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EAN : 9782072993480
176 pages
Gallimard (02/02/2023)
3.5/5   6 notes
Résumé :
Un jour, j’ai eu mal.
Non pas comme d’habitude, comme dans l’ordinaire des jours, ici ou là. J’ai eu mal ici et là, par ici et par là, mal comme on ressent une décousure, insituable. Quelque chose en mon for intérieur s’est déflagré. J’ai alors eu mal pour toujours, à jamais, mal comme se fait la nuit, comme on reçoit l’extase ou la mort, mal comme on aime les jougs, les spasmes et l’ivresse, l’étau qui serre et le bât qui blesse, octobre, pleurer et sa mère,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Écrire l'expérience de la douleur, celle qui envahit, qui s'incruste jusqu'à ce que tout de notre vie doive passer par son filtre, jusqu'à ce que la vie doive trouver à se tenter « malgré » elle, c'est à cela que s'attache le texte de Colin Lemoine. La traversée commence dans l'émerveillement du style, foisonnant, élégant, cadencé, qui appelle la lecture à voix haute, la dégustation de la phrase si juste à décrire ce qui se vit dans l'ombre du corps, dans le déchirement silencieux de l'intime. le flot des mots hypnotise, la richesse du vocabulaire se déploie, s'enivre d'elle-même, l'expression aurait-elle le pouvoir d'apaiser ?
Non, elle ne fait que témoigner de l'envahissement, de l'occupation plénière du territoire vital. Et dès lors le propos se referme, tourne sur lui-même inlassablement, peu à peu les mots ne se cherchent que pour leur flamboyance, ils n'ont rien à dire de plus que la douleur se nourrissant d'elle-même, et toujours, et encore, sans que ne parvienne à se dessiner le « malgré » auquel le texte aspire. Lasse, la lectrice que je suis s'en va le retrouver du côté de Claire Marin…
Quelle épreuve ! Oui, c'est bien celle de la douleur devenue chronique, que reconnaîtrons celleux qui en ont fait l'expérience, cette épopée périlleuse jusqu'au tourbillon dans lequel nul n'est assuré qu'un « malgré » salvateur parviendra à s'immiscer.
Je pense à « Hors de moi » précieux petit livre de Claire Marin qui sait si bien lui élargir le passage. Bien mieux que ce livre-ci qui est une épreuve pour son lectorat.
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Un ouvrage d'une puissance inouïe. Qui souffre, a souffert, ou souffrira doit lire ces phrases, quand la plume est un scalpel. Les médecins, les cris, les impasses, les médicaments, les rencontres, les espoirs. L'aliénation du corps, et du langage. L'universel et l'indicible. Un immense livre sur la douleur…
Enfin.
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Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
On ne comprenait rien ; c’était du chinois. On ne pouvait pas échanger, plus ratiociner, recourir au pouvoir des mots. Il n’y avait pas de langage possible : c’était nouveau. On devait s’en remettre aux seuls gestes, à ces mains orbes qui nous aplatissaient sur la table comme une limande, qui nous prenaient les épaules avec une puissance sans ménagement, qui jouaient avec nos pieds comme avec des osselets, qui équarrissaient notre résistance, nous faisaient viande, préféraient à la tendresse la tendreté.
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Il n’y eut pas de ver dans le fruit défendu du corps paradisiaque, de cause princeps, d’abîme originel. Il y eut une onde recouvrante, une houle venue de loin, oublieuse de la rive. Il y eut un vacarme silencieux, avec quelques essais de paroles — « depuis quelque temps, je », « c’est étrange, mais », « je ne comprends pas ce qui », « bizarrement, hier ». Avant le trou noir qui engouffrera la santé, avant le mal qui m’interdira bientôt de consentir à la possibilité du monde sans croix ni chimie, il y eut d’abord une destitution du connu.
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Je suis en état de siège. Je rêve d’urgences hospitalières, celles dont me plaisent l’odeur d’excrément que ne dilue pas celle de la javel, la douceur des brancards et les néons inflexibles, les gueules cassées, les visages tristes, hagardement tristes, les membres amputés, les bandages, les tubes et les perfusions, toute cette principauté du cathéter où j’aimerais qu’une place me fût réservée, avec ma chemise repassée et mon cou parfumé, malgré cette tenue que je peux encore avoir en toute chose.
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Mon corps m’incarne. Il me présente et me représente — en société, en réunion, en regard des miroirs. Il est mon effigie. Ce mot m’évoque « l’exécution en effigie », cette époque où, faute de mettre la main sur un criminel, les autorités inquisitoriales commandaient in absentia de pendre publiquement un mannequin de sorte que fût rendue une sentence fictive, mais non moins effective. Ce succédané de corps était le corps même, et l’âme même.
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Je les écoute autrement, comme jamais, fort de la douleur qui élucide les cœurs et toujours reconnaît les siens. Je les écoute et j’entends leur foi dans le langage, dans cette parlure sauvage qui n’est pas une clameur ni une déclamation, un mugissement ou un aboiement, une grosse parole lancée contre la foule, mais un cri nu venu de l’exil, un brame qui, au milieu de la futaie des jours, permet de souffrir encore et d’encore se souffrir.
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