J'AI MIS MES POÈMES SUR LEBONCOIN
[...]
même si un poème
aujourd'hui ne vaut rien
pas même le prix
du stylo qui l'a écrit
il vaut pour celui qui l'écrit
pour celle peut-être vers qui il est écrit
de tout votre être qui écrit
et si elle n'en veut pas
n'écrivez pas
son prénom
[...]
j'ai mis mes poèmes sur Leboncoin
pour les chiens et pour les chats
qui ne lisent pas de poèmes
n'en ont pas besoin
pour dire je t'aime
quand on en a besoin
en miaou
en waouh
LA POÉSIE EST FOLLE COMME UNE IMAGE
[...]
si vous étiez une image
vous seriez
sans titre
abstrait
jusqu'à désirer revenir dans une forme qu'on reconnaît ?
figuratif
jusqu'à trop vous ressembler ?
[...]
dit-elle
celle qui refuse même des fleurs
en bouquet
pourquoi m'offres-tu de la mort
dit-elle
à celui qui fait ce qu'il peut
et pense que les fleurs
mêmes mortes
sont belles
[...]
je suis
tu es
nous sommes
toutes ces œuvres qui nous racontent
et résonnent en nous
Ceux qui sont partis de la Grèce vers Troie
extrait 1
Achille est en colère
Agamemnon sacrifie sa fille
Ulysse tarde à revenir
Pénélope l’attend avec son fils Télémaque
les courtisans eux ne l’attendent pas et mourront de son retour
Et nous qui écoutons cette histoire
depuis toujours
avec joie et terreur et la joie
d’écouter
Homère qui a recousu les morts avec nous pour en faire
des vies
mais à l’imparfait
…
Ceux qui sont partis de la Grèce vers Troie
extrait 3
celui qui est venu a vu a vaincu
a écrit sur le courage des vaincus
pour la seule gloire du vainqueur
au point que César est devenu
le nom de tous les empereurs
ceux qui ont brûlé leurs maisons
leurs églises leurs raisons
ceux qui ont chanté déchanté
du printemps à l’été jusqu’à l’hiver de la Bérézina
au point que la route salie d’hier deviendrait le nom
propre demain de la déroute
…
Ceux qui sont partis de la Grèce vers Troie
extrait 4
et nous qui lisons cette histoire
depuis toujours
avec joie et terreur et la joie
de lire
Tolstoï qui a recousu les morts avec nous pour en faire
des vies
mais à l’imparfait
et au cœur de la guerre
l’amour d’André et de Natacha
ainsi sont les histoires
dont nous avons besoin
pour vivre
lentement
nos vies brèves
Avec Marc Alexandre Oho Bambe, Nassuf Djailani, Olivier Adam, Bruno Doucey, Laura Lutard, Katerina Apostolopoulou, Sofía Karámpali Farhat & Murielle Szac
Accompagnés de Caroline Benz au piano
Prononcez le mot Frontières et vous aurez aussitôt deux types de représentations à l'esprit. La première renvoie à l'image des postes de douane, des bornes, des murs, des barbelés, des lignes de séparation entre États que l'on traverse parfois au risque de sa vie. L'autre nous entraîne dans la géographie symbolique de l'existence humaine : frontières entre les vivants et les morts, entre réel et imaginaire, entre soi et l'autre, sans oublier ces seuils que l'on franchit jusqu'à son dernier souffle. La poésie n'est pas étrangère à tout cela. Qu'elle naisse des conflits frontaliers, en Ukraine ou ailleurs, ou explore les confins de l'âme humaine, elle sait tenir ensemble ce qui divise. Géopolitique et géopoétique se mêlent dans cette anthologie où cent douze poètes, hommes et femmes en équilibre sur la ligne de partage des nombres, franchissent les frontières leurs papiers à la main.
112 poètes parmi lesquels :
Chawki Abdelamir, Olivier Adam, Maram al-Masri, Katerina Apostolopoulou, Margaret Atwood, Nawel Ben Kraïem, Tanella Boni, Katia Bouchoueva, Giorgio Caproni, Marianne Catzaras, Roja Chamankar, Mah Chong-gi, Laetitia Cuvelier, Louis-Philippe Dalembert, Najwan Darwish, Flora Aurima Devatine, Estelle Dumortier, Mireille Fargier-Caruso, Sabine Huynh, Imasango, Charles Juliet, Sofía Karámpali Farhat, Aurélia Lassaque, Bernard Lavilliers, Perrine le Querrec, Laura Lutard, Yvon le Men, Jidi Majia, Anna Malihon, Hala Mohammad, James Noël, Marc Alexandre Oho Bambe, Marie Pavlenko, Paola Pigani, Florentine Rey, Yannis Ritsos, Sapho, Jean-Pierre Siméon, Pierre Soletti, Fabienne Swiatly, Murielle Szac, Laura Tirandaz, André Velter, Anne Waldman, Eom Won-tae, Lubov Yakymtchouk, Ella Yevtouchenko…
« Suis-je vraiment immortelle, le soleil s'en soucie-t-il, lorsque tu partiras me rendras-tu les mots ? Ne te dérobe pas, ne me fais pas croire que tu ne partiras pas : dans l'histoire tu pars, et l'histoire est sans pitié. »
Circé – Poèmes d'argile , par Margaret Atwood
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