L'invention démocratique est celle de l'Etat totalitaire institué dans la Russie soviétique. Nous sommes en 1981, la Pologne est en effervescence, la guerre d'Afghanistan vient de commencer et les élections présidentielles en France s'apprêtent. Pourquoi les communistes refusent-ils de nommer l'Etat soviétique comme Arendt, Aron et Lefort le voient ? Voilà qui fait la base de réflexion de cet essai qui conjugue un peu d'histoire (le soulèvement hongrois de 1956) et un témoignage (un voyage en Pologne). J'ai particulièrement apprécié le texte "l'image en corps du totalitarisme" où l'auteur compare l'Etat à un corps-Un, que la démocratie fait trembler parce qu'elle représente l'atomisation de ce corps-Un en une multitude de petits corps souverains... Depuis Hobbes ce n'est pas si original, mais l'actualisation sous la forme du totalitarisme et la mise en relation avec la démocratie sont intéressantes.
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La démocratie allie ces deux principes apparemment contradictoires : l'un que le pouvoir émane du peuple, l'autre qu'il n'est le pouvoir de personne.
Qu'est-ce que le royaume imaginaire de l'autonomie, sinon un royaume gouverné par une pensée despotique ? Voilà ce qu'il conviendrait de méditer.
Avec le totalitarisme, se met en place un dispositif qui tend à conjurer cette menace [d'une société divisée], qui tend à resouder le pouvoir et la société, à effacer tous les signes de la division sociale, à bannir l'indétermination qui hante l'expérience démocratique.
"L'Etat, c'est moi ! est presque une formule libérale en comparaison avec les réalités du régime totalitaire de Staline."
Trostky