Un souvenir a-t-il encore la force de vous blesser ou de vous détruire ? C'est une question qu'Arsène Lupin se pose d'ordinaire assez peu, décidé à profiter de la vie (et du portefeuille des autres). Et les adversaires qui l'ont mis en échec sont bien rares, et ne lui ont pas laissé de regrets amers... Sauf une. La comtesse de Cagliostro l'a flétri à jamais, et lui a laissé au coeur une blessure béante.
Il lui faudra attendre 30 ans pour trouver la réponse.
C'est donc un Lupin plus âgé que l'on retrouve ici. Incorrigible, il s'intéresse de très près au coffre bien garni d'un monsieur. Mais ce qui devait être un cambriolage tranquille, comme un programme de maintien en forme, va se doubler d'une mort, d'une vengeance et d'une résurgence du passé bien douloureuse.
Ce n'est pas mon favori de la série Lupin, mais il a quelques bons points à son actif.
D'abord le fait de conclure les questions laissées en suspens à la fin de la Comtesse de Cagliostro
Mais aussi le fait de voir le héros vieillir, douter, et s'interroger sur la transmission de son héritage. Un petit exercice d'introspection en somme.
Mais qu'on se rassure, il n'a pas perdu son caractère léger pour autant. On lui laissera donc le mot de la fin :
« Tenez... savez-vous, mon désir, c'est qu'on dise de moi quand je disparaîtrai : " Après tout, c'était un brave homme... Un mauvais sujet, peut-être, mais un brave homme... " »
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Un roman passionnant. L'intrigue se fait toujours plus complexe au point de douter un moment d'avoir le fin mot de l'histoire! Quelques personnages intéressant mais c'est surtout les intrigues variées dans un huis clos composé de quelques villas encerclant un petit lac qui maintient le lecteur. On reste quelque peu sur notre faim mais c'est une fantastique aventure!
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PRÉFACE D’ARSÈNE LUPIN
Je voudrais marquer ici que, tout en appréciant comme il convient, et en certifiant comme conformes à l’exactitude les aventures qui me sont attribuées par mon historiographe attitré, j’apporte néanmoins certaines réserves sur la façon dont il les présente dans ses livres.
Il y a cent manières d’accommoder au goût du public une aventure réelle. Peut-être n’est-ce pas choisir la meilleure que de me montrer toujours sous l’aspect le plus avantageux et de me mettre obstinément en relief et au premier plan. Non content de négliger les nombreux épisodes de ma vie où je fus dominé par les circonstances, démoli par mes adversaires ou rabroué par les respectables agents de l’autorité, mon historiographe arrange, atténue, développe, exagère et, sans aller contre les faits, les dispose si bien que j’en arrive parfois à être gêné dans ma modestie.
C’est un mode de récit que je n’approuve pas. Je ne sais qui a dit : « Il faut connaître ses limites et les aimer. » Je connais mes limites, et j’éprouve même, à les sentir, quelque satisfaction, ayant horreur de tout ce qui est surhumain, anormal, excessif et disproportionné. Ce que je suis me suffit : au-delà, je serais invraisemblable et ridicule. Or, l’une de mes faiblesses est la crainte de tomber dans le ridicule.
Et j’y tombe sans aucun doute – et c’est là la raison essentielle de cette courte préface – lorsque je suis offert au public dans une invariable, perpétuelle et irritante situation d’amoureux. Certes, Je ne nie pas que j’aie le cœur fort sensible, et que le coup de foudre me guette à chaque tournant de rue. Et je ne nie pas non plus que les femmes me furent, en général, accueillantes et miséricordieuses. J’ai des souvenirs flatteurs, je fus l’objet heureux de défaillances dont tout autre que moi se prévaudrait avec quelque orgueil. Mais de là à me faire jouer un rôle de Don Juan, de Lovelace irrésistible, c’est un travestissement contre lequel je proteste. J’ai connu des rebuffades. Des rivaux méprisables me furent préférés. J’ai eu ma bonne part d’humiliation et de trahison. Défaites incompréhensibles, mais qu’il faut noter si l’on veut que mon image soit rigoureusement authentique.
Voilà le motif pour lequel j’ai voulu que la présente aventure fût racontée, et qu’elle le fût sans détours ni ménagements. Je ne m’y distinguerai pas toujours par une agaçante infaillibilité. Mon cœur n’y soupire pas au détriment de ma raison. Mon pouvoir de séducteur est singulièrement mis en échec. Tout cela me vaudra peut-être l’indulgence de ceux que l’excès de mes mérites et de mes conquêtes horripile non sans motif.
Un mot encore. Joséphine Balsamo qui fut la grande passion de ma vingtième année, et qui, se faisant passer pour la fille du comte de Cagliostro, le fameux imposteur du dix-huitième siècle, prétendait tenir de lui le secret de l’éternelle jeunesse, ne paraît pas en ce livre. Elle n’y paraît pas pour une raison dont le lecteur appréciera de lui-même toute la force. Mais, d’autre part, comment ne pas mêler son nom au titre d’une histoire sur laquelle son image projette une ombre si tragique et où l’amour se double de tant de haine, et la vengeance s’enveloppe de tant de ténèbres ?
Il y a cent manières d’accommoder au goût du public une aventure réelle. Peut-être n’est-ce pas choisir la meilleure que de me montrer toujours sous l’aspect le plus avantageux et de me mettre obstinément en relief et au premier plan. Non content de négliger les nombreux épisodes de ma vie où je fus dominé par les circonstances, démoli par mes adversaires ou rabroué par les respectables agents de l’autorité, mon historiographe arrange, atténue, développe, exagère et, sans aller contre les faits, les dispose si bien que j’en arrive parfois à être gêné dans ma modestie.
C’est un mode de récit que je n’approuve pas. Je ne sais qui a dit : « Il faut connaître ses limites et les aimer. » Je connais mes limites, et j’éprouve même, à les sentir, quelque satisfaction, ayant horreur de tout ce qui est surhumain, anormal, excessif et disproportionné. Ce que je suis me suffit : au-delà, je serais invraisemblable et ridicule. Or, l’une de mes faiblesses est la crainte de tomber dans le ridicule.
L’ombre vint. Dès que la nuit se fut épaissie – une nuit noire, chaude, lourde de mystère – Raoul sortit furtivement du Clair-Logis par l’issue du garage, fit le tour de la propriété et se posta dans l’obscurité près de la barrière. Des idées tumultueuses envahissaient son cerveau. Il se représentait Félicien à Caen chez Georges Dugrival, agenouillé devant le coffre et empochant les bijoux de l’écrin bleu. Il évoquait le duel du jeune homme avec Jérôme Helmas sous les yeux de Rolande qui balbutiait : « Il va le tuer. » Et il se rappelait aussi la conduite énigmatique de Faustine. Qu’était-elle devenue, Faustine ? Car enfin, il manquait au drame qui se jouait un de ses quatre personnages. Faustine était-elle femme à renoncer au rôle qu’elle tenait dans les ténèbres ?
La haine... la vengeance... scanda-t-il ; tu comprends ça, toi, Faustine... Mais cette femme-là, c'était autre chose que de la haine et de la vengeance... C'était le besoin, la volupté du mal... Quel monstre d'orgueil et de méchanceté !... Aujourd'hui encore, tu vois son œuvre... Cet enfant qu'on élève contre moi pour en faire un criminel... Rien ne m'effraie dans la vie. Mais je ne puis penser à elle sans épouvante. Et l'idée qu'il va falloir recommencer l'horrible lutte...
Je voudrais marquer ici que, tout en appréciant comme il convient, et en certifiant comme conformes à l'exactitude les aventures qui me sont attribuées par mon historiographe attitré, j'apporte néanmoins certaines réserves sur la façon dont il les présente dans ses livres...
(extrait de la préface signée Arsène Lupin)
La jeunesse d'Arsène Lupin Cagliostro