Ce roman est, pour partie, un retour en Algérie – et c'est ce en quoi il m'a intéressée – mais, alors que les « Retours » sont généralement autobiographiques, celui-ci est une oeuvre de fiction. L'un des personnages principaux, Béatrice, a quitté Alger à l'âge de deux ans. Elle a derrière elle toute une vie très riche, mariage, maternités, séparation, accident pendant lequel elle a une expérience de mort imminente. Elle revient sur sa terre natale, accompagnée d'un certain Sébastien personnage attachant dont la progression du récit révèlera que ce n'est pas son compagnon, mais un ami homosexuel.
Béatrice est tourmentée par les souvenirs et les rancoeurs des siens, habitée par les images douloureuses des derniers jours de l'Algérie française, Sébastien vient à Alger retrouver les traces de son père, dont il découvrira qu'il a été para et tortionnaire.
Leur guide algérois, le jeune Elyas, les amène peu a peu à une autre appréhension de ce passé de violence, vers la découverte d'une autre histoire, d'un autre peuple et de la convivance possible des deux religions.
Le chemin vers l'amour et l'apaisement se terminera par une sorte de pèlerinage à Tibhirine, les « noces algériennes » font sans doute référence aux « noces spirituelles » de Sébastien, qui reçoit l'appel de la foi dans la paix du monastère.
Ecrit par un prêtre catholique très informé sur l'Algérie coloniale et post coloniale, le livre est empreint de spiritualité, tous les personnages, chrétiens, athées ou musulmans sont pris dans cette recherche. Et il baigne tout entier dans l'amour et le bonheur.
L'histoire est compliquée par la présence de nombreux autres personnages : le roman est la conclusion d'une trilogie et donc, outre cette découverte algérienne, il narre l'aboutissement de tous ceux dont il a été parlé dans les romans précédents.
Le rythme est prenant, construit comme une symphonie dans laquelle les personnages se croisent et se répondent. Très allusif, nimbé d'une certaine pudeur, rien n'est lourdement explicité et bien souvent on ressent une très légère intrusion du surnaturel, la présence des défunts, en particulier. L'écriture est belle et le ton est juste, tant dans l'évocation du passé douloureux que dans celle du cheminement apaisé des protagonistes. Revit l'Alger ancien qui se superpose à l'Alger moderne, bien vivant aussi.
Bref, un livre extrêmement intéressant, orignal, chaleureux, même si l'on est un peu dérouté par les personnages secondaires qui viennent achever leur quête au fil des pages.
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Lorsque la grand-mère s'est approchée pour me prendre dans ses bras j'ai eu tout d'abord un mouvement de recul, puis ma joue s'est posée sur sa joue humide et j'ai accepté de me reposer sur son corps rond et chaleureux, j'ai respiré la chair qui a vécu comme on respire un jardin de lavandes et d'épices.,
Les commentaires y étaient rédigés au passé, comme si depuis notre départ, Alger était une Atlantide engloutie. Elle est étrange mais banalement humaine,la vison qui réduit un lieu au moment où on y a vécu.
KTOTV - Émission du 07/01/2008 - Thierry Leroy