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EAN : 9782709666145
350 pages
J.-C. Lattès (04/03/2020)
3.69/5   32 notes
Résumé :
Immersion dans l’Afrique des Grands Lacs entre secrets d’État et trafic d’adoption.

Ce jour-là, au siège de Mediapart, dans une impasse du XIIe arrondissement de Paris, c’est l’effervescence : soixante millions de documents confidentiels viennent de fuiter. Un leak à l’échelle mondiale. Pour l’essentiel, des données bancaires, dans toutes les langues, mettent au jour la corruption de l’Afrique. Anciennes nations coloniales, la Belgique et la France so... >Voir plus
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Alain Lallemand, journaliste au Soir à Bruxelles, rend hommage au travail des journalistes d'investigation avec L'homme qui dépeuplait les collines.

Quand un « leak », une fuite d'informations, de données bancaires, se produit, il y a tout un travail d'équipe de vérification qui démarre. Qui est la source ? Est-elle fiable ? N'y a-t-il pas des faux qui se cachent parmi ces documents, de nature à discréditer les journalistes qui les publieraient, des tentatives de manipulation ?

Alain Lallemand connaît très bien son sujet et, malgré la complexité des montages qu'il évoque, il est arrivé à me le rendre passionnant.

Le scoop de cette nouvelle fuite concernerait Joseph Kabila, président du Congo mais qu'en est-il vraiment ?

Parmi cette sympathique équipe de journalistes passionnés, Laura et Hugo connaissent bien l'Afrique. Hugo a enquêté, dans sa jeunesse, sur des trafics d'enfants qui étaient ensuite adoptés par des Occidentaux. Laura a été reporter de guerre.

Désormais quadragénaires, ils considèrent la quête de l'information comme une source d'adrénaline, presque une drogue, qu'il faut apprendre à contrôler pour ne pas se laisser piéger. Services secrets, mafias, beaucoup de gens ont intérêt à véhiculer de fausses informations.

Laura, l'Espagnole, et Hugo, le Belge, vont utiliser leurs réseaux relationnels et leur expérience du métier pour tenter de démêler le vrai du faux dans cette fuite, ces révélations bancaires nommées AfroLeaks. Leur enquête les mènera de Bruxelles à Belgrade et en Suisse. Leur complicité et le lien qui les unit m'a rendu agréables certaines parties de l'intrigue parfois un peu compliquées à suivre pour les non-initiés.

Tandis qu'un réseau international de journalistes coopère, une autre partie de l'intrigue nous amène en Afrique, sur le terrain, dans l'ancien Congo belge, l'ancien Zaïre, désormais République démocratique du Congo, à Bukavu dans le Sud-Kivu où Baron Mines a des mines d'or et où de jeunes creuseurs indépendants, dont certains ne sont que des enfants, espèrent trouver fortune.

Jean de Dieu aurait-il trouvé un diamant ? Comment éviter d'être assassiné à cause de cette découverte, comme cela est arrivé à d'autres ? Une seule solution : se réfugier auprès d'un de ses cousins, membre des rebelles qui ont pris les armes pour défendre et protéger les leurs car la région est très convoitée à cause de la richesse de son sol : de l'or, du diamant, du tantale pour les smartphones…

De quoi aiguiser les convoitises des anciens colons, comme Éric Malta, le roi de Lubumbashi, qu'Hugo connaît bien, mais aussi des oligarques russes, des Chinois, des Canadiens de Baron Mines pour lesquels travaille Lucas, jeune ingénieur, originaire de la région, qui a été adopté dans les années quatre-vingt-dix et va découvrir ses origines, avec l'aide de Xahra, membre de l'ONG Justice et Paix.

Le titre L'Homme qui dépeuplait les collines fait référence à un trafiquant belge d'enfants. L'histoire de Lucas amène à réfléchir sur le désir d'enfant des Occidentaux et le marché que cela peut créer pour des trafiquants. J'ai trouvé qu'Alain Lallemand abordait ces thèmes avec beaucoup de finesse, d'intelligence et d'humanité, par le biais de ses personnages : Lucas et Xahra, Laura et Hugo, un drame intime qu'a vécu Laura, ne vaut-il pas mieux parfois faire le deuil de la maternité, se réaliser et vivre l'amour autrement ?

Entre trafic d'or, de diamants mais aussi d'enfants pour l'adoption, cette partie-là du roman est captivante et aide à mieux comprendre la situation compliquée de l'Afrique et en particulier du Congo. le roman se termine sur une note d'espoir que j'ai beaucoup aimée et qui m'a fait penser à l'organisation dont a parlé Babounette après sa lecture de la BD La Lucha : luchacongo.org où de bonnes volontés tentent de se fédérer, de se lancer dans des projets sociaux pour trouver des solutions pacifiques aux problèmes rencontrés, comme veulent le faire Xahra et Lucas.
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Un titre qui nous dépeint un Congo, un Sud Kivu de mines d'or, de diamants, de coltan, d'uranium de tout ce que les pays riches ont besoin au détriment des pays plus pauvres.
Ça nous parle aussi de ces enfants mineurs, ces enfants soldats, ces enfants méfiants, en colère et en mode survie. Sans oublier tous ces enfants placés dans des orphelinats européens suite aux guerres, aux rébellions et aux exactions de toutes sortes.
Le roman débute les deux pieds dans la mine, sous le soleil brûlant, exténuant, nous présentant ces enfants mineurs artisans qui travaillent sans cesse pour trouver la pépite… ainsi qu'avec l'arrivée d'un ingénieur français d'origine africaine travaillant pour une grosse compagnie minière canadienne.
En parallèle, on retourne en Europe où un groupe de journalistes d'enquête reçoit des tonnes de documents « fuités » prouvant les pots de vin, les malversations, les fortunes amassées, les comptes « off shore » des présidents africains, des oligarques russes, des industriels et des politiques européens et autres. Mais on se méfie de cet « Africa Leak », on doute. On se sent espionné par les services de renseignements, suivis par les mafias internationales, on se doit absolument, pour la crédibilité de la profession journalistique, de faire la part du mensonge contenu dans ces papiers. Mensonge voulu pour discréditer les lanceurs d'alertes, les journalistes d'investigation et leur rédaction. Au temps pour la démocratie car tout semble si bien organisé, si bien orchestré. le groupe de journaliste se donne donc le temps d'enquêter, d'interroger, de vérifier.
Puis, on revient au Congo où les factions rebelles, les armées présidentielles, les agences de sécurité des compagnies minières et celles des mercenaires des mafias se battent pour les possessions de territoires et de mines sans aucune considération pour les villageois, pour les populations locales. Là où il y a de l'or et des diamants la cupidité de l'homme n'a plus de limite.
C'est aussi un récit sur le journalisme d'enquête puisque son auteur, Alain Lallemand, est reporter d'investigation pour un journal belge et on sent bien la plume maîtrisée du journaliste qui n'hésite pas à nous exposer toutes les facettes du sujets, tous les angles possibles, tous les interlocuteurs impliqués. Il nous dépeint ce qu'est une véritable enquête journalistique, la collaboration internationale des diverses rédactions pour que le scoop sorte partout en même temps et que la diffusion et la dénonciation des scandales financiers et politiques ne soient pas occultés.
Une écriture incisive, juste, réelle, réfléchie et une narration finement construite qui fait que le lecteur ne s'y perd pas, malgré la tonne d'informations, bien au contraire. J'ai été bien happée par le propos, par la façon de traiter les informations, les réalités et les sentiments me faisant réaliser, au fil de ma lecture, que ce journaliste avec sa grande expérience terrain était aussi un très bon écrivain.

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Un groupe de journalistes de divers pays a recueilli grâce à une fuite d'informations plus de 69 millions de documents concernant des transactions illicites au Congo. le roman nous plonge ainsi dans un thème récurent d'actualité les "leaks" tels que Panama Papers, Football Leaks etc.
Le lecteur sera tour à tour plongé dans une exploitation minière située au sud du Congo appartenant à une société canadienne - exploitation de la mine mais aussi des enfants orphelins qui y travaillent ; dans des réunions opaques entre deux mafieux de l'Europe de l'Est qui se détestent mais ont besoin l'un de l'autre ; dans le cheminement d'un jeune ingénieur français par adoption mais burundais d'origine travaillant pour la société canadienne et en recherche de ses origines et enfin dans le travail social d'une assistance d'une ONG combattant tout ce monde opaque de la finance, des exploitations tant minières qu'humaine, la dévastation des villages avoisinants. .
Et le président Kabila qui apparaît en filigrane,.

Ce roman est une bien fiction mais il est documenté sur des références connues de l'auteur, lui-même journaliste au journal belge Le Soir , faisant partie de Médiapart.

La lecture est intéressante ; le style est fort journalistique, s'en tenant aux faits même si parfois l'auteur tente une petite pointe d'histoire d'amour pour pimenter très légèrement la narration. Avec la médiatisation des enquêtes à grande échelle concernant de très gros montants, l'auteur nous donne à voir comment se font ces enquêtes et nous fait découvrir les mécanismes de ces montages financiers, d'asservissement des enfants orphelins , des procédés dans lesquels sont liés des industriels , des mafieux et des politiques .

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Après « Ma plus belle déclaration de guerre » puis « Et dans la jungle, Dieu dansait », j'ai dévoré le dernier roman d'Alain Lallemand.

Une fois encore, il puise dans son expérience professionnelle pour nous raconter un récit plus vrai que nature qui colle au plus près de l'actualité. Grand reporter et journaliste au journal Le Soir, il nous plonge au coeur du Congo et des transactions internationales opaques qui règlent – et dérèglent – la vie de la population.

Pour goûter ce récit dans ses moindres détails, prenez quelques heures au calme pour le lire d'une traite. Ce récit d'aventure picaresque fourmille de personnages et joue sur une alternance de situations simultanées et de rencontres assez denses qui demandent une lecture non hachée. de courts chapitres nous mènent d'un point du globe à un autre et le suspens tient en deux interrogations qui traversent le roman : l'authenticité d'une pierre précieuse et celle de documents arrivés entre les mains de journalistes de Médiapart. de là, nous rencontrons de jeunes orphelins chercheurs d'or au Sud-Kivu, des combattants rebelles à peine plus vieux que ces gamins, un jeune ingénieur-géologue idéaliste oeuvrant pour une société minière canadienne, une travailleuse d'une ONG congolaise, un hacker serbe, des mafieux russes et des chefs d'Etat et banquiers d'affaires pas très clean. L'intrigue est très bien ficelée et se base très librement sur des faits vécus par le journaliste d'investigation. Cela reste cependant un roman et le côté romanesque emportera l'adhésion des lecteurs moins sensibles à la politique fiction.

J'étais déjà admirative devant le travail des journalistes qui cherchent la vérité plus loin que dans les apparences, ceux qui se mettent en danger pour la faire éclater ; je le suis plus encore après avoir lu ce livre. Oser défier ceux qui tirent les ficelles du pouvoir, les grands argentiers, les mafieux en col blanc…, ne compter que sur soi, c'est couillu. Vraiment. Et risqué.

A une époque où la désinformation règne en maître, cette plongée sans concession au coeur du journalisme d'investigation est salutaire et donne à voir autre chose que le lénifiant discours de certains médias. Quant à la localisation au coeur du Congo, elle ne pouvait être plus en phase avec l'actualité récente.

Une pépite à ne pas laisser passer.
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Ne connaissant pas cet auteur (pour la première fois publié en France), le titre m'a attiré. Qui pouvait bien être cet homme qui dépeuplait les collines ? le résumé de la dernière page m'a conforté dans mon envie de lecture.
Le sujet est tout-à-fait d'actualité. Nous sommes en 2017 et plus de 69 millions de documents atterissent sur les serveurs de Médiapart et de nombreux autres organes européens d'alerte. Ces "leaks" (fuites en français) concernent des contrats frauduleux, des escroqueries, des détournements d'argent dans les paradis fiscaux. Ils mettent en cause un (ou plusieurs) potentat(s) africains reconnu(s) sous des pseudos ou initiales. Les commanditaires sont des sociétés écrans, les signataires des personnages troubles dont un milliardaire kirghize et un Russe relativement proche de Poutine. La région visée est la province du Sud-Kivu dans l'ex-congo belge, voisine du Rwanda et du Burundi. L'objet de convoitise, la richesse des sous-sols, là où l'on trouve de l'or, du nickel, du coltan, de la cassitérite ou de la wolframite. Des richesses, qui ont occasionné près de 6 millions de morts il y a une vingtaine d'années. Toutefois l'homme qui dépeuplait les collines est autre, un Belge qui s'adonnait, en cette période lointaine, à des trafics d'enfants, les expédiant pour adoption, dès leur plus jeune âge, en Europe. Lucas, jeune ingénieur au service d'une société canadienne "Baron mines" implantée au Sud-Kiva où il vient d'être affecté est l'un de ceux-là.
Il va être confronté à ses racines et peu à peu à ses lointains souvenirs à travers la misère ambiante, l'exploitation des enfants dans les mines, les expropriations des habitants, la connaissance d'un membre d'une ONG, la charmante Xhara, les rebelles en lutte contre le pouvoir en place et contre les mercenaires payés par les sociétés exploitant la population. Dans ce melting-pot géopolitique et au milieu de ce chaos ethnique, Lucas va devoir démontrer sa bonne foi et choisir son camp, alors qu'en Europe les journalistes, Français, Belge, Espagnol, Allemand, Suisse, Serbe continuent à dépouiller leur trésor en enquêtant pour pouvoir valider les textes avant parution.
Fort de ses connaissances d'ex-grand reporter et correspondant de guerre, Alain Lallemand nous livre un roman captivant, voyageant entre l'Europe et l'Afrique, avec ce qu'il faut de lyrisme et de relations sentimentales pour saupoudrer les aventures des personnages principaux et atténuer les scènes violentes car bien sûr tout le monde ne s'en tirera pas indemne dans la brousse du Sud-Kivu ou ailleurs.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
- Et ces enfants, il n’y a personne pour les adopter ?
- Les proposer à l’adoption ? Je ne suis pas certain qu’ils aient besoin de cette pitié. Le village est solidaire. Sous des motifs vertueux, des couples étrangers s’offrent parfois un enfant. Et, pour l’éternité, des jeunes mères africaines regrettent l’abandon de leur gosse. Parce que quelqu’un leur a dit que l’enfant irait à l’école, puis reviendrait ici à sa majorité. Et qu’elles l’ont cru.
- Tu exagères un peu, non ? Moi, quand mes parents ont été assassinés, il s’est trouvé quelqu’un pour m’adopter. J’ai un père, une mère. Pour ces enfants aussi, ça pourrait être le cas.
Xahra haussa les épaules.
- Ils ont presque tous de parents, Lucas. Tu veux les rencontrer ?
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Un véritable trafic d’enfants couvert par l’État et les journaux de l’époque. Mais à vingt ans de distance, semblait conclure Hugo, qui sommes-nous pour juger ?
- À moins de se jauger soi-même, de se poser la seule bonne question. Pourquoi vouloir un enfant ? Jusqu’où serais-je prête à me sacrifier ou me compromettre pour en tenir un dans mes bras ? Il n’y aurait sans doute pas de trafiquants sans couples en détresse.
- Tu oublies l’autre bonne question, Laura. Celle qui a traversé toutes nos correspondances de guerre : si demain un conflit éclatait en Europe de l’Ouest, à quelle condition donnerait-on nos enfants ? À qui pourrais-je les confier sans crainte ?
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L’épopée de Juju prenait un tour amer. Il y dénonçait les vols de nouveau-nés justifiés par des motifs humanitaires : l’Occident voulait sauver les enfants de guerres qu’il avait lui-même déclenchées pour s’enrichir. Il aurait voulu rire du « droit à l’enfant » que les couples blancs s’inventaient, alors que les gamins comme leurs parents n’avaient même pas eu droit à une vie. L’Europe pillait à la fois les mines et les mineurs d’âge, avec la complicité de l’élite africaine.
- C’est là qu’est née notre rage, dit Juju en dévisageant Siméon puis Lucas.
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Laura connaissait trop bien ce métier pour le mépriser. L’info est le ciment de la planète, et si elle nous tourne la tête c’est que nous en consommons trop ou que nous l’achetons frelatée. Face aux trafiquants de la com’, dealers de réputations reliftées et fourgueurs de désinformations, elle savait que les journalistes à l’ancienne étaient des résistants, presque des artistes. Achetez un journal, et votre cerveau vous remerciera.
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La mondialisation s’était emparée de ce coin d’Afrique, les sociétés minières du bout du monde y avaient débarqué pour exploiter de l’or qu’elles revendaient à l’autre bout du monde. L’instituteur, lui, semblait figé au milieu du siècle.
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Alain Lallemand raconte son métier et son écriture, ce 31 mars 2024 sur BX1, dans l'émission "Connaissez-vous?"
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