Je commencerai cette chronique ainsi, en soulignant d'emblée ce qui accroche, avant d'en venir à l'histoire.
Le mystère du peuple Sink est bien amené.
Nous sommes dans un monde de l'infiniment petit et animal, nous ne savons pas encore au début si les Sink sont humains ou insectes.
Leur origine d'anciens hommes, rapetissés quelques générations auparavant, vient doucement à tâtons et crée la curiosité, donne déja de l'intérêt à l'aventure.
L'aventure de l'homme au pays des insectes n'est pas nouveau, toutefois
Jean-Luc Marcastel va y ajouter une dose de crédibilité et un bon soupçon de réalisme, les deux ménagés pour un public de grands ados qui saura apprécier et fera la différence face à d'autres propositions du même thème pour un lectorat plus jeune.
La découverte des Sinks et de leur univers Praërie ne sera pas la seule intrigue de départ, nous en arrivons donc à l'histoire, le héros, Vincent Marty, militaire sous les ordres de son oncle du département NBC ( Nucléaire/Biologique/ Chimique), est dépêché pour une mission à l'endroit même où 20 ans plus tôt, un village entier et un centre de recherche disparurent comme par "enchantement".
Le père de Vincent, travaillant sur un projet de miniaturisation de la matière, disparu ce jour là corps et biens.
En quelques détails personnels tirés du passé de Vincent, préoccupations se mêlant à sa préparation mentale avant son arrivée sur le terrain, l'auteur brosse astucieusement et rapidement la biographie du personnage.
C'est un biais assez bien choisi car les deux points sont antagoniques, émotionnels et concentration professionnelle doivent être difficile à concilier pour Vincent qui est très directement concerné.
Cela donne du départ un peu de densité au personnage, capable de surmonter ses propres fantômes pour mener à bien la mission que son oncle lui a fixé.
Vincent est un agent bien entrainé et solide, toutefois des regrets intimes le ramèneront à des choix difficiles, de l'ordre du coeur plus que du devoir, face à la posture qui sera à tenir.
L'oncle se distingue comme quelqu'un d'un peu moins affectivement expansif, voire même un monolithe imperturbable.
Rapetissé par son agence qui détienne les secrets de la miniaturisation, Vincent va retrouver des traces des disparus, rencontrer les nouvelles générations qui n'ont pas conscience de leur véritable histoire de grands hommes et nous sommes face à des tribus.
Régression ou évolution ou adaptation imposée par son environnement?
Les premiers mini-personnages croisés sont des chasseurs, le clan est organisé par de catégories sociales, cadré par de nombreux rituels et règles qui peuvent être qualifiés de barbares suivant notre point de vue, le rapport hommes-femmes va choquer Vincent et le ramener à sa propre histoire encore une fois.
Jean-Luc Marcastel travaille énormément autour du lien humain avec tout ce que cela implique d'émotions, de considération et d'équité entre les sexes et les groupes sociales, le petit peuple va en apprendre aussi.
Il y a un glissement du langage qui est intéressant mais les Sink et Vincent vont arriver à communiquer.
Les scènes d'action face aux insectes, grandeur maxi, sont aussi saisissantes et difficiles que de se trouver face à des bêtes fauves.
Les carapaces des insectes remplaceront les peaux de bêtes des peuples barbares, pour se parer et s'emparer des forces vitales des créatures soumises.
C'est une aventure initiatique pour Vincent qui a un temps imparti avant que la miniaturisation ne prenne fin, pour apprendre ce qui est arrivé à son père, relever un maximum d'informations sur ces peuples Sinks, sans risquer de se faire tuer par un insecte sauvage ou en s'opposant aux règles de la tribu.
Certains personnages du peuple Sink, dont le jeune Lo'Hiss qui passe les épreuves initiatiques pour devenir chasseur et homme, vont reconsidérer cette société très rude, en rencontrant Vincent, en cherchant l'amour et en considérant les liens d'amitié qui peuvent les lier les uns aux autres en opposition parfois aux règles tribales.
C'est une aventure humaine et animale vraiment très étonnante et captivante.
Elle est à découvrir.