valeur l'implication de militantes dans des luttes ; des femmes participent aux révoltes qui précèdent la Révolution puis aux journées de mobilisation populaires mais elles n'y revendiquent pas l'égalité, elles sont aux côtés des hommes dans une dynamique de contestation politique et sociale, se montrant particulièrement sensibles aux problèmes de subsistances. Les femmes qui combattent la Révolution sont aussi étudiées sur l'aspect de leur attachement à la religion traditionnelle.
Après la période de 1789-1792, le désir d'émancipation des militantes est davantage mis en évidence. Les femmes bénéficient des évolutions sociétales liées aux transformations politiques ; la Révolution leur reconnaissant des droits civils mais non politiques. Elles profitent également de la nécessité de former les mères de futurs citoyens mais avec une instruction des filles très contrôlée.
Le printemps et l'été 1793 connaissent un pic de radicalité, avec une place spécifique des femmes qui s'engagent pour la taxation, contre la "Gironde" et qui demandent à porter les armes. Ces militantes radicales inquiètent : un coup d'arrêt est porté à la dynamique de ce mouvement à l'automne 1793 : ces mesures divisent les historiens entre ceux qui voient un antiféminisme et ceux qui estiment que ces mesures ont été contingentes aux évènements. Les femmes, proches des "Enragés" sont le puissant moteur d'un mouvement révolutionnaire dans les émeutes d'avril-mai 1795, suite la suppression du maximum en décembre 1794, et la famine de l'hiver 1795.

Dans la troisième partie de l'ouvrage intitulé "L'exclusion des femmes de la vie publique" : après les émeutes de Prairial, le reflux des droits des femmes se manifeste dans tous les domaines : chassées des tribunes de la Convention, puis de la rue. La plupart des mesures favorables aux femmes sont abolies par le Directoire puis par le Code Civil. Les femmes se replient sur le domaine privé. Ce brusque arrêt de l'engagement des femmes est marqué par une exclusion brutale de l'espace public en juin 1795 laissant la place à une phase de régression et d'étouffement jusqu'en 1830.

Livre très bien construit qui mérite une suite car après 1830 il y a eu encore des révolutions.





Lien : https://www.revues.armand-co..
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Les Femmes et la Révolution : 1770-1830 est, comme son titre l'indique si bien, un documentaire sur la place des femmes avant, pendant et après la Révolution Française. Véritable période de chamboulement, Christine le Bozec, nous offre avec cet ouvrage une vision beaucoup plus éclaircie sur cette période. L'autrice nous dément des visions erronées que l'on a pu apprendre sur la place des femmes pendant cette période et nous fait découvrir des portraits de femmes passionnantes, des femmes combatives et inspirantes totalement méconnues jusqu'alors pour moi. La titre est parfaitement documenté et passionnant tout en restant totalement accessible.

Un très bon documentaire qui saura ravir les lecteurs curieux mais également les historiens plus aguerris.
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Les femmes et la Révolution, 1770-1830 est un essai historique de Christine le Bozec sur la participation des femmes à la vie publique pendant la Révolution française, ainsi que pendant les années immédiatement antérieures et postérieures à cet évènement. Docteure en histoire et ancienne professeure d'université, Le Bozec offre ici un ouvrage de vulgarisation concis et accessible, y compris pour les lecteurs peu familiers de la période. Ceux-ci y trouveront une bonne introduction au sujet, avec des références bibliographiques utiles en fin d'ouvrage pour aller plus loin.

Les lecteurs ayant déjà lu ou effectué des recherches sur le rôle des femmes dans les révolutions des XVIIIe et XIXe siècles risquent toutefois d'être déçus. Les sources citées dans le texte sont intéressantes mais ne contiennent aucune « pépite ». On aurait aimé par exemple l'insertion de quelques visuels pour illustrer le propos, tels que des représentations de femmes dans les caricatures et les tracts révolutionnaires (le choix ne manque pas) ou dans les oeuvres d'artistes de la période.

Sur le fond, l'ouvrage n'apporte pas grand-chose de nouveau. le choix d'accorder une place importante aux salonnières est certes intéressant, mais cela créé un certain déséquilibre car les passages consacrés aux femmes du peuple (ouvrières, commerçantes, paysannes) sont assez peu développés, bien que celles-ci aient également joué un rôle important (et parfois plus important que celui des femmes de la noblesse et de la bourgeoisie) dans les mouvements insurrectionnels. le travail exceptionnel de Dominique Godineau sur la contribution des femmes du peuple à la révolution est certes mentionné, mais trop peu exploité.

Les principales thèses développées par Les femmes et la Révolution, quoique bien étayées, ne sont pas toujours formulées de manière convaincante. Ainsi, l'autrice s'attèle avant tout à démonter ce qu'elle décrit comme « le mythe de la salonnière d'Ancien Régime, femme libre et libérée » (p. 199). Un « mythe » franchement contestable car, si les salonnières bénéficient en effet d'une réputation de femmes lettrées et influentes, à la fois auprès de leurs contemporains, et auprès des historiens d'aujourd'hui, peu d'ouvrages les présentent comme des femmes libres et beaucoup d'auteurs insistent au contraire sur l'importance des conventions sociales et sur la façon dont la liberté de ton dans les salons contraste avec la nature codifiée des relations sociales hors de ces lieux de rencontres et de débats.

De même, l'affirmation selon laquelle les femmes auraient perdu leurs droits « culturels » mais conservé leurs droits « civils » après 1799 est en partie contestable. Si le Bozec a raison de souligner l'exclusion des femmes des institutions culturelles officielles, le nombre de femmes artistes au début du XIXe siècle est loin d'être inférieur à celui de la période précédente. En matière de droits civils, le retour en arrière sur le droit au divorce illustre par ailleurs une forte régression des droits des femmes suite à l'adoption du Code civil par Napoléon.

C'est finalement la partie centrale de l'ouvrage qui offre l'analyse la plus intéressante, en décrivant les différentes modalités d'action des femmes pendant les différentes phases de la Révolution française. La dernière partie sur les années 1799-1830, très rapide, n'offre que très peu d'éléments sur l'impact pour les femmes de la période de transition entre la chute de l'Empire napoléonien et la Restauration.

Les femmes et la Révolution est donc une lecture principalement destinée aux curieux qui s'interrogent sur le rôle des femmes de 1789 à 1799. Pour ceux qui voudraient en savoir plus sur les conditions de vie des femmes du peuple et sur les représentations de la femme en lien avec l'iconographie révolutionnaire, on recommandera plutôt les excellents ouvrages et articles de Dominique Godineau (Citoyennes tricoteuses) et Michelle Perrot (Les femmes ou les silences de l'histoire).

* * * Article original écrit pour le Suricate Magazine : lesuricate.org * * *
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HISTOIRE - Aristocrates, bourgeoises ou femmes du peuple, ce sont les figures des Femmes et la Révolution, récemment édité par la nouvelle maison Passés Composés, que convoque Christine le Bozec. Grâce, ou à cause, de certaines femmes remarquables et remarquées, Mesdames de Staël, Campan ou encore Olympe de Gouges, pour ne citer qu'elles, il est souvent admis que le XVIIIe siècle fut un siècle de quasi liberté féminine.

Il ne faudrait pourtant pas se tromper, et ne pas arborer quelques dames pour cacher la forêt – où se camoufle quantité de femmes opprimées, souvent privées d'éducation et contrainte au mariage et, de suite, à une vie non choisie faite de gestion du foyer et de travaux en tous genres pour subsister.

Les problématiques d'une Germaine de Staël, prônant, au début de la Révolution française, l'établissement d'une monarchie constitutionnelle, ne peuvent coïncider avec celles de la femme du peuple qui ne sait si elle trouvera assez de pain pour le prochain repas. Tâche autrement plus ardue que de refaire le monde dans un salon entourée de quelques bons amis.

C'est toute cette diversité que l'on rencontre dans le livre, Les femmes et la Révolution – 1770-1830, de la docteure en histoire et spécialiste de la Révolution française, Christine le Bozec.

La suite sur : www.actualitte.com
Lien : https://www.actualitte.com/a..
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critiques presse (1)
Actualitte
03 juillet 2019
Ce livre, fort instructif, laisse un petit goût amer, il me semble que trop souvent j’ai noté en marge « n’a pas tellement changé aujourd’hui ».
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Coincés entre antiféminisme traditionnel et craintes politiques et sociales, les Montagnards, issus de la bourgeoisie, étaient également fortement influencés par la morale puritaine.
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Mettre en avant la liberté dont jouissaient quelques femmes des Lumières, vanter leur indépendance et monter en épingle leur pouvoir et leur ascendant intellectuel, participe, entre autres moyens, à discréditer les années révolutionnaires.
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Si la plupart des droits civils conquis par les femmes au cours des premières années révolutionnaires (1789-1792) furent sauvegardés, en revanche leurs droits concernant le domaine culturel, hérités de l'Ancien Régime, préservés souvent de justesse par la Révolution, disparurent dès le début du Directoire.
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