De natura florum

Malgré un titre qui sonne un peu scientifique, il n'est guère question de botanique dans ce petit herbier poétique composé par Clarice Lispector.
L'auteure brésilienne a établi la liste de ses vingt fleurs préférées et, en quelques lignes, brosse le portrait de chacune en lui attribuant un caractère humain, qu'il soit fait de gaieté (la marguerite), de féminité (la rose), d'introspection (la violette), d'inaccessibilité (l'edelweiss) ou de mysticisme (l'angélique). Tout cela est évidemment éminemment subjectif : sans doute Clarice Lispector projette-t-elle sur chaque fleur ce qu'elle-même ressent à son contact, par la vue, l'odorat, le toucher et même le goût, et qu'elle associe ensuite à différents types de personnalités.
« de natura florum » en dit probablement tout autant sur la nature des fleurs vue par Lispector, que sur Lispector elle-même.
Les illustrations de Elena Odriozola Belastegui, naïves, presque enfantines, ne sont pas de « bêtes » reproductions des fleurs citées. Les dessins répondent aux textes de manière plus ou moins directe ; ils en sont comme le reflet inversé, comme si les personnages dessinés personnifiaient les fleurs, affublés des mêmes traits de caractère.
Un très joli livre-objet tout en délicatesse et sensibilité, dommage qu'il soit si court.

"Rose: c'est la fleur féminine, elle se donne toute et tant qu'il ne lui reste que la joie de s'être donnée [...]"
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Sans échantillons mais avec passion, Clarice Lispector compose ici un herbier poétique, où elle décrit ses vingt fleurs préférées. Elle leur attribue des caractéristiques résolument anthropomorphiques : des attitudes, des émotions, reflets des sensations de celle qui les regarde, les effleure et les hume. Les sens stimulent la mémoire et l'imagination, et c'est ainsi que, de façon insolite, le tournesol, tourné vers le soleil qui lui donne vie, pousse par exemple Lispector à se tourner vers l'Ukraine de ses parents. A travers ces fleurs, la brésilienne se livre à une forme de portrait chinois, révélatrice de sa sensibilité à... fleur de peau.

Tels de jolis pétales, les illustrations d'Elena Odriozola Belastegui viennent se déposer au regard de chacun de ces petites textes, sans pour autant représenter directement ces fleurs telles que nous les connaissons, mais plutôt des personnages humains qui évoquent les formes florales enrichies des visions de Lispector, en des esquisses délicates et naïves.

Merci aux Editions des Femmes pour ce touchant cadeau, comme un petit bouquet irisé offert au lecteur.

J'ai appris récemment ce qu'était la synesthésie. Un phénomène qui permet à certaines personnes d'associer des couleurs à certains mots, chiffres, lettres…

J'y ai repensé parce qu'ici l'autrice brésilienne associe non pas des couleurs (trop facile) mais des qualités, des traits de personnalités à certaines fleurs. Elle nous en présente une vingtaine et on tombe rapidement sous le charme de ses petites descriptions personnelles, parfois poétique, parfois pragmatique, parfois botanique.
Mais elles sonnent toujours comme une mini déclaration d'amour pour chacune des fleurs.

Il y a aussi quelque chose d'enfantin de tout doux dans ses petits textes qu'on a très rapidement envie de relire. Ce côté enfantin est accentué par les illustrations au crayon de couleur de Elena Odriozola Belastegui.

J'ai reçu ce livre dans le cadre d'une masse critique.
Je suis contente de découvrir un genre que je ne lis pas habituellement. Ici on mêle dessin et poésie.
Alors je n'ai pas été forcément sensible à chaque texte, chaque fleur mais il n'empêche que l'exercice est intéressant et on nous livre des messages très personnel.
Les dessins font enfantin sans pour autant dénaturer l'oeuvre plus mature.
Je ne dis pas que je vais en faire mon quatre heures tous les jours mais merci pour la découverte !