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A la recherche du temps perdu - ... tome 3.1 sur 7

Elyane Dezon-Jones (Éditeur scientifique)
EAN : 9782080704702
497 pages
Flammarion (04/01/1999)
  Existe en édition audio
4.55/5   81 notes
Résumé :
" Il fallait montrer que Pays et Etres perdent, quand on les approche, Balbec pour Pays et Guermantes pour Etres. " A la démythification des lieux dans A l'ombre des jeunes filles en fleurs, fait suite la démythification des personnes dans Le Côté de Guermantes I. Arrivé à " l'âge des mots ", le narrateur va se mettre en quête du nom d'écrivain et passer par une série d'épreuves initiatiques, l'amèneront à réviser ses théories sur l'amour, l'amitié, l'art et la mort... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Habitant à Paris dans la même maison que la duchesse de Guermantes, Marcel va, dans cette première partie du roman, tenter de se rapprocher de cette femme qui le fascine, en l'épiant d'abord sur ses allées et venues, en entretenant les meilleurs rapports avec son neveu, Robert de Saint-Loup mais aussi dans le salon de Mme de Villeparisis.
Marcel rencontre donc toutes sortes d'aristocrates plus ou moins hypocrites, notamment autour de l'affaire Dreyfus dans laquelle son ami, Bloch, qui représente le juif cherche à deviner qui est dreyfusard ou antidreyfusard. Considéré par certains comme un étranger (le baron de Charlus) et préservé par d'autres qui n'osent prendre parti (le diplomate, M. de Norpois), le narrateur se détache de lui qu'il considère comme un égoïste manquant de tact. le propos est d'autant plus ambigu que l'auteur dédie cette oeuvre à son ami Léon Daudet dont on connaît les convictions.

C'est aussi le roman des désillusions sur l'amitié donc, mais aussi sur les rapports qu'ont les gens entre eux, cette politesse où craque parfois le vernis où les saillies de Mme de Guermantes contrastent avec la balourdise de son mari qui se croit supérieur. Ce sont conspirations de salon, sur la naïveté de Robert de Saint-Loup qui continue à entretenir une maîtresse qui le trompe et qui, d'après sa famille, l'amène à ses idées dreyfusardes. Pour le narrateur, il est clair que tous ces aristocrates ou ces parvenus sont tous antidreyfusards. On ne supporte pas plus le juif que les cocottes ou les anciennes cocottes: Mme de Guermantes s'éclipse de chez Mme de Villeparisis apprenant la venue de Mme Swann.

Restent cette sensibilité aiguë de Marcel, teintée d'animisme et de rêves éveillés son amitié plus qu'ambiguë avec Saint-Loup qu'il va rejoindre dans sa chambre de soldat, de même cette requête étrange que lui fait Charlus –personnage ô combien complexe dont l'antisémitisme paradoxal (il ne pense pas Dreyfus coupable envers la France vu qu'il le considère comme un étranger) ne l'empêche pas de dresser un portrait sans concession de l'aristocratie de son temps:
Ces sont les gens de mon monde qui ne lisent rien et ont une ignorance de laquais. Jadis les valets de chambre du roi étaient recrutés parmi les grands seigneurs, maintenant les grands seigneurs ne sont plus guère que des valets de chambre.

Est-ce un des traits de Léon Daudet ou figure-t-il plutôt dans cette amitié avec Saint-Loup?
Je me pose juste cette question en passant, n'étant en aucun cas un spécialiste.
Il veut donc «s'occuper» de lui, un peu comme un Pygmalion, il cherche à modeler sa statue. Mais on s'aperçoit bien vite que le personnage a quelque arrière-pensée lorsque tous deux croisent le baron D'Argencourt, autre jeune «mignon» du salon Villeparisis, visiblement jaloux de voir Charlus avec un autre.

Et puis il y a ces phrases incomparables, un vocabulaire qui explose, un vrai feu d'artifice verbal qui compense ces moments où justement le temps semble arrêté à la porte des salons, dans le quotidien des grands bourgeois désoeuvrés qui se piquent d'art et de politique.

Cette première partie s'achève avec la maladie de la grand-mère. Chacun essaie de se rassurer, les médecins – ici du Boulbon, ami de Bergotte donc admiré du jeune narrateur – explique les symptômes générés par l'imagination et les nerfs (tout comme l'auteur et son asthme?):

« Tout ce que nous connaissons de grand nous vient des nerveux. Ce sont eux et non pas d'autres qui ont fondé les religions et composé les chefs d'oeuvre. Jamais le monde ne saura ce qu'il leur doit et surtout ce qu'eux ont souffert pour le lui donner.»

C'est sur cette réflexion qu'il faut peut-être voir aussi une des clés –si tant est qu'il y en eût –de la Recherche. Souffrance et création chez les uns, plaisir et lecture addictive chez les autres.


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Troisième étape de ma relecture de la "Recherche".Ce volume pourrait s'intituler(si j'avais l'outrecuidance de me substituer à Proust ) "Illusion perdues"(mais c'est déjà pris) ou "Splendeurs et misères du grand monde".En effet,le narrateur,devenu proche voisin de la Duchesse de Guermantes,projette sur la personne d'Oriane (Comme il l'a fait sur Gilberte ,Odette ou les filles-fleurs) son désir et ses rêves au point de se rendre,dans un premier temps,importun.Mais ,comme souvent chez Proust,ce qui semblait inaccessible s'ouvre soudain et il devient familier du "salon" Guermantes.Et,là, ses songeries bâties sur la sonorité des noms et les récits d'histoire,se délitent au contact de la réalité. Ces gens sont mesquins,médisants, snobs (surtout lorsqu'ils s'en défendent),creux, voire stupides.Mais cette révélation ne détruit pas complètement la fascination du narrateur qui se complaît à les observer comme un entomologiste scruterait de brillants papillons ou de chatoyants coléoptères. Une figure se détache cependant par son caractère trouble et excessif,celle du baron de Charlus.Ce n'est pas mon tome préféré de la Recherche même si l'extrême finesse des analyses sociales et psychologiques est un régal pour l'esprit.
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étonnant comme bon nombre voient seulement un milieu bourgeois et un temps révolu sans voir, sentir, deviner, s'apercevoir, se rendre compte, prendre conscience, réfléchir, au texte. Naturellement, y compris l'auteur de ces quelques mots frappés au clavier, bon nombre ne liront pas entièrement la recherche. Bon nombre l'entre-ouvriront à peine. Je ne pense pas qu'on puisse réduire la recherche à un classique à lire, à avoir lu, un de ces indispensables ornements culturels, un reflet d'un culture intégré par un esprit cultivé. Non, il en va, du moins, me semble-t-il, ainsi m'apparais la recherche, qu'une force de vie, une ligne de vie, parcours l'oeuvre. Une oeuvre abordable par tous. Une sorte d'universalité, rapport au développement d'une conscience au prise avec elle-même. le monde, la société, n'offrant qu'un terreau sur lequel, à partir duquel, non en vue duquel, une conscience se véhiculera. Je stoppe ici, sur une petite recommandation pour tous: arrêter d'adopter un ton pédant quand on évoque oralement et par écrit la littérature. Bien se souvenir qu'un écrivain cherchera toujours à rejoindre la vie.
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En finissant cette première partie du troisième tome de la Recherche, je m'aperçois que je commence réellement à m'attacher aux personnages, notamment au marquis de Saint-Loup et que je ne cesse d'apprécier de plus en plus l'écriture de Marcel Proust.
Le narrateur semble voir vieilli de plusieurs années depuis le tome précédent, A l'ombre des jeunes filles en fleurs, et est cette fois-ci amoureux de la duchesse de Guermantes. Il fait son entrée dans le monde, via le salon de la marquise de Villeparisis, alors que l'affaire Dreyfus secoue l'opinion.
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C'est avec plaisir que j'ai retrouvé le jeune homme pâle et maladif, mais si fin et délicat, qu'est le héros de "A la recherche du temps perdu".

Ce qui m'a le plus surpris dans ce nouveau volume, c'est le changement de ton, frôlant même parfois le comique. Ah, ces délicieuses réparties tout au long de sa première sortie mondaine chez madame de Villeparisis ! Bien sur, on retrouve toujours cette délicatesse, cette profondeur et même souvent la poésie dans ses descriptions. Mais leur coté rébarbatif a partiellement disparu, pour laisser place à la rêverie.

Bref, le plus important, c'est qu'on ne s'ennuie pas, il y a de l'action, et l'on est plongé dans la haute aristocratie du faubourg Saint-Germain du début du XXème siècle.
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Et ainsi ce fut elle qui la première me donna l'idée qu'une personne n'est pas, comme j'avais cru, claire et immobile devant nous avec ses qualités, ses défauts, ses projets, ses intentions à notre égard (comme un jardin qu'on regarde, avec toutes ses plates-bandes, à travers une grille), mais est une ombre où nous ne pouvons jamais pénétrer, pour laquelle il n'existe pas de connaissance directe, au sujet de quoi nous nous faisons des croyances nombreuses à l'aide de paroles et même d'actions, lesquelles les unes et les autres ne nous donnent que des renseignements insuffisants et d'ailleurs contradictoires, une ombre où nous pouvons tour à tour imaginer, avec autant de vraisemblance, que brillent la haine et l'amour.
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Le père Norpois m’a dit que Mme de Villeparisis t’aimait beaucoup et que tu ferais dans son salon la connaissance de gens intéressants. Il m’a fait un grand éloge de toi, tu le retrouveras chez elle et il pourrait être pour toi d’un bon conseil même si tu dois écrire. Car je vois que tu ne feras pas autre chose. On peut trouver cela une belle carrière, moi ce n’est pas ce que j’aurais préféré pour toi, mais tu seras bientôt un homme, nous ne serons pas toujours auprès de toi et il ne faut pas que nous t’empêchions de suivre ta vocation.
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Une personne n'est pas, comme j'avais cru, claire et immobile devant nous avec ses qualités, ses défauts, ses projets, ses intentions à notre égard (comme un jardin qu'on regarde, avec toutes ses plates-bandes, à travers une grille), mais est une ombre où nous ne pouvons jamais pénétrer, pour laquelle il n'existe pas de connaissance directe, au sujet de quoi nous nous faisons des croyances nombreuses à l'aide de paroles et même d'actions, lesquelles les unes et les autres ne nous donnent que des renseignements insuffisants et d'ailleurs contradictoires, une ombre où nous pouvons tour à tour imaginer, avec autant de vraisemblance, que brillent la haine et l'amour. (p80)
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Mais un souvenir, un chagrin, sont mobiles. Il y a des jours où ils s'en vont si loin que nous les apercevons à peine, nous les croyons partis. Alors nous faisons attention à d'autres choses. (p115)
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Malgré les particularités individuelles, il y avait encore à cette époque, entre tout homme gommeux et riche de cette partie de l'aristocratie et tout homme gommeux et riche du monde de la finance ou de la haute industrie, une différence très marquée. Là où l'un de ces derniers eût cru affirmer son chic par un ton tranchant, hautain, à l'égard d'un inférieur, le grand seigneur, doux, souriant, avait l'air de considérer, d'exercer l'affectation de l'humilité et de la patience, la feinte d'être l'un quelconque des spectateurs, comme un privilège de sa bonne éducation. (p43)
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MARCEL PROUST / DU CÔTÉ DE CHEZ SWANN / LA P'TITE LIBRAIRIE
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