Respirez un bon coup, prenez votre élan et plongez!
980 pages vous attendent pour une traversée littéraire picaresque et hautement romanesque, un livre d'aventures à la manière des romans populaires du 19ème que ne renieraient pas Zola ou Dumas.
Un jeune pèquenot, amoureux transi, et sa mule...
Un artiste peintre sans le sou, ambitieux, et fasciné par la technique du daguerréotype...
Une nonne par contrainte, défroquée et devenue espionne,
Un certain Garibaldi, aventurier des Deux Mondes et sa belle brésilienne...
Tous oeuvrent et espèrent en l'amour, la réussite sociale et financière, la liberté des peuples, l'égalité des hommes...Et la passion déplace des montagnes.
Dans le contexte d'une Italie en devenir, les parcours individuels de cette jeunesse, force vive d'une future nation, convergent en une fresque naturaliste dense, fouillée, travaillée dans le fond et la forme.
Il convient d'être motivé face au pavé. Néanmoins on en sort récompensé par le dépaysement historique et l'exercice stylistique remarquable.
Époustouflant pour un premier roman.
De grandes espérances donnent du courage à certaines personnes, leur permettant d'accomplir de grandes choses. D'autres les jugent folles, ces espérances, désespérées, au destin tragique. C'est ce qui porte Aninha, qui vit pour José (Garibaldi), qui vit, lui, pour ses combats, pour les idées républicaines. Sans oublier Mazzini qui veut unifier l'Italie depuis son exil londonien, Colombino, le simplet philosophe prêt à tout pour sa Vittorina, et Lisander le calotype précurseur. Toute une galerie de personnages principaux, et bien d'autres les entourent. Chacun prend la route, porté par ses rêves. Tous ces destins semblent décousus, déconnectés les uns des autres. Et pourtant …
Tous les chemins mènent à Rome, ou presque, et tous ces destins vont se rencontrer à un moment ou à un autre, au bout de plusieurs années de périples.
Les folles espérances est un pavé de 983 pages, qui ne s'apprivoisent pas facilement. L'histoire est dense, les chapitres s'enchainent, passant d'un personnage à un autre, demandant au lecteur une certaine gymnastique pour reconstituer le puzzle. Mais tout se met en place petit à petit, l'histoire (la narration) rencontre l'Histoire de l'Italie qui se construit sous nos yeux.
Trois semaines pour le lire, je crois avoir battu mon record, mais je n'ai aucun regret. J'aime ces romans denses qui demandent une lecture attentive et concentrée. Merci à Yves, mon libraire de me l'avoir fait découvrir lors d'un de mes passages à la librairie en quête de nouveautés sortant des sentiers battus.
Avec Les folles espérances, Alessandro Mari nous offre 4 romans en un seul livre. 4 destins qui se jouent, à la même époque, alors que l'unité italienne n'est encore qu'un rêve ou une chimère. En virtuose de la construction narrative, l'auteur passe d'un personnage et d'une ville à un(e) autre sans jamais nous perdre malgré la quantité d'informations délivrées. Il est vrai que sur 980 pages, Mari a le temps de bâtir une fresque aux allures d'épopée davantage intime qu'historique d'ailleurs même si cet arrière-plan, peu à peu, occupe le devant de la scène. le livre nous catapulte à Gênes, Milan, Rome mais aussi à Londres et au Brésil. Faisons les présentations : le lombard Colombino, orphelin simplet, amoureux transi d'une jeune femme dont la famille ne veut pas de cet ahuri et qui va entreprendre un long périple pour rencontrer le pape avec son mulet fidèle (le véritable héros du roman, c'est lui) ; Lisander, peintre milanais entretenu, obsédé par une prostituée et qui se lance dans la daguerréotypie balbutiante ; Leda, cloîtrée dans un couvent, qui croit encore que son amant va venir la délivrer et qui s'échappe finalement pour devenir espionne ; Dom José, qui guerroie au Brésil tout en filant le parfait amour. il est plus connu sous le nom de Garibaldi. Leur quête a pour nom liberté, leur jeunesse les pousse vers un chemin qu'ils n'imaginent pas aussi abrupt mais ils n'ont pas le choix et si leurs ambitions sont différentes, ils possèdent les mêmes folles espérances. Ce qu'ils ont également en commun, c'est l'amour, un sentiment qui n'a rien de tiède et qui les transporte et les foudroie. le livre fourmille de détails et de péripéties, dans un style picaresque aux reflets changeants (Chapeau, la traduction). Sa façon de sauter d'un récit à l'autre, pour frustrante qu'elle puisse paraître, lui donne un air de feuilleton du XIXe siècle. Il y a, de ci, de là, quelques longueurs mais assez peu compte tenu de l'ampleur du projet. L'auteur nous réserve aussi quelques surprises avec, parfois, deux de ses personnages qui se croisent, alors que le combat pour une Italie unifiée a commencé. Bref, on pourrait écrire de nombreuses pages sur l'ouvrage de cet auteur talentueux que l'on découvre puisqu'il s'agit de son premier roman, paru en 2011 dans son pays. On peut parier que ses deux livres suivants seront eux également bientôt traduits en français.
Une fresque magnifique, époustouflante de beauté !!! Des personnages épris de liberté et terriblement attachants. J'ai voyagé à travers ces pages, j'ai découvert mes racines, j'ai espéré, j'ai été touchée et bouleversée par cette épopée étourdissante.
Chaque personnage a sa vie propre, son chemin, son destin et un passé à assumer. Je les ai tous aimé, pour des raisons différentes mais mon préféré est sans nul doute celui de Leda, mystérieuse et forte. Les personnages sont incroyablement bien travaillés, crédibles .
Cette fresque débute en 1837 et se termine à la fin du XIXème siècle, les descriptions sont vertigineuses, les destins de ces quatre personnages sont tous très différents, l'auteur n'a pas cédé à la facilité. Ce que j'aime vraiment apprécié c'est le mélange subtil entre l'Histoire et la fiction, des faits réels sont parsemés de-ci de-là mais sans que cela tourne à la leçon d'histoire. le mélange d'aventure, de politique, d'histoire et d'espionnage est détonnant et passionnant . Je n'ai pas vu passer le temps et les mille pages ne m'ont pas fait peur tant je me suis laissée emporter dans ce tourbillon de mots magnifiques.
Alessandro Mari nous offre ici un voyage à travers l'Italie et les différentes villes de ce beau et fascinant pays. Tout est bien étudié avec des détails comme les niveaux de langages suivant le milieu social , on trouve des patois, des expressions propres à une région. Ce qui est fabuleux aussi et qui a amplement aidé à l'immersion c'est les descriptions de paysages, d'ambiance parfois on s'y croirait.
Une merveille ! C'est son premier roman traduit en français, il en a écrit trois autres et moi j'espère qu'ils seront traduits.
VERDICT
Une pure merveille, il ne faut pas passer à coté c'est une fresque magnifique !!! Amoureux de la langue et d'histoire ce livre est pour vous. Un très bel hommage à l'Italie et son histoire.
Ne cherchez plus quoi lire cet hiver !
Incroyable premier roman d'un jeune auteur italien ! Une fresque monumentale fondée sur une évidente recherche historique pointilleuse et servie par un réel savoir-faire constructif. Pendant près de mille pages, vous suivez sur l'arrière-plan de la gestation de l'indépendance italienne, quatre personnages aux profils fort contrastés et placés sur des itinéraires savamment croisés. Vous vous attacherez à la figure de Garibaldi (et de sa belle Anita) et à son long exil formateur au Brésil et en Uruguay, vous entrerez dans la peau d'un espionne et goûterez de sa dague, vous verrez apparaître les premières captures pré-photographiques et apprendrez l'usage qu'on a pu en faire et, surtout, vous vous attacherez à un jeune homme considéré comme "demeuré" mais qui est allé jusqu'à rencontrer le pape pour cause d'amour impossible. Ce Colombino et son mulet attachant trament un contrepoint onirique à la lente transformation d'un exilé politique en général libérateur. A chacun son rêve...
L'ampleur de Victor Hugo auquel on aurait prêté une écriture moderne, une sensibilité délicate et communicative (penseriez-vous jamais pleurer à la mort d'un mulet ?) et une imagination picaresque vous feront adopter un "trimballe-merde" (maudite merde et misère de misère !) et poursuivre avec lui la recherche du bonheur. Tous les personnages principaux sont jeunes, c'est pourquoi ils ont de folles (?) espérances. Ils vont progressivement découvrir leur destinée et tous souffrir, aimer et perdre. Ils vont vivre !
La traduction est de bonne qualité ; le seul reproche que l'on puisse faire à l'éditeur est le choix du grammage du papier : 983 pages c'est vraiment un peu lourd pour être lu au lit.
Au terme de cette lecture, on pense un peu à l'Odyssée, vous savez "cette histoire que l'humanité se raconte à elle-même depuis qu'elle est" comme le dit Philippe Forest.
Chaque fois qu'il revenait d'une absence prolongée au bordel de la via san Giovanni sul Muro , le sang lui montait à la tête .Fou, qu'il devenait , en surprenant Chiarella à la fenêtre ,penchée , la poitrine offerte ,pour inviter les clients en ces journées qui avaient mal commencé et risquaient de très mal finir.
Le désoeuvrement n'est rien d'autre qu'une recherche insensée, une embardée effrénée entree désillusions et opportunités, puisque, une fois coupé de ses racines, on va comme un fût à la dérive, tout moisi et ramolli, qui s'agrippe dès qu'il peut à une prise, peu importe si elle est fiable ou improbable, pourvu qu'elle soit assez solide pour résister à la merci du courant.
J’ai cherché la pertinence, mais j’ai éprouvé un plaisir plus grand encore quand, au cœur de la vraisemblance, j’ai senti s’ouvrir la route de l’imagination.
[Notes de l'auteur]
Que ceux qui veulent continuer la guerre contre l’étranger me suivent. Je n’offre ni solde, ni gîte, ni provisions : j’offre la faim, la soif, les marches sans fin, les batailles et la mort.
Ce roman de Dino Buzzati traite de façon suggestive et poignante de la fuite vaine du temps, de l'attente et de l'échec, sur fond d'un vieux fort militaire isolé à la frontière du « Royaume » et de « l'État du Nord ».