L'aspect historique et sociale de l'évolution de l'Evolution (oui, je sais) est fascinante ! Rien que la première partie de ce livre ferait un superbe livre !
Par contre "facile et agréable à lire", pas vraiment : malgré des connaissances assez poussées, lorsqu'on entre dans le vif du sujet biologique, j'ai souvent été perdue dans les explications qui ne sont pas du tout faciles et peu accessible au grand public, cela rend la lecture peu agréable.
Il m'a fallu plusieurs mois pour arriver à achever cet ouvrage, d'une richesse époustouflante.
J'attends d'affiner mes connaissances pour le relire et je sais déjà que j'apprécierai encore plus cette lecture !
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Si la pensée essentialiste est incompatible avec la biologie, c'est ausi pour une raison profonde, épistémologique: les essences sont postulées parce que l'ordre apparent des choses est expliqué par un ordre transcendant auquel l'essence les rattache. Il provient du fait qu'on a voulu expliquer l'ordre par l'ordre. Mais en biologie moderne, l'ordre n'est pas un principe explicatif: l'ordre est ce qui est à expliquer. Le niveau de réalités matérielles que l'on qualifie de « biologiques», par définition, est celui à partir duquel on doit expliquer une régularité (ou un ordre apparent) à grande échelle (celle de la population d'entités) à partir de désordre des variations spontanées à petite échelle (celle des entités individuelles). Car la biologie ne dispose pas de lois comme en chimie ou en physique. En biologie, nous devons expliquer l'ordre à partir du désordre, et c'est précisément le rôle de la sélection naturelle.
Aussi, à ceux qui pensent que l'évolution biologique n'est ni expérimentable,ni expérimentée, il faut peut-être suggérer non pas seulement de fréquenter les musées, mais aussi d'envisager la façon dont l'être humain agit aujourd'hui sur le vivant, y compris pour le conserver lorsqu'il est menacé. La négation idéologique de la sélection naturelle comme principe de la dynamique du monde vivant, si elle parvient à des niveaux politiques suffisamment puissants, nous privera du plus sûr des moyens de protéger la nature. La sixième extinction ne sera pas qu'une affaire d'appauvrissement naturel : elle risque bien d'être le fruit amer d'un appauvrissement culturel des humains. Comprendre l'évolution, enseigner l'évolution, c'est comprendre et aimer le monde vivant pour ce qu'il est, pour ce qu'il a été, et se donner les moyens de prendre garde à ce qu'il sera demain.
Métaphore du puzzle
Les pièces ce sont les faits, le puzzle entier (c'est à dire la façon d'assembler les pièces), c'est la théorie. Une pièce non insérée dans le puzzle est un fait, une pièce insérée dans le puzzle est un fait scientifique. On peut trouver un emboîtement ou une articulation des pièces entre elles où les bords de chacune s'ajustent correctement aux bords des autres. Si les pièces sont compatibles entre elles, il n'y a pas besoin de forcer les pièces à s'articuler, c'est à dire de limer le bord des pièces pour qu'elles s'ajustent et que le puzzle se construise : c'est donc que la théorie est cohérente
L'évolution biologique reste donc, le plus souvent, imperceptible à nos pauvres sens humains, et c'est peut-être ce qui permet si facilement à tant de forces sociales extra-scientifiques de la nier.
Là où toute notre vie psychique consciente s'organise autour d'actes intentionnés, l'évolution est un processus aveugle d'où intentions et destins sont absents.
FESTIVAL DES UTOPIALES 2023
La science vise à établir une lecture cohérente du monde. Mais une nouvelle théorie scientifique provient souvent d'un pas de côté tel Einstein et sa théorie de la gravitation, réalisant qu'une personne en chute libre ne sentira plus son poids. La science-fiction déclenche des mécanismes cognitifs visant à reconstituer un monde cohérent. La SF serait-elle la continuation de la science ?
Modérateur : François Bontems
Les intervenants : Estelle Blanquet, Sylvie Lainé, Guillaume Lecointre, Audrey Pleynet