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EAN : 9782369142638
124 pages
Libretto (02/05/2016)
3.35/5   23 notes
Résumé :
Deux couples dans le vent entreprennent un petit tour de Normandie et de Bretagne à vélo, pensent d'abord avoir présumé de leurs forces... mais décuplent celles-ci par le moyen d'un élixir imprévu: l'amour. Tous quatre s'aperçoivent vite que l'assortiment arrêté au départ n'était pas le bon; l'on change donc de partenaire, non sans quelques hésitations ni cachotteries d'abord. Et l'on se met dès lors à brûler les étapes.
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Père d'Arsène Lupin, Maurice Leblanc a aussi écrit des romans, des nouvelles et des contes que nous connaissons très peu. C'est dommage car la qualité d'écriture est là et montre une ouverture d'esprit, malicieux et ironique, surtout dans les envolées lyriques d'un des personnages de ce court roman.

Deux jeunes couples se connaissent depuis quelques années mais ne sont pas réellement amis, leur société mondaine étant encore très gourmée. Il faut dire qu'en 1898 la familiarité n'existait pas entre proches !

Ils font des balades en bicyclette, moyen de locomotion moderne et peu répandu, surtout chez les femmes, les médecins ayant décrété que c'était nocif pour leur santé ! Ceci n'est pas dans le texte, mais c'est une précision de ma part pour souligner toute la liberté que Leblanc va mettre dans ce roman.

Ses quatre personnages sont représentatifs des mentalités de cette époque, dans un milieu aisé bien évidemment.

Ces deux couples partent dans un voyage à bicyclette de plusieurs jours sur la côte Normande, puis décident de partir à l'aventure vers la Bretagne. Très vite des affinités se créent et les couples si mal assortis se modifient. Ce voyage va les changer plus qu'ils auraient pu l'imaginer, surtout comme individus, aidés en cela par le vélo que l'un d'eux imagine être un prolongement de l'homme.

Maurice Leblanc est vraiment en avance sur son temps, sur la sexualité, la possibilité de la femme à choisir, le respect de la nature et des autres, la liberté tout simplement !

Il est capable d'emphase et de poésie, son regard pourrait être celui d'un peintre et ce fut un plaisir de suivre ces jeunes gens dans cette découverte et acceptation d'eux-mêmes et des paysages découverts.

Challenge Riquiqui 2022
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Alors forcément, quand tu as inventé un personnage aussi puissant qu'Arsène Lupin traversant les générations sans lasser un public qui l'adore, difficile d'espérer que ce même public s'intéresse au reste de ton oeuvre. Et pourtant…

Passionné par Maurice Leblanc – Faut-il rappeler que c'est un Rouennais ? – je le suis tout autant par ses écrits de jeunesse découverts sur le tard, à l'image de ses superbes nouvelles (Un Gentleman et autres nouvelles) ou encore d'Une Femme, délicieux roman bovaryste.

Voici des ailes est du même ordre, petit roman ou grande novella reprenant les thèmes chers à l'auteur – la campagne normande, l'amour, l'adultère – sur fond d'escapade à vélo de deux couples à travers Normandie et Bretagne, qui ne termineront pas leur périple avec la même moitié qu'au point de départ.

Optant pour une tonalité badine qui mélange légèreté et gravité, c'est romantique et perfide, désuet et réfléchi, bucolique et immoral.

À l'image d'Antoine de Caunes dans sa préface, certains y verront une ode à la bicyclette qui révèle à qui l'enfourche, la liberté des âmes et des corps. D'autres une jolie variation en forme d'hommage aux décors De Maupassant et aux thèmes de Flaubert, ses aînés normands.

Puisse la majorité y découvrir ou se rappeler que derrière Arsène, se cache en fait un véritable auteur, emporté malgré lui mais consentant par la vague de succès d'un personnage devenu culte, détruisant de fait une autre carrière romanesque naissante.
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Publié pour la première fois en 1898, c'est-à-dire avant la naissance d'Arsène Lupin, ce petit roman est plutôt osé pour l'époque. Nous sommes à la fin du XIXe siècle, deux couples de la bonne société - Guillaume et Madeleine d'Arjols, Pascal et Régine Fauvières - se retrouvent pour une promenade à bicyclette et, forts de cette expérience, se lancent le défi de rejoindre Dieppe en deux ou trois jours. Une fois, passée l'épreuve des premiers kilomètres et des premières cotes, le plaisir du sport et le bain de nature ragaillardit nos convives. Guillaume et Régine font la course et filent devant, Madeleine et Pascal restent à la traîne, dissertent et admirent le paysage. Tous se retrouvent au moment des repas et le soir à l'auberge. Très vite, on apprend que les deux couples sont dysfonctionnels. Cette virée à quatre va rebattre les cartes et donnera à chacun l'occasion de se libérer du carcan que leur impose la société.
C'est la première fois que je lis Maurice Leblanc et j'ai été agréablement surprise par la qualité de son écriture. Il rend un bel hommage à la fée bicyclette qui donne des ailes à l'humain, à une époque où on n'y croisait que quelques voitures et où l'on y appréciait le silence. "Les bornes étouffantes de l'horizon sont détruites et la nature est conquise. Nous sommes plus hauts qu'elle aujourd'hui. Elle nous écrasait par son immensité lourde, nous la dominons par notre vol. Nous n'éprouvons plus ce sentiment d'impuissance et de petitesse qui nous désespère quand on chemine au ras des routes, ainsi qu'une fourmi laborieuse." (p.88)



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Maurice LEBLANC : Voici des ailes.

Quand on partait de bon matin
Quand on partait sur les chemins
A bicyclette
Nous étions quelques bons copains…
Maurice LEBLANC : Voici des ailes.

Deux couples en promenade s'apprêtent à se restaurer dans un établissement du Bois de Boulogne. Les deux hommes comparent leurs montures, en tout bien tout honneur. En effet ils sont arrivés, ainsi que leurs compagnes, en bicyclette, et ils s'extasient devant l'étroitesse des pédaliers, la rigidité des cadres, et autres détails concernant ce moyen moderne permettant de se déplacer partout.

Il est vrai qu'en cette année 1898, la technologie a beaucoup progressé et les bicyclettes sont devenues plus légères, plus maniables et fort agréables à enfourcher.

Les deux couples sont composés de Guillaume d'Arjols et de sa femme Madeleine ainsi que de Pascal Fauvières et de son épouse Régine. Des éléments si dissemblables que l'on se demande comment ils ont pu se marier ou tout simplement se prendre d'amitié.

Au bout d'une année de mariage, Guillaume a repris son habitude de fréquenter les couloirs de théâtres et les boudoirs d'accès facile, n'ayant pas honte d'afficher ses maîtresses. Madeleine est assiégée par les hommes, et elle accueille favorablement leurs hommages. Pour autant elle reste sage, étant d'une nature équilibrée.

Pascal lui est du genre mutique, voire taiseux, sauf lorsqu'un sujet le passionne et dans ce cas il peut être prolixe. Régine est plus gamine et enjouée, alerte et bavarde.

Les deux hommes se sont connus par leurs femmes qui étaient amies de pension.

Comme ils doivent se rendre à Dieppe quelques jours après, pourquoi ne pas y aller à bicyclette, propose Guillaume. C'est un long voyage, mais ils iraient en train jusqu'à Rouen, puis dans la cité portuaire avec leurs vélos, ce qui ne leur prendrait que deux jours. L'idée est adoptée, et les préparatifs achevés, bon voyage Monsieur du mollet…

Puis, comme il fait beau, pourquoi ne pas continuer et visiter la Normandie par petites étapes. Mais bientôt des affinités se créent entre les différents partenaires des deux couples. C'est ainsi que la pétulante Régine est plus souvent en selle aux côtés de Guillaume, tandis que la réservée Madeleine appuie volontiers sur les pédales en compagnie de Pascal.

Et un jour, à l'embranchement de deux chemins, les deux groupes se séparent, volontairement ou non, peu importe, et qu'ils continuent leur périple en couples séparés.



Ce court roman est une ode à la nature normande, traversant les cinq départements, mais également un éloge aux bienfaits de la promenade à bicyclette, et naturellement une charmante histoire d'amour qui se développe peu à peu en cours de route.

L'auteur s'attache plus aux pérégrinations de Pascal et Madeleine, laissant Guillaume et Régine batifoler de leurs côtés. Et cet amour naissant surprend ce nouveau couple de vélocipédistes, mais avec pudeur. On est loin du temps où l'on couche d'abord puis échange les prénoms après. C'est tout doucement que les liens se créent, avec des hésitations de part et d'autre, des rougeurs et des pâleurs lors des discussions, des aveux à moitié émis, des baisers chastes volés, et ainsi de suite.

Parfois il règne comme un nuage de libertinage, comme lorsque Madeleine afin de profiter du soleil pédale buste nu, mais cela ne va pas bien loin. Tout est pudiquement décrit, en retenue, contrairement au très érotique roman que Maurice Leblanc écrira plus tard sous le titre le scandale du Gazon bleu et publié en 1935.
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"Ils allaient, ils allaient, la folie du mouvement les exaltait. Ils se sentaient des êtres surnaturels, dotés de moyens nouveaux et de pouvoirs inconnus, des espèces d'oiseaux dont les ailes rasaient la terre et dont la tête ardente planait jusqu'au ciel..."

C'était il y a longtemps, c'était il y a plus d'un siècle, Les jolies routes de campagne étaient désertes, les bicyclettes n'avaient pas encore trouvé leur forme idéale et Maurice Leblanc n'avait pas encore créé Arsène Lupin. Avec ce délicieux petit roman, on découvre la plume malicieuse de celui qui plus tard mettra en scène les aventures du gentleman cambrioleur dans cette même Normandie qui sert de décor ici. Voici des ailes est un hymne à la liberté, un petit pied de nez aux conventions de l'époque, un élégant marivaudage et un vrai plaisir de lecture.

Deux couples de la bonne société décident de s'offrir un périple à vélo, entre Rouen et Dieppe. En 1898, l'idée est assez osée même s'ils ont les moyens d'organiser l'intendance pour que leurs malles les attendent le soir à chaque étape. Régine et Pascal Fauvières fréquentent Madeleine et Guillaume d'Arjols depuis quelques années. Une relation mondaine comme il y en a tant. En lançant cette idée puis en la mettant en oeuvre, ils sont loin d'imaginer tous les bouleversements qu'elle va occasionner.

D'abord rattrapés par la dure réalité du terrain, les douleurs musculaires, la chaleur et la poussière, les auberges inconfortables, ils vont peu à peu s'adapter à leur nouvelle situation et découvrir des facettes nouvelles de leurs personnalités. Au point de permuter la composition des couples, d'abord pour des raisons pratiques et puis...

Maurice Leblanc ose beaucoup de choses, prône une liberté sexuelle très en avance sur son époque et magnifie la communion avec la nature, bien avant les mouvements écologistes. Grâce à cette bicyclette, les deux couples se sentent pousser des ailes : "Elle nous donne l'illusion des grandes époques aventureuses où l'on errait à travers le monde, maitre de soi. On est libre, on est fort. On se sent l'âme d'un conquérant solitaire, d'un paladin intrépide. On voudrait trouver des torts à redresser, des monstres à combattre". Des conquêtes donc, à commencer par celle de la femme de l'autre.

Alors suivez les conseils d'Antoine de Caunes, auteur d'une joyeuse préface, "prenez le temps de savourer cette sensuelle et désuète randonnée", "cet aimable marivaudage à pédales" et laissez-vous pousser les ailes !
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Ils étaient du même monde, ils avaient les mêmes distractions et les mêmes habitudes ; ils ne doutaient pas qu'ils eussent les mêmes goûts et les mêmes pensées.
Ils les avaient d'ailleurs, ayant ceux que le monde impose. Il y a des opinions nécessaires, des plaisirs indispensables, des spectacles obligatoires, et ils obéissaient à tout cela en bons enfants soumis, en êtres anonymes, élégants, frivoles, qui ont l'âme oisive et le cœur endormi ; inféodés à la mode, ils faisaient de l'exercice par mode, aussi bien qu'ils fussent demeurés au lit jusqu'au soir si la mode l'eût exigé.
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Il y avait là, rangées symétriquement comme des chevaux à l’écurie, une trentaine de ces petites bêtes nerveuses, toutes semblables en apparence, et toutes cependant si différentes les unes des autres, chacune ayant sa vie propre, sa personnalité, sa vertu invisible et son invisible tare. Campés devant elles, ils les examinaient aussi avec les regards et les gestes d’amateurs qui, en arrêt devant un cheval, l’étudient solennellement, dessinent dans l’air, avec le doigt, l’élégante croupe et palpent le boulet comme s’ils lui tâtaient le pouls. Eux, ils exaltaient l’étroitesse des pédaliers, la rigidité des cadres, l’aspect à la fois lourd et léger des gros tubes. (p3)
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Ils allaient. Ils allaient. La folie du mouvement les exaltait. Ils se sentaient des êtres surnaturels, doués de moyens nouveaux et de pouvoirs inconnus, des espèces d’oiseaux dont les ailes rasaient la terre et dont la tête ardente planait jusqu’au ciel… Leur conscience s’évanouit, dissoute dans les choses. Ils devinrent des parcelles de la nature, des forces instinctives, comme des nuages qui glissent, comme des vagues qui roulent, comme des parfums qui flottent, comme des bruits qui se répercutent… (p42)
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L’homme maintenant est pourvu de tous ses moyens… La bicyclette est un perfectionnement de son corps lui-même, l’achèvement, pourrait-on dire. C’est une paire de jambes plus rapides qu'on lui offre. Lui et sa machine ne font qu'un. Ce ne sont pas deux êtres différents comme l’homme et le cheval, deux instincts en opposition. Non, c’est un seul être, un automate d’un seul morceau.
"Il n’y a pas l’homme et une machine. Il y a un homme plus vite". (p27)
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La beauté d’une chose ne s’établit pas immédiatement. Elle naît d’abord de l’idée que cette chose s’adapte aussi parfaitement que possible à son but, puis de comparaisons, de souvenirs, jusqu’au jour où il apparaît une sorte de type idéal qui réunit toutes les conditions reconnues indispensables. (p5)
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