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Frédéric Faure (Traducteur)
EAN : 9782070346646
560 pages
Gallimard (19/06/2008)
3.87/5   93 notes
Résumé :
1948, l'Angleterre est encore secouée par la guerre. Au 21 Nevern Street vit Queenie Bligh, une belle femme de tempérament, élevée à la dure dans les Midlands. Son mari, Bernard, n'est pas rentré des Indes, où il servait dans la Royal AirForce. Pour survivre, Queenie est contrainte de prendre des locataires, dont un couple de jamaïquains, Gilbert et Hortense. Gilbert Joseph vient lui aussi de faire la guerre sous le drapeau de l'Empire et l'uniforme bleu de la RAF. ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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«  Jamais dans le champ des conflits humains, autant de personnes n'ont été redevables à si peu d'autres » .
WINSTON CHURCHILL'
«  Les villageois gardaient leur distance , tout en continuant d'observer avec une curiosité intense ces Antillais engagés volontaires dans la RAF » ..
«  Est- ce que ce serait possible que tous les nègres ne soient pas des Idiots ? »

«  Homme de couleur , noir, nègre. C'étaient les mots qu'on venait juste d'employer pour me caractériser , Tous étaient des insultes » …

Quelques citations extraites de ce pavé de 546 pages lu il y a longtemps ,oublié dans les rayons de ma bibliothèque , redécouvert avec grand plaisir ….

Nous sommes à Londres en 1948. .

L'Angleterre est encore très marquée , secouée , abîmée par la guerre .
Au 21 Nevern Street , vit une belle femme, blonde aux yeux bleus , baptisée Victoria Buxton surnommée Queenie, élevée à la dure dans les Midlands .
. Son père Wilfred , boucher de son état,—- fils de boucher et arrière -petit - fils de boucher , travaillait beaucoup , sa mère Lilie était une rose anglaise , cheveux blonds de lin , teint de lait , les bras forts comme ceux d'un ours .

À l'âge de douze ans Queenie était devenue l'assistante de sa mère dans la confection des pâtés et autres cochonnailles ….
Bientôt elle se marie avec Bernard , un employé de banque ,..
En 1948 , Bernard n'est pas rentré des Indes où il servait dans la Royal Air Force .
Pour tant bien que mal survivre , Queenie se voit contrainte de prendre des locataires , dont un couple de Jamaïcains .: Gilbert et Hortense .
Gilbert Joseph vient lui aussi de faire la guerre sous le drapeau de l'Empire Britannique , et l'uniforme bleu de la RAF , l'ile de la Jamaïque , dans la mer des Caraïbes , colonie de l'Empire Britannique ….
Hortense , institutrice à la Jamaïque a toujours rêvé de vivre en Angleterre .
Mais la Mère Patrie ne correspond en rien à ce qu'elle imaginait, à l'ombre des arbres en fleurs , les manguiers et autres variétés .
Gilbert , lui subit , bon gré mal gré le racisme ordinaire….

Superbe histoire portée magnifiquement par ces personnages , roman à quatre voix avec des allers et retours fructueux bien documentés , dans le passé de chacun ….

L'auteur trace en cinquante - sept chapitres équilibrés l'enfance , les destins de Queenie, Hortense , Bernard , Gilbert ,teintés de rencontres façonnées par l'histoire douloureuse de cette époque , portés par une incroyable humanité , de l'exotisme et un bel humour .
Elle évoque la rencontre contrainte des cultures et la question complexe de l'intégration .
Avec intelligence elle dresse un portrait sans complaisance de L'Angleterre après la guerre , le racisme ordinaire et l'ingratitude crasse que les premiers immigrants Caribéens ont subi chaque jour de la part des anglais : haine , incompréhension rejet , ségrégation ….
. «  Des nègres ! Je prenais des nègres à côté de chez lui » ,,.

Une histoire riche , intense , palpitante, pétrie d'émotions , tissée et orchestrée de belle manière !
Aucun regret de l'avoir relue en deux jours ,même la nuit !
Un ouvrage porté par L Histoire et des destins …..
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A la vue du titre et de l'illustration de couverture, on pourrait croire qu'Hortense et Queenie est l'histoire d'une belle amitié entre femmes. Il n'en est rien, le thème principal de ce roman est la ségrégation, qu'elle soit sociale, religieuse ou raciale.
A travers l'histoire peu banale de deux couples: Hortense et son époux Gilbert qui débarquent de la Jamaïque , de Queenie et Gilbert les londoniens, Andréa Lévy montre comment le racisme anglais est déchirant pour ses victimes coloniales en anéantissant leurs illusions et leurs idéaux.
Gilbert est étonné de découvrir que même s'il peu réciter les noms des canaux d'Angleterre , la plupart des anglais ne peuvent même pas situer la Jamaïque sur une carte. La formation d' Hortense comme enseignante ne compte pour rien en Angleterre, et alors qu'elle a gagné un prix pour avoir récité '' Ode à un rossignol '' de Keats à l'école, elle ne peut pas se faire comprendre par un chauffeur de taxi londonien. Ils se pensaient enfants de l'empire britannique mais se découvrent l'objet de moquerie, de mépris et et de haine. Seule Queenie, leur logeuse, fera preuve d'ouverture d'esprit à leur égard.
Hortense la noire et Queenie la blanche ont des points communs: toutes les deux sont nées sur une île (mais pas la même) et dotées d'un fichu caractère, elles se sont mariées plus par commodité que par amour. Mais elle partagent aussi autre chose sans le savoir....
Si le roman démarre à Londres en 1948 à l'instant où Hortense, Gilbert, Queenie et Bernard vont se retrouver réunis, une grande partie du récit se passe avant ce moment. Andréa Lévy intitule d'ailleurs ces chapitres "avant " ce qui permet au mouvement de va-et-vient dans le temps de rester clair. Dans ces chapitres "avant" chaque personnage prend la parole pour raconter son histoire et nous fait voyager de l'Angleterre rurale aux Indes en passant à la Jamaïque.
J'ai beaucoup apprécié ce roman que j'ai trouvé ingénieux: au départ aucun des quatre protagonistes n'est sympathique: Hortense est orgueilleuse, Gilbert grossier, Queenie mêle-tout et ne parlons même pas de l'horrible Bernard. Mais au fur et à mesure que chacun déroule son récit, on découvre petit à petit chez eux des failles qui les rendent plus humains et ce qui rend l'écriture de Levy si attrayante est son impartialité. Tous ses personnages peuvent être faibles, sans espoir, courageux, bon, mauvais - quelle que soit leur couleur.
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Des Jamaïcains, qui se sont battus pour "la mère Patrie", l'Empire britannique, pendant la Seconde Guerre mondiale, décident de tout quitter pour une vie meilleure en Angleterre. Mais le fossé entre ce qu'ils espéraient et l'accueil qui leur est réservé est énorme... Ce roman raconte une histoire malheureusement "universelle" : celle du colonialisme (les Européens venus "civiliser" des "sauvages"), du racisme et de la ségrégation ("chacun chez soi et les vaches seront bien gardées" quand ces mêmes gens se sont donné le droit d'occuper des pays qui n'étaient pas les leurs, un accueil de ces "niggers" qui donne "une mauvaise image du quartier", sièges "réservés" dans les cinémas, descente de trottoir pour laisser passer les "Blancs", etc. etc.). Ce roman offre une galerie de personnages et de leurs idées intéressante. On aimerait que tout ça soit derrière nous, mais ces idées délétères trouvent toujours un écho...
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Nouvelle traduction d'après celle de Frédéric Faure

En 1948, Hortense, Jamaïquaine, rejoint Gilbert, son mari, à Londres. Gilbert est un ancien soldat de la R.A.F., un Jamaïquain engagé dans l'armée britannique pendant la Seconde Guerre mondiale, au service de la "Mère Patrie". Hortense était institutrice dans son île natale.Qu'elle n'est pas sa surprise de découvrir que Gilbert habite dans une chambre et que c'est là-dedans qu'il compte la faire vivre ! La jeune femme prend plutôt mal la chose, elle qui est coquette et élégante, elle n'en revient pas de voir dans quelle crasse vit cet homme qu'elle n'a rencontré que quelques mois auparavant. Gilbert n'est pas le seul dans cette situation. Queenie, la propriétaire de la maison, loue les chambres pour pouvoir s'en sortir. Son mari, Bernard, est parti à la guerre en Indes et n'est pas revenu. Elle est montrée du doigt par le voisinage parce que ce sont des hommes mais surtout parce qu'ils sont des Noirs.

Nous découvrons à travers le regard de ces trois personnages, l'ambiance londonienne du lendemain de la Seconde Guerre mondiale. le récit alterne entre deux époques : 1948 et "avant" et Andrea Levy laisse alternativement, à plusieurs reprises, la parole à Hortense, Gilbert, Queenie et puis, Bernard. Chacun amène sa pierre angulaire au récit. Au fil des pages les personnages gagnent en profondeur en dévoilant au lecteur leur histoire particulière.
C'est avec pas mal de stupeur que le lecteur découvre l'ambiance de racisme et de préjugés qui règne encore en Grande Bretagne, avant, pendant et même après la guerre, où les mentalités n'ont pas changé. Ce récit résonne aussi comme un écho avec ce qui se passe actuellement. La Jamaïque, alors colonie britannique, a vu s'engager en masse des soldats jamaïquains dans les rangs de l'armée, venant prêter main forte à ce qu'ils appellent leur "Mère Patrie". Ils sont plein d'illusion et vont déchanter.
Andrea Levy donne à voir ce pan de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale méconnu. Son tour de force littéraire est, en outre, d'y insuffler humour et tendresse pour mieux mettre à jour une réalité honteuse.

Hortense et Queenie ont en commun un fort caractère et agacent un peu : Hortense a la dent dure envers Gilbert qu'elle regarde un peu de haut, en se demandant si cet énergumène ne se ficherait pas un peu de sa poire à vouloir la faire vivre dans un taudis pareil : elle était institutrice en Jamaïque, se rend-t-il compte ?
Queenie, qui est fille de bouchers et vivait dans une ferme, enfant, s'adresse à Hortense comme à une demeurée, s'étonnant qu'en Jamaïque, il y ait aussi des boutiques... Regard croisé sur les préjugés... Pourtant, elles ont beaucoup plus de point en commun qu'elles n'imaginent.
Gilbert a été pour moi le personnage le plus sympathique de l'histoire : pris au piège, il fait ce qu'il peut pour s'en sortir, essuie le racisme ordinaire et les remontrances de son épouse. Lui, l'ancien aviateur de l'armée de la Mère Patrie !
Quant à Bernard, que Queenie croyait mort et qui déboule cinq ans après la fin de la guerre, c'est vraiment le personnage détestable du roman. On croit pendant 30 secondes qu'il va changer...
Je ne veux pas "spoiler" le dénouement mais c'est vraiment un moment fort et qui renverse la donne. L'avenir semble meilleur en Jamaïque que dans la Grande Bretagne ruinée, crasseuse, raciste, et prise dans ses carcans du "qu'en dira-t-on ?"...

Je me suis plongée dans ce petit pavé de plus de 500 pages et une fois le nez dans ma lecture, il m'a été difficile d'en sortir, charmée par la prose d'Andrea Levy, son humour et son humanisme. J'avais lu d'elle Une si longue histoire, que j'avais beaucoup aimé. Je ne peux pas en dire moins de celui-ci : c'est un crève-coeur que de savoir qu'on arrive à la dernière page...
J'espère, un jour, un troisième roman de cette auteure !

Extraits :
"Pour les dents et les lunettes. C'était la raison pour laquelle tant de gens de couleur venaient dans ce pays, d'après le voisin d'à côté, M. Todd. "Cette sécurité sociale - ça les attire, mademoiselle Bligh. Ils continueront de venir tant qu'on leur fera ce cadeau, et à nos frais", disait-il."
(Aheum ! Ca ne vous rappelle pas rien, en ce moment, ce genre de discours raciste ?)

"Mon rêve était, et à toujours été de trouve un poste d'enseignante à la Church of England School à Kingston. Car c'était là que les filles à la peau claire venaient chercher l'aubaine d'un curriculum anglais. Mais lors de mon entretien d'admission, le directeur de cet établissement fronçait les sourcils et semblait plus préoccupé par les étapes de mon éducation que par les qualifications que j'avais acquises."

"Il est de couleur.
- Il est quoi ?
- de couleur.
- Ah merde. de couleur, vous dites ?
- Noir, monsieur.
- Ouais, merci sergent. Je sais ce que c'est, de couleur. Bordel, à quoi ils jouent ? Putain de Rosbifs !"
(Le racisme dans l'armée américaine n'est pas en reste... )
Lien : http://milleetunelecturesdem..
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En 1948, l'Angleterre sort tout juste de la guerre. Queenie est une jeune femme qui attend toujours le retour de Bernard, son mari qui s'est engagé dans la RAF. En attendant, elle héberge Gilbert, un jamaïquain et sa jeune épouse, Hortense. Ce sont ces quatre personnes qu'on suit sur deux époques, l'avant et l'après-guerre.

Vraiment, j'ai beaucoup aimé ce livre ! Un roman à quatre voix, très bien mené par Andrea Levy. Levy navigue entre les époques, Hortense vient d'arriver en Angleterre pour rejoindre son époux Gilbert. On découvre sa jeunesse à la Jamaïque, ses ambitions d'enseigner dans une grande école. Tour à tour, on suit chacun des quatre protagonistes, on apprend son passé et sa place dans le présent.

Malheureusement, cette époque est marquée par le racisme car bien que la Jamaïque soit considérée comme anglais (membre du Commonwealth), les gens, civils ou militaires, n'en pensent pas autrement. Andrea Levy réussit à parler de ce sujet difficile avec beaucoup de finesse et d'humour.

J'ai dévoré ce livre même si je regrette les époques un peu vagues et des coïncidences assez fortes, c'est un roman qui prend aux tripes parce que chaque personnage permet de se faire une image de l'ambiance de l'époque. L'auteur, d'origine jamaïcaine, a reçu de nombreux prix pour ce livre (son quatrième mais premier traduit en français) dont le prestigieux Orange Prize en 2005. C'est sans conteste un coup de coeur que je recommande à tous !

(Le titre français est moins parlant que le titre original, Small Island.)
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
«  Elle ira vivre là - bas. Elle fera ça .
L’Angleterre, l’Angleterre, l’Angleterre ——— elle n’avait que ce mot à la bouche. Elle m’a épuisée avec ce mot. Mais je savais que, le jour venu , elle n’aurait pas d’état d’âme à laisser son amie toute seule dans cette misérable école paroissiale , tandis qu’elle sillonnerait l’océan dans les bras de son homme, cette grande gueule » …
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C'était la guerre. Je m'attendais à en baver - les balles, les bombes et la mort qui frappe au hasard - mais je ne pensais pas subir cette torture de manquer d'un bon ragoût de pieds de bœuf, la persécution de vivre sans crevettes au curry ni soupe aux piments. Je n'étais pas prêt. On ne m'avait pas habitué à manger de la nourriture préparée dans une casserole d'eau bouillante - ce qui suffisait à lui enlever tout goût et toute consistance. Comment les Anglais ont-ils pu bâtir des empires avec des armées qui ne marchaient qu'à la bouillie ? Voilà bien un des mystères du monde.
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Gilbert lui a retourné son mépris en se passant la langue sur les dents, et il a dit : "Tu sais quel est ton problème, mon vieux ? Ta peau blanche. Tu crois que ça te rend meilleur que moi. Que ça te donne le droit de me traiter de haut. Tu sais ce que ça te fait, en vérité ? Tu veux savoir à quoi elle sert, ta peau blanche ? A faire de toi un Blanc. C'est tout, mon vieux. Rien d'autre. Pas mieux, pas pire que moi - tu es juste blanc."
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C’est comme ça que les Anglais vivent ? » Combien de fois elle m’a posé cette question ? J’ai vite arrêté de compter.
« Ils vivent comme ça ? ». Cette question est devenue une triste lamentation qu’elle porte sur chacune des choses qu’elle voit.
« C’est comme ça que les Anglais vivent ?
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Father said later that the African man I was made to shake hands with would have been a chief or a prince in Africa. Evidently, when they speak English you know that they have learned to be civilised - taught english by the white man, missionaries probably.
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Vidéo de Andrea Levy
Bande annonce de la série The Long Song (2018 - BBC), adaptation du roman de Andrea Levy.
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