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EAN : 9782380820416
Anne Carrière (13/03/2020)
3.43/5   15 notes
Résumé :
Alias Janna est le récit d’une découverte effrayante que fait l’auteure en 2014 dans les archives de la police secrète bulgare alors qu’elle accompagne sa fille qui réalise un documentaire sur ses origines. Cette révélation oppose la mère et la fille dans un conflit de générations à la recherche de la vérité et du passé. Coincée entre la fiction politique et la fable cinématographique qui la met au pied du mur, Milena Makarius remonte le fil de son histoire qui est ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Mère et fille sont réunies à l'initiative de la fille qui veut comprendre le passé de sa mère dans la Bulgarie communiste .
La fille souffre parce que sa mère était bien vue par le régime , elle était une privilégiée, le dialogue entre elles est bien difficile .
On sait que l'histoire familiale rejaillit sur les générations suivantes mais quand on fait partie des chanceux , qu'est ce qui se transmet ?
Question interessante car les soubresauts de l'histoire font que ceux qui sont du bon coté aujourd'hui seront les mauvais, les méchants quelques années après .
Cette question a été posée dans tout le bloc communiste après la chute de l'idéologie .
L'auteur nuance , la Bulgarie ce n'était pas le pire ,il n'y avait pas la Stasi .
Malgré tout , il y a eu beaucoup de souffrances pour ceux qui étaient considérés comme ennemis du peuple , et chacun sait que les motifs étaient parfois bien légers .
Tel était considéré comme un intellectuel parce qu'il avait fait quelques années d'étude en plus , un autre n'entrait pas dans la bonne case .
Les anecdotes sont édifiantes , comme cet enfant de maternelle qui répète une blague entendue en famille , les astronautes américains sont meilleurs que les russes , aussitôt sa mère est arrêtée et questionnée par la police durant plusieurs heures .
J'ai beaucoup aimé cette lecture très nuancée , une très belle surprise .

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Je remercie NetGalley et les éditions Anne Carrière pour la découverte de ce livre de Milena Makarius, Alias Janna, que j'avais sans doute choisi pour la relation mère-fille et peut-être aussi parce que, ne connaissant pas grand-chose de l'histoire de la Bulgarie, j'étais intéressée par cette immersion dans la période communiste, de 1946 à 1989.

C'est en plongeant dans les abîmes de ma liseuse que j'avais retrouvé ce livre ; j'avoue que j'ai parfois un peu de retard dans mes retours NetGalley (que celles et ceux qui n'ont pas une PAL vertigineuse me jettent la première pierre ! J'assume…). En outre, j'ai mis beaucoup de temps à le lire (pratiquement deux mois), l'ai commencé puis mis en pause, puis repris pour enfin en venir à bout.
Une lecture laborieuse, donc, surtout pendant toute la période où je n'avais pas vraiment saisi la démarche de témoignage de l'auteure… C'était pendant ma difficile convalescence, en septembre dernier, et je manquais visiblement de capacités de concentration. J'ai réalisé la portée biographique en reprenant la quatrième de couverture, absente en version numérique, et modifié immédiatement mais un peu tard ma posture de lectrice…
Milena Makrius a écrit ce livre en réaction au film documentaire, Je vois rouge, réalisé par sa fille, Bojina Panayotova, en quête de ses origines bulgares. le film est sorti en salles en 2019 et le livre a été publié en 2020.

Le projet de la fille bouleverse la mère qui, au fil des recherches, des enregistrements, des écoutes et des visionnages, découvre que, jeune interprète, elle a été enregistrée à son insu comme agent « inventé » par le régime.
Surtout, elle vit mal le fait que sa fille veuille rendre public le passé de ses parents… Si elle a pris, à son tour, la plume, c'est par besoin de publier sa propre vérité et ses ressentis, d'autant plus que toute tentative de dialogue avec sa fille vire immédiatement à la confrontation.

Personnellement, j'ai été plus sensible aux rapports entre Milena et Bojina qu'à l'évocation des fantômes du communisme, peut-être parce que j'ai fractionné ma lecture et que je me souviens moins bien de toute la partie consacrée à l'enquête et aux prises de sons et de vues proprement dites.
La tonalité générale de l'écriture, un peu confuse, sur le fil du rasoir, donne la mesure de la montée des divergences entre les deux protagonistes.
Le JE de la mère est parfois violent sans pour autant entamer la détermination de la fille ; toute la partie du récit qui relate les démarches communes et les rencontres ente Bojina et ses parents, qui m'a paru un peu fastidieuse, est en fait lourde de sens ; le téléphone enregistreur ou la caméra, omniprésents, sont comme le pendant du régime totalitaire, intrusifs et suspicieux. Quand le pouvoir communiste espionnait de l'intérieur, la démocratie invite à tout rendre public. « Il fallait bien tuer la mère » : tel est l'impact intime du documentaire sur Milena.
Milena et Bojina ont l'habitude des métaphores… C'est aussi un procédé littéraire que j'adore. Mais ce n‘est jamais facile ni anodin de disséquer les métaphores des autres. Sur le plan cinématographique, le montage du film compresse la temporalité, crée des passerelles, des raccourcis. le lien mère-fille pollue la démarche cinématographique et la réponse littéraire ; peut-être Milena aurait-elle mieux supporté une réalisatrice plus neutre, plus distante, moins impliquée.

Dans cette réponse de la mère aux reproches sous-jacents de sa fille, j'ai retenu la valeur de l'ignorance, programmée dans tout régime totalitaire. Ainsi l'ignorance de Milena, qui a peut-être été comptabilisée par le régime communiste comme un de ses espions prouve son innocence sur le plan individuel mais quid de la responsabilité collective de toute une nation qui préfère rester dans le flou ou le non-dit.
J'ai aussi été sensible à l'univers référentiel avec notamment, des citations empruntées à Svetlana Alexievitch.
La mère et la fille s'opposent et leur situation, relevant pourtant de la sphère privée, devient emblématique, au vu du sujet du documentaire, des problématiques autour de la difficile transmission générationnelle par exemple pour les enfants des nazis ou les enfants de la Stasi. Il y a dans le film une volonté de désacraliser la figure parentale, montrée dans ses imperfections vues par la génération suivante… Qui a tort, qui a raison ? Tout devient une question de point de vue.
de même, les réseaux sociaux s'enflamment après la sortie du film, véhiculant des raccourcis difficiles à accepter.

Une lecture pénible entre réalité et fiction fantasmée sur fond de vérité. Milena Makarius est devenue un personnage dans le film de sa fille et, en réaction, elle a fait de sa fille un personnage de son livre.
Cela a-t-il résolu leur conflit ? Elles seules le savent.
Personnellement, je suis persuadée que je n'ai pas tout saisi.

Par acquis de conscience, j'ai tenu à visionner le film de Bojina Panayotova et immédiatement ressenti la même impression, en pire : un visionnage laborieux et indigeste pour la majeure partie du documentaire.
Je pense qu'il faut avoir les deux démarches en tête, en perspective pour mesurer l'impact profond de ce retour aux sources, voulu par la fille et subi par la mère.
J'en ai retenu, et c'est valable aussi pour le livre que « l'implication de la police secrète dans la vie des citoyens [bulgares] reste une question taboue, peu débattue dans l'espace public [et que chacun(e)] doit démêler son histoire seul ». J'ajouterai que je ne suis pas vraiment convaincue par cet épanchement public… En d'autres termes, si je comprends combien c'est important intimement pour Bojina et Milena, je m'interroge sur le fait de nous le donner à voir et à lire.

Lien vers le film documentaire « Je vois rouge » de Bojina Panayotova :
https://www.youtube.com/watch?v=¤££¤31Milena Makrius27¤££¤8lI

#aliasjannaAnneCarrierePremierromanlalitteraturenapasditsonderniermot #NetGalleyFrance
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Les relations entre Milena et sa fille sont très tendues. Cependant, lorsque Bojina décide de réaliser un film sur la Bulgarie communiste, la mère est entraînée, malgré elle, dans ce projet. Elle comprend très vite que le dialogue n'est possible que par caméra interposée. le livre Alias Janna semble être une façon de lui répondre.


En effet, Bojina fait un procès de ses parents qu'elle accuse d'avoir bénéficié de privilèges de la part de la police secrète communiste. Pour appuyer ses opinions, elle pousse sa mère à demander l'ouverture de son dossier. Milena découvre alors qu'elle a été enregistrée, à son insu, comme agent au service de l'état, sous le nom de code Janna. Alors que le choc la pétrifie, sa fille filme tout, en caméra cachée, parfois, et refuse d'entendre qu'elle ne savait pas.


Alias Janna est la version de l'histoire de la mère. Elle livre sa vision de la Bulgarie avant la chute du mur, ainsi que son ressenti lorsque Bojina cherche à lui ouvrir les yeux. Cependant, la réalisatrice a une attitude totalitaire et accusatrice. Je n'ai pas vu son documentaire Je vois rouge, aussi il m'est difficile de dire si le sentiment de Milena est justifié, mais l'attitude de Bojina met mal à l'aise, elle est très vindicative et très dure. Elle refuse de croire sa mère et ne veut pas remettre les évènements, dans leur contexte et les juge avec le regard de notre époque.


Alias Janna est un témoignage romancé sur le totalitarisme bulgare et sur les relations mère-fille. le dialogue semble rompu et Milena accepte, à son corps défendant, de revenir sur un passé qu'elle ne veut pas exhumer. Elle le fait avec l'espoir de renouer le dialogue avec son enfant. C'est passionnant et dérangeant, à la fois, car à la fin du livre, il m'est difficile de me faire une opinion tranchée sur le comportement de Bojina. J'ai envie d'espérer qu'elle n'a pas été si intolérante, qu'il s'agit juste d'incompréhension.


Je remercie sincèrement NetGalleyFrance et les Éditions Anne Carrière pour ce service presse.


Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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Dans ce roman-témoignage, Milena Makarius livre une histoire tout à fait particulière. L'histoire de sa vie : si elle a vécu celle-ci de manière relativement banale, vue depuis le présent, on peut en avoir une interprétation plus sombre. C'est justement à cela que s'est attachée sa fille : enquêter sur le passé de sa mère en Bulgarie, à l'époque de l'URSS et de la police communiste. Ça ne s'arrête pas là, puisque sa fille, réalisatrice, veut en faire un film-documentaire : filmer les étapes de leurs recherches sur le passé de Milena, ainsi que ses réactions.

Dans les grandes lignes, voici les thèmes de ce livre, qui sont à la fois vastes et complexes, qui posent des questions socio-historiques mais aussi psycho-philosophiques.
Milena Makarius nous rapporte cette expérience dans des termes simples, telle qu'elle l'a vécue.

Ce qui m'a le plus marquée, c'est la relation mère-fille. La fille fait un film sur le passé de sa mère et comment elle digère des implications dont elle n'avait pas conscience jusqu'à présent, en l'enregistrant parfois à son insu et en déformant relativement la réalité pour les besoins du film. J'ai trouvé choquant la manière dont elle s'approprie l'histoire de sa mère sans avoir toujours son consentement, en la jugeant et en publiant le résultat de son analyse à elle.
J'ai fini par admettre qu'il était tout aussi important pour la fille de comprendre et digérer le passé familial que pour sa mère, mais il y avait peut-être des moyens moins extrêmes.

Bien entendu, les aspects historiques sont tout aussi passionnants et glaçants. Cette époque de surveillance permanente, de confinement, de relégation au bas de la société (ou pire) pour la moindre suspicion d'atteinte envers le régime… Et on comprend que malgré tout, cela est comme perpétué par le nouveau système, avec la possibilité d'accéder à certaines données sur d'ancien.e.s agent.e.s du régime… alors que certain.e.s, comme Milena, n'avaient même pas conscience d'être classé.e.s comme tel.le.s !

Bref, un témoignage court mais foisonnant, qui fait grandement réfléchir ! J'aurais apprécié que certaines informations soient plus approfondies, notamment en ce qui concerne les aspects bulgares, pour mieux les comprendre.
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Budapest a eu son insurrection, Prague son printemps, Gdansk ses chantiers et Berlin son mur. Rien de tel à Sofia ou dans le reste de la Bulgarie, ce petit pays des Balkans qui ne s'est illustré ni par sa résistance au grand frère soviétique ni par un excès de zèle. Pourtant les bulgares ont eux aussi subis les rigueurs du totalitarisme stalinien. le récit de Milena Makarius, même si tel n'est pas son propos, fourmille d'exemples du poids que le pouvoir communiste faisait peser sur son pays. La fiche de caractérisation qui résume tous vos faits et gestes, les interdictions de résidence, les restrictions de voyage et bien sûr, les camps, on trouve tout cela dans son livre. Il s'agit le plus souvent des souvenirs de l'auteur mais également d'histoires ou d'anecdotes qui lui ont été rapportées. Certaines sont amusantes ou rocambolesques d'autres carrément dramatiques, mais elles illustrent toutes les dérives d'un régime autoritaire où la majorité est brimée au seul profit d'un pouvoir dévoyé et d'une élite corrompue.
Tout cela est fort heureusement derrière nous. Pour autant il demeure important d'en garder le souvenir et de tirer les leçons du passé. Encore faut-il pour cela que le regard que l'on porte sur les « démocraties populaires », près de trente ans après la chute du rideau de fer, ne soit pas biaisé. Et c'est précisément là le sujet du livre de Milena Makarius, illustré de fort belle façon par l'incompréhension entre l'auteur et sa fille, entre celle qui a vécu dans la Bulgarie communiste et celle qui ne connaît ce pays et cette époque qu'à travers le prisme de ses études.
L'attitude de Bojina est d'une totale partialité. Son opinion est déjà faite, ses jugements sont péremptoires, définitifs. Il n'y a aucune nuance dans son approche. Les bons sont d'un côté, les méchants de l'autre et ses recherches ne servent qu'à valider ses convictions. Elle ne peut concevoir que l'on ait traversé cette période à peu près normalement, que l'on ait pu étudier, travailler, aimer comme tout le monde. Et si sa mère ne se considère pas comme une victime du régime, c'est donc qu'elle en a bénéficié, qu'elle a collaboré…
Pour autant le projet de Bojina va permettre à sa mère de prendre la mesure des dérives du stalinisme et l'obliger à reconsidérer son passé. Il y a bien sûr la découverte du fichage dont elle a fait l'objet et qui éclaire d'un jour nouveau les relations qu'elle a pu entretenir avec tel ami ou tel collègue. Il y a aussi la prise de conscience que son parcours, relativement épargné, ne fut pas forcément la norme et que tous les bulgares ne sont pas sortis indemnes ce cette période. On peut donc avoir vécu une époque, une situation particulière et ne pas être le mieux placé pour en parler. Il est en revanche bien difficile de juger l'attitude d'autrui sans la connaître parfaitement et sans être passé par les mêmes évènements.
Entre roman et récit autobiographique, « Alias Janna » est un livre passionnant, à la fois témoignage d'une époque particulièrement sombre et réflexion sur la perception que l'on peut avoir de notre passé.

Lien : http://sfemoi.canalblog.com/..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Après nos retrouvailles à Paris, Daniel et moi nous envoyons des livres , des CD .Il y a un flottement dans le ton à trouver .Je me rends compte qu’à l’affection amicale que je cherche gauchement à exprimer , il réagit comme s’il avait été piqué par une guêpe . A la folle passion du début , dit- il , il n’y a qu’une seule continuation , l’amour , non pas l’éros , mais l’agapè , pour l’éternité, hors temps et hors lieux .
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Ce n'est pas tout. Ma fille me dit qu'elle souffre, me demande si je l'aiderais à découvrir la vérité. Quelle vérité ? La généralité de sa réponse me donne une envie de rire que je réprime. La vérité du passé. Rien de moins que cela. Pathétique. Mais bien sûr, tout ce que tu veux. Je promets d'autant plus facilement qu'il n'y a aucun cadavre dans les caves familiales. Ma fille souffre pour des raisons politiques ? Incompréhensible. C'est sûrement un problème entre elle et son père, comme il y en a eu tant entre elle et sa mère. Ou bien quelque chose dans ce pays et elle, quelque faille identitaire dont une bonne série de séances chez le psy devrait pouvoir la sortir. Devant l'écran de mon ordi, emmitouflée dans le petit bonheur d'une complicité nouvelle avec elle, je ne prends pas les préoccupations de ma fille au sérieux.
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Le chemin jusqu'à la tête, jusqu'à leur mise en mots et l'argumentaire qui les accompagne est un territoire non débroussaillé, un aventure dangereuse où les mots se sentent seuls.
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Si je dis je suis bulgare, je le traîne là, avec moi, ce pays que j'ai quitté, et je vous le jette à la figure. Vous êtes obligés de réagir, de poser des questions. Alors qu'en parlant d'origine, je l'éloigne de moi, je le remets là-bas où il est, et je nous épargne un dialogue obligé.
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Toute l'humanité devait être représentée dans ces voisins du mal cachés derrière leurs fenêtres : le collaborateur, le résistant, le passif. L'ignorance est programmée dans le système totalitaire qui veut ça, mais jusqu'où va-t-elle? Elle est notre innocence et notre responsabilité.
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