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EAN : 9782715223752
200 pages
Le Mercure de France (02/01/2003)
  Existe en édition audio
3.62/5   58 notes
Résumé :
"C'est alors que, d'une voix presque éteinte, en acceptant l'échec et ne demandant plus rien, je parlai de Jacques Dorme. Je réussis à dire sa vie en quelques phrases brèves, nues. Je me trouvais dans un état d'abattement tel que j'entendais à peine ce que je disais. Et c'est dans cet état seulement que je fus capable d'exprimer toute la douloureuse vérité de cette vie. Un aviateur venu d'un pays lointain rencontre une femme du même pays que le sien et, pendant très... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Il ne faut probablement pas aborder la lecture de Makine avec ce livre, assez complexe dans son ensemble et par l'enchevêtrement de perceptions, de sentiments, de violence de la guerre et de sa vanité, avec la magie des paysages russes, de la dureté des éléments et avec, de plus près qu'il n'y paraît, la France.

Makine se lance sur la trace d'un aviateur français, combattant l'armée allemande à partir de 1942 jusqu'au tout début de 1945. Ce faisant, il imagine le parcours d'un journaliste qu'il incarne, depuis l'orphelinat, l'adolescence tourmentée par les affres du régime soviétique, jusqu'à la découverte du bref amour de cet aviateur, Jacques Dorme, précédant l'inéluctable drame dû en majeure partie à la doctrine communiste et à l'aveuglement bestial de ceux qui la soutenaient.

Un beau chapitre est presque entier consacré à la rencontre imaginaire, fugace, avec un général français, déjà âgé, grand, au discours lyrique, incarnant une France debout, au-dessus de celle qui s'était inclinée aux pieds des nazis.

Andreï Makine fait passer de nombreux messages à travers cette ode à l'héroïsme et à l'amour, pas seulement celui des combattants, mais aussi de tous les petits qui voudraient simplement vivre une vie.

La nature sauvage de la Russie est la toile de fond de cette oeuvre et Makine maîtrise totalement l'art de lui donner un rôle majeur, jusqu'aux dernières pages, dans la montagne, à la recherche de l'avion écrasé des décennies plus tôt.

Un livre porteur de sens, qu'il faut parfois prendre le temps d'aller chercher en ralentissant si besoin la lecture afin de bien s'imprégner d'une prose éblouissante, toujours renouvelée dans chaque texte d'Andreï Makine.

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Désolée pour André Makine, un auteur que j'adore en temps normal. Mais ici, le récit ne m'a pas touché. Je suis passée complètement à côté de ma lecture. Je suis plus fan des récit fictifs de l'auteur que de ses retours au passé. le testament français j'ai eu du mal à en apprécier la saveur. Et ici, on est dans la même veine et c'en était trop pour moi.
L'auteur a un talent fou pour narrer. J'aime sa poésie, sa beauté, son utilisation de la langue française. Mais je préfère André Makine dans un autre registre.
Ce sera sans moi pour cette lecture.
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J'ai un peu de mal à apprécier cette nouvelle lecture d'Andreï Makine qui me fait penser à un vieil académicien désabusé. Pourtant, on retrouve dans "La terre et le ciel de Jacques Dorme" tous les ingrédients d'un bon roman car l'auteur joue avec ses origines russes, entre réalité et fiction.
Le narrateur est un écrivain qui retourne en Russie, sur les traces de son passé et celui d'Alexandra qui lui a appris à aimer la langue française et les livres. Cette femme lui a raconté son amour fugace avec Jacques Dorme un aviateur français qu'elle a rencontré durant la deuxième guerre mondiale. Il ne reviendra pas de cette guerre, son avion ayant été abattu en Sibérie.
C'est là que le narrateur se rend puisqu'il veut écrire un livre sur jacques Dorme, comme une mise en abyme. Durant cette quête, les souvenirs de différentes périodes vont se croiser comme ceux de l'orphelinat dans les années 60 à l'époque du dégel. Cette recherche va également le mener en France, en banlieue parisienne où vit encore le frère de l'aviateur.
Moi qui ne suis pas fan d'aviation, j'ai trouvé que les meilleurs moments était justement ceux où l'auteur raconte ce qu'a vécu le pilote.
Pour autant, cette histoire ne m'a pas fait vibrer avec des flashbacks permanents et une écriture trop précieuse, très vieille France et revendiquée comme tel. le plus choquant, c'est le mépris d'Andreï Makine pour la banlieue et surtout les rappeurs (forcément des voyous) qui ne maîtrisent pas la langue classique. C'est une pensée étroite, qu'on appelle un cliché je crois.


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Le narrateur, élevé dans un orphelinat en Sibérie, fait à cette époque la connaissance d'une femme d'origine française mais qui a vécu la quasi-totalité de sa vie en Russie. Elle va lui apprendre sa langue natale et partager avec lui des portions de son passé. Au cours de la seconde guerre mondiale, elle a rencontré un pilote français, Jacques Dorme. Leur vie commune ne va durer qu'une semaine mais va imprégner tout le reste de sa vie. le narrateur va s'approprier une partie de ce passé. Sa rencontre avec cette femme l'aidera à construire sa propre personnalité. le récit oscille entre le passé et le présent mais l'on ne s'y perd jamais. C'est un livre magnifique, plein de poésie et de nostalgie, au sens premier du terme.
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Chaque fois, c'est le même bonheur qui m'entraîne dans cette incapacité de quitter le monde de Andreï Makine.
Ici c'est le récit de l'histoire d'amour brève et passionnée entre une Française qui, dans les années 1930, se retrouve en Sibérie, et un pilote français, Jacques Dorme. En fait, cette histoire d'amour n'occupe que peu de pages, pas plus que nécessaire pour suggérer, nous faire partager et aimer “cette vie, longue de quelques jours avec Jacques Dorme, cette seule semaine qui avait été une longue vie d'amour.”
L'écriture d'Andreï est sans frontières, c'est une splendide toile littéraire pleine de détails intéressants et de micro-histoires.
Souvent au détour d'un mot, d'une phrase, d'une scène, l'on se dit: “il ou elle (faisant référence à des auteurs que l'on aime aussi) aurait dit cela dans tel ou tel livre...” mais très vite on abandonne toute comparaison, foin de la littérature comparée.
Ses romans nous plongent dans le coeur, dans l'âme, dans la vie d'hommes et de femmes – lesquelles “ ont ce degré de beauté qui les situe dans une autre espèce vivante, entre une branche enneigée et une étoile filante.”
Cette capacité qu'il a de nous maintenir dans une captivité émotionnelle dont il n'y a d'échappatoire - pour peu qu'il y en ait une - que très longtemps après la lecture du livre. Il dit à quelques lignes de la fin – et je reprends cette phrase (un usage différent chez Andreï, mais elle est tellement adaptée...): “Une sonorité qui s'affine jusqu'à l'impression de résonner au delà de nos vie...”
Et quel plaisir on éprouve à cette captivité !  
Comme un vieux Petrus qui reste en bouche même des années après...
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Citations et extraits (72) Voir plus Ajouter une citation
J’écoutais, bercé par ces dénouements facilement prévisibles, quand soudain le récit suivant, plus bref encore que les autres, rompit ce va-et-vient de la narration. Un amoureux se prend d’une passion folle pour une jeune femme aussi belle que cruelle, il lui déclare son amour et lui offre son cœur. « Non, cher ami, ton cœur je l’ai déjà. Pour me prouver que tu m’aimes vraiment, apporte-moi le cœur de ta mère, oui, le cœur que tu arracheras de sa poitrine. » Le soupirant court chez lui, poignarde sa mère, s’empare de son cœur. Pressé de combler sa bien-aimée, il trébuche sur le chemin, fait une chute, laisse échapper le cœur qui tombe au milieu des cailloux. L’amoureux gémit, se relève et, tout à coup, entend une voix inquiète, le cœur de sa mère : « Tu ne t’es pas fait mal, mon fils ? »
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Elle avait ce charme que possède , pour un homme, une femme qui n'est pas son genre mais dont il imagine pourtant avec précision ce qui peut rendre amoureux fou un autre homme, l'homme qu'il n'est pas.
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Le temps de vivre ensemble sera si bref que tout leur arrivera pour la première et la dernière fois.
Au début de la nuit, dans la violence de l'amour, il a rompu le fil du vieux collier qu'elle n'enlevait jamais. Les petites perles d'ambre ont criblé le plancher et la pluie qui s'est mise à tomber a d'abord imité cette fine mitraille, puis s'en est détachée, devenant averse, trombes d'eau, enfin une lame de fond inondant la pièce. Après une journée de fournaise et le vent sec qui crissait comme des ailes d'insectes, cette vague atteint leurs corps nus, remplit les draps de la senteur humide des feuilles, de la fraîcheur âpre des plaines. Le mur, face au lit, n'existe pas, juste les cassures des rondins carbonisés, ravages de l'incendie d'il y a deux semaines. Derrière l'embrasure, le ciel d'orage gonfle pesamment sa chair violette, résineuse. Le premier et le dernier orage de mai dans leur vie commune.
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Vers le milieu de la nuit, le fouettement des rafales efface tout ce que l'oreille pourrait encore entendre. J'imagine le minuscule point de ma présence dans cet endroit du globe. Quel repère trouver? La frange glacée de l'océan Arctique? Le détroit de Béring? Le pic de la Victoire, haut de trois mille mètres, à l'ouest de cette maison?
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La nuit, dans la carlingue noire d'un Douglas de transport qui les ramenait à la base, il resta éveillé, ses pensées revenant sans cesse à cet étrange pays dont il parlait déjà bien la langue, qu'il croyait si bien connaître et qu'il ne comprenait pas, qu'il refusait parfois de comprendre. Il le compara à la France et fit alors cette réflexion qui le laissa perplexe lui-même. Ce pays était lui aussi occupé. Comme la France. Non, pire que la France, car il était occupé de l'intérieur, par le régime qui le gouvernait, par l'esprit de ce règlement : "Un pas à gauche, un pas à droite..."
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Videos de Andreï Makine (48) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Andreï Makine
Augustin Trapenard reçoit Andreï Makine, écrivain, académicien, pour "L'Ancien Calendrier d'un amour", édité chez Grasset. Ce titre énigmatique fait référence à une "parenthèse enchantée" pendant laquelle Valdas et sa bien aimée peuvent vivre "en dehors de la comédie humaine" entre l'ancien calendrier de la Russie et le nouveau.  En effet, le livre raconte l'histoire d'un jeune aristocrate russe embarqué dans le tourbillon de la révolution de 1917 qui finira sa vie en France. L'homme fera l'expérience de l'amour et ne cessera jamais d'oublier celle qu'il a aimé. Son histoire c'est aussi l'histoire d'un exil, un exil qui rappelle celui connu par l'auteur. 

Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
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