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Notre 'mobilité' a besoin d'être réactivée. On peut se remettre en marche, voyager, non pour aller ci ou là, mais voyager pour marcher, pour arpenter le monde avec nos pas, dans la lenteur et la diversité de nos chemins. La terre nous est donnée par la plante des pieds, disait Nicolas Bouvier. Et dans son livre 'Marcher, éloge des chemins et de la lenteur', David le Breton ne cesse de nous inviter à faire ce pas... et tous ceux qui suivront.

David le Breton est professeur de sociologie à l'Université de Strasbourg. Il réinterroge ici l'appel à la marche, à la mise en mouvement de l'homme qui, de tout temps, a jusqu'ici appréhendé le monde et le plus profond de lui-même au moyen de ses pieds et de sa disponibilité d'esprit à la découverte, l'émerveillement, le dépassement de lui-même et les richesses des compagnonnages forgés au gré des chemins parcourus. A l'heure où l'homme quitte son lit pour s'asseoir dans sa voiture, puis au bureau avant de reprendre la même position pour une soirée de télévision avant que de se recoucher, le danger est grand de figer ses pieds, ses jambes dans une immobilité appauvrissante pour le corps et tout autant l'esprit.

En citant de nombreux auteurs (trop peut-être?) de tous les temps, de tous les lieux, David le Breton souligne combien tout paysage peut être source de surgissement de sérénité chez qui accepte de s'ouvrir à la beauté des lieux, à l'intensité du paysage qui donne à l'homme de pauser un regard sur le monde donnant à ce dernier la possibilité de l'impressionner à vie! Quand l'homme s'ouvre aux chemins qu'il parcourt, il expérimente la subtilité de la lumière, l'épaisseur du silence qu'il écoute et la 'tactilité' de son corps qui peut vibrer de tous ses sens en harmonie avec le plus profond de lui-même et la splendeur de la Terre.

Sans oublier que la marche, lorsqu'elle n'est qu'errance, soif seulement d'un lendemain un tant soit peu plus digne, espoir d'un avenir préservé de toutes les atrocités que provoquent les calamités naturelles ou politiques... sans oublier donc cette marche funeste qui doit mériter notre respect, notre compassion et notre attention, l'auteur nous interpelle à propos de la marche qui nous permet de redécouvrir ce patrimoine terrestre que nous devons léguer dans le meilleur état possible aux générations futures. Il nous dit sa profonde croyance que la marche est, fondamentalement, un moyen pour l'homme de se retrouver, de se réapproprier le temps qui n'est plus, dans l'urgence, 'celui scandé par les tâches du jour et des habitudes, mais un temps qui s'étire, flâne, se détache de l'horloge' ... et de la course après le Temps pour s'immerger dans la lenteur et la richesse des découvertes à cueillir au long des sentiers parcourus.

J'ai aimé ce livre, m'y suis revu du temps où j'étais, moi aussi, un bon marcheur, randonneur dans la montagne, en forêts ou le long des côtes accablées de soleil ou soufflées par les vents de tempête. Jeunes, mes chiens m'ont souvent emmené en courses naturelles, vieux, c'est moi qui les ai entraînés sur ces chemins. Jusqu'au bout pour eux. Ils sont morts, depuis. Et moi? Suis-je encore capable de rêver de marches, de longues promenades, de randonnées ou sorties en montagne? Cette question, citant Pierre Sansot, David le Breton n'oublie pas de se la poser: "Avec les ans, je me ménagerai des pauses. Je réapprendrai à mettre un pied devant l'autre. J'endosserai ou non une écharpe selon l'humeur du ciel. Je reprendrai souffle d'un banc à l'autre. Plus tard, j'atteindrai un premier banc et je ne poursuivrai pas l'aventure. Plus tard encore je demeurerai dans mon appartement. J'accompagnerai du regard des gamins en état d'arpenter la chaussée." ...

Lire 'Marcher, éloge des chemins et de la lenteur, c'est avec David le Breton choisir de privilégier la qualité de l'instant randonné plutôt que la quantité de courses folles après tout et souvent n'importe quoi. Même en ne marchant plus autant, on peut, l'auteur le souligne dans son chapitre 'marcher en ville', diminuer l'intérêt du trajet pour amplifier celui de la déambulation, observant les passants comme les détails des façades à la recherche de tout signe de vie heureuse dans le seul but d'éblouir l'instant. le flâneur est l'artiste de la ville qui décline sous ses yeux les différentes strates de son histoire et la rend présente au Temps. Merci à l'amie qui m'a offert le titre de ce livre à lire!
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Déambulation au gré de mots glanés ici et là, tous en rapport avec cette simplissime mais ô combien réjouissante activité physique qu'est la marche. Désert, promenade, chemin, paysage, magnétisme, … autant d'étapes dans un parcours discursif, véritable rayon de soleil dans un été de lectures moroses. le tout se fait en excellente compagnie, car bon nombre de grands auteurs, poètes ou penseurs sont eux aussi de grands marcheurs. Je pense à Basho, Segalen, Thoreau, Rousseau, Bouvier, Muir, bien sûr, mais aussi à Victor Hugo, à Nietzsche, à Montaigne. Et au détour d'un extrait, je retrouve avec joie l'écriture de Virginia Woolf dont je n'avais pas apprécié toute la beauté lors de notre premier rendez-vous.

Marcher, c'est presqu'un acte révolutionnaire, dans ce monde où tout va vite (j'allais écrire vide !), où tout est bruit, où le temps est précisément compté et rentabilisé, où chacun doit remplir la place et le rôle inscrits sur l'étiquette sociale qui lui a été collée au front.

Au fil de cette pérégrination, je n'ai pu m'empêcher de faire le parallèle entre la marche et la lecture et de leur trouver de nombreux points communs. D'abord, évidemment, ces deux activités, aussi inutiles qu'essentielles, aussi dévoreuses de temps l'une que l'autre, sont des façons d'échapper aux contingences du jour. La marche et la lecture sont une expérience intime, souvent silencieuse, une plongée au fond de soi, à la recherche de quelque chose qu'on serait bien en peine de nommer. le lecteur, comme le marcheur, est avide de rencontres, curieux, en attente, dans une position d'ouverture aussi au monde extérieur ou au monde intérieur de l'auteur.

S'arrêter au bord de route, pour contempler un ilot de coquelicots dans la mer des blés mûrs, ou relire une phrase plusieurs fois pour en apprécier la saveur, s'autoriser au demi-tour ou revenir sur ses pages, …

Un conseil: si possible, réservez la lecture de cet essai dans un moment où la marche vous est possible, en vacances ou la veille d'un long week-end. Sinon vous risquez d'éprouver une profonde frustration et de trouver la sédentarité encore plus insupportable …

Un livre que j'emporterai certainement avec moi, lors de mes prochaines randonnées, ainsi que son « éloge de la marche » que je n'ai pas encore eu le bonheur de lire.
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Sociologue et manifestement amoureux de la marche à pied, David le Breton nous livre un ouvrage où alternent en permanence l'analyse sociologique de la marche (Pourquoi ? Pour qui ? Comment ?) et la présentation du vécu de marcheurs, célèbres ou moins célèbres.

L'ouvrage est intéressant, mais l'absence d'un plan plus structuré nuit à la lecture et au final, probablement, au message que voulait faire passer l'auteur.

Qu'en retenir ? Que la marche hors des sentiers battus est un plaisir qu'on aurait tort de se refuser ? Ce n'est déjà pas si mal...
Lien : http://michelgiraud.fr/2019/..
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Pour prendre de la distance avec notre monde de compétition, de vitesse, de communication, rien de tel que la marche pour revenir à soi, se retrouver, flâner, prendre son temps, se relier à la Terre.
David le Breton nous dresse l'éloge de la marche à pied à travers l'analyse de différents thèmes illustrée par le vécu et les citations de différents auteurs et marcheurs.
Essai agréable à lire présentant les bienfaits de la marche, aussi bien de la simple promenade, même urbaine, que de la randonnée, avec des expressions et formulations très adaptées. Pour apprécier encore plus cet écrit, il m'a manqué des descriptions plus personnelles du vécu éprouvé par l'auteur lors de ses expériences de marche.
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Ça fait du bien de lire ce genre d'essai. Dans notre société du « toujours plus vite », « toujours plus compétitif », lire ces lignes repose. C'est presqu'aussi bien qu'une promenade en forêt ou au milieu des champs. Ça requinque !

Et puis c'est très bien écrit.

Et puis on croise Nicolas Bouvier, Herman Hesse, Robert-Louis Stevenson et bien d'autres encore (des connus, des moins connus, des pas connus) qui ont écrit avant David le Breton et qu'il cite abondamment.

Et puis c'est d'actualité, avec ce temps printanier, vous reprendrez bien une petite marche !
Lien : https://krolfranca.wordpress..
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Le dernier livre de David le Breton « Marcher, éloge des chemins et de la lenteur » est un éloge de la marche. Ce qui importe dans la marche n'est pas la destination, le point d'arrivée, mais le voyage, et à travers lui, toute une série de rencontres, de visages, de panoramas, de sensations, de bruits, d'odeurs, de saveurs, de couleurs. le voyage est également l'occasion de rêver, de penser, de réfléchir, de méditer, de sentir les choses, loin des exigences du temps et de l'instant. En cela, la marche permet de découvrir ou redécouvrir la lenteur, de ressentir les heures qui passent. Elle nous soustrait aux contraintes de l'immédiateté, de la réactivité, de la connectivité qui sont les traits de nos sociétés actuelles.

Pour étayer sa réflexion sur la marche et ses bienfaits, l'auteur fait appel à de nombreux témoignages de personnes pour qui la marche est, ou a été, une véritable philosophie d'existence. On retrouvera ainsi les expériences vécues à des époques et lieux divers comme celles de Nicolas Bouvier, Jacques Lacarrière, Jacques Lanzmann, Frédéric Nietzsche, Bernard Ollivier, Robert Stevenson, Henry Thoreau.

Bien écrit et documenté, ce livre de 150 pages se lit avec grand plaisir. Tout marcheur retrouvera dans ce petit essai des expériences et des sensations qu'il a lui-même vécues. C'est mon cas. Un vrai bonheur.

Ce livre m'a aussitôt donné l'envie de me plonger dans la lecture successive de 3 autres livres écrits par des marcheurs ayant emprunté les chemins de France. le premier, « Chemin faisant » de Jacques Lacarrière écrit en 1971, est le récit de sa traversée de la France, des Vosges aux Corbières. le second, « Semelles aux vents » d'Alain Godon écrit en 2010, conte sa longue marche d'Avignon à Calais. Et le troisième, « Pensées en chemin » d'Axel Kahn écrit en 2013 relate son itinéraire des Ardennes au Pays Basque. Trois livres, trois auteurs, trois témoignages, trois philosophies de la marche, trois randonneurs qui ont trouvé dans la marche un bonheur simple et intense.
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Un éloge de la marche que devraient apprécier tous les adeptes de cette activité, qu'ils soient du genre promeneurs, randonneurs ou adeptes du trekking, que l'on marche en ville pour être un “spectateur privilégié de la comédie sociale” ou contemplatif de la nature et des grands espaces. Marcher pour se défaire de nos routines, marcher pour se reconnecter à soi et se défaire de nos soucis, ou pour se rendre disponible à l'instant, marcher encore pour guérir nos blessures, pour penser le monde avec ses pieds et laisser le mental se reposer. Autant de bienfaits que développe david Le Breton dans cet ouvrage très documenté où l'on va retrouver des citations de nombre de nos écrivains marcheurs comme Bernard Ollivier, Thoreau, Tesson, Kundera, Abbey, Rousseau ou Stevenson entremêlées d'anecdotes d'expériences et de souvenirs de l'auteur. Il nous propose d'écrire pour prolonger la marche sur une autre surface, celle de la feuille blanche pour pouvoir conserver une trace de ce que l'on a vécu et de celui ou celle qu'on était. Préparer une longue marche fait déjà partie du voyage, écrire un journal de bord fait encore partie du voyage. Cela m'a rappelé une photo : celle du petit port de pêche d'Arnarstrapi en Islande sur la péninsule du Snaefellsness ainsi qu'une autre du Landmannalaugar qui m'ont fait rêver longtemps avant de m'y rendre lors d'un trek de deux semaines dans ce fabuleux pays. Une fois sur place, je n'ai pas été déçu, bien au contraire. Et que dire du goût d'un thé accompagné de quelques gâteaux secs au pied de la cascade de Skogafoss après dix heures de marche : un moment de félicité. La marche réveille les sens et invite à l'humilité.
“Tout chemin est d'abord enfoui en soi avant de se décliner sous les pas, il mène à soi avant de mener à une destination particulière. Et parfois il ouvre enfin la porte étroite qui aboutit à la transformation heureuse de soi”.

Challenge Riquiqui 2022.
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Ah le chouette petit livre! Facile à glisser dans un sac, pour lire lors d'un halte par exemple. A savourer par petits morceaux, au gré de courts chapitres vagabonds. A la fois profond et d'abord aisé, ce recueil parlera beaucoup à celles et ceux qui marchent, évidemment. Aimer de simples balades dans un environnement familier suffit pour le goûter, même s'il est permis de se lancer dans des randonnées plus longues. Des marcheurs célèbres ou confirmés sont évoqués, Pétrarque, Rousseau, Thoreau, Muir, Stevenson, Chatwin, ou plus récemment Ollivier, Matthiessen, Lacarrière, Solnit, bref, nous marchons en excellente compagnie; est-il nécessaire d'ajouter que la bibliographie est une vraie source de tentations?

"La marche est inutile comme toutes les activités essentielles. Superflue et gratuite, elle ne mène à rien sinon à soi-même après d'innombrables détours." (p 31)
"Bien que les pieds de l'homme n'occupent qu'un petit coin de terre, c'est par tout l'espace qu'ils n'occupent pas que l'homme peut marcher sur la terre immense." (Tchouang-Tseu)(p 37)
"Un marcheur est un homme ou une femme qui se sent passionnément vivant et n'oublie jamais que la condition humaine est d'abord une condition corporelle, et que la jouissance du monde est celle de la chair, et d'une possibilité de se mouvoir, de s'extraire de ses racines." (p 51)
"Et parfois une heure seulement dans la forêt ou dans la ville, près de la mer ou sur les collines, suffit à emmener infiniment loin, et pourtant au coeur de soi, et aboutir au retour au sentiment d'y voir plus clair, d'avoir élagué bien des tracas."(p 155)
Pour les urbains, ne pas rater les idées de Pérec pour transformer une promenade en ville...(p 123)

On l'aura compris, ce livre est une pépite, dont j'aurais pu citer une bonne part, et qui me parle d'autant plus que j'y ai retrouvé des livres lus, des désirs personnels de randonnées futures, et des expériences passées. Se figer pour observer un écureuil qui ne vous a pas (encore) vu, accélérer pour surprendre trois chevreuils et ensuite continuer à les observer tranquillement quand ils se croient redevenus seuls, voilà du vécu à trois pas de chez moi. (cf 46).
Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
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Tout est dans le titre ou presque. Dans cet essai, David le Breton considère la marche sous toutes ses facettes : pratique sportive, défi personnel, entreprise mystique, simple mais essentiel contrepied face à une société où tout va de plus en plus vite.
Bien loin de ses travaux universitaires, David le Breton nous invite à faire un pas de côté en compagnie de grands écrivains voyageurs (le japonais Bashô, l'écossais Stevenson..), ou à le suivre en compagnie d'amis sur les cimes vosgiennes, les grands déserts africains et les multiples chemins de randonnées d'ici ou d'ailleurs.
La marche est alors envisagée comme un biais quasi thérapeutique et libératoire : s'échapper du rythme effréné du quotidien, goûter à l'ici et au maintenant en pleine conscience. Mine de rien cette « Eloge des chemins et de la lenteur » incite son lecteur à s'affranchir de ses pseudo obligations sociales, à y résister en changeant tout simplement de tempo pour mieux se reconnecter au monde et à soi-même par la grâce d'une paire de chaussures de marche. Révolutionnaire, non ?
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Je n'irai pas par quatre chemins pour exprimer ma déception. Cette succession de « citations » n'est pas à la hauteur du sujet et l'ennui s'installe. J'aurais aimé que l'écriture elle même fasse corps avec le marcheur, j'aurais voulu plus d'affect, moins d'intellect, j'aurais souhaité ressentir l'émotion, la fatigue, l'indicible beauté des paysages. Ce récit a ouvert mon appétit mais n'a pas satisfait ma faim.
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